vendredi 31 août 2012

boules de neige et avalanche... positive.

si on rend service
... dans notre esprit, la personne nous serait redevable.
Même si le service rendu était "gratuit".
Bien sûr que la considération fait toujours chaud au coeur, mais si elle n'est pas au rendez-vous, ou pas à la hauteur de nos espoirs ?
Regrettons-nous d'avoir fait ce geste gratuit (que parfois la personne n'a même pas demandé mais nous sommes souvent tellement persuadé de savoir ce dont elle a besoin...) ?

Un beau travail sur soi est d'aller au-delà du "donnant-donnant" même très subtil et de pouvoir se dire que la main tendue sera peut-être investie ailleurs, pas dans notre sphère à nous... nous n'en saurons peut-être jamais rien mais il est fort possible qu'une aide à un moment donnée engendre une énergie ou une disponibilité hors de notre champ de connaissance...
... et notre geste purement gratuit fera boule de neige.

Penser ainsi est simple et nous évite de nous apitoyer sur des attentes stériles. L'énergie ainsi gagnée pourra également être investie d'une façon plus efficace.....
c'est une autre boule de neige !

en plein été... et qui sait, nous provoquons peut-être une avalanche positive ; et personne n'est jamais morte étouffée sous une montagne de services rendus.


lundi 27 août 2012

Ne leur coupons pas les ailes

... méfions-nous de ne pas ralentir cette tendance à vivre "plus léger" qu'adoptent nos jeunes, (d'abord par nécessité puis par goût ?)
en leur offrant ce qui nous ferait plaisir à nous et nous semblerait indispensable pour vivre mieux...
en pensant qu'eux seraient forcément frustrés de ne pas pouvoir se payer l'un ou l'autre luxe...
non le monde change.
le bonheur réside en grande partie dans la faculté d'adaptation.
(mis à part les cas extrêmes bien sûr....).
Laissons-les s'envoler.
Et si nous arrivons, nous aussi, à nous alléger, nous nous élèverons avec eux.
Et il y aura assez pour tout le monde sans qu'il faille se battre pour juger qui mérite quoi sur cette terre, de se nourrir correctement, se faire soigner dignement... d'avoir un toit, d'être reconnu, respecté....

nos enfants nous enseignent...

les jeunes, en général, n'ont plus le même engouement pour l'aisance matérielle à long terme (ou me trompé-je ?)
le monde actuel est en pleine évolution
non sans souffrances....
Nous, les parents qui avions un avenir plus ou moins tracé, professionnellement, avec l'assurance d'évoluer vers des salaires qui augmentent avec l'âge et l'expérience professionnelle,
nous voyons depuis quelques années que la tendance s'inverse : les gains diminuent.
Et nos jeunes s'adaptent : au lieu d'acheter une belle voiture, de clôturer leurs 10 ares de terrain, d'aller se faire bronzer sur la plage, ils préfèrent voyager avec un sac à dos bien allégé, profiter des réseaux de coatchsurfing, partager les jardins...
... je stéréotype quelque peu, évidemment.... mais je sens cette tendance...
j'écoute, j'observe et je me rends compte que j'ai beaucoup de chose à apprendre des jeunes, notamment leur confiance dans le moment présent plus que dans un avenir matériellement sécurisé.

Un autre exercice d'endurance

Je ne souhaite pas répondre à certaines injonctions de personnes de mon entourage. pourtant je dois être vigilante à ne pas devenir réactive.
Juste être.
quitte à susciter d'autres pressions plus ou moins subtiles, passagères.
Si j'arrive à rester vraiment moi-même, sans agacement, sans impatience, les injonctions perdent de leur force.
Ma faiblesse nourrit les pressions.
Ma force intérieure et juste les rend inopérantes jusqu'à disparaître. En passant par une période de "crise" pendant laquelle il faut tenir le cap.
C'est un exercice d'endurance. Rien à voir avec un combat.

Se réapproprier le temps

on n'a pas le temps ?..... vraiment ? voyons...
ralentir la marche (oh, on ne perds que quelques minutes - ce qui n'aurait de conséquence négative que si on risque de rater un train ! d'où l 'expression "t'as un train à prendre")
se poser quelques minutes et écouter, ne rien faire.
Essayez !
le fait de reprendre le contrôle des évènements desquels nous nous sentons très souvent victimes permet de récupérer de l'énergie qui pourra être investie autrement que dans une course en avant.
Et décider pour soi, ne serait-ce qu'une minute, raffermit la confiance en soi et rend conscient de notre responsabilité dans le cours de la vie.
Etre un peu moins mouton d'un troupeau... le berger sommeille en chacun de nous.

être disponible - ne pas être disponible

la disponibilité - la non-disponibilité sont l'un et l'autre des réalités de la vie ;
parfois elles ne répondent pas aux attentes des uns et des autres, quelles qu'elles soient
Essayer de ne pas juger et de faire confiance, d'accepter aussi ce que l'autre peut donner, ou ne pas donner.
C'est difficile car cela nous renvoie à l'image que nous pensons projeter vers l'autre (ce n'est pas toujours ainsi que l'autre personne nous voit ; chacun à travers son filtre et c'est  ce filtre qu'il s'agit de nettoyer tout au long de notre vie pour le rendre limpide)
Et aussi : qui sommes-nous à pouvoir appréhender toutes les facettes de notre interlocuteur qui n'est ou ne fait pas ce que, parfois, nous exigeons, prenons comme un dû...
Dire "il aurait le temps pourtant"...
"ah, je ne compte pas pour lui"
"mais que lui ai-je donc fait ?"
"pour une fois que je viens, il n'est pas là, il n'a pas le temps"

Et de l'autre côté, devoir justifier le manque de temps, parfois maladroitement pour que la justification ne heurte pas la susceptibilité de l'autre qui pourrait se sentir rejeté.

Parfois juste avoir envie d'être seul, cela n'a rien à voir avec apprécier ou ne pas apprécier la compagnie d'une personne.

mercredi 22 août 2012

Libre sur le Chemin

Libre dans mes sandales poussiéreuses, les cheveux plus ou moins remontés dans un chapeau qui me tient tellement chaud que les gouttes de transpiration coulent dans mes yeux, se mélangeant à la crème que je mets tous les matins pour "nourrir" la peau qui, je n'en doute pas, tire l'essentiel des nutriments des aliments, de l'air, de l'eau, de ma façon d'être, d'assumer.... et non de la tartine crémeuse que je peux rajouter pour me rassurer.

Libre de ne pas avoir à me soucier de mon apparence ; le choix limité de mes habits et la nécessité qu'ils soient adaptés m'ôte les affres de certains matins où j'essaie plusieurs robes et autant de pantalons sans être vraiment satisfaite de l'effet produit ou du confort recherché.


Libre de m'arrêter quand je trouve un endroit ombragé qui me plaît et m'offre un tapis doux pour reposer mon corps endolori.

Libre de laisser divaguer mes pensées sans en retenir aucune.

Libre de chanter et de laisser les paroles se greffer sur des mélodies qui m'en rappellent d'autres et cela fait un étrange pot-pourri...

Libre de ne pas savoir où je vais dormir le soir.  Liberté teintée d'un zeste d'appréhension quand je n'ai pas trouvé à 20 h...

Libre de me taire.

lundi 20 août 2012

l'énergie de St Jacques

D'ailleurs pourquoi s'étonner qu'une ville soit une ville, même si elle est traversée par des pélerins ; la vie est ce qu'elle est, on y vit, on y consomme et de temps en temps elle est visitée et vue sous d'autres angles, historiques, culturels ou même spirituels, ce qui n'empêche nullement le Mac Do du coin ou les Grandes Galeries d'attirer le chaland.


Et moi au milieu de cette agitation. J'apprécie cette liberté d'être, totale. Ni mon sac à dos, ni mes sandales Keen n'attirent les regards. Je peux à loisir observer qui de prendre une bière au coin de la rue, qui de gronder son enfant empiétant sur la voie circulante, le chien reniflant un papier gras, l'église se dressant à l'intersection de deux voies passantes, une dame qui tend la main en espérant que les personnes qui en sortent pensent à concrétiser leurs prières. Les seuls regards que j'accroche sont ceux d'enfants et même de bébés auquels je souris à l'insu des parents ; ils répondent, me suivent du regard, sourient à leur tour sans se poser de questions.

Je reprends les chemins déserts et pourtant je ne me sens pas seule. Est-ce l'énergie de Saint Jacques qui m'accompagne ?

Quoiqu'il en soit la coquille exerce sur moi une certaine fascination : quand je me sens perdue en chemin et d'un coup, au détour d'un sentier je LA vois, mon coeur saute de joie. Je peux de nouveau cheminer d'un pas léger malgré le poids du sac, l'esprit libre et accueillant.

jeudi 16 août 2012

La prière du 16 août

LA PRIERE DU 16 AOUT POUR LES HOMMES ET LES FEMMES TOUS BORDS

Quand nous cesserons d'être gouverné par la peur... la peur des différences, la peur de l'autre, la peur de manquer, la peur de ne pas être apprécié, la peur d'être seul...
plus personne, ni aucune institution ne pourra plus nous dicter ses lois, ni nous asservir, ni semer la dissension pour mieux régner.

VOICI UNE AUTRE PRIERE, à méditer.

LA PRIERE DU NOTRE PEUR

Notre peur qui es en nous,
Que ton nom soit démystifié,
Que ton règne cesse.
Que notre volonté soit telle
Que sur la terre comme au ciel
Nous donnions aujourd'hui
Un peu de pain, beaucoup d'amour.
Pardonnons-nous nos errances
Et mélangeons nos différences
Avec ceux qui nous ont offensés.
Ne nous soumets pas à la tentation
De dire du mal,
Car c'est à nous qu'il appartient
De régner sans puissance et sans gloire
Aux siècles des siècles,
Amen.

mercredi 15 août 2012

Digression sur le Chemin

Bien sûr, le soir je fais défiler les mails sur le téléphone portable pour voir si un mot, une parole peut dénouer un problème.
En effet, dans mon métier il y a des "problèmes" à résoudre du matin au soir, sinon nous ne serions pas nommés...
Oh non, je ne me sens pas indispensable, pas du tout mais parfois il suffit d'un petit détail placé à temps, un message de trois mots, un coup de fil pour débloquer une situation.
Bien sûr il ne s'agit pas de gérer à distance et de croire qu'on a solution à tout.
Garder le recul et faire ce qu'il faut au moment même.
Le plus difficile, dans la vie de tous les jours aussi, est d'accepter que les résultats escomptés ne soient pas au rendez-vous malgré toute l'énergie dépensées.
Foison d'idées, de mots, de mélodies habitent mon esprit quand je marche. Il fut un temps où je tentais de fixer l'une ou l'autre une mélodie, une prose, une vue sur le monde ou sur les relations humaines dans leur subtilité (sujet qui  m'intéresse tout particulièrement).
J'avais donc acheté un dictaphone.
Ironie de la vie : quand j'en avais besoin, soit les piles étaient déchargées, soit je ne me souvenais plus du fonctionnement ou je l'avais simplement oublié sur une étagère (et aujourd'hui je ne le retrouve plus du tout ! hasard?).... j'ai abandonné ce moyen technique ; le cahier et le crayon restent les plus fiables même s'ils sont parfois introuvables, inaccessibles au fond du sac....
et si je m 'arrête à chaque fois je n'avancerai pas !
Alors je laisse résonner, filer... dans le monde subtil des pensées et des intentions, des vibrations sonores, des ressentis et des impressions qui ne peuvent encore être partagées.
Je n'invente rien, tout est déjà là.

Bon, où suis-je sur ce Chemin où je n'ai rencontré personne.... sauf moi !

Beaucoup de croix jalonnent ce chemin et je pense à celle qui se trouvait en face de la maison de mon enfance. L'homme a besoin de rendre visible l'invisible.

J'atteins Saint Georges HauteVille, jonction avec le Chemin CUNY - LE PUY. Je m'imaginais voir des groupe de pélerins... non, c'est une ville avec des magasins habituels et des touristes, oui. Il est 14 h, l'heure la plus chaude de la journée. J'atteins l'Eglise comme il se doit mais j'ai hâte de ressortir de la ville ; les chemins déserts me manquent déjà. Je pense à prendre de l'eau.



lundi 13 août 2012

Dans ma tête.... en chemin

Il a gagné... je rebrousse chemin et prends la direction du parking. Je traverse plusieurs fois la D 5. Il fait très chaud. J'emprunte la voie Bolène.

Il est étonnant de pouvoir ainsi marcher, marcher, parcourir une telle distance à pieds, emprunter des chemins, des sentiers, des routes, les trottoirs des villes, avancer pas après pas, faire tant de kilomètres. C'est possible.
J'emboite le pas des innombrables pélerins qui ont transpiré, souffert du froid parfois, de la soif, de douleurs dans leur corps, mais aussi ressenti la joie d'y arriver, ne serait-ce qu'au soir et trouver un endroit pour se reposer.

Beaucoup ont la foi religieuse. Je ne l'ai pas, du moins pas la foi dogmatique. Cela ne m'empêche pas de ressentir l'énergie de ce Chemin et le lien qui unit les pélerins entre eux. Même si mon parcours est minuscule.

L'important n'est-il de se mettre en marche ? Chacun à sa mesure, à la manière qui lui sied, suivant sa condition physique, ses possibilités, le temps dont il dispose.

Il n'y a pas d'hiérarchie dans le domaine spirituel. L'hiérarchie est une invention bien humaine d'après des critères d'apparence, subjectifs. Ce besoin de classifier, de faire de l"ordre" ; parfois pour justifier une rémunération, des actes, un geste, une domination.

Ou simplement perpétrer une habitude qui arrange : paresse endémique qui empêche la remise en question de ce qui est établi, même si on ne sait plus depuis longtemps pourquoi..... parfois il faut en souffrir soi-même pour se réveiller.
Mes pieds avancent, mon esprit divague. Je refais le monde. J'invente des poèmes que je ne retiens pas, parfois je les chante avant qu'ils ne disparaissent dans l'univers des subtilités, comme les mandalas.
Je dialogue avec des personnes qui n'entendent rien.

Un extrait dans mon souvenir :

Où sont les hommes ?
Pas ceux qui vont à la guerre, pas ceux qui rampent parterre,
Non, les hommes debout.

Où sont les hommes ?
Pas ceux qui montrent leurs atours
Desquels on a vite fait le tour.
Non, les hommes debout.

Mais dites-moi, où sont les femmes ?
Pas celles qui, pour exister, séduisent
Et dépriment quand leur physique s'épuise.
Non, les femmes debout.

Où sont les hommes ?
Qui montrent leurs larmes et déposent leurs armes
Responsables de leur semence même quand, devant eux, elle danse ?

Les vaches me rappellent à la réalité. Leur regards inquisiteurs m'ancrent à nouveau dans la réalité : depuis combien de temps n'ai-je plus aperçu de coquille ? ..... j'avance quelques centaines de mètres, dans le doute.... je n'en vois point... il faut donc rebrousser chemin et être plus vigilant.


les coquilles ont un sens

Tantôt les coquilles se laissent désirer et il n'est pas rare que je rebrousse chemin quand je doute. Ce n'est d'ailleurs qu'au soir du 2ème jour que j'ai remarqué que le sens des coquilles informe sur la direction à prendre...
Ce savoir, basique est précieux.
le coeur de la coquille indique la direction du Chemin
Je longe la Loire, passe au-dessus de l'autoroute, marche sur l'asphalte. Je ne rencontre personne "sur le Chemin" mais il y a de la circulation sur les routes que je traverse.
Je marche seule, les gens passent.
J'ai l'impression de faire partie du décor, d'être dans un autre monde.
Quand je traverse les villes personne ne fait attention à moi, tout le monde est occupé à sa vie trépidante.
oups... mes bâtons.. je retraverse la route pour les récupérer !

Comme moi aussi à Strasbourg ? un peu moins certainement, depuis que j'ai l'immense chance de me déplacer à vélo ou à pieds dans  mon travail.
Je vois différemment le monde qui m'entoure. Il m'arrive souvent de parler aux gens, de demander mon chemin aussi, ce qui est plus rare lorsqu'on est en voiture, d'ailleurs il y a le GPS.
La beauté des détails se révèle dans la lenteur des déplacements. Même un caillou peut sembler un trésor quand on marche.
J'aperçois le Pic de Saint Romain. Les Monts du Forez.
Oh non, je n'ai pas envie de le gravir ; il fait très chaud, j'ai hâte de trouver de l'eau. Mes épaules souffrent. Je rectifie le réglage du sac à dos et porte le poids sur les hanches. Un moment. Car les hanches deviennent douloureuses aussi.

La compagnie des ânes me tente. Je m'arrête pour le repas de fromage - pain - graines; par contre j'ai mal géré l'eau. Les 2 yaourts restant font l'affaire en attendant de pouvoir remplir ma gourde.
La fatigue disparaît comme par enchantement dès que je me nourris avec un plaisir immense. Mon énergie est telle que je n'ai pas fait une seule sieste pendant les 5 jours alors que les nuits étaient courtes.
Saint Jacques me revigore assurément.
La fontaine de Saint Georges Hauteville me désaltère. La secrétaire de mairie me tamponne le carnet du pélerin.
C'est le point de jonction avec le chemin venant de CLUNY... mais toujours AUCUN pélerin à l'horizon.
Je contourne le Pic de Montsup pour me diriger vers la Chapelle Sainte Marguerite quand j'aperçois un énorme et magnifique cheval qui me barre le chemin, étroit à cet endroit. Il prend toute la largeur. Il est attaché. J'admire les chevaux mais ils me font peur quand je m'en approche.
Je ne peux passer derrière lui, il pourrait ruer. Devant lui ? il peut mordre..... Il me regarde. Il ne bouge pas. Je lui parle. Je lui demande de se pousser. quelques minutes passent. Il y a des habitations à proximité. j'appelle Hou Hou, plusieurs fois... personne ne bouge. C'est pourtant un chemin public !
 

    *
*      *


samedi 11 août 2012

le lendemain sur le chemin

Le lendemain je me remets en marche, les articulations quelque peu endolories mais aucune ampoule dans mes KEEN ; guillerette le matin, j'ai fait un petit kilomètre en sortant de la ville lorsque je me suis rendue compte que j'ai encore oublié les bâtons !

Il a fallu rebrousser chemin, cette voie passante de camions et aussi provoquer les aboiements du chien, content de me voir revenir, dans le lotissement calme...

Sortir de la ville est laborieux en général car le circuit préconisé fait passer les pélerins à l'Eglise et ce n'est pas forcément ce que je souhaite ce matin. Les coquilles m'accompagnent.

Le chemin est plat, je profite de la relative fraîcheur matinale. Il n'y a personne aux alentours. Ni même au loin. Cela m'étonne car les champs sont cultivés, l'herbe est coupée.


Après avoir marché quelque 2 heures, je cherche un endroit pour me poser une demi-heure, manger mes yaourts qui pèsent dans mon sac ! mais c'est un choix.... la gourmandise, ça s'assume. Une fontaine, un endroit à l'écart, un banc, une poubelle dans un écrin de verdure, voilà qui me va.

Je déguste mon petit déjeûner déjà bien mérité. Je me sépare de ma petite bouteille de Badoit rouge... je la pose délicatement sur un papier propre dans la poubelle, bien en vue. Quelqu'un pourrait la récupérer, la laver, l'utiliser. C'est un détail infime dans le cycle de la "récup" mais la mer n'est-elle pas composée d'innombrables gouttes d'eau, d'égale importance ? Il suffit que l'une d'elle ait une "charge" positive pour contaminer la mer.... tout comme la goutte de poison d'ailleurs.

Des fourmis ont investi le sachet qui contenait les yaourts... je les sors car je doute qu'elles souhaitent voyager avec moi.. et c'est réciproque ! je leur laisse les miettes qui représentent certainement un festin pour elles... un pain bio avec des graines et des amandes grillées... le pain est dur, elles n'ont pas de dents...

C'est toujours un peu difficile de se remettre en marche après avoir mangé. Bizarrement j'ai toujours plus d'entrain avant de prendre le repas. C'est que la digestion demande beaucoup d'énergie au corps. Et que le plaisir est essentiellement dans l'attente !

Pas un chat à l'horizon...
non.... elle c'est "Orpheline" un chaton né à Bremmelbach qui se reconnaîtra s'il lit mon blog

mercredi 8 août 2012

un hébergement sur le Chemin

Après avoir franchi la longue banlieue, traversé l'usine BADOIT, oublié mes bâtons à l'office du tourisme où l'on m'a renseignée sur les possibilités d'hébergement, je me suis rendue au n° 10 du Lotissement du même nom que l'hôtel à proximité ; l'extérieur me semblant assez délabré, je pensais m'être trompée d'adresse.... mais non. Une femme d'allure relâchée a couvert les aboiements du chien pour me faire comprendre que oui, c'est bien ici qu'on accueille les pélerins.
J'ouvre le portail et je vois une baguette de pain frais à même le sol ; le chien marche dessus. Je demande si je dois la ramener ? que oui ! mais elle n'est même pas capable de ramasser ce qu'elle fait tomber...." entends-je à l'adresse d'une autre personne se trouvant à l'intérieur...
drôle d'ambiance. Le chien est certes bruyant mais c'est sa façon de manifester sa joie et son attente de caresses.
Taï'an....ce n'est pas le chien des dames...
J'obtempère et il se calme.
Je rentre... je sais bien que j'ai prévenu un quart d'heure avant de ma venue mais je vois un souk terrible dans le couloir, des moutons de poils de chien... la dame me fait entrer au salon.. j'avoue que j'avais envie de ressortir en me disant qu'il n'est pas possible que ces personnes soient officiellement reconnues comme des accueillantes jacquaires. La table servait à maintes activité,  des pelures d'oignons et autres légumes jouxtaient les papiers à remplir, des verres sales... une télévision grand écran débitait le programme et il a fallu hausser le ton pour s'entendre.
J'étais tellement fatiguée que je n'avais pas la force de rebrousser chemin, surtout que les deux femmes m'ont dit de déposer mes affaires devant la porte de la chambre que l'une d'elle allait me prêter ; elle était d'ailleurs en train de changer les draps (rassurant quand même !) ; j'ai proposé de faire mes courses et de revenir après, ce qui semblait convenir.
Ouf..... j'avais déjà prévenu que je ne mangerai pas avec elles....
en effet, je souhaite choisir exactement ce dont j'ai envie, chaque soir, parmi les possibilités que m'offrent les différents lieux évidemment et parfois le choix est restreint.
Ce soir c'est fête.... un supermarché...... bon, ça se discute....
Le plus souvent, je mange un bon fromage de chèvre ou de brebis, plus rarement de vache sauf quand j'en trouve qui soit visiblement fermier, des fruits, des yaourts, des graines, amandes et mon pain sec "fait maison" que je garde depuis des mois pour l'occasion :
tout ce que je n'avais pas et pourtant ! ce que j'avais me comblait
Un plaisir simple : un bout de pain sec aux graines, du fromage de brebis, une amande.... bien mâcher, longtemps.... ne rien faire d'autre que regarder autour de soi et apprécier le goût qui s'en dégage.
.... autant de plaisir que lorsque j'ai accès à l'opulence.... que j'apprécie aussi d'ailleurs, voir la photo prise chez moi !

quand je suis revenue à l'hébergement, l'aspirateur a été passé, juste autour de tout.... ma pomme qui a roulé sous le lit a pris la douche avec moi, tout comme mes habits du jour et les sandales, une façon d'utiliser moins d'eau.

Un hôte à la mine festive s'était rajouté entretemps et la bouteille de pastis a bien diminué. Ils ne m'ont pas demandé si je voulais boire avec eux. C'était tellement évident... et même signe d'une faculté d'analyse et de respect ; ils ne s'embarrassent pas de marque de politesse insensée ou conventionnelle.

Quoiqu'il en soit, l'ambiance était à fort décibels mais une chaleur humaine et une gaîté se dégageaient des personnes, contentes d'être ensemble et même d'avoir de la visite. J'ai écouté, ri, parlé, posé des questions et la curiosité, mélange des genres oblige, était réciproque et sans suspicion ou gêne.

Je me suis sentie à l'aise puisqu'on me laissait "être", m'exprimer, manger à ma façon. Nous n'avons pas besoin d'être "du même bord" pour co-exister pendant ces quelques heures.

le même soleil qui s'est levé, ailleurs et pas au même endroit....
 La nuit a été calme à l'extérieur, sonore à l'intérieur ; les ronflements provenaient du salon. Le chien m'a accueillie sans aboiement à mon réveil alors que les deux dames dormaient encore.

J'ai été très discrète mais l'une d'elle m'a entendue et s'est empressée de se lever pour me dire au-revoir, après m'avoir tendu un cahier un peu chiffonné pour y laisser quelques mots.

De mon passage chez les 2M je retiens la chaleur humaine, qualité essentielle de l'accueil ; "elles font ce qu'elles peuvent" à essayer de gagner quelque sou car je sentais bien que les moyens manquaient.

Monique m'a expliqué plus tard qu'elles sont "une figure du Chemin" ; je crois comprendre. Etre un pélerin impliquait à l'origine de demander l"aumône" et d'accepter ce qu'on nous offre ; la modernité implique trop souvent qu'on exige un confort dont on a pris l'habitude sans plus vraiment l'apprécier. Il n'est pourtant pas un dû. Ni même à la portée de tout le monde dans la vie quotidienne.

Entre l'arrivée à cet hébergement et le départ, mon "jugement" s'est transformé en "accueil de ce qui m'est proposé".
Une façon de célébrer la vie.

lundi 6 août 2012

suite Chemin, arrivée à Saint Galmier



Je me souviens beaucoup moins des noms de lieux et de hameaux que des images, des sensations.
Pendant mon périple j’ai oublié mes bâtons à six reprises et j’ai dû rebrousser deux fois un chemin assez distant pour les récupérer. Ils ne sont pas mes accessoires depuis longtemps.
Je dois pourtant convenir (enfin !.... à l’adresse de tous ceux qui m’en comptaient depuis longtemps les avantages…. Mais voilà, je suis assez réfractaire à ce qui peut paraître comme une mode ou une convention inutile… alors je laisse passer du temps, j’éprouve…. pour parfois y venir comme aux bâtons !).
Ils me soulagent dans les montées, m’assurent dans certaines descentes, rythment mes gestes sur le plat, me servent à me frayer un passage entre les ronces et les orties et répartissent le poids du sac pesant sur deux appuis supplémentaires, non négligeables.

Il fait près de 40° et la soif m’invite à demander de l’eau dans les rares hameaux traversés. Les gens sont invisibles, c’est l’heure de la sieste, pas un chien,  pas un bruit, j’ai presque des états d’âmes à frapper à la porte. Court moment d’échange, parfois un conseil sur le chemin à prendre…. Ou à laisser ! … non, malgré les coquilles, ce n’est pas le bon chemin ? … je n’y comprenais plus rien mais j’avais envie que cesse la galère en plein soleil…. donc je suis redescendue pour longer la Coise et atteindre SAINT GALMIER, sauf que je me suis retrouvée dans un cul de sac dans une prairie de vaches enfermées dans les barbelés (pour éviter qu’elle ne plonge dans l’eau ?) avec l’impossibilité de traverser la rivière à gué. J’ai dû rebrousser chemin en pleine après-midi et refaire la montée raide et caillouteuse ; puis j’ai rencontré des gens qui marchaient avec leurs deux petits fils rouges de sueur, ils peinaient – oh que je les comprends ! – et ce Monsieur m’a dit qu’il valait mieux re-redescendre, effectivement longer la Coise mais s’en éloigner de temps en temps dans les bois, que je verrai des moulins sur mon chemin, que je ne pourrai pas me tromper… et qu’il y avait de l’ombre…. Ah l’ombre…. Je n’ai retenu que ce mot et le soulagement qui pourrait suivre.


 J’ai hésité.. puis tentée par la relative fraîcheur,  suis re-redescendue….et mesuis re- perdue….. j’ai allumé pour la 2ème fois, en désespoir de cause, le téléphone GPS qui m’a remise sur le droit chemin ! (merci à ce gadget qui me sauve quand même de temps en temps… je dois bien le reconnaître) j’ai effectivement longé la Coise et me suis même arrêtée pour y tremper mes pieds : le bonheur absolu ! … pendant quelques minutes, le temps de reprendre courage.


Après, le GPS ne connaissant pas le Chemin de Compostelle, j’ai marché longtemps sur une route départementales(route de la Thiery), heureusement assez déserte et sans poids lourds comme à la sortie de Lyon.
J’ai atteint le camping de St Galmier, encore assez distant de la ville… heureusement que le chemin révèle ses surprises au fur et à mesure car si, le matin, je savais à l’avance ce qui m’attend…. peut-être n’aurais-je même pas le courage de me mettre en route. Une fois lancée, il ne me reste qu’à mettre un pied devant l’autre et si possible choisir la bonne direction ! facile…. à posteriori ! mais toujours faisable puisqu’il n’y a pas le choix à un moment donné. C’est une belle leçon de vie.

dimanche 5 août 2012

Le soleil est au rendez-vous, la chaleur aussi et le poids du sac se fait douloureusement sentir au niveau des épaules ; je rectifie le serrage des sangles, ce sont donc les hanches qui vont devoir prendre le relais. D'expérience je sais que cela ne pourra durer qu'un temps et il faudra diversifier les points d'appui. Je savais que porter sera difficile pour moi mais cela fait partie du chemin.
Rien à voir avec "faire la pénitence" comme j'entends parfois les gens réagir. Pour moi, c'est un tout, je l'accepte tout comme je profite du bonheur de marcher seule et de trouver mon chemin, ce qui n'est pas gagné...
Je ne mange pas au lever, par contre je bois et ainsi, en marchant 2 heures, parfois 3 si je ne trouve pas d'endroit sympathique, j'ai le temps de sentir peu à peu la faim me gagner. C'est une sensation agréable (quand on sait que le petit déjeûner est assuré !) et le plaisir de le prendre est décuplé.
Epicure l'a bien compris et il est bien dommage que sa philosophie tend à être dévoyée.

le moteur de nos actions

la dignité plus que l'espérance
c'est pourquoi je parle parfois de "désespérance", au grand dam des personnes autour de moi qui ne comprennent pas que désespérance n'est pas négatif, mais plutôt détachement de l'obtention de résultats dans la projection, ce qui ne veut pas dire ne jamais rien attendre, mais plutôt ne pas se laisser paralyser par cette attente.
... je ne sais pas si je m'exprime clairement...
(extrait d'un échange) photo : piste cyclable vers ESCHAU

Au bord de la falaise

Des images de mer et de falaises ; où le magnifique côtoie le dramatique ; le négatif qui s'y passe (les suicides) ne doit pas altérer la beauté des paysages. Il faudra pouvoir se dire : je respecte le choix de ces gens. Et ne pas juger, ni porter une responsabilité, même diffuse, sauf à la transcender en joie de vivre (c'est possible, je l'affirme) et là, miracle ! leur geste aura servi à quelque chose
Allez...je vais plus loin : c'est peut-être cela changer le métal en or, l'alchimie de la vie. Tellement galvaudée.
et pour finir, une belle illustration sur notre société qui poussent certains d'entre nous au bord des falaises.
http://www.dailymotion.com/video/xslhri_super-mache-paroles-yannis-youlountas-musique-cyril-gontier_music

Voici.

vendredi 3 août 2012

La nuit fut sans rêve, reposante et calme. je suis repartie fraîche et dispose. A 100 mètres, une intersection et déjà je doute.... une dame du VVF marche vers moi, ses affaires de toilettes à la main. Je lui demande mon chemin ; elle ne sait pas où sont les coquilles mais entame une longue suite de "gauche-droite-tout droit" qui devrait me mener au prochain hameau ; malheureusement quand elle arrive  la fin de sa tirade j'en ai oublié le début!

Je lui demande de nous prendre en photo, Osprey, Keen et moi car je n'ai pas réussi à faire fonctionner la minuterie.
Il fait une douce fraîcheur et le soleil apparaît à peine. je chemine à droite à gauche tout en gardant la bonne direction : l'ouest.
J'ôte vite mes socquettes que j'avais enfilées pour protéger la peau car l'herbe est trempée de rosée ; c'est bien agréable de marcher dans cette humidité rafraîchissante, sauf quand il y a des orties et des ronces. Je ne rencontre personne, ni pélerin, ni randonneur, ni même un agriculteur et pourtant j'aperçois des prés dont l'herbe est coupée, séchée en paille, emballottée.

Je chemine sans vraiment attendre quoique ce soit, mes pensées défilent, je me surprends à chanter de temps en temps et j'invente des paroles sur des mélodies connues ; je regrette de ne pas pouvoir fixer certaines phrases que je trouverais importantes à partager. Je lâche prise.... je pense aux mandalas, des merveilles éphémères et je m'imagine tout un monde plein de ces choses apparemment disparues. Peut-être sont-elles quelque part et un jour nous y aurons accès, qui sait,

SURPRISE ! J'aperçois la première coquille : c'est un bonheur ! Un regain d'énergie me remplit... je marche soudain plus vite, au point de..... rater la prochaine car il m'a fallu rebrousser chemin pour rectifier la direction !