mardi 13 décembre 2016

Au-delà,de la peur

il y a juste des vies qui veulent vivre parmi d'autres vies

lu dans MEDIAPART, 13-12-2016

Lettre pour toi Hana, pour mes collègues de l’ombre et pour tous ceux qui agissent, qui regardent, qui s'interrogent...
Je t’ai rencontrée il y a plus d’un an. Comme beaucoup d’entre nous, j’étais horrifiée par la détresse des migrants qui s’arrachent à leur terre et écoeurée par une Europe incapable de les accueillir, parce que trop riche et trop trouillarde.
Comme beaucoup d’entre nous, j’avais la sensation de tourner en rond et je me répétais sans cesse : « qu’est-ce que je peux bien faire... » .
Au détour d’un post sur un réseau social, je découvre l’association SINGA et son programme CALM : Comme A La Maison. Banco, j’appelle. Mon mari et moi avons la chance d’avoir un studio dans le bâtiment d’à côté.
On pourrait le prêter quelques temps ? Deux ? Trois mois ? Le temps d’abriter quelqu’un ? Le temps pour lui ou elle de souffler un peu, de dormir dans un lit, sur un matelas sec, dans des draps bordés tout autour. Le temps de se laver avec de l’eau bien chaude et de sentir bon le savon et le shampoing.
Le temps d’un peu de silence, d’une petite pause, enfin.
J’attends quelques jours. SINGA me rappelle :
« Nous avons quelqu’un qui pourrait être intéressé. Elle s’appelle Hana. Elle a un bébé de 6 mois, elle vient d’Erythrée ».
Nous prenons rendez-vous... et te voilà.
Tu arrives du haut de l’avenue un matin pâle de novembre. Ton bébé est dans une poussette bancale ultra chargée.
Tu regardes droit devant toi. Je vois que tu luttes. Tu luttes depuis trop longtemps.
Tu es accompagnée d’une personne de l’association.
Bonjour... Sourire timide... Regards perdus.
Entre toi et moi, tellement de questions, tellement de tout.
Je t’emmène dans le studio. Je m’excuse de n’avoir pas eu le temps de mettre plus d’ordre.
À peine rentrée tu t’écroules. Tu pleures de ces larmes qui n’en peuvent plus d’avoir été retenues. La personne de SINGA, visiblement émue elle aussi, m’explique : « Hana vient de passer plusieurs jours dans la rue. Elle est un peu fatiguée ».
Oui, tu es fatiguée Hana.
Je te regarde. J’avance vers toi. Tu lèves les yeux lentement. Tes larmes pèsent une tonne.
Mes larmes montent aussi, je suis saisie d’émotion. Je te prends dans mes bras. Tu me serres et je te répète : « it’s gonna be all right now, ok ? Don’t worry, Hana, it’s gonna be all right now ».
Je te berce très légèrement, je sens ton corps ralentir, le mien aussi. Tu me murmures, épuisée : « God bless you, God bless you ».
Tu es ainsi entrée dans nos vies. Doucement, légère et fragile. Petit à petit, tu nous as raconté. L’Erythrée, la dictature, tes parents, ta soeur disparue, la prison. D’abord ta fuite à travers le désert. Ensuite les embarcations, la mer, le naufrage, la Grèce. Puis l’avion direction Roissy, puis Paris porte de la Chapelle. La rencontre avec ton ami Eythréen lui aussi. La naissance de ton fils à l’hôpital Lariboisière, la porte de la Chapelle encore, avec ton bébé de cinq jours, cette fois. Le Secours Catholique, les hôtels, la rue. La puanteur, les matelas mouillés, la peur, la faim, la nuit, la pluie, le bruit. Tout ça.
Ton amoureux vit à Nantes dans un centre pour réfugiés, il peut y travailler et y apprendre le français. Une chance... Tu es souvent seule. Quand il est là, il vous cajole, ton fils et toi. Il est admiratif de ce bébé né loin de chez vous. Nous nous voyons quelques fois toi et moi, avec ou sans les enfants, avec ou sans les maris. Je te prends dans mes bras, je te serre la main lorsque tu as peur, nous trions tes papiers, nous demandons la CMU, nous rions, nous pleurons et nous mangeons du gâteau au chocolat.
Un jour tu m’annonces que tu es à nouveau enceinte. Tu es déçue. Tu me dis que tu ne voulais pas de ce bébé. Et ce bébé va venir.
Je travaille dans une maternité, « viens » je te dis, « tu seras bien ici ».
Le chef de service me dit « c’’est bon, on la prend » (merci Thierry). Je voudrais que tu sois bien traitée pour cette seconde naissance. Que tu cesses d’avoir peur. Juste un peu. 
Le jour de ton accouchement tu arrives dans cet hôpital si tranquille. J’assiste à la naissance de ton petit garçon que tu choisis de nommer Nathan, après m’avoir demandé un avis que je ne t’ai pas donné !
Pendant ton accouchement tu as serré mon bras, mes épaules, tu as appelé ta maman, tu as crié mon nom, tu m’as fixée au fond des yeux pour me dire combien les contractions te faisaient mal. Et tu as réussi. Tu étais tellement belle dans cette nouvelle victoire sur la vie, Hana.

lundi 28 novembre 2016

FUNAMBULE SUR LE FIL DE LA VIE

il n'est pas égoïste de sauvegarder ou de faire respecter ce qu'on a de meilleur ...  à partager. 
Avoir tendance à se fondre dans les désirs de l'autre peut parfois cacher un besoin foncièrement égoïste. 
Il est donc bon de vivre selon ses désirs sans les imposer à l'autre... et réciproquement.
Ainsi peut-on réellement entrer en relation avec une personne authentique.
Trouver un équilibre sans cesse à rectifier. 
Etre funambule sur le fil de la vie.




dimanche 20 novembre 2016

Une bouffée d'humanité

C’est une consultation toute simple, sans histoires, avec un patient qui souffre de schizophrénie. Il le sait, il connaît sa maladie et en parle sans déni. Il a déjà présenté 6 épisodes délirants impressionnants, et il n’a pas du tout envie que ça recommence. Alors il prend ses médicaments et fait tout ce qu’il peut faire pour aller bien. Voilà plusieurs années par exemple qu’il participe à nos groupes de yoga et de méditation, qui, me dit-il, l’aident énormément. Il a un travail où il se sent bien, il s’est trouvé une compagne.

Mais elle est fragile, elle aussi ; ils se sont rencontrés à l’hôpital psychiatrique, lors d’un de leurs séjours. Actuellement elle est en pleine rechute, à nouveau hospitalisée depuis plusieurs semaines. Il me raconte que ça l’a beaucoup secoué, mais qu’il a tenu bon ; à chaque fois qu’il vient la visiter, il s’arrête ensuite pour prier et méditer dans la chapelle de l’hôpital, où il reste jusqu’à ce qu’il se sente apaisé. Il me dit qu’il a foi en l’avenir, qu’il sait que les médecins vont guérir son amie et qu’ils seront à nouveau heureux ensemble : « c’est très important pour nous », me précise-t-il, « nous nous faisons beaucoup de bien… »

Dans la belle lumière de cet après-midi d’automne, son visage est serein ; il me parle calmement, avec des mots simples ; puis il se tait, me regarde avec confiance et attend ma réponse. Tout, dans son attitude, est juste et mesuré.

Je sens que je commence à être troublé, un truc se passe en moi qui me bouscule de l’intérieur. Quelque chose s’allume dans ma poitrine : un sentiment de proximité, une bouffée de fraternité avec mon patient. Une sorte de lumière et de chaleur fait fondre toutes nos enveloppes, toutes nos différences : il n’y a plus un médecin et un patient, il y a deux personnes sensibles et un peu émues, qui font de leur mieux avec leurs vies. Il me semble tout à coup que nos histoires, à mon patient, à moi et à tous les humains, sont les mêmes : nous avons été enfants, et nous courons après le bonheur et l’amour. Et – voyez comme c’est bizarre parfois un cerveau – j’entends Françoise Hardy qui se met à chanter doucement dans ma tête…

Voilà, la consultation se termine. Je suis en train de lui serrer la main, alors que j’aurais envie de lui donner une accolade fraternelle. Mais je n’ose pas, je ne suis pas sûr qu’il soit dans le même état que moi. Lui il a juste rencontré un psychiatre avec qui le courant passe, moi j’ai rencontré un frère en humanité et ça m’a balancé par terre. Je lui parle comme dans un rêve, je lui souhaite de bientôt retrouver sa compagne en bonne forme, j’espère pour eux beaucoup de bonheur, je lui serre la main bien fort avec mes deux mains, je lui donne toute mon affection avec mes yeux et mon sourire. Puis, je le regarde s’éloigner dans le couloir, et je lui fais un petit au-revoir de la main avant de refermer ma porte.

Je retourne m’asseoir à mon bureau, allégé de tous mes oripeaux sociaux. Je ne suis plus un psychiatre mais un humain, avec 7 milliards et demi de frères et de sœurs. Ça me fait bizarre. Heureusement que c’était mon dernier patient de la journée…

PS : ce texte reprend ma chronique du 8 novembre 2016, dans l'émission de mon ami Ali Rebehi, "Grand bien vous fasse", tous les jours de 10h à 11h sur France Inter. 
CHRISTOPHE ANDRE

mardi 15 novembre 2016

Une croyance, et alors ?

Entendu :
"la réincarnation (par exemple) n'est qu'une croyance"
et de ce fait, l'idée est balayée par les esprits dits "cartésiens"

(je précise que je ne prône pas la réincarnation, ce n'est qu'une illustration.)

mais croire que la science peut tout expliquer.... ou n'est réel que ce qu'elle peut expliquer : peut tout aussi bien être considéré comme une "croyance"

Et alors ?

Pourquoi cette hiérarchisation intellectuelle ?

 Ce qui est primordial : pouvoir s'exprimer librement, en mettant une parole à côté d'une autre, sans chercher à convaincre ou pire, dénigrer, sans croire qu'on détient La Vérité (qui reste tellement relative).

Ce qui est vrai : le moment présent, le ressenti personnel, la résonance en chacun de nous, l'émotion générée, la "croyance" comme outil perfectible pour vivre au mieux.

Ces choses ne peuvent pas être enfermées dans des concepts, des recettes. Elles peuvent cependant être partagées.





lundi 14 novembre 2016

RECHARGER LES BATTERIES A VELO

LE VELO... ça recharge les batteries !
Fatiguée ? ...hop je pédale et en quelques minutes mon énergie revient (ça me fait penser à une lampe à dynamo !)
Essayez, vous verrez
tandis que la voiture, ça "vide"
mais parfois elle est bien pratique ! quand même...


dimanche 14 août 2016

L'art du bonheur

Comme l'art, il s'agit d'une création.

Faire ce qu'on aime

... ou aimer ce qu'on fait 

je rajouterai : APPRENDRE à aimer ce qu'on fait.

Ou mettre l'énergie à ne plus faire ce avec quoi on ne se sent pas en accord

Tout un programme !

Ne pas attendre les vacances.... ou que la vie se charge de changer le cours de l'existence. Ce sont souvent des impasses, des faux-fuyants que l'on risque de payer cher.

C'est maintenant qu'il faut commencer.

Odin a bien compris.


lundi 18 juillet 2016

Vallée de larmes, par Christiane TAUBIRA


Vallée de larmes….
Nos cœurs portent leur deuil. Sous la mélancolie de ce qu’ils avaient de nous en eux et qu’ils ont emporté. Nous savions leur existence comme ils savaient la nôtre. Telle est notre commune intuition. Nous saurons un peu de leurs vies, ce qui nous sera offert, quand leurs proches commenceront à partager. Nous en saurons alors assez pour leur faire place durable dans nos mémoires. Ils continueront ainsi à être. Par-delà les cris et l’effroi, malgré ce désarroi sans cordages qui nous encorde, plus vibrants encore que cet émoi qui nous fend en dedans et nous laisse cois. Nous les tiendrons au chaud dans nos plis d’âme, bien que pour l’heure, nous soyons saisis de froid.
L’absence…
Une petite-fille vive, parfois rêveuse, qui ne reviendra pas à l’école. Sa meilleure amie qui n’en reviendra pas, comme ça fait mal au fond, là, dans cet endroit qui a plusieurs noms, cœur, poitrine, plexus, torse, poumon, et qui fait suffoquer, qui essouffle, épuise.
Un petit garçon qui ne retrouvera pas la crèche. La crèche ne le retrouve pas. Il y a ces photos, prises à Noël, à l’entrée, sur le panneau en bois. Même sans image, son sourire est là, ses gestes de désir. Il grandissait si vite.
Une adolescente délurée, déjà sûre de vouloir embrasser le monde, et qui manquera à son amoureux. Les premières amours ont cette saveur singulière et ineffable du défi mêlé de douceur. Un charme qui jamais nulle part ne sait se répéter.
Un adolescent dont la voix commençait à se rythmer et à se frotter à la rocaille, le menton s’assombrissant de quelques poils épars et fiers, ne dissimulera plus sa timidité derrière des airs de crooner taciturne.
Une maman qui ne rentrera plus, ces chants qui ne seront plus fredonnés, sous la douche, sur le balcon en arrosant des bégonias gourmands, en remuant la terre sous de récalcitrants asters de Tartarie, après une journée professionnelle pourtant harassante. Une femme, sentimentale et soucieuse, qui ne méditera plus en contemplant les stries des reines d’argent côtoyant de pulpeux aloès, les reflets des aeonium dont les pétales oblongs, offerts comme un soleil, font perler l’eau avant de la laisser rouler dans une chorégraphie de lenteur. Une femme aux reins usés par le labeur, qui n’avait rien perdu de sa joyeuse humeur, ne pestera plus contre sa fille aînée pour la mettre en garde : c’est toujours la trajectoire de la fille qui s’interrompt quand on veut se glisser trop tôt dans les lacets affriolants de la vie, souvent scélérate envers les pauvres. Une femme d’ardeur, qui a déjà dit son fait à la vie pour ses croche-pieds et ses chausse-trappe, et qui, tandis que le jour baisse pavillon, ne rira plus ne lira plus dans une berceuse pour se laver la tête des petitesses du boulot, du brouhaha des transports.
Un père, un amant, un homme qui sifflotait entre les lèvres ou dans la gorge rêvant de brillants chemins de vie pour ses fils, tout en réfléchissant à cette épargne qui préserve l’avenir, ne sonnera plus parce qu’il a oublié ses clés.
Ils ont des prénoms qui résonnent de toutes les contrées du monde, ramenant des senteurs, des sons, des clichés et des clichés, et engendrant un même chagrin, une même désolation qui rappellent que, par-delà terres et mers, les larmes sont sœurs.
Ainsi les pensons-nous, pour leur redonner vie, en attendant que ceux qui les connaissent nous les racontent. Try a little tenderness, la voix d’Aretha Franklin nous obsède.
L’aveuglement qui frappe avec une froideur de robot d’acier n’a jamais eu ni de raison ni raison. Quelles fêlures faut-il à l’esprit pour faire éclore cette démence démentielle, chez l’homo sapiens sapiens, homme qui pourtant sait qu’il sait. De quelles fureurs anciennes et nouvelles, familières ou inédites, matées ou rétives, gronde ce monde où l’hystérie nourrit l’hystérie!
Même de loin, mais si près de la souffrance, nous savons que notre seule offrande, celle qui nous sauve ensemble des étendues et profondeurs de la désespérance, ne peut venir que des signes de la vie qui vainc.
I’ve got dreams to remember (Otis Redding).
Pendant qu’un semeur de mort et d’affliction, exilé en méta-humanité, brisait tant de promesses et de sagesses, le dernier mot n’était pas dit.
Des enfants sont nés cette nuit-là. Je n’ai pas vérifié mais je sais. Car ainsi va la vie qui vainc. Ces bonheurs n’ont pas la vertu de verser une goutte de fraîcheur sur les cœurs en malheur.
Mais ils signent la défaite des semeurs de mort, qui qu’ils soient.
Christiane Taubira

dimanche 17 juillet 2016

Non, vous n'aurez pas ma haine.



Antoine Leiris a publié une lettre ouverte sur Facebook après la mort de sa femme le 13 novembre au Bataclan. La voici. 

Par Antoine Leiris
Vendredi soir vous avez volé la vie d’un être d’exception, l’amour de ma vie, la mère de mon fils, mais vous n’aurez pas ma haine. Je ne sais pas qui vous êtes et je ne veux pas le savoir, vous êtes des âmes mortes. Si ce dieu pour lequel vous tuez aveuglément nous a fait à son image, chaque balle dans le corps de ma femme aura été une blessure dans son cœur.
Alors non je ne vous ferai pas ce cadeau de vous haïr. Vous l’avez bien cherché pourtant mais répondre à la haine par la colère, ce serait céder à la même ignorance qui a fait de vous ce que vous êtes. Vous voulez que j’aie peur, que je regarde mes concitoyens avec un œil méfiant, que je sacrifie ma liberté pour la sécurité. Perdu. Même joueur joue encore.
Je l’ai vue ce matin. Enfin, après des nuits et des jours d’attente. Elle était aussi belle que lorsqu’elle est partie ce vendredi soir, aussi belle que lorsque j’en suis tombé éperdument amoureux il y a plus de douze ans. Bien sûr je suis dévasté par le chagrin, je vous concède cette petite victoire, mais elle sera de courte durée. Je sais qu’elle nous accompagnera chaque jour et que nous nous retrouverons dans ce paradis des âmes libres auquel vous n’aurez jamais accès.
Nous sommes deux, mon fils et moi, mais nous sommes plus fort que toutes les armées du monde. Je n’ai d’ailleurs pas plus de temps à vous consacrer, je dois rejoindre Melvil qui se réveille de sa sieste. Il a 17 mois à peine, il va manger son goûter comme tous les jours, puis nous allons jouer comme tous les jours et toute sa vie ce petit garçon vous fera l’affront d’être heureux et libre. Car non, vous n’aurez pas sa haine non plus.

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/attaques-a-paris/article/2016/07/17/vous-n-aurez-pas-ma-haine_4970898_4809495.html#jwPJYXfXXdkFf5iA.99

lundi 27 juin 2016

Hommes, laissez les morts tranquilles



Celui pour qui le soleil ne brille plus
Il n’a plus besoin d’amour.
Combien de chagrins pleurent pour lui,
Il n’a pas besoin de le savoir.

Hommes, laissez les morts tranquilles
A vous appartient la vie
Chacun a bien assez à faire
A lever le bras et le regard.

Laissez les morts ils sont libres
Dans le sable humide.
Vous, sortez de l’esclavage,
De la misère et de la honte.

Un combat vaudrait-il des lauriers,
Epargnez à la mort ces cadeaux !
Mais reprenez l’épée du mort
Et menez son combat jusqu’à la fin.

Voulez-vous faire quelque chose de bien
Pour ceux que la mort a rencontrés.
Hommes, laissez les morts tranquilles
Et accomplissez leur espoir.


Erich MUHSAM.


mercredi 22 juin 2016

L'apparente irresponsabilité de l'humain


L'humain a cette capacité d'influer sur les événements, par son attitude plus ou moins subtile et de leur faire porter la justification de ses décisions qu'il a déjà prise en amont mais dont la responsabilité serait trop lourde à porter.

Néanmoins tout dépend de ce qu'il en fera dans le quotidien.

L'humain est souverain dans l'espace de liberté qui lui est conférée.











lundi 13 juin 2016

S’interroger sur la civilisation par le biais de la nourriture

Extrait :

la Sitopie idéale (décrite dans le livre comme la ville imaginaire de Dongtan, en Chine) consiste en une campagne vivante, habitée, variée où les gens vont pour acheter de bons produits tout autant que pour se rencontrer.

Pourquoi les villes, comme les hommes, sont ce qu’elles mangent ?


Extrait de l’allégorie du bon gouvernement, par Ambrogio Lorenzetti – Sienne, 1338
L’alimentation détient une une extraordinaire capacité à transformer non seulement les paysages, mais aussi les structures politiques, les espaces publics, les relations sociales, les villes. Telle est, en substance, la thèse défendue par l’architecte britannique Carolyn Steel, anciennement enseignante-chercheuse à la London School of Economics et à l’université de Cambridge, qui était de passage sur Paris cette semaine à l’occasion de la traduction en français de son ouvrage Hungry City (Ville Affamée, Comment l’alimentation façonne nos vies,Ed. Rue de l’Echiquier, Collection Initiales DD, 447 pages). Décryptage.

« Nous dépendons autant de la nature que nos ancêtres »

S’interroger sur la civilisation par le biais de la nourriture. Si cela semble évident au premier abord, force est de constater qu’aucune discipline ne s’attèle véritablement à cette question fondamentale. Et là demeure l’originalité de cet ouvrage qui offre à l’urbanisme, à l’économie, l’ingénierie, la sociologie, la politique et l’histoire un langage commun pour parler de la ville. « La nourriture rallie de manière complexe et désordonnée les problèmes d’urbanisation, de capitalisme, de géopolitique, de pic pétrolier, de faim, de réchauffement climatique.. », rappelle ainsi l’architecte.
Carolyn Steel le 8 juin à Paris – Photo : @SoAnn
Pas moins de sept années de recherches intenses ont été nécessaires pour l’écrire. Pour cause : Carolyn Steel allie à la rigueur de ses recherches l’intensité d’un récit qui aborde, tour à tour, nos modes de cultures et de transport des denrées alimentaires avant de s’intéresser à la façon dont nous achetons nos aliments, dont nous les cuisinons, les mangeons et nous débarrassons des déchets et des restes. « J’ai commencé à écrire en 2000 : en tant qu’architecte, j’étudiais les villes et leur design mais restais insatisfaite de la façon dont l’architecture était enseignée, sans prendre en compte les usages. Et comme l’histoire de l’alimentation m’a toujours passionnée, j’ai trouvé là une formidable grille de compréhension de nos civilisations » explique l’auteure, pleine d’entrain.
Pour elle, l’un des premiers problèmes des villes est de produire assez de nourriture. Puis de la transporter, et ensuite de la stocker… autant de problématiques qui sont réglées par les quelques firmes qui dirigent l’agri-business dans les pays développés, mais restent difficiles dans les villes en développement. « Nous vivons une sorte de dissonance cognitive, sans savoir quel est le coût exact de l’alimentation » regrette celle qui souligne également le manque de reconnaissance que nous avons envers ceux qui produisent notre nourriture. « La ville est une entité organique liée au monde naturel par son appétit et nous devons remettre en question les liens entre la ville et la campagne » insiste-t-elle encore en soulignant que « si nous vivons dans des villes depuis plusieurs milliers d’années, nous n’en restons pas moins des animaux ».
En scrutant l’histoire, Carolyn Steel plonge dans les modes de développement des premières cités sumériennes, de Jericho à Uruk en passant par Çatalhöyük (en Anatolie) afin de montrer comment furent ainsi érigées les règles de base de la civilisation urbaine. Avec le temps, l’évolution de l’énergie et des modes de transports, les villes se sont largement développées au point de consommer aujourd’hui 75% des ressources alimentaires et énergétiques de la planète. « Coupés de la terre comme jamais auparavant, les citadins commencèrent à dissocier la nourriture de l’idée même de nature » explique l’architecte. En externalisant le vrai coût de l’alimentation industrielle, nous avons créé l’illusion des prix bas et nous sommes distanciés de ce qui pourtant reste essentiel dans nos vies.

Faire de la nourriture un enjeu politique

S’il est passionnant de suivre le raisonnement de l’auteure, il est encore plus instructif de la suivre dans les descriptions qu’elle donne de nos modes d’approvisionnement actuels, ou de la manière dont nous avons perdu le lien avec des pratiques qui, pendant des siècles, ont occupé notre quotidien. Elle s’appuie surtout sur l’ensemble des données amassées pour nous inciter à nous interroger différemment : « au lieu de nous demander comment nous mangerons à l’avenir, nous devrions nous interroger sur la manière dont nous mangeons maintenant » dit-elle en insistant, par exemple, sur le fait que la Grande Bretagne dépense actuellement de l’argent pour une campagne attrayante, mais pas pour une alimentation locale.
Entre les lignes se dessine alors une portée plus politique. Du détail de la quête alimentaire romaine (la carte ci-dessous montre que l’Empire Romain s’est aussi bâti sur un fort souci d’approvisionnement alimentaire) en passant par l’évolution de l’espace public, Carolyne Steel regrette que les politiques se soient totalement défaits de la question. L’industrialisation de la filière alimentaire a progressivement retiré aux dirigeants la suprématie qui était la leur en matière de gestion alimentaire. « Contrôler l’alimentation donne du pouvoir, il est donc très difficile pour les politiciens d’admettre qu’ils ne la contrôlent plus vraiment. C’est aussi un sujet très personnel et quasi-émotionnel tant les gens détestent qu’on leur dise quoi manger… ce qui explique le manque d’empressement à gérer une crise comme celle de l’obésité » déplore l’auteure, pour qui « la bataille  alimentaire ne concerne pas seulement ce que nous mangeons, elle concerne la société elle-même. La vie publique est le liant social des villes; l’espace public en est l’expression physique. Sans eux, la société urbaine – la civilisation même – est fatalement affaiblie ».
Les kilomètres alimentaires nécessaire pour approvisionner la Rome Antique – Carte issue du livre

De l’utopie à la sitopie

Comment faire évoluer le système, dans ces conditions ? Comment limiter l’exploitation du vivant, l’usage d’intrants chimiques, la tentation du manger-toujours-moins-cher ? En montrant quels sont les ingrédients qui participent d’une « bonne vie », d’après Carolyn Steel. Bien consciente des 80% des terriens qui habiteront les villes en 2050, l’auteure en vient même à développer le concept de Sitopie, basé sur un premier constat simple : « le but des différentes utopies est souvent identique : rapprocher l’homme de la nature, fusionner la ville et la campagne, partager le travail, renforcer le sentiment d’appartenance communautaire. On peut dire la même chose de ce qu’elles rejettent : les conurbations tentaculaires, la mondialisation, la concentration des richesses, l’asservissement. Les réflexions sur le style de vie qui pourrait assurer notre bonheur sont nombreuses, mais pourquoi alors sommes nous partis dans la direction opposée ? » interroge-t-elle en précisant que « le problème réside dans la nature même de l’utopie. Si elle est un « bon lieu », elle est aussi « aucun lieu » car le monde réel ne peut jamais être parfait. »
D’où la notion de Sitopie (du grec ancen sitos, la nourriture) et de « villes sitopiques » dans lesquelles les réseaux alimentaires ensemenceraient la cité.  Carolyn Steel interroge ainsi : « et si nous utilisions la nourriture pour reconnaître que si l’atmosphère est ce que nous respirons, la sitosphère  est le milieu dans lequel nous vivons ? Au lieu de saccager la planète pour produire nos aliments, nous devons planifier comment nous allons nous nourrir pour ne pas la saccager « . La Sitopie serait ainsi conçue comme un espace où la nourriture retrouve sa vraie valeur. La France, en ce sens, est une meilleure Sitopie que les Etats-Unis, le Royaume Uni ou les Pays Bas ou le Mexique. Sachant que la Sitopie idéale (décrite dans le livre comme la ville imaginaire de Dongtan, en Chine) consiste en une campagne vivante, habitée, variée où les gens vont pour acheter de bons produits tout autant que pour se rencontrer. De nombreuses petites boutiques indépendantes et de nombreux restaurants s’y sont développés. Et la ville elle-même est productive, avec une multitude de jardins partagés, des composteurs de partout, des liens permanents entretenus entre la ville est l’arrière pays…
Tout s’y passerait un peu comme sur le chef d’oeuvre de Lorenzetti (image en Une reproduite ci-dessous dans son intégralité), avec une gouvernance permettant une symbiose permanente entre la ville et sa campagne. Actuellement, la ville d’Almere, aux Pays Bas, serait l’un de plus beaux exemples de Sitopie. Conçue par MVRDV, la région d’Oosterwald est un nouveau modèle où la ville intègre du départ les rythmes de vie, de travail et de culture…
L’allégorie du bon gouvernement, par Ambrogio Lorenzetti – Sienne, 1338
In fine, conclut l’auteure, nous ne manquons pas tant aujourd’hui de technologie que de philosophie… N’est-t-il pas ?

Lu dans alternative blog LE MONDE LE 13-06-2016

WIKIPEDIA
l'Allégorie du Bon Gouvernement, dans la Ville et à la Campagne (WIKIPEDIA)

mercredi 8 juin 2016

Tout déprimé est un bien portant qui s’ignore

Intéressant à lire - sans être obligé d'adhérer à tout

extrait :
« Tout déprimé est un bien portant qui s’ignore. Paradoxe ? Pas si sûr ! Il y a en nous une capacité à traverser sans encombre les coups de déprime, de tristesse, de nostalgie ou de regret. Nous avons des pouvoirs de résistance inexploités, même quand tout paraît aller de travers. 

​l​
a joie de vivre !


Chère amie, cher ami,

Cette semaine, notre lettre vous est proposée par Victoire Malard, responsable des événements pour l'association. Elle vous parle de l'un de nos prochains rendez-vous qui portera sur un thème qui lui est cher : le bonheur !

Mardi 14 juin, l'IPSN organise à Paris une conférence sur le bonheur, avec le Pr Michel Lejoyeux (à ne pas confondre avec Henri Joyeux !), professeur de psychiatrie à l’université Denis-Diderot (Paris), et chef de service de l’AP-HP et à l’hôpital Maison-Blanche. Il a écrit un livre passionnant qui s'intitule « Tout déprimé est un bien portant qui s’ignore ! »

La conférence a lieu à la Maison des associations de solidarité – Salle Emile Laffon – 10 rue des Terres au Curé – 75013 Paris. S’inscrire par ici.

« Qu’est-ce qui nous rend heureux et en bonne santé tout au long de notre vie ? »

Spontanément, la jeune génération pense à l'argent ou à la célébrité. Selon, le Pr Robert Waldinger, psychiatre américain et professeur à la Harvard Medical School, la science contredit cette idée préconçue. La recette pour vivre longtemps, heureux et en bonne santé, n’est ni dans le portefeuille ni dans la célébrité ou dans un travail acharné, mais dans la qualité des relations que nous avons avec les autres !

Quatrième directeur de l’étude d’Harvard sur le développement adulte, commencée en 1938 et portant sur 724 hommes suivis et interrogés tout au long de leur vie, Robert Waldinger a révélé fin 2015 les résultats obtenus1. Cette étude est la plus longue jamais réalisée sur la vie adulte, elle a durée 75 ans et se poursuit aujourd’hui sur les 2000 enfants de ces hommes. Pour Robert Waldinger, il y a trois leçons essentielles à retirer de cette étude. [1]

Tout d’abord, les liens sociaux sont très bons pour l’homme…

« Les personnes ayant davantage de relations avec leur famille, leurs amis, la communauté, sont plus heureux, vivent plus longtemps et sont en meilleure forme physique que les personnes ayant moins de relations » [2]

Cette idée tient peut-être à la nature même de l’homme. En effet, Aristote, dansLa Politique, définit l’homme comme un animal politique (anthropos phusei politikon zoon). Il montre ainsi que la Polis ou cité est la communauté humaine parfaite, qui permet non seulement la satisfaction des besoins des individus mais aussi leur épanouissement intellectuel et affectif. L’homme devient homme parmi les autres, en vivant dans une société régie par des lois et des coutumes. L’homme développe son potentiel et réalise sa fin naturelle dans un contexte social. Dans l'Éthique à Nicomaque, cette fois, Aristote définit le bonheur (eudaimonia) et en propose deux modèles : un bonheur contemplatif, propre aux dieux, et un bonheur découlant de la vie politique, accessible aux hommes. Pour Aristote, si l’homme vit en société c’est pour y réaliser son bonheur.

…et la solitude tue

Cette étude d’Harvard va même plus loin en montrant qu’à l’inverse, la solitude est « toxique » [2] et « tue ». [2]

Les personnes qui sont plus isolées qu’elles ne le voudraient se sentent moins heureuses, leur santé décline plus tôt, dès le milieu de la vie. De surcroît, les capacités de leur cerveau déclinent plus vite, et leur durée de vie est plus courte que celles des personnes qui ne sont pas seules.

Cette donnée a une résonnance toute particulière si l’on regarde de près la population française. En effet, en 2013 la Fondation de France a publié un rapport sur les solitudes en France3 et montre que, depuis 2010, l’isolement relationnel est en progression continue. Selon cette étude, 5 millions de personnes sont seules, soit 12 % des plus de 18 ans.

Les chercheurs de la Fondation de France distinguent l'isolement vécu de l'isolement ressenti. Le rapport précise : « Dans certains cas, c’est moins la fréquence des contacts sociaux que la qualité de la relation qui est cœur du sentiment d’isolement. » [3]

Privilégier la qualité des relations

C’est la qualité des relations avec les proches qui compte pour être heureux et en bonne santé tout au long de notre vie. Robert Waldinger met deux points en avant :

  • « Les relations chaleureuses » [2] ont un effet protecteur sur notre santé.
Dans l’étude, les chercheurs ont remarqué que les quinquagénaires satisfaits des relations entretenues avec leurs proches deviennent des octogénaires heureux et en bonne santé.

  • Les relations aimantes atténuent et même préservent des aléas liés à l’âge.
Les personnes heureuses et toujours complices, avec leur conjoint par exemple, sont heureuses malgré des douleurs physiques. À l’inverse, la douleur émotionnelle augmente la douleur physique. Les relations de qualité protègent le cerveau.

Bâtir des relations durables

Robert Waldinger souligne que les personnes qui sont dans une relation durable à 80 ans, qui savent qu’elles peuvent compter l’une sur l’autre, ont une mémoire mieux affûtée et cela plus longtemps. À l’inverse, la mémoire décline plus tôt chez les gens installés dans une relation incertaine.

Robert Waldinger n’oublie pas de préciser qu’une relation durable n’est pas une vie lisse, sans disputes, mais simplement le fait de savoir que l’on a un soutien solide, un roc pour les coups durs.

Les relations profondes bonnes pour notre santé : une sagesse vieille comme le monde

Vieille comme le monde oui, mais difficile à mettre en œuvre au quotidien. Il n’y a pas de solution miracle pour les relations avec la famille, les amis, les collègues, les voisins. Simplement se souvenir qu’être aimant, gentil, et communiquer avec toutes ces personnes chaque jour, chaque année, tout au long de la vie est la clé de notre bonheur. Là se trouve notre santé !

« L’enfer, c’est les autres »

Qui n’a pas entendu ou prononcé cette phrase un jour, terriblement agacé par les gens dans les transports en commun, ou après une dispute avec un ami ? Mais cette formule de Jean-Paul Sartre, « l’enfer c’est les autres », est souvent mal comprise. Elle irait même dans le sens du propos de Robert Waldinger ! Et Sartre, d'expliquer à propos de cette formule : « […] Cela marque simplement l'importance capitale de tous les autres pour chacun de nous. » [4]

Qu’en est-il du bonheur ou du malheur des Français ?

Les chiffres sur la dépression et la consommation d’antidépresseurs en France sont des indicateurs significatifs.

« La dépression est un trouble mental courant se caractérisant par une tristesse, une perte d’intérêt ou de plaisir, des sentiments de culpabilité ou de dévalorisation de soi, un sommeil ou un appétit perturbé, une certaine fatigue et des problèmes de concentration. La dépression peut perdurer ou devenir récurrente, entravant ainsi de façon substantielle l’aptitude d’un individu à fonctionner au travail ou à l’école ou à faire face à sa vie quotidienne. » [5]

La dépression est l’une des maladies psychiques les plus répandues. Selon une enquête réalisée en 2005 par l’Inpes, 19 % des Français de 15 à 75 ans (soit près de 9 millions de personnes) ont vécu ou vivront une dépression au cours de leur vie. [6]

En ce qui concerne la consommation d’antidépresseurs, selon l’OCDE7, en 2015, la France consomme par jour 50 doses pour 1000 habitants. Ce chiffre situe la France en-dessous de la moyenne par rapport aux 28 pays comparés. Certains médias se félicitent et concluent par exemple que « les Français ont malgré tout encore le moral. » [8] Cependant, en 2009, ce même taux était de 40 doses pour 1000 habitants. Voir ainsi ce taux augmenter n’est pas très rassurant pour la santé mentale des Français et leur bonheur.

Suis-je dépressif ?

À lire ces lignes, on pourrait presque se demander « suis-je dépressif ? », puisque c’est si répandu. En particulier pour la lectrice de cette lettre. En effet, la dépression est deux fois plus fréquente chez la femme que chez l’homme. Un petit check-up vite fait pour se rassurer : appétit, humeur, sommeil, estime de soi, relation avec son conjoint, ses enfants, ses parents… Bon, tout va bien ou presque. À la rigueur un petit coup de blues ? Cela arrive. Alterner joie et tristesse est signe de bonne santé. Mais est-il possible d’agir quand la déprime arrive ?

Le pouvoir de résistance

Le premier paragraphe du livre du Pr Michel Lejoyeux, cité ci-dessous, nous plonge d'emblée au cœur du chemin vers notre bien-être mental et notre bonheur en affirmant qu’il ne tient qu’à nous-même d’aller bien et d’avoir une vie heureuse :

« Tout déprimé est un bien portant qui s’ignore. Paradoxe ? Pas si sûr ! Il y a en nous une capacité à traverser sans encombre les coups de déprime, de tristesse, de nostalgie ou de regret. Nous avons des pouvoirs de résistance inexploités, même quand tout paraît aller de travers. C’est ma conviction, nourrie par ma pratique de la médecine et de la psychiatrie. Elle est confirmée par les expériences les plus récentes sur le cerveau. Le bon sens médical et psychologique est plus utile qu’on ne le croit. » [9]

Entretenir son moral

Comme on entretient son physique en allant faire du jogging, ou de la zumba (programme d'entraînement physique combinant des éléments d'aérobic et de la danse jazz), en mangeant sans sucre, sans sel, sans gluten, on peut tout aussi bien engager un programme bien-être pour son esprit. La prévention pour être en bonne santé existe pour le corps physique mais aussi pour la santé de l’esprit ! Comment agir ?

Des gestes simples pour changer son état d’esprit

Pas besoin de médicament ni de thérapie, il faut simplement savoir se poser les bonnes questions, pratiquer quelques techniques et exercices pour changer son état d’esprit et adopter un style de vie antidéprime. En voici deux exemples parmi les différentes pistes possibles détaillées par le Pr Michel Lejoyeux dans son livre :

  • Les bienfaits du vert
Une expérience d’un chercheur anglais a montré que les personnes vivant dans un quartier boisé consommaient moins d’antidépresseurs que les personnes vivant dans un environnement sans arbres. La nature donne envie de bouger, de se dépenser. De plus elle invite à la méditation, éloigne ainsi les angoisses. On communique avec la nature et l’on se sent moins seul. « Plus vous allez passer de temps à contempler une plante, un paysage, ou pour certains un animal, plus vous allez vous sentir de bonne humeur. » [9]

  • L’effet Mozart 
Il s'agit de « l’action euphorisante la plus régulière et troublante8 » obtenue à l’écoute de la musique de Mozart. Sa musique a une action objective sur le cerveau qui a été démontrée par les recherches « psycho-musicales », et en particulier la Sonate pour deux pianos Kochel 448. L’action de la musique de Mozart sur les neurones est d’augmenter leur résistance au stress et d’augmenter le facteur de croissance neuronal. Le Pr Michel Lejoyeux nous apprend aussi que cette sonate « a été utilisée pour aider les nouveau-nés prématurés à reconstituer leurs neurones pendant ou après leur séjour à l’hôpital » [9].

Le cerveau : une machine à bonne humeur

L’outil principal mis en œuvre dans ces exercices est notre cerveau. Encore faut-il savoir l’utiliser et savoir que c’est un organe plastique qui peut être modelé ; savoir aussi qu’il est important de le maintenir actif. Il est en effet possible de « développer les fonctions de votre cerveau qui portent les émotions les plus agréables. » [9]

Et c’est tout l’intérêt du propos du Pr Michel Lejoyeux qui nous fait l’honneur de venir parler plus en détails et avec conviction lors de la conférence organisée par l’IPSN sur le thème « Vivons heureux ! Tout pour entretenir son moral », lemardi 14 juin à 19 h 30.

Le Pr Michel Lejoyeux rencontrera le public et dédicacera son livre à l’issue de la conférence.

Vous pouvez vous inscrire, c'est par ici.

Joyeusement vôtre,

Victoire Malard
IPSN
 
 

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Références :

[1] Security of attachment to spouses in late life: Concurrent and prospective links with cognitive and emotional wellbeing

[2] Qu'est-ce qui fait une vie réussie ? Leçons de la plus longue étude sur le bonheur

[3] Les solitudes en France

[4] L'existentialisme athée 

[5] La dépression

[6] La dépression en chiffres

[7] OCDE (2015), « Consommation pharmaceutique », dans Panorama de la santé2015 : les indicateurs de l’OCDE, Editions OCDE, Paris. DOI :http://dx.doi.org/10.1787/health_glance-2015-68-fr

[8] QUI SONT LES PLUS GROS CONSOMMATEURS D'ANTIDÉPRESSEURS AU MONDE ?

[9] Pr Michel Lejoyeux, Tout déprimé est un bien portant qui s’ignore, Jean-Claude Lattès, 2016.

vendredi 27 mai 2016

lespetites gué-guerres qui font de grands conflits

La guerre n'est pas uniquement militaire.
Elle commence en nous, se poursuit autour de nous.
Le vivre-ensemble, cette capacité à laisser de la place à l'autre, par exemple dans la rue, sur les pistes cyclable, sur les trottoirs, sur la route.
"une seule voie : celle du respect".
Je suis tour à tour cycliste et piéton au centre-ville de Strasbourg.
Bien sûr que j'ai déjà eu affaire à des personnes au tempérament sanguin ou avide de pouvoir ; on peut se faire insulter ou encore la personne en face (cycliste aussi, cela arrive) prend toute la place et bien davantage pour bien montrer qu'elle est "dans son bon droit". 
Je m'efforce alors de me dire (pour ne pas me laisser envahir par la colère contre cette personne) "elle ne peut faire autrement, elle a besoin de s'affirmer de cette façon-là pour assurer sa place dans ce monde pas toujours facile"
... il m'arrive de détecter de loin, rien qu'à voir l'expression d'un visage, le risque de me faire agresser - injustement à mon sens puisque je prends soin de laisser de la place à l'autre, sinon je me pousse, je descends de mon vélo ... enfin j'essaie de ne pas gêner).

Je préfère maintenant parler d'une autre vécu :
Un regard, 
Cette espèce de connivence, de complicité fugace,
Un sourire, 
Un mot d'excuse, une petite phrase "vous savez, si je suis sur le trottoir avec mon vélo, c'est que j'ai peur de me faire renverser mais je fais très attention et laisse la priorité aux piétons"
Parfois s'engage un échange chaleureux de reconnaissance humaine, cela réchauffe le coeur. 
Chacun repart de son côté, certainement rechargé en énergie positive qui ne demande qu'à être partagée : et cela peut faire boule-de-neige...
Il y aurait de la place pour tout le monde si quelques uns n'en prenaient pas davantage que de besoin. 
Je rêve me dit-on régulièrement... 
peut-être mais je suis persuadée qu'il suffit de veiller à détecter inlassable les petites gué-guerres en soi, autour de nous, à notre petit niveau pour qu'un jour, dans quelques générations, ou demain? les tueries ne soient plus que d'horribles souvenirs ; pour que vivent nos enfants et leurs enfants, les enfants de leurs enfants.



samedi 21 mai 2016

Le "fort" et le "faible", réflexions

La responsabilité de l'un envers l'autre : le "faible" oblige le "fort"

le "pauvre" devra combattre l'envie, la jalousie
Le patrimoine du "riche" devra servir à bon escient s'il ne veut pas étouffer dans son opulence.
Le pouvoir du plus fort, éphémère, opprime-t'il ? ou protège-t'il le plus faible ?

C'est quoi au juste, être "riche" être "pauvre" ?
Pauvre d'empathie ? Riche de partage ?


Non pas "qu'est ce que je possède" mais "qu'en fais-je"
(à partir d'un minimum vital bien sûr)

le Pont "Ricochets sur le Rhin" entre Strasbourg et Kehl




dimanche 8 mai 2016

Qu'avons-nous appris du passé ?

Pourquoi ce besoin d'ancrer les prémices d'une résilience dans l'exigence du mea culpa d'un passé ?

On pourrait imaginer simplement ne s'occuper que du présent en
tirant des enseignements du passé qui deviendrait un terreau d'apprentissage.

Ne pas dépenser l'énergie à fustiger et punir ou trouver des boucs émissaires ... mais apprendre à être meilleur grâce à l'éclairage du passé. 

Cette réflexion pourrait être menée dans le domaine public de la politique, au niveau social autant que dans la sphère privée familiale.


jeudi 21 avril 2016

Ce qu'on appelle "apprendre"

Plus nous nous améliorons et plus désolante, accablante, intolérable devient notre propre stupidité.

Richard BACH "Un cadeau du ciel"


mardi 19 avril 2016

Attitude de vie



http://www.dna.fr/actualite/2016/04/18/l-incroyable-histoire-d-un-survivant-du-marathon-de-boston

​la video (la voir à l'aide du lien) me touche profondément car voici l'essentiel à savoir pour vivre au mieux, dans toutes les circonstances​ : beaucoup de choses à apprendre.


L'incroyable histoire d'un survivant du marathon de Boston

Ce lundi 18 avril, la ville de Boston était en effervescence pour la 120 édition du marathon de la ville, trois ans après l'explosion de deux bombes sur la ligne d'arrivée. Et elle l'était encore un peu plus lorsqu'elle a vu Patrick Downes, un des survivants de l'édition 2013, franchir la ligne d'arrivée grâce à sa prothèse, dans un temps très particulier.



Ne cherchez pas ailleurs, aucune autre belle histoire ne forcera autant votre admiration ou ne vous soutirera même une larme aujourd'hui. L'histoire de Patrick Downes, marathonien émérite qui a bouclé ce lundi le 120e marathon de Boston. Jusque-là, rien d'exceptionnel, me dites-vous ? Patience...
Il y a trois ans, ce trentenaire affûté, adepte des épreuves longues, était déjà au rendez-vous de l'épreuve phare du Massachusetts, en compagnie de son épouse Jessica Kensky. Un plaisir de courir partagé en couple, qui a volé en éclat pour s'être trouvé au mauvais endroit, au mauvais moment.
Arrivant sur Boylon Street, pour la dernière ligne droite, le couple savoure la vue de la ligne d'arrivée, lorsque deux bombes - posées par les frères d'origine tchétchène Djokhar et Tamerlan Tsarnaïev - explosent à 13 secondes d'intervalle. Trois personnes sont tuées, Patrick et Jessica figurent parmi les 264 blessés : ils doivent tout deux être amputés de la partie basse d'une de leurs jambes.

Incroyable concours de circonstances

Trois ans plus tard, après de multiples opérations tant pour lui que pour son épouse, Patrick Downes, peu motivé à l'idée de courir sans son alter-ego initialement, accepte finalement de s'aligner au départ du même marathon, avec cette fois une prothèse de jambe lui permettant de continuer la course.
Une aventure dont il se souviendra puisque 5h56 après s'être élancé, le héros de toute une ville, soutenu de bout en bout, a bouclé les 42 km... à la même heure que celle qui avait vu la première bombe retentir trois ans plus tôt. Un incroyable pied de nez au destin.
Dans une séquence touchante, Patrick Downes a été rejoint par sa femme, en fauteuil roulant après une seconde amputation l'année dernière et des interventions chirurgicales additionnelles. On prend les paris qu'Hollywood adapte l'histoire sur grand écran d'ici quelques années ?

lundi 18 avril 2016

DESIDERATA

DESIDERATA
ANONYME - 1692 -  EGLISE DE BALTIMORE

Allez tranquillement parmi le vacarme et la hâte
et souvenez-vous de la paix qui peut exister dans le silence
Sans aliénation, vivez autant que possible
En bons termes avec toutes personnes.
Dites doucement mais clairement votre vérité.
Ecoutez les autres même les simples d'esprit et les ignorants  ;
ils ont eux aussi leur histoire.
Evitez les individus bruyants et agressifs.
Ils sont une vexation pour l'esprit.
Ne vous comparez avec personne :
il y a toujours plus grands et plus petits que vous.
Jouissez de vos projets aussi bien que de vos accomplissements.
Ne soyez pas aveugle en ce qui concerne la vertu qui existe.
Soyez vous-même.
Surtout n'affectez pas l'amitié.
Non plus ne soyez cynique en amour, car il est,
En face de tout désenchantement, aussi éternel que l'herbe,
Prenez avec bonté le conseil des années
En renonçant avec grâce à votre jeunesse.
Fortifiez-vous une puissance d'esprit
Pour vous protéger en cas de malheur soudain
mais ne vous chagrinez pas avec vos chimères.
De nombreuses peurs naissent de la fatigue et de la solitude.
Au-delà d'une discipline saine, soyez doux avec vous-même.
Vous êtes un enfant de l'univers, pas moins que les arbres et les étoiles.
Vous avez le droit d'être ici.
Et qu'il vous soit clair ou non,
L'univers se déroule sans doute comme il le doit.
Quels que soient vos travaux et vos rêves, gardez
dans le désarroi bruyant de la vie, la paix de votre coeur.
Avec toutes ses perfidies et ses rêves brisés, le monde est pourtant beau.
Tâchez d'être heureux.

dimanche 3 avril 2016

ENNUI ? SOLITUDE ? vraiment ?.

N'avoir rien à faire, garder des créneaux disponibles pour pouvoir faire des choses auxquelles on n'arrive plus à penser quand les journées sont trop remplies, prévues, définies.

Ne pas avoir peur de la "vacuité" ; elle est tellement nécessaire pour laisser émerger des idées, des pensées, des actions.

Se donner le droit de s"ennuyer" ? (pour ma part il y a moins de risque d'ennui quand je suis seule...) car c'est à ce moment-là que l'on est porté à se prendre en main :
que vais-je faire maintenant qui me fasse plaisir, ou d'utile (la satisfaction est à la clé) . l'imagination réserve de belles surprises.

Savoir être "seul" pour laisser libre-court à faire/être ce que l'on veut/est : permet parfois de belles et vraies rencontres mêmes éphémères.