vendredi 19 mai 2017

le désaccord n'est rien, la façon de le vivre est tout

lu dans le MONDE

Le conflit, sur le plan social, n’est pas un problème. Dissensions et divisions peuvent avoir lieu, mais tout réside dans la façon dont on vit ce conflit, et dont on s’en sort. Cela nous renvoie indéniablement à nos différences. Le désaccord fait partie du voisinage, il peut même devenir une forme de régulation, à condition de le gérer par la parole, et en évitant tout rapport de domination. La dissension est la première garantie de la démocratie. Vive nos conflits !

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jeudi 4 mai 2017

L'Iliade joué par des comédiens détenus


Dix soirs d’affilée, du 4 au 14 mai (avec une relâche le 8), six hommes condamnés à de longues peines de prison vont jouer l’Iliade, aux côtés de comédiens professionnels. Le public découvrira chaque fois un chant différent de l’épopée grecque, interprété par cette troupe peu ordinaire de dix-huit comédiens.

« C’est une création théâtrale à part entière », insiste Valérie Dassonville, directrice avec Adrien de Van du Théâtre Paris-Villette, partenaire du spectacle et qui l’a inscrit dans sa programmationIliade coche en effet les cases habituelles : sept mois de répétition, plusieurs dates de représentation, des comédiens tous rémunérés. Il n’empêche, cette fresque théâtrale, dont les deux premières dates affichent complet, est le fruit d’une collaboration inédite entre deux sphères qui se rencontrent rarement : la culture et l’administration pénitentiaire.
Une femme, Irène Muscari, est à l’origine du projet. Coordinatrice culturelle du service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP) au sein du centre pénitentiaire de Meaux-Chauconin-Neufmontiers (Seine-et-Marne), elle a sollicité le metteur en scène Luca Giacomoni après les attentats de novembre 2015 pour un travail théâtral sur la notion de conflit. Il choisit l’Iliade, texte fondateur et miroir des passions humaines.

Leur vie à travers les mots d’Homère

De novembre 2015 à janvier 2016, une petite équipe de comédiens se constitue, et des détenus de la prison de Meaux quittent trois fois par semaine leurs cellules pour les répétitions du chant I de l’œuvre. « L’histoire particulière de certains de ces hommes, la compréhension qui est la leur de l’Iliade que, pour beaucoup, ils ne connaissaient pas, tout cela donnait une très grande force à leur interprétation », estime le metteur en scène. A travers les mots d’Homère, certains lisent leur vie. La mort d’un proche ou la notion d’honneur qui justifie la guerre ne sont pas des abstractions pour certains des interprètes d’Iliade.
Une version de trente minutes est jouée pour la première fois devant un public à la fin de janvier 2016, lors du festival Vis-à-Vis, organisé au Théâtre Paris-Villette, qui propose des créations artistiques réalisées en milieu carcéral. « La présence sur scène de comédiens professionnels et d’amateurs, de détenus et d’hommes libres, racontait ce qu’était cette Grèce que nous fait vivre Homère, se souvient Valérie Dassonville. Ça a été foudroyant, majestueux. Un moment de théâtre étonnant. »
Debout, les spectateurs applaudissent à tout rompre pendant dix longues minutes. Mourad est sur scène. Plus d’un an après, l’homme, âgé de 34 ans, a gardé en mémoire ce moment fondateur. « J’ai vu que des gens avaient pleuré dans la salle. Je ne m’y attendais pas. Quand on est sur scène, on ne voit pas l’énergie qu’on envoie », explique l’ancien détenu, pour qui l’Iliade est avant tout comme « une histoire d’amour, entre un roi et son peuple, un homme et une femme, un père et son fils… ».

« Juste de l’humain et le texte »

Impossible d’en rester là. Le succès rencontré convainc Luca Giacomoni et l’équipe du Théâtre Paris-Villette de transformer l’essai. Tous se battent pour qu’Iliade ne soit pas juste un projet culturel en prison, mais devienne une œuvre théâtrale d’envergure. Fait rarissime, trois anciens détenus qui faisaient partie de l’aventure au tout début – comme Mourad – ont souhaité poursuivre malgré leur sortie de prison.
Le pari est alors lancé de programmer plusieurs représentations, avec une billetterie payante, comme n’importe quelle création. C’est une gageure. Et cette fois, il faut travailler non pas un mais dix spectacles, réunir les fonds, convaincre l’administration pénitentiaire, obtenir douze permissions de sortie pour chaque comédien incarcéré… Les répétitions reprennent en octobre 2016, marquées par une grande intensité. Elles se partagent cette fois encore entre le centre de détention de Meaux et les planches du Théâtre Paris-Villette. Seules deux journées de répétition générale, réunissant l’ensemble des interprètes, sont prévues, les anciens détenus n’étant pas autorisés à se rendre en prison.
« Je crois qu’on atteint rarement sur scène ce degré zéro, ce dépouillement. Pas de costume, pas de décor. Juste de l’humain et le texte. Ça ramène au sens premier du théâtre. On fait ça pour se réunir et vivre ensemble une expérience humaine », résume Luca Giacomoni.
Sur scène, Armelle Abibou est à la fois Hélène et Cassandre. A 31 ans, la comédienne lumineuse a été séduite à l’origine par « la part d’inconnu » que recelait le projet. Et aussi par cette « forme d’engagement social et politique qui nous interroge, qui questionne le rapport de l’artiste dans la société ». Les répétitions en prison, « un lieu qui [lui] a glacé le sang », l’ont évidemment marquée. A la veille de la première représentation, elle espère emmener le spectateur « voyager avec nous », comme elle le formule joliment. « On aura réussi si le public ne se pose pas la question de qui est qui, comédien amateur ou professionnel, libre ou détenu. »

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/culture/article/2017/05/04/l-epopee-de-l-iliade-interpretee-par-des-detenus-et-comediens-professionnels_5122428_3246.html#pdlErurh2A5T6ruS.99

Un autre enseignement du "management " existe



Cela fait plusieurs décennies qu’Henry Mintzberg veut « en finir » avec les MBA. Ce chercheur en management s’est fait le chantre de la critique de ces formations, grâce à son livre Des managers, des vrais ! Pas des MBA (Editions d’Organisation), paru en 2004, et qui s’est vendu à 90 000 exemplaires dans le monde. ­Matières enseignées en silos, focalisation trop importante sur les chiffres et la prise de décision, utilisation sans modération d’études de cas déconnectées de la réalité… tous les travers de ces masters of business y sont décryptés.

L’International Masters Program for Managers (l’IMPM), qu’il a lancé en 1996 à l’université McGill, à Montréal, est en quelque sorte son manifeste pour un autre enseignement du management. Le programme, qui s’adresse à des cadres entre 35 et 50 ans et qui s’assimile à un executive MBA, est organisé autour d’un principe : le partage d’expériences entre participants. « Beaucoup de MBA ont un enseignement très analytique. Mais le management n’est pas une science, c’est un art. On ne l’apprend qu’en le pratiquant », résume Henry Mintzberg, qui enseigne encore, malgré ses 77 ans.
Dans le cursus, pas d’études de cas, de cours de marketing ou de stratégie. « Nous, les professeurs, parlons de nos recherches, et les participants nous parlent de leurs expériences. C’est là où les deux se croisent qu’on apprend des choses formidables », résume l’universitaire. Un élément du programme, baptisé « Friendly consulting », consiste à faire plancher les participants sur une problématique rencontrée par un élève dans son travail actuel, comme si celui-ci avait à sa disposition une équipe de consultants.

« Apprendre à mieux se connaître »

Les cinq modules constitutifs du programme se déroulent successivement dans des universités situées au Royaume-Uni, au Canada, en Inde, en Chine et au Brésil« En se confrontant à d’autres manières de faire, chacun revient avec une meilleure connaissance de son propre pays et de ses pratiques », explique Henry Mintzberg.
Pendant la formation, les élèves sont incités à tenir un journal de bord et à partager leur démarche introspective, et partent faire une randonnée dans la région des lacs en Angleterre. « C’est un programme où on apprend à mieux se connaître pour sortir le meilleur de soi-même, résume Carole Onouviet, directrice du développement durable dans une société pétrolière au Gabon, qui fait partie de la dernière promotion. J’étais prise dans plusieurs MBA, mais j’ai choisi ­celui-ci parce que sa philosophie m’a plu. Elle me semblait plus humaine, plus responsable, tournée vers les hommes dans leurs environnements. »
Autre originalité : chaque participant passe une semaine dans l’entreprise d’un autre élève, l’observe et lui fait un retour sur ses pratiques. Carole Onouviet a réalisé ce « stage » au Canada, chez un sous-traitant de l’industrie pétrolière. « C’était fantastique, très enrichissant, et cela m’a aussi ouvert les yeux sur la manière dont je fonctionnais », se rappelle-t-elle. Bientôt, elle accueillera sa camarade de promotion au Gabon.

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