mardi 18 décembre 2018

A court d'excuses... A court de temps !

nous les adultes ne sommes pas assez matures...

https://www.ouest-france.fr/environnement/climat/video-greta-thunberg-une-ado-suedoise-de-15-ans-lance-un-appel-la-greve-pour-le-climat-6134983

Elle est suédoise. Elle a 15 ans. Elle s’appelle Greta Thunberg. Cette jeune adolescente, qui se bat pour le climat, a appelé les écoliers du monde entier à une grève « scolaire », le vendredi 14 décembre, dernier jour de la COP24 qui se tenait à Katowice, en Pologne.
« En 2078, je fêterai mes 75 ans. Si j’ai des enfants, ils partageront peut-être ce jour avec moi. Peut-être me poseront-ils des questions sur vous. Peut-être me demanderont-ils pourquoi vous n’avez rien fait quand il restait encore du temps pour agir », a lancé Greta Thunberg vendredi 14 décembre, lors du dernier jour de la COP24 qui se tenait à Katowice, en Pologne.

Le nom de cette jeune suédoise ne vous dit peut-être rien. Et pourtant, l’adolescente, qui fait partie de celles et ceux qui ont décidé de se battre pour le climat, a tenu un discours la tribune de la COP24. À 15 ans, la jeune fille a appelé les écoliers du monde entier à une grève internationale. Son but ? Inciter les gouvernements à prendre des mesures pour protéger notre planète.
« Vous êtes à court d’excuses et nous sommes à court de temps »
« Nous ne sommes pas venus ici pour supplier les dirigeants de ce monde de se préoccuper, a asséné Greta Thunberg. Vous nous avez ignorés par le passé et vous allez continuer à le faire. Vous êtes arrivé à court d’excuses et nous sommes à court de temps. Si nous sommes là, c’est pour vous dire que le changement arrive, que vous le vouliez ou non. »
Son appel à déserter les écoles a été entendu dans de nombreux pays, comme en Suède, en Australie ou au Japon.
Cette collégienne, notre envoyée spéciale, Christelle Guibert, l’a rencontrée« Nous n’avons plus le choix. Les dirigeants du monde ont ignoré nos alertes et nous ignorent encore. Nous sommes ici pour leur faire savoir que le changement arrive, qu’ils le veuillent ou non », nous avait-elle confié.
MERCI GRETA

Posted: 17 Dec 2018 05:13 PM PST

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Posted: 17 Dec 2018 05:09 PM PST
Urgence climatique : seuls ceux qui ont des ressources psychologiques fortes peuvent vivre avec au quotidien


C'est l'avis du philosophe australien Clive Hamilton. Il était présent à la COP21 à Paris, il a suivi la COP24. Pour lui, cela fait peur de penser à un monde à +4°C, alors on se protège en utilisant des mécanismes de défense. Il est assez pessimiste pour l'avenir.

Face à la terrible vérité scientifique du changement climatique, les humains mettent en place divers "mécanismes de défense psychologiques", explique le philosophe australien Clive Hamilton. Peu nombreux sont ceux capables de "vivre avec, au quotidien", poursuit l'auteur du best-seller "Requiem pour l'espèce humaine". Paru en 2010, cet ouvrage décrit l'installation d'un enfer sur Terre, avec moins d'un milliard d'êtres humains sur Terre. Une prévision pour le XXIIe siècle.

Hamilton était présent dans les coulisses de la COP21, et à l'époque, alors qu'on annonçait la signature de l'Accord de Paris, il était optimiste.  Mais il estime aujourd'hui qu'il est tombé dans un piège : "La COP de Paris était unique (...), on avait l'impression d'être enfin à un tournant. L'ambiance était grisante, et je suis tombé dans le piège. Quelques obstinés comme (le scientifique) Kevin Anderson, disaient 'il est trop tard, ça ne marchera pas', mais j'ai choisi d'écouter des gens engagés convaincus que c'était un tournant. Une lueur d'espoir après des années d'accablement semblait libérateur. J'aurais dû me méfier. Qu'est-ce qui s'est passé ? En un mot, Trump. N'oubliez-pas qu'il a été élu en tant que climato-sceptique".

Selon Clive Hamilton, l'accusation contre le catastrophisme est "une invention astucieuse d'une entreprise de relations publiques travaillant pour les énergies fossiles. En fait, les scientifiques et les défenseurs de l'environnement ont hésité à dire la vérité au public sur l'ampleur et l'irréversibilité du réchauffement.  Il y a plusieurs raisons pour minimiser les dangers. Certains scientifiques se sont laissés intimider, subissant les attaques constantes des négationnistes de la science climatique et des politiques conservateurs. Ce sont des êtres humains, mais en tant qu'experts ils ont une responsabilité d'informer la population sur la science, surtout quand les pires scénarios deviennent réalité.  Les défenseurs de l'environnement ont d'autres raison. Ils sont convaincus que raconter des histoires de fin du monde est contre productif, qu'ils doivent donner de l'espoir aux gens parce que la morosité les immobiliserait ou bien  ils voudraient faire la fête en attendant de mourir".
"Un vœu pieu est propagé par certains, convaincus (...) que les humains vont créer un monde magnifique de prospérité pour tous dans un jardin des délices"

Arrivé à un point où le réchauffement climatique est irréversible et ne peut être qu'éventuellement limiter dans son augmentation, les pays et les peuples réagissent différemment. Clive Hamilton fait la différence entre les États-Unis, "_où l'optimisme est enraciné dans la culture", et l'Europe et sa longue histoire de violences, où, selon lui, "les Européens sont mieux préparés psychologiquement pour ce qui va arriver"_

_"Quand quelqu'un me dit 'nous devons donner de l'espoir aux gens', je lui réponds: 'Espoir de quoi ?' Nous avons dépassé le cap d'un réchauffement climatique réversible. La question est maintenant : que devons-nous faire pour le contenir sous les +2°C et non +4°C?  Un vœu pieu est propagé par certains, convaincus (...) que les humains vont créer un monde magnifique de prospérité pour tous dans un jardin des délice_s.          

Devant la prise de conscience généralisée et la mobilisation croissante des citoyens, des jeunes, face à l'urgence climatique, il y a une demande de réponse politique. Toutefois, chacun, au quotidien a une manière différente de réagir.

" Il y a ceux qui nient la vérité, ceux qui se disent que ça ne peut pas être si terrible, ceux qui croient qu'une solution sera trouvée pour faire disparaître le problème, et ceux qui connaissent la vérité mais qui ne la laisse sortir que par moment. Seuls quelques uns, avec des ressources psychologiques fortes, sont capables de vivre avec en permanence. Certains militants sont comme ça. Cela fait peur de penser à un monde à +4°C, les extinctions, les mauvaises récoltes, les migrations de masse, les tempêtes et les incendies. Alors on se protège en utilisant des mécanismes de défense psychologiques. On l'ignore, on ne lit pas certains reportages, on se dit que les humains ont résolu d'autres problèmes difficiles, ou on espère que Dieu nous sauvera", explique Clive Hamilton.


Posted: 17 Dec 2018 04:34 PM PST
Le collapsologue Pablo Servigne : “Croire en des catastrophes irréversibles n’empêche pas d’agir”
TELERAMA
17/12/18


Pourquoi faut-il croire à l’effondrement ?
Nous sommes partis de ce constat : malgré l’accumulation de savoirs scientifiques sur les catastrophes en cours, nous ne croyons toujours pas ce que nous savons. Et donc, nous n’agissons pas. Comment faire ? L’« effondrement » nous a paru efficace pour mettre en récit ces faits sidérants. Ce mot extrêmement large, puissant, permet aussi bien de parler des études scientifiques, de la raison, que de toucher l’imaginaire et d’ouvrir une nouvelle vision du monde. Certains y voient une prédiction de type Nostradamus, une apocalypse brutale façon Hollywood. Ce n’est pas notre démarche. Nous adoptons plutôt le point de vue d’historiens des siècles à venir, qui en étudiant notre période, pourront parler de l’effondrement de la civilisation thermo-industrielle. Autrement dit un processus qui a déjà commencé, qui n’a pas encore atteint sa phase la plus critique et qui sera graduel - une sorte de déclin complexe.

Comment tout peut s’effondrer est un best-seller. C’est le signe que de plus en plus de gens y croient ? 
Quand j’ai commencé à donner des conférences sur le sujet, il y a une dizaine d’années, une grande partie du public restait sidérée, certains pleuraient, d’autres étaient en colère… Aujourd’hui, les gens me disent « merci d’être franc, nous avons un horizon concret, alors on y va, on se bouge ». Et les médias ne craignent plus d’en parler. Quelque chose a changé. L’imaginaire populaire s’est fissuré : il y a eu le Brexit, l’élection de Donald Trump, les vagues de migrants, et puis, la canicule, la démission de Nicolas Hulot, le dernier rapport du Giec, l’étude sur la « Terre étuve » (publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS)… Chacun de ces événements a embarqué un peu plus de monde dans l’idée d’un avenir plus sombre. Voilà pourquoi l’effondrement, tel que nous l’avons décrit de manière systémique, étayé par la science, est intéressant : il propose un cadre scientifique de compréhension, un récit cohérent qui met ces événements en lien et donne un sens à notre époque. J’appelle ceux qui décident d’y croire les « collapsonautes », en référence aux argonautes de Jules Verne. Ce sont des voyageurs de l’effondrement. Ils déploient leur imagination, apprennent à vivre, du mieux possible, avec les mauvaises nouvelles et les changements brutaux, progressifs, qu’elles annoncent.

Que répondez-vous à ceux qui vous voient comme un oiseau de mauvais augure ? 
Que croire que des catastrophes irréversibles sont déjà en cours n’empêche pas d’agir. Au contraire. Il faut comprendre qu’en acceptant cette réalité, il reste encore une marge de manœuvre, un élan de vie et la possibilité d’un passage à l’action. C’est la posture du « catastrophisme éclairé » du philosophe Jean-Pierre Dupuy : on doit considérer la catastrophe comme certaine, on doit y croire, pour avoir une chance de l’éviter.

Mais on peut aussi être tétanisé par la peur ?
C’est pourquoi l’art de donner et recevoir les mauvaises nouvelles est essentiel. Si on vous annonce brutalement que vous avez un cancer et qu’il vous reste six mois à vivre, sans rien de plus, vous serez détruit. La nouvelle de cet événement futur pourrira votre présent. Alors que si le médecin est bienveillant, vous permet d’exprimer vos sentiments, vous aurez une chance de bien vivre ces derniers mois. Un élan vital sera là, malgré la mort, et vous pourrez, peut-être, améliorer votre état. Bien vivre en attendant la mort, c’est «La» question philosophique depuis 2000 ans. Et au fond, l’effondrement n’est rien d’autre que la question de la mort projetée à une échelle collective. La démarche que nous proposons est de l’accepter. Bien sûr, c’est douloureux. Mais c’est aussi une opportunité incroyable.

Laquelle ? 
Celle de commencer à construire quelque chose d’autre dès aujourd’hui, de donner du sens à ce que nous vivons. Les humains sont des animaux de croyances. Celles-ci forment notre manière d’être au monde, de voir le présent, le futur, d’aborder les autres, et ce qui nous met en mouvement. Elles peuvent être conscientes et inconscientes. Et elles sont souvent plus fortes que les faits - certaines nous imprègnent depuis si longtemps qu’elles ont fini par ressembler à des vérités indiscutables. Nos croyances, ce sont le progrès, la croissance infinie, la techno-science qui domine la nature. Celle aussi qui nous dit qu’il n’existe qu’une seule loi de la jungle - la compétition. Mais les croyances vivent et meurent. La question de l’effondrement est passionnante car elle traverse tout cela, et permet de traiter autant la raison que les émotions, les idéologies et les mythes. Elle ne condamne pas l’avenir. Au contraire, elle nous invite à déstabiliser les croyances toxiques. Et à créer un nouvel imaginaire, pour nous permettre de croire à un futur quand ce dernier a l’air de s’effondrer.

Vous même avez des enfants tout en croyant à l’effondrement...
Comme beaucoup de nos lecteurs, qui lisent les études scientifiques, croient au réchauffement climatique, et agissent... Pour ma part, devenir père a nourri mon parcours. Cela nous a poussés à quitter la ville, à offrir aux enfants la possibilité de goûter au sauvage avant qu’il n’y en ait plus. Je ne dis pas que c’est la panacée. J’ai aussi dû renoncer à des rêves que j’avais pour eux. Trouver la bonne posture est compliqué...
De façon plus générale, il faut se tenir sur une ligne de crête fragile, trouver le juste équilibre entre l’acceptation et le passage à l’action. Il faut éviter les écueils du « tout est foutu, à quoi bon... » mais aussi de l’optimisme béat, qui équivaut au déni. Et celui, encore plus toxique et passif, de l’espoir, qui nous fait croire que le système va inexplicablement changer, ou que la technologie, ou bien la déesse-mère vont nous sauver... Voilà pourquoi je dis que l’utopie a changé de camp. Aujourd’hui, les utopistes sont les optimistes béats, qui croient que tout peut continuer comme avant. Et les réalistes sont ceux qui agissent en vue des catastrophes qui ont déjà lieu, et de celles à venir.

Dans votre dernier livre, vous défendez l’« espoir actif ». De quoi s’agit-il ? 
C’est l’idée, développée par les américains Joanna Macy et Chris Johnson, de faire maintenant, aujourd’hui, ce qui nous semble juste, ce qui nous importe, quelles que soient nos chances de réussite, même si on sait que le réchauffement dépassera les 1,5 degrés, que les migrations climatiques seront gigantesques, etc. C’est un de ces « déclics » sémantiques qui débloquent tout.

Ce « déclic » n’a toujours pas eu lieu chez nos responsables politiques !
Certains (encore trop rares) travaillent sur la question : ceux dont la fonction consiste à se pencher sur la longue durée, dans les services de défense, de prospective... Quelques responsables politiques comme Yves Cochet ou Delphine Batho, des hauts-fonctionnaires aussi, en parlent. L’armée suisse, par exemple, organise des exercices grandeur nature de simulations d’effondrement des pays voisins, avec blocage des frontières, etc. A plus petite échelle, en France, le réseau SOS Maires, par exemple, prend la question très au sérieux et essaie de rassembler les maires pour créer des réseaux de résilience au niveau municipal.
Mais plus on monte dans les échelons politiques, plus les verrous sont importants, à tous les niveaux - psychologique, juridique, financier, technique… Inscrire des perspectives de rupture globale n’est pas « porteur» électoralement, d’autant moins que notre système politique n’est pas conçu pour traiter des questions de long terme. Et puis, beaucoup de nos dirigeants, y compris chez les écologistes, ne connaissent pas la pensée écologique systémique (étude du vivant dans sa globalité, dans ses interconnexions), ou ne sont pas à jour – ils en sont restés à l’empreinte écologique… Nous avons un travail pédagogique à faire sur ces nouveaux champs, mais aussi sur ce que « croire » signifie vraiment.

Que voulez-vous dire ?
Savoir ne suffit pas. Les responsables politiques qui discutent des chiffres climatiques lors des COP, ont lu les rapports des experts. Ils savent. Mais ils n’y croient pas, comme si la tête savait mais que le coeur s’y refusait. Les connaissances doivent percuter le corps, les tripes, pour prendre toute leur dimension et pour qu’on puisse y croire. Le philosophe australien Clive Hamilton est celui qui m’a le plus décomplexé à ce sujet. Dans son livre Requiem pour l’espèce humaine, il décrit parfaitement comment il a « émotionnellement (accepté) ce que cela signifiait vraiment pour l’avenir du monde » et s’est senti « soulagé d’admettre enfin ce que (son) esprit rationnel n’avait cessé de (lui) dire ». Il ne s’agit pas d’une prise de conscience. C’est une prise d’émotion. Une fois qu’on l’a ressentie, plus rien n’est pareil.

C’est compliqué de parler d’émotions pour vous qui êtes scientifique de formation ?
Très ! La culture de cette profession nous demande de rester « neutre ». Pourtant, ceux qui sont plongés dans l’étude du changement climatique, de la destruction de la biodiversité, sont les premiers touchés par toute une palette émotionnelle - tristesse, colère, désespoir... Quelques uns commencent à en parler - la chercheuse Camille Parmesan, corédactrice des rapports du GIEC, a osé déclarer publiquement une « dépression professionnelle ». Mais ils sont rares. L’historienne des sciences Naomi Oreskes a d’ailleurs montré comment cette culture a conduit les climatologues à communiquer une version sous-estimée des dangers. Selon elle, les scientifiques devraient davantage exprimer leurs inquiétudes, leurs émotions, pour transmettre le message.

Y croirait-on plus ? 
Si plusieurs climatologues du GIEC s’autorisaient à pleurer en public, à l’instar des larmes du représentant des Tuvalu au sommet sur le climat en 2009, ou celles de Nicolas Hulot lors de sa démission, ils provoqueraient un « déclic » énorme. Mais notre société dit encore trop souvent : c’est la preuve que la politique n’est pas faite pour lui, il est trop émotionnel...
Et pourtant les impacts des émotions sur notre perception des risques, nos manières de penser, d’agir sont fondamentaux. C’est ainsi que fonctionne le cerveau ! Le cerveau « émotionnel » nous aide à faire nos choix moraux, nos choix d’action, puis le cerveau « rationnel » justifie ce qui a été décidé en amont de façon intuitive et émotionnelle. Alors oui, il faut apprendre à voir, comprendre, accueillir nos émotions, pour le bien commun.

C’est le but de la « collapsosophie » que vous proposez dans votre livre ?
Nous avons remarqué que plus nous nous en tenions aux chiffres, plus nos auditeurs étaient sidérés. Pour ne pas devenir fous devant ce gavage de mauvaises nouvelles, nous avons eu besoin de sortir du « logos » (la « raison » en grec). D’où ce terme de « collapsosophie » : une sagesse pour traverser les tempêtes, pour ne pas nous effondrer intérieurement. Nous avons besoin des émotions, de l’intuition, de la philosophie, de la spiritualité aussi, pour accompagner la rationalité scientifique. C’est une manière de penser l’effondrement, et d’y croire, en prenant soin de nous et des gens. J’insiste bien, il ne s’agit pas de rejeter la raison. C’est la science qui nous montre les limites, qui nous explique le fonctionnement du système-terre. Mais le curseur est allé trop loin dans cette rationalité froide, devenue toxique pour la société.

Dans votre livre, vous insistez sur un chemin intérieur, vous ne croyez pas dans le politique ? 
Beaucoup nous reprochent de ne pas avoir abordé la question politique de l’effondrement. C’est la plus importante. Mais pour la construire, il faut d’abord être d’accord sur le constat – c’était l’objet de notre premier ouvrage. Vient ensuite la question de la voie intérieure - la sagesse, les émotions, les spiritualités. Mais ce tome 2 n’est pas un appel au repli individuel : il s’agit de définir un élan spirituel qui redonne de la force au collectif, qui redonne envie d’agir ensemble et de créer des politiques moins toxiques. A partir de là, on est un peu mieux préparé pour le chemin extérieur, la transition, l’organisation collective. « Que faire ? », ce sera le tome 3, mais ce n’est peut-être pas à nous de l’écrire...

Peu de scientifiques s’aventurent sur le terrain de la spiritualité...
Mettre les pieds dans le plat est devenu notre spécialité ! « Effondrement » était un gros mot, nous avons contribué à le désamorcer. Nous voulons aussi désamorcer le mot « spirituel », qui met tellement mal à l’aise. En tant que scientifique athée, anarchiste, j’ai longtemps été fâché avec les religions et les spiritualités. Et puis je me suis apaisé, grâce notamment à la définition qu’en donne philosophe Dominique Bourg dans son livre Une nouvelle terre. La spiritualité n’est pas un gros mot, elle est essentielle pour vivre. C’est notre rapport au monde, à tout ce qui nous a été donné et que nous n’avons pas produit - la nourriture, le soleil, les autres humains et non humains... Définir et vivre ces liens au monde est une question fondamentale : est-on dans la réciprocité ? Dans la gratitude ? Dans l’indifférence ? Cette question traverse d’ailleurs la récente mobilisation des Gilets jaunes, des gens venus de milieux différents, qui redécouvrent la puissance de la solidarité, et la jouissance, le plaisir d’être et d’agir ensemble.
Aujourd’hui, la spiritualité fait un retour, revu et corrigé par le capitalisme marchand qui a choisi de la nommer « développement personnel ». Pourquoi ne pas l’aborder de manière plus saine ? C’est ce que nous proposons en puisant dans des traditions boudhistes, amérindiennes... C’est sans doute un peu naïf, maladroit, mais c’est un début. Il faut vivre aussi avec le risque que cette quête spirituelle puisse mener à des dérives. Il y aura, et il y a déjà, des gourous, des pseudo-religions. Mieux vaut devenir compétent pour éviter les risques. Pour ma part, j’ai choisi de mettre les mains dans le cambouis, avec cet horizon que me donne l’effondrement, pour répondre à cette deuxième interrogation essentielle qui définit la spiritualité : quel est mon horizon d’accomplissement ? Que dirai-je à mes enfants, à mes petits-enfants sur mon lit de mort : voilà ce que j’ai été, voilà ceux avec qui j’ai fait récit commun, voilà à quoi j’ai cru.

mercredi 5 décembre 2018

Donner notre "trop" ? à chacun de décider sans juger l'autre


et sans attendre que l'autre plus nanti le fasse d'abord.

Lu le 5-12-2018 dans les DNA
Deux patrons ont lancé un appel à la générosité, lundi, révèle La Croix.
Denis Duverne, président du conseil d’administration d’Axa, et Serge Weinberg, son homologue chez Sanofi, ont en effet appelé "les Français dont la situation est confortable" à donner au moins 10% de leurs revenus ou de leur patrimoine à des associations de leur choix. 
Le timing de cette initiative tombe bien, dans le contexte de tensions liées au mouvement des gilets jaunes !

Déjà une quarantaine de volontaires...

Le but est de trouver au moins 400 personnalités participantes d'ici à la fin de l'année 2019. Il y aurait déjà une quarantaine de volontaires, essentiellement des millionnaires issus du monde économique, mais aussi des artistes, comme l'humoriste Muriel Robin, l'actrice Line Renaud, ou encore l'écrivain Marc Lévy.

...mais aussi beaucoup de refus

Toutefois, de nombreuses personnalités refusent de tels dons, se justifiant notamment par le fait qu'ils "paient déjà beaucoup d'impôts". D'autres ne veulent tout simplement pas "s'engager publiquement"

lundi 3 décembre 2018

Qu’est-ce que je peux faire, moi, pour aider le monde à être plus humain et solidaire, la planète plus propre ?


Le Monde des lecteurs » - Gilets jaunes : réflexions sur le monde d’un citoyen ordinaire

Daniel Schmitt se demande « Qu’est-ce que je peux faire pour aider le monde à être plus humain et solidaire, la planète plus propre ? Nous sommes de plus en plus instruits, l’information est facile à avoir. Nous devenons plus critiques et c’est très bien. Mais dépensons notre énergie à résoudre ces problèmes sociétaux et environnementaux et non pas à vouloir garantir et défendre notre intérêt personnel. »
LE MONDE | 
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« Ce monde qui se développe est un monde d’égoïstes, de frustrés, de jaloux. C’est celui du voisin qui est plus riche que nous, qui se paye une belle voiture alors que nous, on ne peut pas. »
Sur le blog « Le Monde des lecteurs », les lectrices et lecteurs du « Monde » peuvent commenter l’actualité. Vous pouvez contacter la rédaction par courriel : courrier-des-lecteurs@lemonde.fr.
Je suis de plus en plus abasourdi par le monde et par la direction qu’il est en train de prendre. Il est pour moi de plus en plus clair que l’expérience ne sert à rien et que l’histoire n’est qu’éternel recommencement. La montée de l’intégrisme, de l’intolérance, des nationalismes, de la haine, de la pollution, sont autant d’exemples que rien n’est appris, que les guerres n’ont pas servi de leçon. Ce sont de vrais sujets d’inquiétude et d’angoisse quand je pense à ce que nous allons laisser aux générations futures.
Longtemps je croyais en l’avènement d’un monde plus ouvert, plus compréhensible et bienveillant. Et bien il n’en est rien. Ce monde qui se développe est un monde d’égoïstes, de frustrés, de jaloux. C’est celui du voisin qui est plus riche que nous, qui se paye une belle voiture alors que nous, on ne peut pas. C’est celui du pouvoir, de la richesse, de la domination. Et on oublie l’essentiel ; cette planète ce n’est pas la nôtre, on l’a en prêt pour nos enfants qui devront la soigner pour leurs enfants et ainsi de suite.
Stéphane Hessel a écrit un petit livre Indignez-vous. Ce livre parle de l’engagement politique de la société civile, primauté de l’intérêt général sur l’intérêt financier, syndicalisme, solidarité des générations. Ce qui indigne Hessel : existence des sans-papiers, mauvais traitement réservé à la planète, écart des richesses dans le monde. Ce livre devrait être distribué à tous, hommes politiques et simples citoyens.
Simone Veil a dit également une belle phrase « Venus de tous les continents, croyants et non-croyants, nous appartenons tous à la même planète, à la communauté des hommes. Nous devons être vigilants, et la défendre non seulement contre les forces de la nature qui la menacent, mais encore davantage contre la folie des hommes. ».
Voilà les vrais enjeux de notre société !!!
Qu’est-ce que je peux faire pour aider le monde à être plus humain et solidaire, la planète plus propre ? Nous sommes de plus en plus instruits, l’information est facile à avoir. Nous devenons plus critiques et c’est très bien. Mais dépensons notre énergie à résoudre ces problèmes sociétaux et environnementaux et non pas à vouloir garantir et défendre notre intérêt personnel. Je trouve par exemple que le revenu minimum universel est une très bonne chose. Tout le monde a la même aide de l’Etat, celui qui en veut plus, travaille, et il n’y a pas de jaloux. Ça, c’est un vrai combat à mener.
Pour finir, voilà un proverbe indien qui résume bien l’état du monde actuel : 
« Quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière empoisonnée, le dernier poisson capturé, alors seulement vous vous apercevrez que l’argent ne se mange pas. » Proverbe indien Cree.

mardi 2 octobre 2018

ne sommes-nous pas tous des humains ?

Lu dans le Monde (2-10-2018) 

1Après le Brexit, le Royaume-Uni traitera un Européen comme n’importe quel autre immigré


mardi 11 septembre 2018

REGIME FLEXITARIEN

Puisque nous parlons tant de régime.....
connaissez-vous le régime flexitarien ?
Pendant des années je suppliais mon entourage de ne pas me coller d'étiquette sur le dos... végétarien etc.... en leur précisant que je mange ce que je ressens comme bon pour moi à une période donnée.

Et voilà que je lis dans la presse qu'il existe le "régime FLEXITARIEN"
ouf.... je suis donc dans les normes.... on peut me "caser" ce qui est toujours un peu rassurant😉


Se laisser guider dans le flexitarisme : quels conseils à suivre ?

Le régime flexitarien a été créé par la diététicienne Dawn Jackson Blatner pour aider les gens à bénéficier des bienfaits de l’alimentation végétarienne tout en consommant des produits d’origine animale avec modération. C’est pourquoi le nom de ce régime est une combinaison des mots flexible et végétarien. Les végétariens éliminent la viande et parfois d’autres aliments d’origine animale, tandis que les végétaliens éliminent complètement la viande, le poisson, les œufs, les produits laitiers et tous les produits alimentaires d’origine animale.
Puisque les flexitariens mangent des produits d’origine animale, ils ne sont pas considérés comme végétariens ou végétaliens. Le régime flexitarien n’a pas de règles claires et n’impose pas de quantités spécifiques de calories ou de macronutriments à consommer chaque jour. En fait, c’est plus un mode de vie qu’un régime.
Il est basé sur les principes suivants :
  • Mangez surtout des fruits, des légumes, des légumineuses et des grains entiers.
  • Mettre l’accent sur les protéines végétales plutôt que sur les protéines animales.
  • Soyez flexible et incorporez de la viande et des produits d’origine animale de temps à autre.
  • Mangez la forme la moins transformée et la plus naturelle des aliments.
  • Limitez l’ajout de sucre et de sucreries.
  • En raison de sa nature flexible et de l’accent mis sur ce qu’il faut inclure plutôt que de restreindre, le régime flexitarien est un choix populaire pour les personnes qui cherchent à manger plus sainement.
un extrait de l'article :
https://therapeutesmagazine.com/le-regime-flexitarien-vous-connaissez/?utm_source=wysija&utm_medium=email&utm_campaign=Newsletter_hebdo

De là à adapter le FLEXITARISME à d'autres domaines il n'y a qu'un pas ! 


dimanche 2 septembre 2018

REDUIRE SES DECHETS, une idée


Une leçon ou simplement une idée, une direction.

https://www.rue89strasbourg.com/bilan-un-an-sans-objet-sans-dechet-141487?utm_source=Contacts+de+Rue89+Strasbourg&utm_campaign=fdd7e01584-RSS_EMAIL_CAMPAIGN&utm_medium=email&utm_term=0_2cc103f91a-fdd7e01584-68298177&mc_cid=fdd7e01584&mc_eid=e4950f3e1c

Un an déjà ! En septembre 2017, notre famille de deux adultes et deux enfants, âgés aujourd’hui de 8 et 10 ans, se lançait dans une aventure pas banale : n’acheter aucun vêtement, livre ou matériel d’aucune sorte pendant une année et, dans le même temps, opter pour une alimentation et une hygiène 100% zéro déchet non-recyclable (ZD). C’est le défi « sans objet, sans déchet » (SOSD).
Chaque mois, nous avons publié sur notre blog un « poubellomètre », indiquant le poids de nos poubelles de déchets recyclables : compost, papier-carton-métal (poubelle jaune à Strasbourg) et verre. Aucune autre poubelle n’a été descendue de notre appartement, situé au 3ème étage d’un immeuble tout à fait classique de la Robertsau, à Strasbourg.
Question qui nous a été posée : « Ah bon ? Mais, où sont donc passées vos poubelles ? Vous les avez toutes gardées à la maison ? ». Éclat de rires et explications, que nous avons égrainées à l’occasion de nombreuses rencontres et conférences publiques, dans les médiathèques, au Marché de Noël Off, à l’invitation de partis politiques ou d’associations engagées sur ces questions de déchets et de modes de consommation.
Conférence à la médiathèque de Neudorf – Printemps 2018 (DR)
Non, aucun sac ne s’est entassé à la maison, nous n’avons tout simplement pas produit plus d’une dizaine de kilos de déchets non-recyclables en un an.
Les échanges lors de ces rencontres ont été très riches et la « médiatisation » de notre démarche a été un puissant moteur pour persévérer dans une voie à rebours de notre société de croissance, qui pousse tous et chacun à renouveler ses objets à un rythme effréné, à s’alimenter dans les supermarchés et à confondre plaisir et bonheur, achat et épanouissement social et personnel.

1 – Alimentation et hygiène zéro déchet : renoncements consentis, santé dans la sobriété et petits pêchés

Sur le chapitre des produits alimentaires et d’hygiène, qui nous étaient autorisés dans notre charte, l’affaire a nécessité un peu d’entrainement et de rodage dans les premiers temps, avant de rouler sans trop de difficultés par la suite. Nous avons renoncé à certains aliments, impossibles à trouver facilement en vrac et bio, comme le beurre et la crème, le tofu ou les biscuits. Par facilement, entendons dans des commerces à proximité de chez nous, à des prix accessibles ou sur des marchés tenus les jours où nous sommes disponibles pour cette activité (mardi et samedi).
Il a été possible de remplacer ponctuellement certains produits emballés dans du plastique par leurs équivalents en contenants recyclables ou en vrac, comme les algues, le poisson, la levure de bière, le savon et le shampoing solides, les légumes et les fruits, les céréales, etc.
D’autres ne nous ont pas satisfaits dans leur version recyclable, j’ai nommé par exemple : les brosses à dents et le dentifrice. Entre acheter de l’argile blanche emballée ou un tube tout prêt, une brosse à dents en bambou (avec poils en nylon) vite usée et une en plastique que je peux nettoyer au vinaigre et conserver beaucoup plus longtemps, nous avons fait notre choix. Sans compter les cris d’orfraie de Simon au contact du dentifrice fait-maison avec sa douce muqueuse buccale, elle qui n’aime que le dentifrice industriel au goût « fruité » (no comment).
On a testé les options ZD, avant de revenir au plastique (Photo SOSD)
Bien sûr, nos options alimentaires (brut, en vrac, local et bio) ne conviennent pas à tout le monde. Cuisiner nécessite un investissement en temps, faire ses courses en plusieurs endroits aussi. Des options écologiques, mais également des options « santé » (moins de sucre, moins d’additifs, de produits transformés, de graisses saturées, etc.) et des options sociétales, qui remettent l’alimentation au cœur du budget et du temps familial et font de l’approvisionnement auprès de producteurs locaux un acte politique et un engagement à portée collective.
Nous sommes néanmoins restés gourmands et compulsifs, les jours de fatigue, de tentations, de vacances. Ce qui veut dire parfois écarts, voire grands écarts. Très sérieux pendant plusieurs mois, ne consommant plus ni viande rouge, ni sucreries, ni alcool, ni tabac (gros pourvoyeur de déchets !), nous avons un peu ripé chez les amis ou pendant les vacances : andouille, palets bretons et (quelques) cigarettes sont venus entacher nos belles résolutions. Lâcher prise qui n’a en rien entamé notre détermination à « surveiller » ces tendances à la facilité qui ne nous apportent qu’un plaisir éphémère (mais quel plaisir !) et, en plus de remplir nos poubelles, entament notre capital santé.

2 – Les déchets : ce qui peut être évité doit continuer à l’être

Certes, au démarrage de notre expérience, nous « pratiquions » le zéro déchet depuis plusieurs années. Aucun produit à usage unique, par exemple, ne passait plus la porte de notre appartement depuis longtemps… Mouchoirs en tissu, lingettes lavables pour les WC, torchons et lavettes microfibres en cuisine, serviettes hygiéniques lavables ou vaisselle de camping en inox avaient déjà remplacé leurs équivalents jetables, mouchoirs en papier, papier toilettes ou absorbant, lingettes jetables, tampons et serviettes hygiéniques jetables ou vaisselle en plastique.
Matériel ZD au quotidien, en week-end, au travail… (Photo SOSD)
Restaient néanmoins un certain nombre d’emballages alimentaires, films plastiques autour de certains fromages, pots de crème ou de fromage blanc, barquette de ravioles, emballage de pâtes, riz ou quinoa, etc. Après un an sans, force est de constater qu’à Strasbourg, les alternatives se multiplient dans les magasins bio sous forme de petites ou moyennes surfaces (Biocoop aux Halles et à l’Hôpital civil, Naturalia au centre-ville et au Conseil des Quinze, BioClaire à la Robertsau, Maison Vitale à la Petite France…) ou dans les magasins de vrac (BeeVrac à Cronenbourg, Day by day à Neudorf ou Le Bocal à la Krutenau).
Sur le front des recyclables, il y a matière à raconter, mais nous nous en tiendrons à l’adage suivant : moins, c’est mieux. Après une visite à l’usine de tri des déchets au Rohrschollen, nous reconnaissons la nécessité de développer cette filière – seuls 50% des Eurométropolitains trient leurs déchets, avec environ 20% d’erreurs de tri. Néanmoins, le meilleur déchet reste celui qu’on ne produit pas, tant les ressources en matières premières ou en énergie sont rares et chères.
A l’usine de traitement des déchets recyclables de l’EMS, au Rohrschollen (Photo SOSD)
Conclusion : plus question pour nous de remplir une (certes petite) poubelle par semaine d’emballages inutiles. À la demande d’Alice et de mon mari Marc, qui craignent que nous ne retombions dans nos habitudes anciennes, nous conserverons nos bacs individuels au moins un an encore. « C’est motivant », disent-ils. Ensuite, nous adopterons peut-être le grand bocal en verre, façon « Famille presque zéro déchet ». À voir.

3 – Pas d’achat matériel : toucher du doigt nos « vrais » besoins

Il y a un an, il était question pour nous de limiter drastiquement nos dépenses après un achat immobilier, tout en nous mettant plus complètement en cohérence avec nos idées et nos valeurs dans nos comportements d’achats au quotidien. Tout au long de l’année, nous avons fait avec ce que nous avions, quitte à porter toujours les mêmes vêtements ou à profiter des dons amicaux en textiles pour enfants, par exemple.
Sur le plan du « matériel », vaisselle, ustensiles en tous genres, mobilier ou bibelots, nous avons bricolé avec ce que nous avions en magasin, quitte à parfois transiger pour réaliser un nécessaire bricolage. Là où les choses se sont corsées, c’est en matière de livres. Nous avons certes fréquenté au maximum les médiathèques, essentiellement pour les enfants, et emprunté des livres aux amis, mais j’ai pour ma part bien trop abusé de mon « exception de formation ». J’ai acheté des livres tout au long de l’année et plus encore au mois d’août, pour nous quatre, alors que nous n’avions pas suffisamment anticipé en bibliothèque avant de partir en vacances.
Nos « vrais besoins », ce sont aussi les enfants qui grandissent, qui doivent s’habiller, se cultiver, qui vivent dans une société de consommation difficile à complètement court-circuiter. Simon a plus souffert d’éventuelles restrictions que sa sœur, plus fasciné qu’il est par la nouveauté en matière de jouets (les « saisons » Lego…), de modes à l’école (toupies, cartes Pokemon…), mais tous deux ont pu profiter des cadeaux de leur papa, mamies, amis, sans que nous n’intervenions au-delà des déchets produits, qui se sont retrouvés de temps en temps dans leur petite poubelle à la maison.

4 – Hors de chez soi : petits arrangements en famille et entre amis

Hors de chez soi, comme ces mois d’été, l’exercice SOSD a été moins évident. Loin de nos bases, loin de nos commerçants, de nos médiathèques, de nos habitudes, nous avons recommencé, pour ainsi dire, à vivre « normalement », achetant quelques t-shirts et bouquins. Comme nous nous le sommes permis ces six derniers mois environ, nous également avons acheté de temps à autre, à l’extérieur de chez nous, des aliments emballés, pour nous faire plaisir ou faire plaisir à nos amis : une belle motte de beurre aux algues (miam), une charcuterie paysanne sous vide, une boîte de chocolats.
Dans un autre registre, alors que nous refusions les serviettes en papier, les pailles ou tout autre produits jetables au restaurant, au café, en terrasse, etc., durant les premiers mois du défi, nous avons finalement lâché la rampe en cours de route, fatigués de devoir en permanence expliquer le pourquoi du comment à des serveurs peu amènes, ou maintenir une attention constante, dans des contextes de déjeuners et autres occasions de sociabilité professionnelle.
Buffet pro pour Marc : manger ZD, c’est manger du pain (Photo SOSD)
Nos amis ont plutôt bien joué le jeu, emportant leurs poubelles après un séjour chez nous, ne nous offrant (presque) aucun cadeau neuf, apportant des victuailles zéro déchet aux apéros, le cas échéant. La famille a plus souvent questionné l’intérêt de notre démarche, la considérant au mieux amusante, au pire inutile et frustrante. Le sentiment d’avoir transmis des idées positives, d’avoir insufflé une envie de changement, à de rares exceptions qui se reconnaîtront, s’est bien plus manifesté lors des rencontres publiques que dans nos cercles proches. Sans regret, notre petite musique portera peut-être ses fruits plus tard…

5 – Et maintenant ? Le « sans achat » appliqué à nos vies futures

Il va sans dire que nous ne courrons pas dans les boutiques de fringues made in China le 1er septembre. Nous avons néanmoins quelques achats à faire, déjà commencé avec les soldes fin juillet : vêtements pour enfants, quelques sous-vêtements et vêtements à renouveler pour nous, de quoi bricoler un peu dans le camping-car et l’appartement.
Ces achats à venir se feront à coup sûr après mûre réflexion. Pas question de foncer à la librairie s’acheter des romans qui prendront ensuite la poussière, à part peut-être quelques polars dans la nouvelle librairie qui ouvre ses portes à la Krutenau début septembre. Pas question non plus de stopper cette nouvelle tradition familiale des « cadeaux expériences » qui nous a tant plu cette année. Dernière en date : Alice a fêté ses 10 ans cet été et s’est fait percer les oreilles pour tout cadeau (de notre part). Elle en a été plus que ravie, elle qui réclamait à grands cris des boucles d’oreilles depuis plusieurs années !
Poubelles de Marc et Marie après 11 mois « sans déchet » (Photo SOSD)
Les enfants sont partants pour mixer ces moments passés ensemble avec des objets utiles ou de déco pour leur chambre, lampe de bureau, réveil-matin, moustiquaire façon baldaquin, abandonnant progressivement les envies de nouveaux jouets à tout prix. Plus question pour nous, adultes, en revanche, de revenir à des cadeaux matériels inutiles. Restaurants, week-ends en amoureux ou en famille, activités originales, nous ont largement ravis.
Plus question non plus d’aller se « balader en ville » ou de « faire du shopping ». Les achats, quand il y en aura, seront ciblés et réfléchis, les dépenses impulsives remisées pour longtemps. Je sais que les habitudes, surtout les mauvaises, reviennent généralement au galop. Mais nous serons ensemble pour nous serrer les coudes et nous « surveiller ».
Et, idée soumise par Alice, pourquoi pas une année sans achat tous les deux ans ? C’est son frère qui va être content ! D’ici là, nous vous proposons de vous raconter notre expérience autour d’un apéritif au jardin d’Apollonia, vendredi 7 septembre.
http://sansobjetsansdechet.fr/