un travail pour surmonter mon "moi"
encore quelque peu étriqué et engoncé dans sa peur du "qu'en dira-t'on
de quel effet et comment vais-je être perçue avec mes défauts et ma vulnérabilité...."
un
travail accompagné de façon tellement agréable par des professionnels
qui ont su se mettre "à notre niveau" et peut-être... transcender nos
fragilités, les utiliser comme un terreau...et ça a pris !
Des
"bords de larme" quand on arrive à la fin de la journée avec le
sentiment que le travail qui reste à accomplir est trop énorme et qu'on
n'y arrivera pas..... aux fous-rires quand on se lâche et que d'un coup
on y arrive.... à se sentir "juste", à la frontière entre ce qu'on est
et le rôle... au sérieux des consignes de pros, la curiosité envers tout
ce qui tourne autour du jeu, le décor, la peinture, la musique, les
lumières, la mise en place de la scène, les costumes, l'écriture... sans
oublier le travail administratif colossal, la "com"....les échanges
avec les spectateurs, écouter leur ressenti, s'étonner parfois,
découvrir, le rangement à l'issue de la représentation.... jusqu'à des
heures pas possibles de la nuit..... les 5ème repas.....j'ai découvert
tout cela....
les "répet" improvisées dans le parc de la
Roseraie à Schiltigheim..... au bord du "fleuve" le long de l'Ill.....
par téléphone !!!!! mon appart se changeant instantanément en maison de
retraite, une chaise en déambulateur..... Ramsès, mon chat, jouait la
présence d'Elfriede sans le savoir.... mais vraiment, Margot, j'étais
reliée !!!! comme quoi les distances, le temps... tout cela n'est que
vulgaire comptabilité des humains voulant tout maîtriser, cadrer...
je
ressentais même l'urgence de fuir... sous la pression d'un Jacques qui
n'était ni présent, ni représenté !!!! c'est magique.... non ?
j
e n'ai pas peur de dire que le texte m'a tellement "impactée" que j'ai
continué l'histoire car je ne pouvais me résoudre à abandonner Héléna et
Elfriede...
Un oiseau n'arrivait pas à
couper un bout de pain très dur ; il s'est bien sûr envolé quand je suis
arrivée. Je l'ai réduit en petits morceaux avec mon pied puis me suis
éloignée, ai attendu..... il est revenu.... et peut-être me
l'imaginé-je..... il m'a regardé !
Une minute qui fait partie de l'éternité.... tout autant que les grands évènements.... non ?
réponse à une Banque qui "se vexe" parce que son client a décidé de placer son argent plutôt dans une assurance-vie non bancaire.....
"...vous pouvez bien sûr m'appeler mais les choses sont
décidées dans l'intérêt et avec votre client ; mon travail consiste notamment à rechercher le meilleur placement. Vous
jouez votre rôle professionnel, moi le mien ; j'ai toujours apprécié
nos relations, j'espère que cette décision mûrement réfléchie et
soupesée collégialement ne jettera pas d'ombre sur nos relations
futures. Cet été, nous avons dû chercher une autre
assurance-voiture pour permettre à M. X, comme il l'a souhaité,
d'être assuré "tous risques" ; nous avons accepté la décision de la Banque Assurance comme étant dans son intérêt, en
conflit avec celui du client ; il n'y a pas eu état d'âme. Ainsi pour illustrer
le fait que dans le domaine des relations professionnelles, les
intérêts ne convergent pas toujours dans la même direction..."
S'interdire quelque chose pour l'autre, se sentir
limité dans un élan qu'on sent bon pour soi n'enrichit pas une relation à long terme, même si l'on peut se sentir rassuré pour un temps.
Pourquoi les maris de longue date (ou les compagnons...), enfin certains, ont cette tendance à gâcher lâchement des projets par quelques mots assassines ; oh, qui ne les engagent pas vraiment.... mais mettent le doute, expriment un malaise, un mécontentement, une insatisfaction qui ne peut se dire franchement, tout de suite, quand il est encore temps de décider à deux en connaissance de cause...
des paroles, une attitude, un geste... l'air de rien.....
et la joie peut retomber.... la fatigue, le découragement s'installer...
alors que la femme était tout à la joie de rendre ce service...
Comment dire ? faire comprendre.... ce gâchis, cette lâcheté qui va jusqu'à rendre impossible toute discussion véritable...
Me confronter à des vues différentes, en matière d'écologie énergétique, par exemple, m'interpelle et
m'enrichit ; surtout lorsqu'il s'agit de personnes dont je connaît la façon de vivre, "différemment écologique" par rapport à la mienne.
Cela m'évite de m'enfermer dans ce qui pourrait trop
facilement devenir des certitudes rigides, manichéennes, soit d'un côté les écologistes (les bons)....
de l'autre côté ceux qui prônent le nucléaire, les gaz de schiste etc (les mauvais)...
Entre ces clans, il y a la vie que nous menons au présent, la consommation plus ou moins consciente, en quelque sorte notre capacité à être raisonnable
individuellement au lieu d'interdire à grande échelle, de formater, d'appartenir confortablement à un groupe idéologique...
Ce chemin d'ouverture vaut dans tous les domaines, même celui du mariage pour tous, de l'orientation sexuelle, de la manière de travailler et de se rendre utile, de se nourrir, d'apprendre, de se soigner....
mais un changement radical de société, que nous vivons en ce moment.
Les difficultés sont à la hauteur de la rigidité avec laquelle nous accueillons cette nécessité.
...Une majorité de Français opposée à l'homoparentalité... Qui approuve le mariage homosexuel ?... questions récurrentes dans les journaux.
Le mariage, la procréation, entre autres , ne sont-ce donc pas des décisions strictement personnelles ?...
Apparté : dans le métier de protection des majeurs atteints d'une altération des facultés
mentales, une femme peut, si elle le désire, décider d'avoir un enfant
tous les 3 ans, lesdits enfants lui étant retirés aussitôt après
l'accouchement... avec maintien des allocations, mais ceci est un autre chapitre).
Donc, chacun peut exprimer son avis, mais peut-on décider pour l'autre ?
A. – La liberté du mariage Depuis 19937, le Conseil constitutionnel juge que la liberté du mariage est constitutionnellement protégée. Cette protection constitutionnelle a d’abord été rattachée à la liberté individuelle8 puis à la liberté personnelle au titre des articles 2 et 4 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789.
Personnellement, je me sentirais très mal à l'aise d'interdire, par exemple à mes enfants, d'aimer une personne du même sexe... ou de lui demander de se cacher... d'avoir honte... d'accepter que d'autres puissent décider de leur vie...
je leur ai appris le respect de soi et d'autrui... je leur ai appris aussi de s'affirmer dans ce qui leur semble bon pour eux.
Débattre, oui.
Interdire : NON.
La violence au sein des couples n'a pas de sexe. C'est, me semble-t'il, à ce niveau que nous devons éduquer, écouter, être vigilant... et légiférer pour protéger et poser des limites.
C'est exactement ainsi que je l'ai aperçue, nous revenions de
la place Bordeaux, A. et moi, d'un inventaire dans un appartement
trop lourd de souvenirs... trop riche d'objets encombrants, des fleurs
en plastique, des tapis poussiéreux, de la vaisselle qui ne servait plus
depuis longtemps derrière la vitrine.... un lit à moitié défait, des
chaussons qui traînaient encore, des habits ça et là, une photo d'un
temps révolu, des bijoux plein les coffrets, une moquette sombre et
lourde, de la tapisserie qui se détache du mur, des napperons gris... la
vaisselle qui n'en finit pas de sécher.
Puis elle est apparue, la présence qui lave.
Nous
avons marché, le soleil brillait sur Strasbourg, la Cathédrale, nos
cheveux, nos sourires.... des mots échangés puis chacune a repris sa
route.
« Au nom du pèze, du fisc et du saint
bénéfice, on essaye de nous détourner de nous-mêmes. Mais si tout le
monde suivait sa propre voie, il n'y aurait pas de chômage: chacun
trouverait sa place et aurait une tâche particulière à accomplir. »
« Ton christ est juif, ta pizza est
italienne, ton café est brésilien, ta voiture est japonaise, ton
écriture est latine, tes vacances sont turques, tes chiffres sont arabes
et ... tu reproches à ton voisin d'être étranger ! » Julos BEAUCARNE
Finlande : Umayya, l’immigrée qui tend un miroir au racisme
Umayya Abu-Hanna,
immigrée d’origine palestinienne, a vécu trente ans en Finlande. Ne
supportant plus les vexations racistes, elle s’est installée avec sa
fille âgée de 3 ans à Amsterdam.
Capture d’écran d’un article et d’une vidéo sur Umayya Abu-Hanna (Helsingin Sanomat)
Umayya Abu-Hanna, 51 ans, a l’habitude de secouer la société
finlandaise. En 1995, elle est devenue la première personne issue de
l’immigration à présenter une émission télévisée en Finlande. Elle s’est
ensuite engagée en politique, aux côtés des Verts. Elue au conseil
municipal d’Helsinki, elle a également été candidate à des élections
législatives et européennes.
Bien intégrée dans la vie politique et médiatique finlandaise, elle a
pourtant décidé, en 2010, de quitter son pays d’accueil pour
s’installer à Amsterdam.
Dans une chronique publiée dimanche dernier dans le quotidien de
référence finlandais Helsingin Sanomat, elle explique les raisons de ce
départ. Mère adoptive d’une fillette à la peau noire, elle assure
qu’elle ne pouvait plus supporter la xénophobie des Finlandais.
« Regardez, une putain de nègre »
Elle raconte son expérience :
« En Finlande, on m’a toujours crié dessus. Pendant
trente ans, j’ai eu droit à tout : “bougnoule”, “terroriste”, “Ali
Baba”, “musulmane”... Et pourtant, je ne savais pas encore que la peau
noire pouvait attirer autant de haine.
Ma fille adoptive est une Zoulou, née à Johannesburg, en Afrique du
Sud. Une fois, alors qu’elle était âgée d’1 an et que nous attendions
tranquillement le métro à Helsinki, une grand-mère de 80 ans s’est
postée en face d’elle et s’est mise à lui crier : “ Sale nègre !”
Elle a regardé autour d’elle, agitant ses bras pour montrer aux
autres ce qu’elle avait trouvé : “ Regardez, une putain de nègre ” !
La grand-mère n’était ni folle, ni saoule, juste un être humain normal.
Environ trois fois par mois, un Finlandais ordinaire s’en prenait à
ma fille, en ma présence. Des ados par exemple, lui répétaient : “
Nègre, nègre !”
Une autre fois, lorsque ma fille était âgée de 2 ans, nous nous
trouvions dans un vol Finnair en direction de Paris. Un couple d’une
quarantaine d’années s’est approché de ma fille, qui se tenait devant un
emplacement pour des valises. J’ai souri, car je pensais qu’ils
allaient dire quelque chose de mignon. L’homme a approché son visage de
celui de ma fille et a grogné : “ Sale nègre, vire tes mains des
valises !”
Devant la répétition de telles scènes, je ne savais pas comment faire
comprendre à ma fille qu’elle était quelqu’un d’important, quelqu’un de
valeur. Nous avons donc déménagé à Amsterdam. »
« Le lot n’a jamais été réclamé »
La tribune d’Abu-Hanna s’intitule « Le lot n’a jamais été réclamé »,
par référence à un proverbe finlandais, selon lequel toute personne née
en Finlande a gagné la loterie.
La mère de famille décrit sa nouvelle vie à Amsterdam, qu’elle
compare à son passé finlandais. Pour elle, les Néerlandais sont plus
accueillants. Elle sourit de leur caractère sociable, compare leur
attitude d’ouverture à ses propres réflexes de méfiance à l’égard d’une
personne étrangère, des réflexes acquis en Finlande.
Abu-Hanna admet que le racisme n’est pas absent aux Pays-Bas, mais
qu’au moins, il est désigné comme tel. Elle s’en prend ainsi aux médias
finlandais, qui n’osent pas qualifier de « racistes » les partis
anti-immigration.
Publiée au matin du dimanche 30 décembre, la chronique d’Umayya
Abu-Hanna est devenue, avec 410 000 visites, l’article le plus lu de
l’année 2012 sur le site du Helsingin Sanomat.
Les internautes finlandais ont partagé le texte plusieurs dizaines de
milliers de fois sur les réseaux sociaux, à renforts de commentaires
insultants ou encourageants.
Laura Saarikoski, rédactrice en chef au sein d’Helsingin Sanomat, a
pris la décision de publier les mots d’Umayya Abu-Hanna. Elle se dit
surprise par les réactions provoquées par cette chronique :
« Lorsqu’Umayya a proposé d’écrire une tribune sur le
racisme en Finlande, j’ai tout de suite accepté, car je savais que ce
serait intéressant. Mais je ne m’attendais pas à une telle controverse.
Beaucoup de Finlandais ont pris cet article personnellement, comme
s’ils portaient la réputation de la Finlande sur leurs épaules ! »
Ingratitude d’Umayya
Sur les réseaux sociaux, de nombreux commentaires s’en prennent à
Umayya Abu-Hanna, lui rappelant que la Finlande lui a fourni son
éducation et son niveau de vie. Elle devrait donc se sentir redevable.
« Umayya a été la cible de beaucoup d’insultes... Comme si les gens
ne se rendaient pas compte qu’en l’insultant, ils confirmaient justement
ce qu’elle dénonce », sourit Laura Saarikoski.
En quatre jours, Helsingin Sanomat a publié cinq tribunes portant sur
ce sujet, certaines soutenant les propos d’Abu-Hanna, d’autres les
dénonçant.
Plusieurs politiciens en ont également profité pour s’exprimer sur
l’immigration. Pour Laura Saarikoski, ces nombreuses réactions sont
surtout dues au fait que les immigrés ne s’expriment presque jamais
publiquement en Finlande.
« Umayya est l’une des premières personnes d’origine
immigrée à pouvoir expliquer, dans un finnois parfait, quels sont ses
problèmes. Certaines personnes la critiquent car elle a quitté la
Finlande. Mais ne devrait-on pas, plutôt, nous regarder dans le miroir
et nous demander pourquoi elle a décidé de partir ? »
Se regarder dans le miroir. Un exercice difficile pour les Finlandais
lorsqu’il s’agit de traiter du racisme. Dans le pays, seule 3% de la
population est née à l’étranger, contre 14% chez son voisin suédois. Les
raisons climatiques (un froid très intense en hiver), la barrière de la
langue, le finnois étant très difficile à apprendre, et la relative
neutralité de la Finlande sur la scène internationale expliquent ce
faible chiffre.
Ainsi, pendant plusieurs décennies, l’immigration ne figurait même pas dans les thèmes abordés par les partis politiques.
Mais, lors des élections législatives de 2011, les Vrais Finlandais,
parti d’extrême droite, remportent 19% des suffrages et deviennent la
troisième force politique du parlement finlandais. Le tout, en axant
leur campagne sur une forte opposition à l’Europe et à l’immigration.
Une première dans la vie politique finlandaise, habituée à un
quasi-consensus entre partis.
« Après les élections, le climat était détestable. On sentait une
hostilité contre les personnes colorées. Aujourd’hui, cela va mieux,
mais tout n’est pas parfait », constate Anna Rastas, professeur
d’anthropologie sociale à l’université de Tampere, mère adoptive d’une
jeune fille d’origine africaine.
Dans un sondage publié
en octobre 2011, 60% des Finlandais affirmaient que d’après eux, leur
pays était « un peu » raciste. Pourtant, seuls 12% d’entre eux
admettaient s’être comportés, dans leur vie quotidienne, de manière
raciste.
En Finlande, égalité signifie similarité
Pour Anna Rastas :
« Personne ne veut être raciste. Les Finlandais se voient
comme des gens innocents, qui veulent seulement protéger une certaine
image de leur pays. »
Une image paisible, à l’écart du monde, qu’ils craignent d’écorner en permettant l’émergence d’une société multiculturelle.
En octobre dernier, trois militants de gauche ont publié un livre,
intitulé « L’Extrême droite finlandaise ». D’après eux, les opinions
racistes reçoivent de plus en plus de place dans les médias finlandais.
Ils se saisissent de l’exemple du mouvement nationaliste Suomen Sisu,
qui dénonce le multiculturalisme et milite pour un traitement « séparé
mais égal » des races.
Dans le livre, le créateur de cette organisation se félicite d’être
entendu dans les médias, et d’avoir réussi à ériger l’immigration comme
un sujet de débat public.
Dan Koivulaakso, l’un des auteurs de l’enquête, s’en inquiète :
« Je ne crains pas les opinions racistes. Ce qui
m’inquiète, c’est comment elles sont reçues. Ces opinions pourraient
cesser d’appartenir à une frange limitée de la population, et devenir
populaires. »
Dans sa chronique, Umayya Abu-Hanna insiste sur le fait qu’en
Finlande, égalité signifie similarité. Que d’après certains Finlandais,
il faut se ressembler pour perpétuer l’unité du pays.
Cet état d’esprit serait le résultat du retard qu’a pris la Finlande à s’ouvrir au monde.
Laura Saarikoski espère que cela va changer :
« Les réactions négatives à la chronique d’Umayya
montrent que pour être approuvé comme immigrant en Finlande, il faut
être gentil et se taire. Mais le fait qu’elle se soit exprimée est déjà
un progrès, car d’autres immigrés pourront avoir envie d’en faire de
même. Peut-être même qu’ils déclareront avoir eu une expérience
totalement différente de celle d’Umayya ! »
"Fin
des années 80, mes parents divorcent. Maman rencontre Isabelle et
s'installe avec elle. J'ai 5 ans, mon enfance gay commence. Vingt-quatre
ans plus tard elles sont toujours ensemble et amoureuses." D'anecdotes
en confidences, un récit intime... qui fait voler en éclats toutes les
idées reçues sur l'homosexualité et l'homoparentalité.
Enregistrements : mai 12 Mise en ondes & mix : Arnaud Forest Réalisation : Laure Chatrefou
Se déplacer à Vel'hop pour se rendre aux quatre coins de la ville et des agglomérations proches, sentir cette liberté d'être, de laisser vagabonder les pensées, de profiter d'un rayon de soleil ou alors être content d'avoir les habits adéquats qui permettent d'être protégés du froid, de la pluie....
Sortir le matin tôt, courir ou marcher sur les berges de l'Ill, rencontrer les ragondins déjà actifs, voir les couples de canards encore endormis ouvrir un oeil à mon passage, sans plus....peut-être me connaissent-ils à force ...
le matin du 1er janvier, dire "bonne année" à une passante de l'autre côté de la rive (reliée par la magie de la sensation que "la ville nous appartient" - bien sûr pas au sens "possession"... pas de voitures, pas de passants.... tout le monde dort encore....)
dire bonjour aux éboueurs qui avait déjà nettoyé la Place Kléber des détritus d'après-fête à 7 heures du matin,
pétrir la pâte à pain et sentir l'odeur de la cuisson le matin,
En 2013, il faudra plus encore se méfier de la docte ignorance des experts
LE MONDE |
Hélas, nos dirigeants semblent totalement dépassés : ils sont incapables aujourd'hui de proposer un diagnostic juste de la situation et incapables, du coup, d'apporter des solutions concrètes, à la hauteur des enjeux. Tout se passe comme si une petite oligarchie intéressée seulement par son avenir à court terme avait pris les commandes." (Manifeste Roosevelt, 2012.) "Un diagnostic juste" suppose une pensée capable de réunir et d'organiser les informations et connaissances dont nous disposons, mais qui sont compartimentées et dispersées.
Une telle pensée doit être consciente de l'erreur de sous-estimer l'erreur dont le propre, comme a dit Descartes, est d'ignorer qu'elle est erreur. Elle doit être consciente de l'illusion de sous-estimer
l'illusion. Erreur et illusion ont conduit les responsables politiques
et militaires du destin de la France au désastre de 1940 ; elles ont
conduit Staline à faire confiance à Hitler, qui faillit anéantir l'Union soviétique.
Tout notre passé, même récent, fourmille d'erreurs et d'illusions,
l'illusion d'un progrès indéfini de la société industrielle, l'illusion
de l'impossibilité de nouvelles crises économiques, l'illusion
soviétique et maoïste, et aujourd'hui règne encore l'illusion d'une
sortie de la crise par l'économie néolibérale, qui pourtant a produit
cette crise. Règne aussi l'illusion que la seule alternative se trouve
entre deux erreurs, l'erreur que la rigueur est remède à la crise,
l'erreur que la croissance est remède à la rigueur.
L'erreur n'est pas seulement aveuglement sur les faits. Elle est dans
une vision unilatérale et réductrice qui ne voit qu'un élément, un seul
aspect d'une réalité en elle-même à la fois une et multiple,
c'est-à-dire complexe.
Hélas. Notre enseignement qui nous fournit de si multiples
connaissances n'enseigne en rien sur les problèmes fondamentaux de la
connaissance qui sont les risques d'erreur et d'illusion, et il
n'enseigne nullement les conditions d'une connaissance pertinente, qui
est de pouvoiraffronter la complexité des réalités.
Notre machine à fournir des connaissances, incapable de nous fournir la capacité de relier
les connaissances, produit dans les esprits myopies, cécités.
Paradoxalement l'amoncellement sans lien des connaissances produit une
nouvelle et très docte ignorance chez les experts et spécialistes,
prétendant éclairer les responsables politiques et sociaux.
Pire, cette docte ignorance est incapable de percevoir le vide effrayant de la pensée politique, et cela non seulement dans tous nos partis en France, mais en Europe et dans le monde.
Nous avons vu, notamment dans les pays du "printemps arabe", mais aussi en Espagne
et aux Etats Unis, une jeunesse animée par les plus justes aspirations à
la dignité, à la liberté, à la fraternité, disposant d'une énergie
sociologique perdue par les aînés domestiqués ou résignés, nous avons vu
que cette énergie disposant d'une intelligente stratégie pacifique
était capable d'abattre deux dictatures. Mais nous avons vu aussi cette jeunesse se diviser, l'incapacité des partis à vocation sociale de formuler
une ligne, une voie, un dessein, et nous avons vu partout de nouvelles
régressions à l'intérieur même des conquêtes démocratiques
Ce mal est généralisé. La gauche est incapable d'extraire
de ses sources libertaires, socialistes, communistes une pensée qui
réponde aux conditions actuelles de l'évolution et de la mondialisation.
Elle est incapable d'intégrer la source écologique nécessaire à la
sauvegarde de la planète.
Les progrès d'un vichysme rampant, que nulle occupation étrangère
n'impose, impose dans le dépérissement du peuple républicain de gauche
la primauté de ce que fut la seconde France réactionnaire.
Notre président de gauche d'une France de droite ne peut ni retomber dans les illusions de la vieille gauche, ni perdre toute substance en se recentrant vers la droite. Il est condamné à un "en avant". Mais cela nécessite une profonde réforme de la vision des choses, c'est-à-dire de la structure de pensée. Cela suppose, à partir d'un diagnostic pertinent, d'indiquer
une ligne, une voie, un dessein qui rassemble, harmonise et symphonise
entre elles les grandes réformes qui ouvriraient la voie nouvelle.
Je dégagerais ce que pourrait être cette ligne, cette voie que j'ai proposée aussi bien dans La Voie que dans Le Chemin de l'espérance, écrit en collaboration avec Stéphane Hessel (Fayard, 2011).
Je voudrais principalement ici indiquer
que l'occasion d'une réforme de la connaissance et de la pensée par
l'éducation publique est aujourd'hui présente. Le recrutement de plus de
6000 enseignants doit permettre la formation de professeurs d'un type nouveau, aptes à traiter
les problèmes fondamentaux et globaux ignorés de notre enseignement :
les problèmes de la connaissance, l'identité et la condition humaines,
l'ère planétaire, la compréhension humaine, l'affrontement des
incertitudes, l'éthique.
Sur ce dernier point, l'idée d'introduire l'enseignement d'une morale laïque est à la fois nécessaire et insuffisante. La laïcité du début du XXe
siècle était fondée sur la conviction que le progrès était une loi de
l'histoire humaine et qu'il s'accompagnait nécessairement du progrès de
la raison et du progrès de la démocratie.
Nous savons aujourd'hui que le progrès humain n'est ni certain ni irréversible. Nous connaissons les pathologies de la raison et nous ne pouvons taxer comme irrationnel tout ce qui est dans les passions, les mythes, les idéologies.
Nous devons revenir
à la source de la laïcité, celle de l'esprit de la Renaissance, qui est
la problématisation, et nous devons problématiser aussi ce qui était la
solution, c'est-à-dire la raison et le progrès.
La morale alors ? Pour un esprit laïque, les sources de la morale
sont anthropo-sociologiques. Sociologiques : dans le sens où communauté
et solidarité sont à la fois les sources de l'éthique et les conditions
du bien-vivre en société. Anthropologiques dans le sens où tout sujet
humain porte en lui une double logique : une logique égocentrique, qui
le met littéralement au centre
de son monde, et qui conduit au "moi d'abord" ; une logique du "nous",
c'est-à-dire du besoin d'amour et de communauté qui apparaît chez le
nouveau-né et va se développer dans la famille, les groupes d'appartenance, les partis, la patrie.
Nous sommes dans une civilisation où se sont dégradées les anciennes
solidarités, où la logique égocentrique s'est surdéveloppée et où la
logique du "nous" collectif s'est "sous-développée". C'est pourquoi,
outre l'éducation, une grande politique de solidarité devrait être
développée, comportant le service civique de solidarité de la jeunesse,
garçons et filles, et l'instauration de maisons de solidarité vouées à secourir les détresses et les solitudes.
Ainsi, nous pouvons voir qu'un des impératifs politiques est de tout faire
pour développer conjointement ce qui apparaît comme antagoniste aux
esprits binaires : l'autonomie individuelle et l'insertion
communautaire.
Ainsi, nous pouvons voir
déjà que la réforme de la connaissance et de la pensée est un
préliminaire, nécessaire et non suffisant, à toute régénération et
rénovation politiques, à toute nouvelle voie pour affronter les problèmes vitaux et mortels de notre époque.
Nous pouvons voir que nous pouvons commencer
aujourd'hui une réforme de l'éducation par introduction de la
connaissance des problèmes fondamentaux et vitaux que chacun doit affronter comme individu, citoyen, humain.
D'avancer dans les années en récoltant les expériences qui
enseignent au lieu de les laisser vous laminer, vous épuiser à force
d'être "contre".
Une autre façon de vivre est de ne pas
cultiver la frustration, ni nourrir les évènements négatifs ; il n'y a
qu'une chose à faire : accepter ce qui est et utiliser son énergie, non
pas pour se projeter car cela amplifie la peur, mais faire au moment
même ce qui est à notre portée, aussi petite que puisse apparaître
l'action.
Ne pas se focaliser sur les résultats qu'on
exigerait ; par contre tout faire, à dose raisonnable et dans la durée,
pour prendre la direction. Se mettre en marche sur le chemin choisi en
ayant eu soin de préparer son bagage mais aussi de récolter les fruits
qui peuvent s'offrir sur le chemin.
Accepter certains changements comme étant inhérents à la vie qui ne s'arrête pas à notre personne. La
vie est une interaction gigantesque entre tous les êtres dans leur
univers, dont nous ne pouvons anticiper ni appréhender les tenants et
les aboutissants.