jeudi 29 août 2013

Faire l"enfant gâté"

Je suis ce que je suis grâce à ce que j'ai vécu dans le passé, alors pourquoi en voudrais-je encore à l'autre qui m'a blessée, à ceux qui ne m'ont pas donné ce à quoi j'estimais avoir droit... puisque je suis heureuse de vivre aujourd'hui ?
puisque je suis la somme de mes expériences vécues,
puisque j'ai appris,
que je peux partager
,
que j'ai parfois même le bonheur de transmettre...
Non, ce ne serait pas "juste" de faire l"enfant gâté" en estimant que le monde aurait dû m'arranger davantage, me faciliter la vie.... le monde a à gérer toutes ces vies parmi d'autres vies qui veulent, elles aussi, vivre....
Ne pas exiger et quand même donner le meilleur de soi est peut-être une façon de ne pas mourir tout à fait à la vie, malgré le passage inéluctable sur l'autre rive, pour tous, un jour....

mardi 20 août 2013

Ecrits de Gautier à propos du Burkina Faso (4)

...... Je ne comprends pas comment un individu extérieur peut venir travailler et aider ici sous une bannière religieuse (c’est le cas de la plupart des acteurs liés au secteur du développement présents au Burkina) puisqu’ici, la foi au lieu d’aider à atteindre un idéal, sclérose. On se repose tellement dessus (et sur les croyances) que de toute façon que l’on fasse ça ou ça, ma Foi, si Dieu le veut, ça marchera.
Ouagadougou n'est qu'un ersatz de ville occidentale. Un calque raté d’un modèle venu d’ailleurs
tout comme notre vision des droits de l'homme, de la démocratie ou du prélèvement de l'impôt. Il y
a des rues, numérotées faute de noms à donner. Très peu de personnes veulent de notre démocratie,
un leader charismatique qui a détrôné le précédent leur semble plus légitime (aucun chef d’Etat n’a
accédé au pouvoir pacifiquement). Le prélèvement d'impôts pour la redistribution n'en est qu'à
l'étape de concept. Je me suis fait arrêter pour deux infractions en moto. Je n'ai pas de carte grise
donc le pot de vin est un peu plus élevé (5000 franc soit 7 euros 50), habilement glissés dans le
permis de conduire. De tous les burkinabès que j'ai rencontrés, aucun n'a jamais croisé, connu ou
entendu parler d'un policier qui n'était pas corrompu. Même dans le centre de sport étude de foot du
Burkina, il est possible de rentrer sans briller aux tests sportifs. La notion de bien commun est
également un concept importé qui n'a ici aucun sens. La plupart des fonctionnaires qui ont assez de
responsabilité pour avoir une voiture de fonction s'en servent pour leurs déplacements personnels et
pour transporter des stères de bois ou du ciment. Il arrive qu'une voiture ne fonctionne plus après 20
000 km. Le Burkina Faso signifie littéralement «le pays des hommes intègres ».

Il y a de ces clichés comme celui qui qualifie les « Africains » comme solidaires et toujours prêt à
s'entraider. Il n'en est évidemment rien, pas plus qu'ailleurs. La volonté de survivre, ou les liens
familiaux induisent l'entraide, rien de plus ou presque. Un autre cliché, un peu plus gros celui-là
mais couramment prononcé tout de même « qu'ils sont heureux quand même avec moins », qu'ils
savent « apprécier les choses simples », jusqu'à être presque enviés par certains occidentaux
croulant sous leurs névroses modernes. C'est juste faux. Il n'y en a pas un – et c'est tout à fait
légitime – qui ne voudrait pas habiter sur une parcelle plus sure, passer du vélo à la moto voir de la
moto à la voiture (là il va falloir attendre un peu), s'acheter un Smartphone, ou manger dans un des
restaurant pour blancs. J'ai dîné avec un touareg et sa famille (réfugiés du Mali depuis une vingtaine
d'années) ; ma collègue fait son mémoire sur la transmission de l'identité chez les Touaregs vivant
au Burkina, qui envoient notamment leurs enfants au pays tous les ans pour qu'ils n'oublient pas et
ne deviennent surtout pas comme les burkinabès. Avec ma préconception de l’individu « Touareg »,
je m’imaginais un homme libre arpentant le désert sur son dromadaire et n’ayant que faire de notre
futile matériel. Je ne sais plus exactement à quelle question le chef me répondait mais il m'a regardé
avec ses dents blanches et son chèche bleu et m'a dit qu'évidemment il avait besoin et envie d’un
4X4 et d’un nouveau portable, et généralement de ce que tout le monde voulait – l’air de dire « tu
m’a pris pour un apache ou quoi » ?!

J'ai l'occasion de m'intégrer en profondeur dans la vie du bidonville que j’étudie dans le cadre de
mon stage. Mon rôle premier est de trouver des solutions aux problèmes posés par les bancotières
(d'où on extrait la terre pour construire les fameuses briques), selon le rapport rédigé par mon
bureau d'étude pour l'ONU. Les bancotières peuvent faire 5 mètres de profondeur et sont très
dangereuses quand elles sont remplies d'eau. J'ai rencontré la mère d'un enfant de dix ans mort la
veille. Il était en train de pécher et est tombé dans un trou. Je cherche alors principalement à
sécuriser les abords, sachant qu'il n'y a pas d'argent. Pas du tout d’argent. Je cherche donc des
solutions comme celle qui consiste à mettre des arbustes épineux le long des zones dangereuses.
Sauf que les moutons les broutent. Et qu'il faut les acheter. Et qui les mettra en place ? Parce qu'il
faut dire une chose, c'est que c'est dur de faire bouger la population locale.

Je vais essayer de ne pas m’empêtrer dans une explication forcément incomplète de ce qui fait que
les choses ont beaucoup de mal à bouger, mais d'après moi – non pas que moi en fait – la raison
principale réside dans le fait que tous les habitants sont persuadés qu'ils n'ont pas vraiment de prise
sur leur destin. Que c'est Dieu qui a emporté le petit Abseta la semaine dernière, quand il péchait
dans le bas-fond. Que c'est le même Dieu (ou un autre) qui a rappelé à lui le vieux qui s'est noyé l'an
passé. Non, le Dolo (alcool de mil) dont il a abusé n'est pas responsable, ou alors ce n'est qu'une
cause secondaire. Ou alors qu'il s'est fait OUAKER. Environ 99 % des burkinabè croient aux
OUAKS (sorts que l'on peut s'entre-lancer pour se punir, très présent entre les femmes d’un même
mari).
Certains géographes du 19ieme essayaient d’établir des corrélations entre le climat et le caractère
des individus ou le type de société adopté. Logique déterministe menant à des conclusions souvent
simpliste, cette étude a vite été abandonnée, alors qu’elle mériterait selon moi d’être creusée, non
pas pour être placé comme un facteur déterminant mais simplement comme un des facteurs. Il fait
juste trop chaud quand ce n’est pas la saison des pluies, on ne peut rien faire. Et cette rythmicité
donnée par la saison des pluies et le fait qu’elle ravage les habitations n’engage pas à voir à long
terme, et à investir par exemple, on reconstruit simplement après la pluie, chaque année.

Je suis moyennement bien accueilli sur le lieu d'extraction de terre (ils croient tous que je vais les
chasser) ; certains n'ont jamais vu de blanc. Je suis parfois regardé par 100 personnes à la fois,
regards plus suspicieux qu’haineux, mais tout de même. Il en va de leur survie, si on réaménage ne
serait-ce que dix mètres carrés quelqu’un perdra son travail. J’avoue que travailler dans ces
conditions pseudo-hostiles est assez stimulant. Je vais avoir du mal à ce que l’on ne me regarde pas
constamment en rentrant chez les blancs. J’ai parfois 20 enfants qui crient « nasara » (le Blanc)
autour de moi et parfois même des adultes qui s’approchent et disent juste « le Blanc » sans rien
ajouter. Alors parfois je réponds aux enfants « salut les petits noirs » (phrase assez difficile à
prononcer la première fois quand on vient de France où l’on est tous foncièrement identiques !) et
ils partent dans un fou rire interminable, comme s’il venait de découvrir que leur peau était
effectivement noire.

Sinon il commence à y avoir des manifestations suite à la création du Sénat, qui coûte cher et qui
permettra surtout à l’actuel président (en place depuis 87 et la chute de Sankara) de modifier
l’article 37 de la constitution afin de rester au pouvoir. Il est possible que ça dégénère comme il y a
deux ans et qu’il y ait un couvre-feu, mais la police a trouvé une solution provisoire : elle ferme les
cités U en Août, plus d’étudiants pour fomenter de complots. Il y avait un dirigeant entièrement
dévoué à son peuple pendant 3 ans, Sankara (et intègre), avec qui le pays aurait pu s’en sortir.
Seulement il n’œuvrait pas pour les intérêts français (on a soutenu le coup d’Etat qui l’a renversé en
87). Si ça vous intéresse on le voit parler à Mitterrand pendant les 30 premières secondes de cette
célèbre rencontre, et on comprend un peu mieux pourquoi il n’a pas fait long feu :
http://www.youtube.com/watch?v=18AoRhBos4g
Concernant l’accession à une réelle démocratie ainsi qu’à une administration efficace et un système
social solide au Burkina, les plus optimistes parlent de 150 ans.

lundi 19 août 2013

Un défaut ?

c'est quoi un défaut ?
ne pas convenir, décevoir, être différent, interpeller....
un manquement, une insuffisance, une imperfection...
Peut-être n'est-ce pas le défaut qui est un problème ?

Un défaut est-ce ce qui pourrait déranger ?  susciter une réaction de défense ?
Un défaut peut aussi être une qualité..
Vivre, c'est prendre de la place dans le monde, l'impacter.... laisser des traces, tâtonner, se permettre des maladresses ou au moins ne pas être paralysé par la peur d'en commettre...

dimanche 18 août 2013

"De notre servitude involontaire" Alain ACCARDO

... A défaut de pouvoir supprimer d'un coup de baguette magique les causes objectives de notre servitude, il faut en faire inlassablement une critiques en actes et sans concession, sans s'exempter soi-même. Et retourner à la base, sur le terrain....

mercredi 14 août 2013

partage de vécu en Afrique n° 3 (par Gautier)

Un voisin que j’ai rencontré au maquis du coin n’ a plus de travail en ce moment. Il a mon âge, une
petite fille et travaille dans le domaine de la soudure et de la menuiserie. Il était convoyeur pendant
un temps mais a dû arrêter de travailler, pour la simple raison que son véhicule était en panne. Une
panne qui pourrait être r éparée avec 200 euros, mais ici il n’y a pas d’ économies. Il est motivé,
envoie des lettres partout (notamment dans les mines du nord du pays, gérées par les canadiens),
mais n’écrit pas bien. Je l’ ai alors aidé à rédiger une lettre au ministère du travail afin de demander
des fonds pour pouvoir démarrer une activité. C’ est à ces moments-là que l’ on se rend compte que
dans un monde ouvert, où la concurrence entre les individus est globale, du moins concernant
certains domaines, il est impossible qu’ils comblent leur retard. Ils ne savent pas écrire correctement,
ni ne prennent en compte l’ensemble des enjeux liés à un problème donné. Je dis « ils », je
généralise, mais quand je vais au ministère, je tombe des nues. La plupart des « hauts »
fonctionnaires tr ainent sur Facebook ou jouent au démineur, et écrivent des papiers qui soit n’ont
pas de sens, soit sont bourrés de fautes, souvent les deux. Et on est à chaque fois réquisitionné pour
les aider à corriger. Aider quelqu’un directement (comme mon voisin) redonne un peu d’ espoir dans
un environnement où tout semble englué. Mais quand il me dit 4 fois en dix minutes qu’il va prier
pour nous, que si Dieu le veut, le ministre en personne lira sa lettre et lui donnera les 3 000 000 de
FCFA, l’euphorie retombe. Je lui explique alors les possibilités qu’il a pour que sa demande ait le
plus de chances d’ êtr e traitée (et qui n’ ont rien à voir avec Dieu), il les trouve formidable : lettre
recommandée, mail, aller  sur place, y r etourner si besoin, et tous les jours. Il me salue en me disant
qu’ il va continuer à prier pour sa demande et pour ma santé. Et dans ma tête je me dis froidement
que vu les conditions de vie de sa famille, la gueule de son quartier et l’ état de ses finances, il
faudrait peut-être changer de tactique. Qu’aller à la mosquée en construction (depuis dix ans) cinq
fois par jour, ça ne marche peut-être pas si bien que ça. Je ne comprends pas comment un individu....

Partage de vécu En Afrique (2) par Gautier



Voilà cinq semaines que je vis à Ouagadougou. 
J’ai commencé à rédiger ce mail il y a dix jours, effacé et réécris plusieurs fois l’ensemble, suivant
mon humeur et ce que je voulais transmettre. Dix jours que j’essaie de trouver une juste description,
qui n’existera finalement pas : j’abdique et j’envoie un texte qui vous paraîtra   et qui est  décousu,
fait de petites histoires et de commentaires. C’est long mais attention d’ ici trois jours je vous
poserai des questions pièges pour vérifier que vous n’ avez pas sauté de passages. 

Rien dans la ville et la vie de tous les jours n'est agréable ; cela ne veut pas dire que rien n'est
intéressant, le chaos, le non-sens et la désorganisation ont tout leur intérêt ; quand on sait que l'on
n'est pas coincé ad aeternam dans le pays. Ouagadougou et le Burkina Faso sont de ces lieux qui
n'ont rien. Pas de ressources, pas de paysages, pas d'argent, pas de bâtiments architecturalement
intéressants, pas de religion ou de culture dominante mais un mélange déroutant de croyances. Pas
une seule piscine, pas une seule bibliothèque ouverte pendant le mois d'Août, 3 mois de délai
minimum pour commander un livre dans une librairie. Un seul par c où l'on ne va qu'une fois, des
boîtes qui diffusent des playlistes désagréables aux intérieurs tapissés de miroir   les burkinabès
adorent danser seuls en se regardant dans un miroir   au point qu'après trois verres, on croit avoir
approché son  il d'un kaléidoscope. Pas de gastr onomie ou de plats typiques, pas d'artistes ou de
« créateurs » ou alors des vendeurs de babioles dont on n'a que faire. Tout est globalement
chaotique. La circulation. Rien ne marche, et ce n'est pas uniquement dû à l'extinction des feux de
circulation lors des coupures de courant ou aux moments de folie qui  précèdent les pluies
torrentielles. Rien n'est coordonné, le monde se faufile. L'impression que rien ne tourne (au sens
large, dans la vie de tous les jours) se transforme en chape de plomb qui tantôt immobilise, tantôt
enrage, et entraîne finalement une espèce d'indifférence ; il semble vain d'essayer de qualifier ce qui
gangrène le « système » tant les causes sont multiples, entremêlés. Et surtout sans réelle solution, à
l'échelle d'une vie humaine du moins.

Il est assez difficile d'évoluer dans ce cadre, de travailler ou même de discuter : au-delà du fait que
l'on n'ait aucune référence en commun pour alimenter les conversations, les dialogues restent des
dialogues de sourds comme si l'on avait des façons diamétralement opposées de réfléchir et
d'argumenter   sans que je puisse directement qualifier cette différence sans simplement dire que
leurs propos manquent de logique   quand bien même un dialogue réussit à émerger. « Ils » ont une
réelle difficulté à comprendre les liens de causalité, à lier les informations entre elles et un manque
simplement de connaissances et d'éléments de comparaison ; un vide comblé par les « croyances »
qui apportent des réponses toutes faites et qui ont le mérite d'être multiséculaires,
transgénér ationnelles et de fait peu remises en question. Je simplifie et raccourcis bien entendu,
mais sans caricaturer. J'ai tout de même rencontré un étudiant et un travailleur fraîchement diplômé
avec qui il était possible de discuter en confrontant nos points de vue.

La semaine passée nous sommes allés visiter le pays, en passant par Bobo Dioulasso, la deuxième
ville du pays. Nous y avons sacrifié une poule en faisant des v ux : il y a très peu d'activités
touristiques, on ne fait pas la fine bouche. A Banfora, une autre ville, nous nous sommes levés à
l'aube pour naviguer près des hippopotames en pirogue, un moment agréable et impressionnant.
Quelles monstrueuses bêtes. Nous avons finalement mangé des chenilles grillées   beurk   puis du
chien, luxe suprême. Une bonne viande. Ma coloc' a  ramené les restes dans un doggy bag.  Elle a
26 ans, fait du tennis, a un abonnement à la piscine d'un grand hôtel et roule en 4X4. Je l'imaginais
issue d'une famille aisée, elle a seulement eu beaucoup de chance. Elle a pu voyager en Europe et se
marier avec un allemand qui travaille en ce moment en Afghanistan, et peut lui offrir une vie
décente. Sa mère (deuxième épouse de son père) avait une technique toute particulière pour faire
s'endormir ses enfants le ventre vide. Elle mettait des cailloux dans une marmite qu'elle plaçait sur
le feu, en leur disant de régulièrement de ne pas s'endormir, que le plat allait bientôt être prêt. Les


enfants jouaient, discutaient pour finalement s’ endormir, sans jamais savoir qu'il n'y avait pas à
manger à la maison. Aujourd'hui, plus personne ne meurt de faim à Ouaga, mais seulement des
conséquences de leur mauvaise hygiène de vie et de l'impossibilité d'accéder au traitement dont ils
auraient besoin. Les accidents de la route sont une plaie, il ne se passe pas deux jours sans que l'on
croise des voitures arrêtées au bord de la route et un petit attroupement autour d'un corps ou d'un
véhicule. C'est d'ailleurs la première cause de mortalité des expatriés. En même temps je ne vois pas
très bien de quoi on pourrait mourir d'autre. Le gaz tue aussi, bien que de moins en moins. Il y a des
explosions sources d'incendies qui se propagent ensuite rapidement dans les quartiers où les
habitations sont trop rapprochées. J'ai dû sortir ma bouteille qui fuyait bruyamment dès le deuxième
jour, quelle drôle de sensation.

La pauvreté est ainsi à la base de la plupart des problèmes, pardon pour ce truisme monumental,
mais il est bon de le rappeler, puisque cette question n'est bien souvent pas à la base de la réflexion
ni des discussions de chez nous (ni même à mon sens traitée à sa juste valeur dans mes études). Elle
empêche d'envoyer les enfants à l'école et de leur donner ainsi une chance de s'en sortir. Certains
enfants (de la capitale) croient ainsi que les westerns décrivent la situation actuelle aux Etats-Unis.
Une partie considérable de la population (ils ne connaissent pas vraiment le fonctionnement d'une
carte bancaire) croit qu'il suffit, en Europe, de faire sortir de l'argent de certains murs, qui crachent
des billets. Elle empêche aussi l'investissement. Une brique en terre coûte 8 fois moins cher qu'une
en ciment. Si le système bancaire accordait des prêts, une maison tiendrait debout une cinquantaine
d'années. Dans une partie considérable de la ville on reconstruit tous les ans sa petite bicoque, après
la saison des pluies. Elle empêche finalement de sortir de certaines coutumes par manque de
contrôle étatique ; l’ excision est à présent interdite au Burkina, seulement personne n’ est là pour
vérifier. D’ après la dernière étude de l’ UNICEF (du 22 juillet) entre 50 et 80 % des femmes de 15 à
49 ans ont fait l’objet d’une excision dans le pays. J’étais dans une prison samedi   pour participer à
une petite fête avec mon patron qui est dans une association d’ aide aux détenus   et je n’ai croisé
qu’ une exciseuse. Les femmes emprisonnées pour avortement sont bien plus nombreuses, les
enfants (et les f tus…) sont sacrés ici (6,1 enfants par femmes en moyenne) . 


dimanche 11 août 2013

Partage de vécu de Gautier en Afrique n° 1



Me voilà en Afrique depuis 4 jours. J'ai déjà pu découvrir une bonne partie de la ville, où l'on se déplace la plupart du temps en moto. Je ne commence à travailler qu'aujourd'hui ce qui m'a laissé le temps de manger dans différents maquis (espèce de minuscules restaurants), de visiter le musée national, la grande mosquée et de manger chez la famille d'un pote à ma collègue qui est burkinabé et qui nous escorte et nous assiste dans nos différentes démarches. Ma colocatrice m'a prêté une "Crypton" espèce de moto chinoise à 4 vitesses omniprésente dans la ville sur laquelle j'ai appris à conduire au milieu d'un terrain vague (l'équivalent de nos parking de supermarchés). Je vous laisse imaginer les conditions de circulation, auxquelles on s'habitue étonnamment vite. Je fais par contre moins le malin quand le moteur est froid et que c'est soit mon gardien ou mon voisin mécanicien qui me la démarre en jouant très subtilement avec la poignée d'accélérateur. Les mécaniciens sont d'ailleurs omniprésents dans la ville, et heureusement. En quatre jours j'ai déjà connu 3 pannes de moto (huile pneus crevés... la première fois on est désemparé et par la suite on va tout naturellement négocier avec le mécanicien du coin en sachant que ça fera partie du quotidien). Le réseau de contact local est très important pour un "blanc" ici, que ce soit pour faire des achats dans un boui-boui ou faire réparer un véhicule, les prix étant inversement proportionnels à la pigmentation de la peau. Sans faire de généralités, la population est globalement très hospitalière et attentionnée envers les étrangers (blancs, moins avec les libanais - qui tiennent tous les gros commerces et qui jouaient déjà ce rôle de commerçants au début du siècle dernier quand le Burkina s'appelait la Haute-Volta partie de l'Afrique Occidentale Française AOF - et les maghrébins qui ont mauvaise réputation). Je vais à ma première réunion dans un quartier "non-loti" (un bidonville quoi) demain avec le maire d'arrondissement et le ministère (peut-être le ministre ahah !)

Sur le Burkina : C'est un pays enclavé de 16 millions d'habitants (1,4 à Ouaga aujourd'hui contre 700 000 en 2006 !) et qui a une superficie équivalente à la moitié du territoire français. C'est un des dix pays les plus pauvres du monde, il a un IDH (Indicateur de Développement Humain mélange du niveau de scolarisation - alphabétisation et taux de scolarisation - de l'espérance de vie et du niveau de vie (PIB)) de 0,343 ça ne vous dit sûrement rien mais c'est très bas. Le SMIC est à 47 000 Francs CFA (70 euros) sachant qu'une large part de la population ne gagne pas le SMIC. Le prix des aliments dans les commerces plus ou moins conventionnels ne sont pas si bas, parfois équivalents aux prix français ; les autochtones s'entraident et s'échangent des marchandises et des services pour s'en sortir, méthode à laquelle il est difficile de recourir en tant que nouveau venu. La majeur partie de la population citadine survie grâce à la vente dans la rue de forfaits de portables, de fruits et légumes, de paquets de cigarettes ou de mouchoir ou proposent des services (cirage et lavage de chaussures en général). Je vous épargne une description aussi vide qu'inutile de la misère et vous ferai part de mes sentiments plus quand  j'aurai quelque chose d'intéressant à en dire. Cela dit, les conditions de vie précaires sont généralement "acceptées" par la population (la plupart des jeunes que j'ai rencontrés sont globalement résignés mais tenace) malgré les images d'occidentaux aisés qui défile en boucle sur les écrans depuis l'arrivée du câble. Cette état d'esprit qui pourrait s'apparenter à une forme de lâcher prise (concept dont on est si friand en occident !) transcende les trois religions du pays (musulmane protestante et catholique) et s'inscrit directement dans la culture. D'après ma chef cette "vie au jour le jour" a des conséquences importantes que ce soit dans le déroulement chaotique des  projets - d'urbanisme par exemple - de long terme ou dans la façon de conduire - "si Dieu le veut ça passera". 

lundi 5 août 2013

Un exercice quotidien

Ce matin, j'ai balayé la passerelle, lieu commun de la copropriété.
Cette initiative et le résultat qui s'en est suivi m'ont remplie de joie.
C'est bien mieux que de vitupérer contre les ouvriers qui ont fait des travaux et ont laissé les saletés du chantier, contre le service de nettoyage qui s'arrête à la cage d'escalier....
D'ailleurs, peut-être que les ouvriers, quand ils reviendront.... je ne sais pas quand.... verront cet endroit nettoyé et cela leur donnera tout naturellement l'envie de le faire la prochaine fois...
je suis convaincue qu'on ne change pas les gens avec des reproches et des pressions, de la mauvaise humeur, un pouvoir quelconque.... cela se fait, au fur et à mesure de la vie de chacun et personne ne peut véritablement juger l'autre.
Néanmoins cela n'empêche pas de s'exprimer quand on en a l'occasion et surtout lorsqu'on sent que l'autre pourrait être réceptif, ne se braque pas... il s'agit alors aussi d'expression conviviale, d'un échange, d'une curiosité empreinte de respect... pouvoir simplement envisager qu'on ne connaît pas toutes les motivations et les raisons de l'autre.....
en tout cas, voilà un exercice quotidien, qui est à la portée de tous...

Le torrent furieux de l'urgence


Thierry VISSAC
"Le torrent furieux de l'urgence du monde semble travailler à nous faire oublier qui nous sommes à chaque instant.
Celui  qui se voit emporté par le torrent à tendance à affirmer que cela est "normal" et qu'il faut bien "prendre ses responsabilités".
Mais la responsabilité essentielle de l'homme de l'homme est de réaliser QUI IL EST.
En amenant cette conscience dans le torrent furieux, on ne modifie pas nécessairement son intensité mais la conscience de soi dans le flot.
C'est tout ce qui doit être.
Ni victime du monde.
Ni complice du torrent furieux.
"Je suis" dans ce monde, mais je ne suis pas de ce monde. Et nous pouvons bien nous faire croire autre chose, la réalité nous rattrape vite.

Prendre au vol ce qu'offre la vie simple. La conscience qu'il ne faut pas grand'chose pour être bien. mais ce n'est pas "le monde" qui va nous apporter cette conscience sur un plateau...