samedi 6 février 2010

COURSES, une aventure !

Ce matin j'ai marché jusqu'à AUCHAN Illkirch, 1 h 15, assez agréable à la première heure, le retour étant plus bruyant le long de la route de Colmar.


Avant d'entrer dans le magasin, un vigile me hèle (chaussures de marche et sac à dos... look étrange pour faire ses courses). Je lui dit que cela me dérange qu'il ferme mon sac avec un cordon en plastique car j'avais l'intention d'y mettre les achats....préféré-je mettre mon sac dans un sachet plastique ?..... inconvénient idem ! Il est impassible et débite les phrases de façon monocorde, il a l'air las à 8 heures du matin. Je fais diversion en lui disant que j'avais bien l'intention de payer mes achats.... là il me regarde ! Il n'a pas l'habitude qu'on lui parle ainsi. Il reste pourtant intransigeant. Pas moyen d'utiliser mon sac prévu à cet effet : il me montre un chariot du doigt, il faut le prendre. Je n'insiste pas. Au-revoir Monsieur, pauvre monsieur.


Ce grand magasin, ces étalages de produits multiples, je regarde ce qui existe encore, de nouveau, je vois une râpe Moulinex..... moins chère que celle que j'ai achetée avant noël et qui ne me donne pas satisfaction du tout.... je cherche une valise mais n'en trouve pas à prix abordable ou qui me semble de bonne qualité, je quitte le rayon, j'erre, je regarde surtout les gens, je me sens déplacée, je ne suis pas pressée, je laisse passer, je m'aventure dans les étals de nourriture, c'est le Nouvel An chinois, plein de riz cantonais, que j'adore pourtant, mais dans des barquettes ! Non.... voir tout cet étalage me donne la nausée, la friture, les crevettes, les chips. Les fruits, oui, ils ne sont pas chers, mais bien trop beaux pour être « vrais » ; je n'en prends pas, c'est de toute façon trop lourd dans mon sac puisque je ferai le retour à pieds.


Je me dis que j'ai l'air bizarre, soit. J'achète quand même des tablettes de chocolat.... je ne me force pas vraiment..... je les pose au fond de ce grand chariot désespérément vide. Faire les courses dans un hypermarché me donne d'un coup conscience que je n'ai besoin de rien.... toute cette publicité ambiante m'influence dans le mauvais sens. Quel sorte de consommatrice suis-je ? Oh je fais des achats, les gens qui me connaissent savent que j'ai un faible pour les chaussures confortables, surtout rouges... par exemple ! Et bien d'autres choses encore. Mon empreinte écologique est loin d'être nulle, mais différente. Si je remplissais un de ces questionnaires qu'on envoie parfois aux consommateurs pour mieux cibler l'offre, je fausserai les statistiques !


Malheur... j'aimerai passer en caisse mais les files sont longues, les chariots débordent, des bébés crient, certains adultes s'énervent, au secours, laissez-moi sortir. Ouf, des « caisses rapides » à l'horizon, j'accélère le pas, ça y est, je prends le rythme classique des ménagères pressées,jene suis plus la cause de bouchon au milieu d'une allée.... mais quand je mapproche du but, je vois des automates !!! je me suis pourtant juré de ne pas les utiliser car source de suppression d'emploi.... mais je suis fatiguée, tant pis, je me lance....


Les ennuis recommencent : la première tablette de chocolat au sésame coince déjà. Grain de sésame ou grain de sable qui grippe cette machine hypersophistiquée. J'ai parfois l'impression que le matériel ressent mon allergie envers ces inventions sensées rendre service à l'homme... le client qui attend son tour soupire déjà..... l'unique caissière qui supervise les 5 robots me parle mais je ne réagis pas tout de suite, je ne me sens pas interpellée, sa voix est déformée par le micro, son intonation ressemble étrangement à la voix d'un robot..... à force de travailler parmi eux.... se rend-elle compte ? La machine a l'air d'apprécier la tablette au goût de violette, elle passe. Le bruit d"approbation" est étrange, je me sens presque "prise en défaut de mauvaise utilisation tellement le "PPPouêêêKKK" grave est désagréable à l'oreille.Je sais que j'ai l'air ridicule mais cela ne me perturbe pas vraiment. J'ai presque envie de rire et de m'enfuir. La gourmandise me retient.... Ah, bien sûr je ne peux pas ranger mes précieux achats dans le sac soigneusement fermé par la fameuse lanière jaune, j'ai oublié..... heureusement que je n'ai pas plus d'articles car il faut quand même parcourir quelques mètres pour atteindre le box de la dame à la voix de robot, mon sac vide sur le dos et mes achats à la main. Elle reste patiemment assise, la tenaille à main. Et voilà, ce n'est pas simple pour elle non plus, le vigile ayant trop serré la languette, elle a du mal à glisser son outil pour couper cette « sécurité »... pourvu qu'elle n'abîme pas mon vieux sac rouge, compagnon de tant de périples. Quelques minutes plus tard..... me voilà à l'air libre. Enfin pas tout à fait encore, car devant la porte s'amassent les fumeurs qui tirent nerveusement sur leurs cigarettes. Ils discutent entre eux. Ils n'ont pas l'air heureux, ils sont pour la plupart pâles, semblent nerveux. Il est vrai que l'endroit ne suscite pas la joie.


Je reprends le chemin du retour, heureuse et libre. Le tableau environnant n'est pas très beau, des garages, encore des garages, banques, pharmacies, le bruit de la circulation, les klaxons, les moteurs qui démarrent. Je happe une mélodie qui me traverse l'esprit... Halleluya, je change les paroles... « je déambule dans la ville, je ne sais pas vraiment pourquoi, pourtant je sens la vie autour de moi ; que ça convienne ou non à moi, n'a aucune importance pour eux, qui vivent dans la peur des lendemains, et même si ce n'est pas la joie, l'espoir qu'un jour ils comprendront que la vraie vie c'est aujourd'hui, je me sens proche d'eux, même à des années-lumières, c'est qu'elles éclairent ... je ne me souviens plus de la suite.... pas trop fort quand même, cela pourrait paraître suspect. Je croise des gens pressés, les yeux hagards pour la plupart. Suis-je ainsi quand je vais au travail ou quand je rentre, éreintée ? Un enfant dans la poussette répond à mon sourire. Le chien à qui je parle mentalement remue la queue. Il m'a entendue, lui. Je suis donc vivante parmi les vivants.

lundi 1 février 2010