mardi 29 septembre 2015

"La clé d'être" MARC VELLA


C'est la rentrée.
Quelle est ma valeur ? Est-ce que je compte ? Suis-je important ? L’école devrait bâtir dans le coeur de l’enfant la douce certitude qu’il compte et est important. L’école devrait enseigner aussi que l’autre est sans prix. Un enfant respecté respecte son prochain. Un enfant que l’on a ouvert à lui-même s’ouvre aux autres et au monde. Je reste convaincu que la meilleure manière de vaincre la misère sociale est d’enseigner à chaque être qu’il est riche de lui-même. Encore faut-il révéler cette richesse. Tant que l’enseignement se fera dans l’idée que Molière, Pascal, Rousseau, Descartes, Mozart, etc., sont des esprits supérieurs à l’élève qui, lui, ne peut être qu’un sous-produit d’intelligence, tant que cet enseignement se fera dans la compétition, la comparaison, la réussite au détriment de l’autre, misère et violence perdureront. Molière, Pascal, Rousseau, Descartes, Mozart et tant d’autres lumières du passé n’ont de sens que si celles-ci révèlent les lumières d’aujourd’hui. Cette révélation ne peut pas se faire dans la soumission et un apprentissage au par coeur sans âme mais dans la rencontre, une rencontre d’égal à égal. Sophie rencontre Molière, Abdul rencontre Pascal, Al rencontre Rousseau, Tidiane, Descartes, Ingrid, Mozart etc… Là est le véritable enjeu de l’éducation. Que veut dire éduquer ? La réponse du dictionnaire est révélatrice : ce verbe viendrait du latin educo, educare qui signifie « nourrir, instruire ». Mais surtout, il nous révèle un autre verbe dont l’infinitif est e-ducere,
qui se traduit par « conduire hors de soi-même ». Être éduqué, c’est aller hors de soi pour aller vers l’autre. Éduquer c’est déclencher la rencontre. En tout premier lieu avec soi. Comme dit Albert Jacquard : « L’objectif premier de l’éducation est évidemment de révéler à un petit d’homme sa qualité d’homme, de lui apprendre à participer à la construction de l’humanitude et, pour cela, de l’inciter à devenir son propre créateur, à sortir de lui-même pour devenir un sujet qui choisit son devenir et non un objet qui subit sa fabrication. »Assurément, un bon élève n’est pas un perroquet qui répète sans se tromper quelques vers de Corneille, un bon élève est initié à lui-même par ses rencontres. Il sait qu’un maître est aussi en lui et, en toute humilité, enrichi de ces multiples rencontres, il essaye de faire ce qu’il faut pour nous livrer son propre message.
Extrait du prochain livre de Marc Vella "La Clé d'Être" aux éditions Guy Trédaniel

lundi 28 septembre 2015

l'état d'esprit "MAKERS" à STRASBOURG

LU SUR RUE 89 STRASBOURG
Une direction à prendre, des idées, du courage, de la volonté, de l'entraide, de la curiosité, un esprit d'entreprendre malgré la "crise", de l'espoir, de vivre et faire ensemble, de l'ingéniosité, une place pour chacun dans ce monde... et même révolutionner le travail ! la passion de vivre sans cloisonnement.


Aujourd’hui, les bidouilleurs s’appellent des « makers »



Yannick Jost, occupé à bidouiller le robot baptisé Docteur d'Enfer (Photo : OG/Rue89 Strasbourg)
Yannick Jost, occupé à bidouiller le robot baptisé Docteur d’Enfer (Photo : OG/Rue89 Strasbourg)

Il est tombé dans la marmite du bricolage et de la retape tout petit. À 34 ans, le Strasbourgeois Yannick Jost est un « maker », comprenez un concepteur et fabricant en une seule personne. Entre robots et lampe à vélo connectée, rencontre avec un bidouilleur hyperactif.

Il arrive un peu en retard et s’excuse dans un grand sourire. Le pas pressé, il porte deux lourdes caisses en bois de estampillées « BH Team », du nom de l’équipe avec laquelle il concourt depuis neuf ans à la coupe de France de robotique.
Très vite, on imagine Yannick Jost passer des heures enfermé avec ses potes à concevoir de petits humanoïdes mécaniques. On aurait tort car le Strasbourgeois nous a prévenu d’emblée : les robots ne sont qu’une partie de ses activités.
Il faut dire qu’à 34 ans, il n’a guère le temps de s’ennuyer. Développeur informaticien à mi-temps pour une société qui conçoit des applications pour le tourisme, il travaille actuellement avec un ami sur un projet d’objets connectés et reliés en réseau, et gratte un peu de la guitare dans un groupe de musique. « Il y a tant de choses intéressantes à faire », dit-il, car Yannick est un « maker » : un touche à tout, débrouillard qui repousse sans cesse les limites de la curiosité.

Six « labs » à Strasbourg

Issue du mouvement DIY – Do it yourself (faire soi-même) né aux États-Unis à la fin des années 60, la culture « maker » promeut des valeurs de partage et de collaboration dans tous les domaines. Le sociologue Michel Lallement qui est allé jusqu’à étudier le mouvement dans la Silicon Valley considère que les « makers » ont pour ambition de « révolutionner le travail« .
Comprenez :  venez comme vous êtes, toutes les compétences sont bonnes à prendre. En France, le mouvement a fait des émules  : la deuxième édition de la « Maker Fair » à Paris en juin a attiré 35 000 visiteurs. On compte un peu moins d’une centaine de « FabLabs », contractions de « fabrication laboratories », ces lieux dédiés à la conception et à la création, répartis sur tout le territoire. Dans l’agglomération strasbourgeoise, ils sont six comme La Fabrique à Koenigshoffen, fondée par François Kormann, un ancien de Delphi.
Yannick Jost, qui fait partie du conseil d’administration, détaille ce nouveau lieu :
« C’est un atelier partagé, une sorte de boîte à outils pour “makers”. Soit on sait utiliser les machines soit on fait appel à un “coach” qui va montrer comment les utiliser. Un peu comme dans une salle de sport. Aujourd’hui, même des grandes entreprises créent des fablabs en interne. C’est une toute nouvelle manière de travailler en communauté ».

Des robots et des hommes

On ne saura jamais ce que « BH Team » veut dire, « c’est secret » paraît-il. On en saura beaucoup plus en revanche sur les deux robots enfermés dans les fameuses caisses en bois. Car quand il s’agit de parler des automates, Yannick Jost est intarissable. Chaque robot a une histoire et à la manière d’un artiste qui parle de son oeuvre ou d’un prof qui fait une leçon, il parle avec les mains, pousse loin les détails dans les explications.
Les robots sont en composé d'éléments fabriqués en usine mais aussi réalisés à la main (Photo : OG/Rue89 Strasbourg)
Les robots sont en composé d’éléments fabriqués en usine mais aussi réalisés à la main (Photo OG / Rue89 Strasbourg)
Depuis 2007 qu’ils participent à la coupe de France de robotique, les sept membres de la BH Team -que des hommes- n’ont jamais remporté la compétition, même s’ils sont allés une fois en finale. Quand d’autres se retrouvent autour d’un ballon, Yannick Jost et ses amis se voient trois à quatre fois par an pour concevoir les robots inscrits dans cette compétition un peu particulière.
Chaque équipe qui s’affronte dispose de deux robots et de 90 secondes, sur un terrain de 3 mètres sur 2 pour réaliser des missions bien précises. Les robots sont programmés à l’avance et doivent communiquer entre eux pour ne pas se rentrer dedans. Quoi qu’il arrive, l’équipe ne peut pas intervenir.
À chaque édition, les règles de la compétition changent, cette année le thème était le cinéma. Affublés des noms de Docteur d’Enfer et Mini-Moi (inspiré du film Austin Powers), les deux robots devaient construire des spots de cinéma et fermer des claps.
Et pour voir Docteur d’Enfer et Mini-Moi en action :

« C’est une saine compétition »

Les composants des robots de l’année précédente sont réutilisés pour les machines des années suivantes. Une forme d’économie même si l’équipe investit en moyenne chaque année un budget global de 4 500 euros qui comprend les deux robots, la participation à la compétition, et la communication autour de l’événement avec affiches, stickers et t-shirts. Mais certaines équipes dépensent bien plus encore.
Dans la plus pure tradition « maker », les robots combinent technique industrielle avec des découpes au jet d’eau pour certaines parties d’aluminium alors que la tôle est pliée à la main. Et dans la BH Team, chaque membre a sa spécialité : codage, design, etc. Un partage des compétences qui représente pour Yannick Jost l’essence même de l’esprit « maker » :
« Tout est une question de respect mutuel. J’essaie de faire transparaître ça dans ma vie : chacun fait du mieux qu’il peut. Avec toujours, beaucoup de bienveillance. Si une personne a fait une connerie, ça n’est pas grave car dans l’équipe tout le monde est bénévole. On a même déjà eu un robot qui a pris feu ! Tout est réalisé dans une bonne ambiance tout comme la compétition: le code de nos robots est en open source, tout le monde y a accès pour comprendre comment nous les avons réalisés. C’est une saine compétition. »

« J’étais le geek de service du village »

Chez Yannick Jost, la manie du bricolage est une affaire de famille. Son père, technicien de maintenance, ne jette aucun objet si tout n’a pas été tenté pour le réparer. C’est à Rosenwiller, d’où il est originaire, que Yannick Jost a eu son premier contact avec les machines :
« Il y avait cet ordinateur, un Thomson TO-7 qui trônait au fond de la classe. Ma curiosité m’a poussé à l’allumer. Je trouvais incroyable une machine qui faisait ce qu’on lui disait. En grandissant, j’ai fais des jobs d’été pour me payer du matériel et mes abonnements à des revues. J’y ai laissé toutes mes économies de jeunesse. Du coup, j’étais un peu le geek de service du village. »
"Même les cylindres de bois qui servent à matérialiser le spot de cinéma, je les aient réalisés avec mon grand-père." (Photo : OG/Rue89 Strasbourg)
« Même les cylindres de bois qui servent à matérialiser le spot de cinéma, je les ai réalisés avec mon grand-père. » (Photo : OG/Rue89 Strasbourg)
Il passe ensuite un DUT informatique à Saint-Dié puis découvre la robotique à l’Université de technologie de Belfort-Montbéliard (UTBM). Il y rencontre les membres de la future BH Team et se confronte pour la première fois à la 3D. Une dizaine d’années plus tard, l’équipe, répartie entre Strasbourg, Besançon et Lyon, est toujours soudée.

Être « maker », un mode de vie

Être maker ne se limite plus à bidouiller des composants ou plier de la tôle, c’est devenu un mode de vie. Dépassée l’image du geek à lunettes solitaire uniquement passionné par son écran : démonter les machines pour décortiquer leur fonctionnement s’assimilerait presque à une initiative citoyenne :
« Il y a des sujets qu’on porte qui sont importants. Comprendre le fonctionnement des objets aide à ne pas prendre tout ce qu’on nous donne ou ce qu’on nous dit sans réfléchir. Par exemple aux États-Unis, vous n’avez pas le droit de toucher à certaines parties de votre voiture sous prétexte que certains logiciels qui y sont intégrés ne vous appartiennent pas. Ça pose question ».
Aujourd’hui, Yannick répartit son temps entre son travail, ses robots et de multiples ateliers où il rencontre d’autres bidouilleurs qui n’hésitent pas à démonter leurs calculatrices et autres circuits imprimés. Ces rencontres s’appellent souvent « hack quelque chose », et pour savoir à quoi ça ressemble, c’est… Yannick qui en parle le mieux :
Avec son collaborateur Manuel Yguel, il a remporté le prix du maire de la Ville de Strasbourg pour une lampe à vélo connectée au concours Lépine de la Foire européenne. Ils vont prochainement lancer une campagne de financement participatif pour financer le développement de leur système de réseau d’objets connectés.
Son prochain rendez-vous ? Le Hacking Industry Camp début octobre, où des développeurs sont invités à résoudre les problèmes de l’industrie, avec quelques bidouilles

jeudi 24 septembre 2015

Même RODIN n'y échappe pas !

(France Culture 31-08-2015)
...
D'oû toute la relativité d'un jugement, d'un ressenti
A partager, oui
Se battre, non
la raison n'a pas droit au chapitre.
les émotions s'expriment.
L'intérêt du débat est certainement dans l'échange et la conscience de la notion de relativité d'un jugement.
A transposer dans nos vies quotidiennes.




Daniel Buren : "L'asphalte est un matériau magnifique"0

Dans la série "Mémoires vives" consacrée aux oeuvres dans la rue qui font réagir, aujourd'hui, les Deux Plateaux de Daniel Buren, communément appelés "les colonnes" : 260 colonnes tronquées installées dans la cour d'honneur du Palais Royal en 1986, et ayant suscité une importante controverse.

(Episode 3/5)


"Mais moi je ne comprends pas pourquoi on fait des bittes d'amarrage, on ne va pas amarrer des chalands là ! Je comprends pas...", réagit avec vigueur un passant en mars 1986, devant la caméra d'Antenne 2. Durant et après l'installation (compliquée) de ses colonnes devant le Palais Royal, Buren s'attire les foudres des piétons, des critiques d'art et des défenseurs du patrimoine : tous voient dans la démarche de l'artiste, une volonté de désacraliser le lieu.
Deux ans plus tard, en 1988, Buren revient sur son projet artistique et la manière dont il a justement tenté de conjuguer le moderne et l'ancien. C'était au micro d'Alain Jouffroy, dans l'émission "A Voix nue" :
Colonnes de Buren © FLICKR/ JEAN-FRANÇOIS GORNET

La commission supérieure des monuments historiques s'était prononcée contre le projet en octobre 1985, mais le ministre de la Culture, Jack Lang, était passé outre. En 1986, l'installation de l'oeuvre de Buren devant le Palais Royal soulève un formidable tollé à l'échelle nationale, et une campagne de presse virulente. Si bien qu'une interruption des travaux est imposée par la Mairie de Paris.
Après un véritable feuilleton politico-administratif au cours duquel François Léotard, remplaçant de Jack Lang, étudie la possibilité d'une démolition des cylindres, l'achèvement des travaux est finalement ordonné le 5 mai 1986.
La polémique ne s'essoufflle totalement qu'en 1992, avec la disparition des derniers recours juridiques.
© FLICKR/ CLÉMENT

Vous pouvez également écouter ici l’émission intégrale dont est issu cet extrait, "Daniel BUREN : 5ème et dernière partie", diffusée sur France Culture le 1er janvier 1988 dans "A voix nue "  :


Episode 2/5 -

Le Monument à Balzac, livré par Auguste Rodin en 1893, mais inauguré à Paris en 1939 seulement.


"Un pingouin", "un sac de charbon", "un menhir". A la fin du XIXe siècle, la statue de Balzac réalisée par Auguste Rodin ne laisse personne de marbre. En témoigne l'écrivain Georges Lecomte, ami de Rodin, qui, en 1956, deux ans avant sa disparition, se remémore l'affaire. Il évoque notamment la manière dont le président Félix Faure ignora sciemment l'oeuvre exposée au Salon de la Nationale, en 1899. Des propos rediffusés en 1995 sur France Culture, dans "Radio archives" :
Monument à Balzac, Rodin © JEFF KUBINA/ CC BY-SA 2.0


Rodin travailla sur ce monument en bronze de 1893 à 1899. Il fut commandé au sculpteur par Emile Zola qui présidait la Societé des gens de lettres, après la mort de Chapu, artiste tout d'abord désigné pour cette réalisation.
La silhouette effacée, noyée dans le drapé d'une robe de chambre, les cheveux en pagaille, les sourcils proéminents surmontant un visage au modelé abrupt...  La statue prend le contre-pied des canons de la sculpture traditionnelle de l'époque en diluant ainsi les formes : il s'agit moins de représenter l'homme, que la flamboyance imposante du génie. C'est révolutionnaire, donc ça choque.

Jamais on n'a eu l'idée d'extraire ainsi la cervelle d'un homme et de la lui appliquer sur la figure !
Henri Rochefort, mai 1898

Ne souhaitant pas s'enliser dans le conflit, Rodin rembourse les sommes perçues pour cette commande, avant de quitter Paris pour Meudon. Mais la bataille, qualifiée de "nouvelle affaire Dreyfus", n'en dura pas moins de... 42 ans, jusqu'à l'inauguration de l'oeuvre à Paris en 1939, au milieu de boulevard Raspail.

Vous pouvez également écouter ici l’émission intégrale dont est issu cet extrait, "Auguste Rodin, sans ménagement", diffusée sur France Culture le 8 décembre 1995 dans "Radio archives"  :



Episode 1/5 -

Le Pont Neuf emballé par Christo il y a trente ans, du 22 septembre au 7 octobre 1985, dans de la toile soyeuse en polyamide jaune ocre


Lorsque l'artiste américain d'origine bulgare, Christo, et sa compagne, Jeanne-Claude Denat de Guillebon, proposent de recouvrir pour quinze jours le plus vieux pont de Paris d'un drapé de toile jaune, ils se heurtent à des réactions, quant à elles, peu emballées : ce monument est un symbole. Il leur faudra dix ans pour obtenir les autorisations nécessaires à la réalisation de leur projet.
Pourtant, une fois le Pont Neuf empaqueté comme un immense cadeau doré, le succès est retentissant, les passants, conquis.
En témoigne cet extrait d'une archive du 26 septembre 1995 : écoutez les réactions du public à l'époque, et une interview de Christo lui-même, dans ce "Panorama" produit parJacques Duchateau et Bertrand Jérôme :
Le Pont-Neuf emballé par Christo © MAXPPP


Pour réaliser cette monumentale oeuvre de Land Art, douze tonnes d'acier, 40 900 mètres carrés de toile et treize kilomètres de corde ont été nécessaires. Une dizaine d'entreprises ont été mobilisées, ainsi que deux cents personnes dont des plongeurs et des alpinistes....
Les travaux de 19 millions de francs (2,9 millions d'euros) furent entièrement pris en charge par Christo, grâce à la vente de ses collages et dessins préparatoires.
Dix ans après, le couple d'artistes emballait le Reichstag à Berlin dans une immense toile argentée, un projet dénoncé par Helmut Kohl qui y voyait une atteinte à la grandeur de l'Allemagne.
 © GFDL ET CREATIVE COMMONS CC-BY-2.5
















Vous pouvez également écouter ici l’émission intégrale dont est issu cet extrait, "Panorama du 26 septembre 1985', diffusée sur France Culture :

lundi 21 septembre 2015

RIRE EN RESPECTANT LES CONVICTIONS D'AUTRUI

(le Monde, Regis DEBRAY 21-09-2015)

Nous sommes mal placés pour donner des leçons à la terre entière, nous, les enfants de Rabelais, de Voltaire et de Wolinski. Les compagnons de Cartooning for Peace [l’association de dessinateurs présidée par Plantu] sont nos frères en résistance, face à la bêtise au front de taureau qui donne de la corne un peu partout, jusqu’au cœur de Paris. Accueillons-les fraternellement, mais sans jouer au père noble ou au tuteur.
La liberté d’expression, on est tous pour, et il n’y a rien de tel qu’un sonore « il est interdit d’interdire » pour se faire applaudir par les copains, en vase clos. A l’extérieur, c’est un peu plus compliqué. Je jouerai au ronchon de service, avec quatre vérités assez désagréables à rappeler mais qui me semblent devoir l’être au cas où.
Premièrement, notre propre et belle et combien exemplaire liberté d’expression n’a jamais consisté à pouvoir dire ou montrer n’importe quoi à n’importe qui et n’importe où (en tout cas, pas aux enfants et sur la voie publique). Elle consiste, comme le dit l’article 4 de la Déclaration de 1789, « à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui. Ainsi l’exercice des droits naturels n’a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société la jouissance de ces mêmes droits. Ces droits ne peuvent être déterminés que par la loi ».

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/09/21/rire-en-respectant-les-convictions-d-autrui_4765104_3232.html#jkCJADK4mwt2HBgg.99



jeudi 17 septembre 2015

Un jour, je danserai.


 lu dans rue 89
http://blogs.rue89.nouvelobs.com  le17-09

Je me suis toujours considérée comme une personne à part entière, avec des aspirations, des rêves. Fort heureusement, mes parents ne m’ont jamais freinée. Ils ne m’ont jamais dit que je ne pouvais faire telle ou telle chose en raison de mon handicap. Ils m’ont toujours accompagnée, poussée.
J’ai fait mien cet adage :
« Tout est réalisable, à condition d’y mettre les moyens. »
Jamais mon handicap ne me freinera.

De la musique et du sport dès l’enfance

A six ans, j’ai commencé à faire de la natation. Ma maladie rendant mes os fragiles, c’est tout naturellement que j’ai commencé à nager avec le club Handisport de la ville où j’ai grandi. Cela me sécurisait de nager avec d’autres personnes en situation de handicap, qui feraient attention à moi, notamment en ne me donnant pas de coups en nageant à mes côtés. Néanmoins, me cassant très régulièrement, ce n’est qu’à l’âge de onze ans que j’ai cessé de m’agripper aux bords du bassin et ai commencé à nager seule. À treize ans, j’ai débuté les compétitions Handisport. Je l’ai fait pendant huit années.
J’en garde de très bons souvenirs. De l’émotion, de l’adrénaline, le dépassement de soi, de belles rencontres, de beaux paysages observés lors des déplacements dans toute la France, et surtout, de belles et franches rigolades. L’humour made in Handisport, c’est quelque chose. C’est noir, grinçant. Tout ce que j’aime.
En parallèle, à neuf ans, j’ai commencé la musique. J’ai pris des cours d’accordéon diatonique dans la maison pour tous de mon quartier.
Ensuite, j’ai intégré une classe à horaires aménagés musique à l’entrée au collège.
Mon emploi du temps était organisé de telle sorte que mes camarades et moi puissions assister à nos cours au conservatoire deux après-midis par semaine. Je l’ai fait pendant sept ans, de la sixième à la terminale.
Venant d’une famille plutôt prolo, personne dans mon entourage n’écoutait de musique dite savante. Mes parents écoutaient du rock, de la variété française ainsi qu’un peu de musique techno étrange des années 90. Ces classes à horaires aménagés musique ont constitué une réelle ouverture. Je me suis mise à écouter Beethoven, Chopin, Stravinsky, Bartok, Debussy, mais également de sacrées daubesmusicales – je l’admets honteusement.
Au conservatoire, même si mon professeur d’accordéon se demandait, au début, si mes capacités intellectuelles n’étaient pas proportionnelles à ma taille, c’est-à-dire amoindries (je l’ai appris avec sa fille, quelques années plus tard), j’ai été considérée comme une élève lambda. J’ai fait mes preuves. Mon professeur d’accordéon a cessé de penser, me semble-t-il, que je souffrais d’une déficience intellectuelle. De belles années, riches en enseignements.

Un pied dans le monde valide, l’autre dans le « handi »

Je me sentais bien. J’avais à la fois un pied, ou plutôt une roue, dans le monde dit « handi », et l’autre dans le monde dit « ordinaire », tout comme j’avais une mère « valide » et un père « handi ».
Un juste équilibre. À l’époque, je ne voyais pas la frontière entre ces deux mondes. Je ne faisais pas de différence entre mes amis avec qui je faisais de la compétition et mes camarades du conservatoire. Je ne voyais pas le handicap. Je ne voyais pas la « validité ».
Encore aujourd’hui, je ne fais toujours pas la différence entre mes amis estropiés et mes amis dits valides. Ce sont des personnes que j’aime. Rien de plus.
Moi-même, j’oublie que je suis en situation de handicap. Je suis une jeune femme de 23 ans, qui en est à sa dernière année d’études à l’université. Bref, je suis une personne, à part entière.
Néanmoins, parfois, la société me rappelle que je suis handicapée, que je ne fais pas partie de la norme. Cela peut être parfois assez violent.
Une envie irrépressible de danser
Depuis de nombreuses années, je rêve d’une chose. Je veux danser. Néanmoins, ma fatigabilité, ma fragilité osseuse et mon manque d’équilibre m’empêchent de danser debout.
Je danserai donc en fauteuil.
Cela est possible. Je connais personnellement des personnes qui dansent en fauteuil. De plus, sur YouTube, on peut voir de belles performances en la matière.

Plus le temps passe, plus l’envie de danser s’accroît. Je ressens un besoin viscéral d’exprimer des émotions avec mon corps.
J’ai donc contacté deux clubs de danse. Ils ne sont pas destinés à un « public handi ».
Peu importe, je ne souhaite pas danser uniquement avec des personnes en situation de handicap. Je parle déjà assez de handicap comme cela… J’ai besoin d’air. Je ne veux pas être catégorisée, ghettoïsée.
Je veux danser et pas juste remuer les bras et faire tourner mon fauteuil roulant en rond. Je veux que cela ait un minimum de gueule, quand même.
La frilosité du monde valide
Le président du club de danse que j’ai contacté en premier, qui propose notamment des cours de West Coast Swing, m’a répondu par e-mail. Je l’ai lu ce matin.
Il serait préférable que je n’assiste pas à ces cours car mon fauteuil prendrait trop de place. De plus, la professeure de danse ne serait pas formée. De toute façon, je ne devrais pas me tourner vers la danse en couple car cela serait trop difficile pour une personne en fauteuil.
La grosse claque. C’est la première fois que je ne suis pas la bienvenue dans une association proposant une activité artistique.
Mon handicap m’est revenu en plein dans la figure. Je me suis effondrée.
Je ne m’attendais pas à une telle réponse. Peut-être suis-je naïve, mais je pense que tout est réalisable, adaptable. De plus, je sais pertinemment que la danse en couple est possible pour une personne en fauteuil roulant.
Pourquoi la professeure ne m’a-t-elle pas proposé un rendez-vous, au moins ? Pourquoi n’a-t-elle pas essayé d’adapter ses chorégraphies ? Pourquoi cette occasion qui se présentait à elle n’a pas éveillé sa curiosité, représenté un défi à relever ?
Naïvement encore, je pense que la différence est une richesse. Tout ce qui est différent de moi éveille ma curiosité. En conséquence, je pense que j’aurais apporté une richesse à cette classe de danse. Il s’avère cependant que la professeure de West Coast Swing et le président de cette association en ont pensé autrement.
En attendant une réponse positive de la part de la seconde association à laquelle je me suis adressée, qui propose des cours deLindy Hop (je l’avoue, cette danse est assez sportive, mais j’aime relever les défis un peu fous !), je ne peux que constater que beaucoup d’individus se braquent face à la différence, à l’inconnu. C’est un lieu commun, mais c’est une cruelle vérité.
Cela dit, je continue à prospecter…
Un jour, je danserai, et cela ressemblera à quelque chose.
https://www.youtube.com/watch?v=rzUHdQh1wEs

LE VELO REND HEUREUX

Utiliser le vélo en ville,
un moment  agréable même par temps de pluie ; bien sûr il faut s'équiper (cape, chapeau, gants, lunettes, pantalon imperméable, bottes de pluie (ou sachet sur les chaussures ! lumières).
s'organiser suivant la météo, prévoir un peu plus de temps pour se préparer.
Une fois sur le vélo, 
un moment de liberté,
un "ralentisseur de cadence". C'est moi qui décide de ralentir, me prendre du temps déjà pour respecter le code de la route ; s'arrêter au feu est moins stressant que de prendre des risques, parfois pour gagner quelques secondes, risquer sa vie ou simplement un P.V. ....
l'occasion de découvrir les coins et recoins d'une rue, un balcon fleuri, les arbres habillés de saison, regarder vivre les gens, parfois leur parler, sourire, échanger des regards, s'intéresser à la vie...
Sentir la douce chaleur des rayons de soleil sur la peau.... ou se dire d'avoir la chance d'être bien équipé pour se protéger de la pluie, du froid...
Pouvoir s'arrêter presque n'importe où, s'ouvrir à l'imprévu.
J'ai le sentiment de trôner sur mon vélo, libre, indépendante ; cela me plaît de ne pas rajouter de pollution chimique ou sonore,
bouger pour le moral, la santé ... se faire du bien !
Le vélo rend heureux, cela se sent et se voit. C'est même contagieux !
Vive l'épidémie.




mardi 15 septembre 2015

Ce qe je lis et ce que je vis

Rien qu'aujourd'hui.

Sécurité sociale : des infirmiers et kinés trop nombreux et trop coûteux

LE MONDE |  • Mis à jour le  |

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/sante/article/2015/09/15/des-infirmiers-et-kinesitherapeutes-trop-nombreux-et-trop-couteux-pour-la-secu_4757690_1651302.html#PcP4YkmIhLdoQz9c.99


POURTANT SUR LE TERRAIN, DANS LA REALITE,  JE RENCONTRE DES INFIRMIERES FATIGUEES PAR LA CHARGE DE TRAVAIL... alors qu'il y en aurait trop ?


Dotée de peu de moyens, la loi sur le vieillissement revient devant l’Assemblée

Le Monde.fr |  |

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/societe/article/2015/09/15/dotee-de-peu-de-moyens-la-loi-sur-le-vieillissement-revient-devant-l-assemblee_4758307_3224.html#6heHSJRekCPjjSDM.99


Certains anciens, ceux qui lisent les journaux, se sentent parfois de trop dans ce monde où l'argent règne en maître, où plus personne n'a le temps d'écouter et de profiter de leur expérience.
Ni les chartes, ni les lois n'y changent rien.
Il n'y a que notre attitude, à chacun de nous, notre regard qui peut leur dire qu'ils sont importants et sauvegarder leur dignité.

La loi du coeur n'a nul besoin d'être discutée en Assemblée.