samedi 31 janvier 2015

l'importance de l'enseignement/éducation/transmission




« En fin de compte, nous ne

 conservons que ce que nous

 aimons, nous n’aimons que ce

 que nous comprenons, et nous 

ne comprenons que ce qu’on 

nous enseigne. »



Baba Dioum, environnementaliste de renommée

Né à Dahra, Sénégal en 1937, Baba Dioum est un environnementaliste Sénégalais bien connu pour sa fameuse citation qu’il a prononcé lors d’un discours en 1968 à New Delhi, à l’assemblée générale de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature.

mercredi 14 janvier 2015

Méfiance envers le sensationnel, feu de paille

UNE REFLEXION

​Moins de sensationnel et plus de profondeur, de coeur, se traduisant par les attitudes et des actes au quotidien,, dans l'ombre ... ​
​là où notre responsabilité est entière, tellement insignifiante en apparence, mais oh combien fondatrice​.

Puisse le sensationnel déboucher sur plus de conscience et non déresponsabiliser sous couvert de l'effet de masse.

L'avenir se crée au fil de nos petits pas, le potentiel est là... quelle direction ?
.

"je ne suis pas Charlie" ne veut pas dire "je soutiens les assassins"... attention à l'amalgame

http://rue89.nouvelobs.com/

"Je ne suis pas Charlie" ne veut pas dire "soutenir les assassins"
Risque d'amalgame, surtout si on en reste au titre.... sensationnel..... bcp de gens ne lisent que cela....​

Bien sûr il faut discuter et non punir...


mardi 13 janvier 2015

La liberté d’expression est-elle compatible avec les religions ?


Rabbin Yeshaya Dalsace: «Je revendique le droit au blasphème»

Invité ce soir par l’Amitié judéo-chrétienne de Colmar, le rabbin Yeshaya Dalsace revient sur les tragiques événements de la semaine dernière, évoque la place des juifs dans la société française et défend la liberté d’expression, un droit « non négociable ».

La liberté d’expression est-elle compatible avec les religions ?


Evidemment. Il y a un droit au blasphème. Nous travaillons à une charte que les responsables religieux signeraient. Dans cette charte, on y trouverait ce droit au blasphème. On verra qui la signera. Moi, je revendique le droit au blasphème, à l’athéisme, à la moquerie. Cela ne fait pas toujours plaisir d’être moqué; les caricatures ne sont pas toujours du meilleur goût. Mais les dessinateurs ont ce droit et il faut l’admettre. C’est non négociable et cela fait partie de la culture française. Ceux qui ne sont pas contents peuvent riposter, verbalement, par l’écrit mais pas par la violence.

lundi 12 janvier 2015

A quand la mobilisation contre les massacres de BOKO HARAM ?

VU D'AFRIQUEPrésidents africains à Paris : pourquoi pas une telle mobilisation contre Boko Haram ?

L’Afrique était bien représentée à la marche historique du 11 janvier contre le terrorisme à Paris, avec six chefs d'Etats du continent présents. Mais la presse africaine leur reproche de ne pas se mobiliser autant contre les massacres de Boko Haram. 

Le Malien Ibrahim Boubacar Keïta, le Nigérien Mahamadou Issoufou, le Sénégalais Macky Sall, le Béninois Thomas Boni Yayi, le Togolais Faure Gnassingbé et le Gabonais Ali Bongo ont marché hier à Paris, avec des millions de Français.

"Je salue bien évidemment la démarche de solidarité avec les victimes, leurs familles et le peuple français dans son ensemble. Mais cela aurait eu plus de portée et de sens si ces mêmes chefs d’Etats avaient montré le même empressement et la même solidarité avec leur voisin nigérian. 2 000 morts recensés ces derniers jours. Boko Haram s’en prend à la liberté des jeunes filles d’aller à l’école, à la liberté d’expression et de culte. Ibrahim Boubacar Keïta ne va pas dans le nord Mali mais fait le plein de kérosène pour rallier Paris”, s'insurge l'analyste du site d'information sénégalais Dakar Actu.

Deuil national au Bénin
Plus acerbe et incisive, au Bénin, La Nouvelle Tribune titre : "Comment Yayi [le président béninois] verse des larmes de crocodile". "Autant que cet attentat, les voix hypocrites, manquant de sincérité, doivent être également dénoncées et condamnées. Et c’est le cas pour le chef de l’Etat béninois, Boni Yayi, qui affiche un excès de zèle, une hypocrisie dans des actes souffrant visiblement d’une carence en sincérité", charge le journal.

Selon le titre, après avoir présenté directement ses condoléances aux Français et à François Hollande dans une correspondance lue et abondamment rediffusée sur la chaîne publique par le secrétaire général de son gouvernement, le chef de l’Etat Boni Yayi a envoyé une délégation menée par le ministre des Affaires étrangères pour présenter, de nouveau, la compassion du gouvernement béninois au peuple français, ou du moins aux Français vivant au Bénin. Et comme si cela ne suffisait pas, il a décrété une journée de deuil national au Bénin. "Difficile de ne pas y voir un excès de zèle d’un président en difficulté chez lui avec l’atmosphère sociopolitique surchauffée dans son pays”, analyse La Nouvelle Tribune.

"C’est l’exemple typique des micro-présidents qui jonchent le continent noir. Il n’y a qu’à revenir sur la situation au Nigeria, grand voisin de l’est, première puissance économique africaine, qui tient le Bénin à plusieurs niveaux, pour constater que Yayi en fait trop, pour des raisons inavouées. Des dizaines de filles enlevées, des attentats tragiques et plus meurtriers que celui de Charlie Hebdo, à Abudja, Kano… En 2014, chaque mois ou presque charriait son lot d’afflictions pour le président nigérian Goodluck Jonathan et le peuple nigérian. Mais jamais Yayi n’a décrété de journée nationale de deuil. A peine en a-t-il parlé dans ses ennuyeux discours fourre-tout. La mémoire pourrait nous faillir. Mais pas d’actes aussi forts que ceux envers l’ancienne puissance coloniale", conclut de le quotidien béninois.

Que va-t-il rester de cette solidarité internationale ?


L’Observateur Paalga, un des titres phares du continent, est plus nuancé dans sa critique. "Défilé à Paris, explosion à Maiduguri [nord du Nigeria] : Le tout n’est pas de marcher, il faut agir", titre le journal burkinabè. "Ce n’est certainement pas un fait du hasard si le président malien, Ibrahim Boubakar Keita (IBK), est parti exprès communier dans cette marche républicaine, lui dont le nord du pays est toujours occupé par des narco-djihadistes et n’eût été l’intervention française, la situation eût été encore plus compliquée. Que dire de son homologue nigérien, Mahamadou Issoufou, pendant longtemps dans l’œil du cyclone et dont le vaste territoire est sur la ligne de front de ce Sahélistan sur lequel les forces négatives veulent faire main basse ? On le voit, il y a une évidente communauté de destin entre les illustres marcheurs d’hier, et certains ont pu lire dans le sort qui est actuellement celui de François Hollande le leur propre. La question se pose maintenant de savoir ce qui va rester de cette solidarité internationale quand chacun sera rentré chez lui pour s’occuper de ses affaires domestiques”, estime le journal.

Question légitime, car le quotidien rappelle qu’après l’enlèvement des 200 lycéennes de Chibok, le 21 avril 2014, "une véritable coalition planétaire semblait s’être formée à grand renfort de publicité sur la toile et de promesses de moyens militaires pour barrer la route à Abubakar Shekau [chef de Boko Haram]. Et puis, plus rien. Tant et si bien que la pieuvre, inexorablement, étend ses tentacules au-delà des frontières de l’Etat fédéral pour menacer le Cameroun, le Tchad et le Niger, prenant ainsi petit à petit les contours d’un Etat islamique".

Les limites de la liberté d'expression

Extrait : "les musulmans qui sont moins attachés à la liberté d’expression, qui sont offensés par des gens qui se moquent de leur religion et qui veulent manifester pacifiquement ne méritent pas d’être traités comme des gens qui approuveraient le terrorisme."
VU DU ROYAUME-UNI (courrier international 12-01-2015)Les limites de la liberté d'expression

La pression sociale en France pour soutenir Charlie Hebdo laisse peu de place aux musulmans offensés par ses caricatures, soutient le quotidien conservateur britannique.

Libéraux autoproclamés

Cette attaque terroriste doit bien entendu être universellement condamnée. Ce sont des meurtres commis de sang-froid. Le fait qu’ils aient ciblé un groupe particulier ne le rend ni plus grave ni moins grave que l’attentat du 11 septembre 2001 ou celui du métro de Londres [le 7 juillet 2005, faisant 56 morts et 700 blessés] qui avaient frappé des victimes civiles.

Mais imaginez un instant que vous soyez un musulman français lambda et que, sans être tenté par des actes meurtriers ni animé d’un quelconque extrémisme, vous ayez tout de même été offensé par les dessins deCharlie Hebdo. Peut-être même pourriez-vous imaginer, comme le pensent tant de libéraux autoproclamés lorsque des dessinateurs s’en prennent aux gays ou se moquent d’eux, que le journal a dépassé les bornes de la décence et qu’il faudrait trouver un moyen de l’arrêter, soit par des mesures législatives, soit par la pression sociale.

Il n’y a apparemment pas beaucoup de place pour vous dans la France d’aujourd’hui. Vous êtes invités à manifester votre solidarité avec Charlie Hebdo et à cautionner sans réserve le droit des satiristes à brocarder inlassablement votre religion semaine après semaine – faute de quoi vous êtes suspect d’être du côté des terroristes.

Mariage gay

Je suis en faveur de la liberté d’expression tant qu’elle ne va pas jusqu’à prêcher la haine. Je défends le droit de Charlie Hebdo à publier ses dessins humoristiques. Je défends aussi le droit de défiler sur Oxford Street avec des banderoles s’opposant au mariage gay, et même le droit de nier la Shoah. Ce n’est pas à l’Etat de dicter la version officielle de l’Histoire ; il n’a pas à s’en mêler, les faits parlent d’eux-mêmes. Or je ne pense pas que tous les défenseurs de Charlie Hebdo étendraient le droit à la liberté d’expression à toutes ces questions.

Mais les musulmans qui sont moins attachés à la liberté d’expression, qui sont offensés par des gens qui se moquent de leur religion et qui veulent manifester pacifiquement ne méritent pas d’être traités comme des gens qui approuveraient le terrorisme. Les considérer de la sorte n’est pas une façon de combattre l’extrémisme, mais ne peut que l’attiser.

Même dans la nuit et la désolation, il y a toujours quelque part un rayon de lumière


. C'est ainsi que Lassana Bathily, jeune homme malien de confession musulmane, a éclairé une semaine qui, autrement, eût été totalement enténébrée. C'est lui qui, en effet, a permis de sauver plusieurs clients en les cachant dans la chambre froide, alors que le preneur d'otages s'introduisait dans le supermarché casher porte de Vincennes vendredi dernier.
"Je suis allé au congélateur, j'ai ouvert la porte, et plusieurs personnes sont rentrées avec moi. Je leur ai dit de se calmer, de ne pas faire de bruit", a-t-il déclaré sur BFMTV. C'est ainsi qu'une quinzaine de personnes ont échappé à une mort quasi certaine.
Quand il a pu sortir du magasin, les policiers l'ont arrêté et menotté pendant 1h 30, pensant que cet homme noir était forcément l'un des terroristes. Quand les policiers ont enfin compris leur erreur, ils ont pu l'interroger, et il leur a donné les plans du magasin, ce qui a permis de faciliter l'intervention.
Le jeune homme de 24 ans s'avère particulièrement modeste. "Je suis musulman, pratiquant. J'ai déjà fait mes prières dans ce magasin, dans la réserve. Et oui, j'ai aidé des Juifs. On est des frères, a-t-il déclaré. Ce n'est pas une question de juifs, de chrétiens ou de musulmans, on est tous dans le même bateau", a-t-il estimé.
Ce héros ordinaire est de fait un modèle. Longtemps sans-papier, il a finalement été accueilli dans un magasin juif, et il a sauvé une quinzaine de personnes juives, une quinzaine d'êtres humains. Tout simplement.
Il y aurait beaucoup de leçons à tirer de cette histoire. C'est tout d'abord le danger des amalgames, qui ont conduit les policiers à perdre 1h30 dans un contexte où chaque minute peut être décisive. Mais l'histoire de Lassana est aussi une formidable leçon sur les bénéfices de l'entraide et de la fraternité, ce qui est le sens profond de toute vraie religion.
Pour toutes ces raisons, demandons au président de la République François Hollande de lui accorder la nationalité française et la légion d'honneur.
Thiaba Bruni, porte-parole du CRAN (une pétition à signer sur CHANGE.ORG)
J'ai signé parce que cette histoire met l'humain au centre, au-delà des différences culturelles, religieuses ou idéologiques. En ce qui concerne les "cadeaux administratifs et honorifiques", pourquoi pas puisque cela aidera assurément M. VATHILY à vivre mieux dans notre pays.

dimanche 11 janvier 2015

JE SUIS


JE SUIS
Je suis Charlie et je suis celui qui veut anéantir Charlie.
Je suis celui qui croit en la liberté et je suis celui qui annihile les libertés.
Je suis l’agent d’entretien décédé un certain mercredi matin pour le simple fait de ne pas s’être trouvé à la bonne place au bon moment.
Je suis la policière municipale abattue d’une balle un certain jeudi matin.
Je suis ces personnes venues faire quelques achats dans une supérette casher un certain vendredi midi.
Je suis les fabricants d’armes qui se frottent les mains.
Je suis les démolisseurs des démocraties.
Je suis l’espoir d’un monde meilleur.
Un monde où de jeunes soldats choisiraient de cesser de traiter d’autres êtres humains – parce qu’ils ont été reconnus comme « race ennemie » depuis des millénaires – comme ils n’oseraient pas traiter leur propre chien.
Un monde où de jeunes hommes n’auraient plus besoin de se suicider tels des kamikazes ou des martyrs pour se sentir vivants.
Un monde où la reconnaissance des différences prévaudrait à celle de la haine.
Un monde qui n’aurait plus besoin de boucs émissaires.
Je suis l’espoir, je suis le désespoir.
Je suis celui qui ne fait pas confiance en l’humain, le faiseur de lois qui enlèvent des libertés.
Je suis celui qui croit en la beauté de l’humain.
Je suis celui qui juge les actes barbares.
Je suis celui qui commet les actes barbares.
Je suis celui qui souffre de quelque extrémisme dans un coin perdu de la planète et dont on ne se soucie guère.
Mais je suis aussi la conscience qui éclaire de sa lumière une autre réalité, plus vaste, au-delà de toutes ces dualités qui se rejoignent tant dans l’expression de la barbarie quand elles atteignent leurs extrêmes.
Je suis le féminin châtié, martyrisé, désacralisé, tout comme la sexualité.
Je suis l’expression de ce malaise qui existe dès notre apparition dans un corps d’être humain.
Je suis l’expression de la violence ou de la colère, l’expression du déni, de l’humour qui n’est en fait que de la dérision.
Je suis l’expression du rire qui, tel l’orgasme, libère de certaines tensions.
Je suis le poseur de bombes, celui qui s’est laissé manipuler par des hommes de pouvoir qui ne cherchent qu’une chose : fomenter des guerres.
Je suis tous ceux qui tombent sous les bombes, et ceux qui se relèvent avec un corps mutilé.
Je suis celle qui, au-delà de tout ce gâchis, rêve d’un amour qui réconcilie.
Je suis celle qui voit au-delà des apparences.
Je suis celle qui ne croit pas que c’est en les traitant de cons qu’on éduquera des « beaufs ».
Je suis la femme qui se soumet à tous les autoritarismes masculins.
Je suis celle qui, pour survivre, choisit de se vendre, que ce soit en se voilant ou en se dénudant. Au bout du compte, le résultat est identique.
Je suis celle dont l’âme saigne, désespérée par toutes ces manifestations d’horreurs.
Je suis celle qui ne peut s’empêcher de penser que le juste milieu pourrait exister, pour peu que chacun pardonne, pour peu que chacun se pardonne.
Je suis toutes ces folies. Je suis au-delà de toutes ces folies.
Je suis toutes ces peurs. Je suis au-delà de toutes ces peurs.
Je suis rabougrie, écrasée, humiliée, terrorisée.
Je suis vaste, splendide, majestueuse, noble, sereine.
JE SUIS.
Par ma naissance sur cette Terre, je suis liée aux autres êtres humains, à tous les êtres vivants.
Je suis aussi faible que peut l’être une existence. Aussi forte que peut l'être la Vie.
JE SUIS LA VIE.
JE SUIS AMOUR.
Je suis perdue.
Je suis emplie de compassion pour chacune des expressions de notre humanité.
Je suis emplie d'interrogation pour certaines expressions de notre humanité.
J’observe ma propre humanité.
Je suis dans ce monde sans être de ce monde.
Je suis une femme mais je ne suis pas que ça.
Je suis avide de gloire mais je ne suis pas qu’à la recherche de la gloire.
Je suis née de sexe féminin dans un environnement catholique mais j’aurais tout aussi bien pu naître de sexe masculin dans une culture juive, musulmane, orthodoxe, protestante, bouddhiste, hindouiste, taoïste…
J’ai connu la passion et simultanément l’aspiration à vivre dans une paix profonde.
J'ai connu l'extase et je connais le doute.
Je m’interroge : pourquoi nous est-il si difficile de choisir le juste milieu en toute occasion ?
Je suis RIEN, un rien qui se confond avec le TOUT.
Je suis la VIE dans chacune de ses expressions.
Je suis celle qui est heureuse, en un certain dimanche matin, de reconnaître chez des milliers de personnes sa propre soif de vivre dans un monde d’amour, de paix, de lumière. Et je le dis à ma façon.
JE SUIS.

Je suis Charlie, je ne suis pas Charlie...


L’humanité qui résiste aux ténèbres

Je suis Charlie, je ne suis pas Charlie. Je suis Charb, je suis kurde, je suis juif, chrétien, musulman, athée : je suis tout le monde, je suis citoyen du monde. Demain je n’irai pas manifester pour l’« Union sacrée ». Ni pour une « République » qui a trahi ses idéaux et qui doit aujourd'hui les refonder. Demain je manifesterai sans drapeau, pour une autre société, pour un autre monde.
Dans un petit texte paru le 24 octobre 2014 et intitulé « Les kurdes nous défendent tous », Charb, avec une intelligence et des mots qui nous apparaissent aujourd’hui prémonitoires, nous avertissait contre « le gangstérisme le plus barbare ». Il faut lire et relire le texte de Charb :
«Je ne suis pas kurde, je ne connais pas un mot de kurde, je serais incapable de citer un nom d’auteur kurde. La culture kurde m’est totalement étrangère. Ah, si ! il m’est arrivé de manger kurde… Passons. Aujourd’hui, je suis kurde. Je pense kurde, je parle kurde, je chante kurde, je pleure kurde. Les Kurdes assiégés en Syrie ne sont pas des Kurdes, ils sont l’humanité qui  résiste aux ténèbres. Ils défendent leur vie, leur famille, leur pays, mais qu’ils le veuillent ou non, ils représentent le seul rempart contre l’avancée de l’« État islamique ». Ils nous défendent tous, non pas contre un islam fantasmé que ne représentent pas les terroristes de Daech, mais contre le gangstérisme le plus barbare. Comment la prétendue coalition contre les égorgeurs serait-elle crédible, alors que, pour des  raisons différentes, beaucoup de ses membres ont partagé avec eux (et partagent encore pour certains) des intérêts stratégiques, politiques,  économiques ? Contre le cynisme et la mort, aujourd’hui, il y a le peuple kurde. »
Il faudrait apprendre ce texte par cœur et le dire demain dans les rues de France. On pourrait presque remplacer le mot « kurde » par le mot « Charlie », mais on ne le peut pas. La circonstance historique et l’intégrité du texte de Charb doivent être préservées et gardées précieusement dans nos mémoires. Charb et tous ses amis disparus avec lui, auraient certainement aimé que nous n’oubliions pas les terribles oublis de notre mémoire collective, qui est une mémoire terriblement sélective. Derrière et avec les 17 morts de ces trois derniers jours en France, il y a les milliers de vies brisées et emportées par la barbarie et le fanatisme, en Syrie, en Irak, en Afghanistan et dans bien d’autres pays de notre monde. Nous ne pouvons pas l'oublier. Chaque vie humaine est un absolu. La folie tue l’absolu chaque jour en notre monde.
Avec les 17 morts dont nous honorerons demain la mémoire, nous n’oublierons, ni la complexité des causes qui les ont provoquées, ni la responsabilité des politiques qui ont conduit à propager dans notre pays  xénophobie, islamophobie et antisémitisme. La responsabilité des intellectuels, des médias, des femmes et hommes politiques qui redonnent vie aux pires démons de notre histoire et entretiennent les braises de la haine. Demain nous pourrions dire avec Charb, sans trahir, je crois, ni ses convictions, ni sa force d’indignation : « Comment la prétendue « Union sacrée » contre les égorgeurs serait-elle crédible, alors que, pour des  raisons différentes, beaucoup de ses membres ont partagé avec eux (et partagent encore pour certains) des intérêts stratégiques, politiques,  économiques ? ».
Demain, avec Charb, nous honorerons « L’humanité qui résiste aux ténèbres », tous les « Charlie » qui se battent pour inventer un autre monde, dans la pleine conscience d’appartenir à l’humanité, avec la volonté de défendre les Droits humains,d'éveiller les consciences et d’être citoyens du monde. « Charlie » n’est pas récupérable et nous nous battrons pour qu’il ne soit pas récupéré par un parti, une vérité, un pouvoir ou une nation.
Car, que signifie  en définitive « Je suis Charlie », sinon notre appartenance à l’humanité ? « Charlie » est devenu, dans un grand mouvement d’appropriation collective, un nom pour tous les autres noms, un nom pour les sans-nom, un signifiant errant que chacun peut partager, un passage et la chose qui passe, un mot qui vaporise les différences, fait tomber les barrières entre le « même » et « l’autre », un mot qui rassemble et fonde l’espoir d’en finir avec les essences et les identités. « Charlie » est une absence, d’abord le nom d’êtres chers et d’artistes que nous avons perdus. Mais « Charlie » est aussi une présence infinie, celle de toutes les œuvres qui restent, dont nous sommes dépositaires, ces milliers de dessins et de textes qui circulent à travers le monde et qui nous font signe vers un inconnu que nous devons construire ensemble.
"Peuples! écoutez le poète!", écrivait Hugo. « Charlie »  nous dit, avec Fatou Diome : « Laissez danser les plumes à travers le monde ».  « Charlie »  est avec Serge Pey un nom à ajouter « sur la liste des courages / qui rient dans l’espérance ».

Pascal Maillard

PS : Je dédie ce billet à Elie, qui a porté à ma connaissance le texte de Charb.

L'ignorance à la racine du mal

FRANCE CULTURE
Salah Stétié, né le 28 septembre 1929, est un écrivain français d'origine libanaise.

L'ENGAGEMENT CONTRE TOUTE FORME DE FANATISME

11.01.2015 - Les Racines du ciel
Un poète dans un siècle tourmenté avec Salah Stétié 53 minutes Écouter l'émissionAjouter à ma liste de lecture

http://www.franceculture.fr/emission-les-racines-du-ciel-0

samedi 10 janvier 2015

Unanimité des hommages à « Charlie » : un « contre-sens » ?

une autre vue

Le Monde.fr |  • Mis à jour le 

A la veille des hommages œcuméniques rendus aux victimes de Charlie Hebdo, et alors que les Français se rassemblent déjà un peu partout en France, certains dessinateurs et journalistes de l'hebdomadaire satirique ont exprimé leur surprise face à un tel engouement. Des manifestations de soutien qui peuvent sonner étrangement, envers un journal qui a toujours cultivé l'irrévérence et l'art de ne pas se faire que des amis.

« Ils ont fait sonner les cloches de Notre-Dame pour Charlie, non mais on rêve ! », s'exclamait vendredi Gérard Biard, rédacteur en chef de Charlie Hebdo, pour souligner l'ironie de la situation d'un journal anticlérical célébré unanimement, jusque dans la plus célèbre cathédrale parisienne.
« UN JOURNAL QUI A ÉTÉ CONSPUÉ PAR TOUT LE MONDE »
Plusieurs membres de la rédaction ont reçu avec un peu d'amertume ces marques de solidarité envers un journal que peu soutenaient encore il y a quelques jours. Parmi eux, la rédactrice Zineb El Rhazoui, qui expliquait au Monde :
« J'aurais aimé que ceux qui sont morts bénéficient d'un tel soutien de leur vivant. Et ce n'était pas du tout le cas. 'Charlie Hebdo' est un journal qui a été conspué par tout le monde. Et ce qui est arrivé, on pouvait s'y attendre. On recevait des menaces tout le temps et certains nous disaient qu'on l'avait bien cherché… »
D'autres n'iront carrément pas manifester, à l'image de Laurent Léger, journaliste enquête et investigation de Charlie Hebdo : 
« Je n'irai pas à la manifestation de dimanche mais je crois que suis le seul de l'équipe de 'Charlie Hebdo' à avoir fait ce choix. Je n'aime pas manifester en général, je pense que 'Charlie Hebdo' peut être absent d'un cortège où il y aura des politiques de tous bords et au sujet duquel il y a eu une polémique avec le FN. Pour autant, je trouve que le mouvement de soutien actuel est formidable et j'espère qu'il y aura beaucoup de monde à manifester dimanche. »
'Charlie Hebdo' a toujours été à part. Maintenant 'Charlie Hebdo' devient mainstream. On s'institutionnalise, pour une semaine ou deux. C'est nouveau. Mais c'est un passage obligé, je ne suis pas contre cela. Et je sais que dans quelques semaines, une actualité en aura chassé une autre et nous serons seuls. (...) On est un peu dépassés : ce n'est pas que pour 'Charlie' que les gens vont défiler. Ça se comprend. »
« NOUS VOMISSONS SUR TOUS CES GENS QUI, SUBITEMENT, DISENT ÊTRE NOS AMIS »
Dans Les Inrocks, le dessinateur Luz, rescapé de l'attentat du 7 janvier, estime de son côté que « la charge symbolique actuelle est tout ce contre quoi Charlie a toujours travaillé ». Il ajoute : 
« C'est formidable que les gens nous soutiennent mais on est dans un contre-sens de ce que sont les dessins de 'Charlie'. (...) Cet unanimisme est utile à Hollande pour ressouder la nation. Il est utile à Marine Le Pen pour demander la peine de mort.
On parle de la mémoire de Charb, Tignous, Cabu, Honoré, Wolinski : ils auraient conchié ce genre d'attitude. »
Le dessinateur néerlandais Willem, de son vrai nom Bernard Holtrop, a eu les mots les plus durs dans Le PointRéagissant au soutien du chef de file de l'extrême droite néerlandaise Geert Wildres, il s'est exclamé : « Nous vomissons sur tous ces gens qui, subitement, disent être nos amis. »
Et pour ce qui est du soutien mondial à son journal :
« Ils n'ont jamais vu 'Charlie Hebd'oIl y a quelques années, des milliers de gens sont descendus dans les rues au Pakistan pour manifester contre 'Charlie Hebdo'. Ils ne savaient pas ce que c'était.
Maintenant, c'est le contraire, mais si les gens manifestent pour défendre le libre mot, c'est naturellement une bonne chose. »

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/societe/article/2015/01/10/unanimite-des-hommages-a-charlie-un-contre-sens_4553578_3224.html#L5E4DLUxJZPfGkAC.99

CONTRE FEU : CINQ PRINCIPES POUR DEMAIN

Contre-feu : cinq principes pour demain
La revue Multitudes
Deux actes horribles ont été perpétrés à deux jours d’intervalle. Dans les bureaux de Charlie Hebdo, ont été assassinés des gens remarquables, quelles que soient leur profession ou leur raison de se trouver là. Des figures singulières, qui préféraient l’insoumission aux leçons de pureté des religions comme des nations, ont été réduites au silence. Dans un supermarché casher, des anonymes ont été pris en otages et tués. Nous exprimons notre sympathie et nos condoléances aux familles touchées et à leurs proches.
La première question est de l’ordre de la résistance : comment protéger des sursauts néolibéraux et policiers ce à quoi nous tenons, nos existences et celles de nos proches, nos formes de vie, de collaboration, de solidarité ?Ces actes sont injustifiables. Cette violence, drapée dans l’intégrisme, est intolérable, même si elle vient nous rappeler tous les défauts des politiques d’intégration de la France. Réformer ces politiques, faire entendre l’arabe dans le métro comme n’importe quelle langue européenne par exemple, est une tâche essentielle. Mais elle ne suffira pas à empêcher la reproduction de tels actes.
Mais la seconde tient de l’héritage choisi plutôt que subi : comment rire et se moquer encore, comment créer de nouveaux mondes à vivre, sans avoir à s’agenouiller devant le caporal chef ou le prêtre (dont la soutane est parfois bleu blanc rouge) ?

S’orienter au sein du désarroi présent

Le feu qui a frappé ces deux jours ne vient pas de nulle part. La « barbarie », la « folie meurtrière », le « terrorisme », le « fanatisme djihadiste » sont des constructions de moyenne portée, faites d’abandons et de rejets qui ont trouvé la légitimité qui leur manquait.
L’impératif premier est d’identifier ces politiques destructrices, de comprendre certaines de leurs causes plus profondes, de distinguer entre les réactions qui contribuent à les alimenter et celles qui aident à les éteindre – pour mieux faire vivre et revivre notre désir de vie plurielle et ouverte. Pour nous orienter au sein du désarroi présent, nous proposons les cinq principes suivants.
1

Nous rejetons tous les discours va-t-en-guerre

Tous ceux qui en appellent à la « guerre » contre le terrorisme ne font que jeter de l’huile sur le feu.
Comme l’ont montré les échecs des années Bush, toute « guerre contre le terrorisme » ne fait que nourrir « le terrorisme », ou saper les bonnes raisons pour lesquelles on se bat contre lui.
Contre les cris parallèles de ceux qui en appellent à la guerre, « sainte » ou « républicaine », cultivons des politiques de paix.
2

Nous refusons de désigner nos ennemis ; nous identifions des poisons

Plutôt que des ennemis contre lesquels nous battre, identifions les poisons qui poussent certains d’entre nous à devenir nos ennemis.
Neutraliser ces poisons, en penser puis en diffuser les antidotes fera la force des politiques de paix qui permettront à demain d’échapper aux vengeances d’hier.
3

Nous comprenons la puissance des émotions ; nous cherchons les raisons du cœur

Nous sommes tout autant dégoûtés par les appels à la vengeance face à l’assassinat de Charlie Hebdo que par les messages de jubilation face à l’accomplissement d’une fatwa.
Aussi inquiétants soient-ils, ces sentiments n’en sont pas moins des réalités à prendre en compte. Et dont il faut essayer de saisir les causes motrices. Même « irrationnelles », les émotions d’autrui doivent être respectées en tant que telles.
Comprendre leurs raisons, en réduire ou éliminer les causes, en particulier par l’éducation et le partage des connaissances, est la seule façon d’en déjouer à terme les effets dévastateurs !
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Nous défendons la liberté ; nous la reconnaissons comme inséparable de l’égalité qui ne peut aujourd’hui être que planétaire

Le poison djihadiste et ses ersatz intégristes sont à traiter comme des symptômes de déséquilibres profonds, exacerbés par l’intensification parallèle des communications planétaires et des inégalités locales.
Nous souhaitons tous défendre la liberté, de pensée, d’expression, de la presse et des médias, mais aussi et surtout de tous les citoyens du monde désirant rire et crier.
Ce souhait restera cependant vain, pieux et inefficace tant qu’il ne s’articulera pas à des politiques de paix et à la construction d’autres systèmes de pensée et de vie, fondés sur la réduction des inégalités :
  • inégalités économiques entre les différentes régions d’un monde aux communications fluidifiées ;
  • inégalités sociales entre les quartiers de métropoles ghettoïsées ;
  • inégalités d’accès à la visibilité et à la légitimité médiatique.
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Nous savons que certains feux se nourrissent des regards qui les attisent : faisons attention à nos attentions

Une des particularités de nos sociétés médiatiques est qu’elles se restructurent autour d’attracteurs d’attention dont « le terrorisme » fournit l’illustration la plus emblématique : il y a des actes « terroristes » parce que (et pour que) nos médias parlent de ces actes « terroristes ».
Les politiques de paix impliquent de considérer nos attentions comme une ressource trop précieuse pour se laisser happer dans cette dynamique d’auto-consomption.
Soyons des hérétiques de la plume, du crayon ou même du bois, du béton, du silicium et de la pâte à crêpes, avec des yeux furetant dans toutes les directions.

Avant les injonctions à autrui : s'interroger en son âme et conscience

Les militants musulmans savent ce qu'ils ont à faire, 

merci pour eux

 |  PAR STÉPHANE ALLIÈS ET 
MICHAËL HAJDENBERG  (medIAPART)
« Désolidarisez-vous ! » ; « Manifestez ! » ; 
« Indignez-vous ! ». 
Les responsables associatifs musulmans ou de 
quartiers sensibles en ont assez des injonctions. 
Aujourd'hui, c'est une autre parole publique qu'ils
aimeraient porter. (lu dans MEDIAPART)
Depuis mercredi et comme après chaque acte 
terroriste, les musulmans français sont invités 
à se désolidariser de l’acte commis. Leurs prises 
de parole sont guettées, leur présence dans les 
manifestations scrutée, et des journalistes, comme 
Yvan Rioufol ou Philippe Val, demandent qu’ils 
expriment leur indignation. Ces injonctions passent 
mal auprès des responsables associatifs que nous 
avons interrogés, qu’ils soient musulmans ou 
habitants de quartiers défavorisés et, à ce titre, 
souvent assimilés.

ET  NOUS ?

Que dire, que faire, comment être après ces épisodes ? 
Que pouvons-nous apprendre ?
Avant tout, que chacun s'interroge dans son âme et
conscience, là où nous sommes responsables. 
Comment améliorer sa relation à l'autre, au-delà des 
peursdes préjugés ...
Qui n'a pas un jour ressenti un sentiment diffus de 
lâcheté devant des paroles, des attitudes d'exclusion, 
des mots lancés comme des flèches empoisonnés dans
les esprits non vigilants, été témoin de brimades, de 
vexations,.. sans oser répondre...oh, sans agressivité, 
juste exprimer son malaise.
il est facile de se taire quand on se trouve "du bon côté".

Avant de devoir se défendre d'attaques il y a la peur de la 
différence, la méconnaissance, l'ignorance... les attitudes
quotidiennes qui blessent, rabaissent, excluent ... 
en être conscient et ne plus les permettre.

Aller vers l'autre, être curieux, pour mieux comprendre
sans pour autant y perdre son âme.


Réfléchir sur soi n'exclut pas la nécessité de se défendre 
devant l'attaque si elle survient.