jeudi 9 mai 2013

Casse-toi de ma rame (de métro)

Casse-toi de ma rame !

Pas trop de monde dans le métro cet après-midi, une place assise m’attend. Un homme derrière moi monte un violon à la main.
Un roumain peut-être, un Rrom sans doute, un musicien sûrement. Je m’assois. La sonnerie qui annonce la fermeture des portes n’arrive pas. Quelques longues secondes silencieuses s’écoulent, les passagers continuent de lire, d’écouter, de rêver…
Soudain, un homme entre brutalement dans la voiture, c’est le conducteur. D’une voix calme et froide, il annonce qu’il ne repartira pas tant que l’homme au violon ne quittera pas la rame. Redescendu sur le quai, il attend que l’indésirable s’exécute.
Le musicien ne bouge pas. Le conducteur attend. Les passagers se regardent, le silence est pesant.
Une petite conversation s’engage avec mes trois voisins :
– Pourquoi ? Cet homme ne gêne pas.
– Il ne représente pas de danger pour les voyageurs.
– C’est juste de la musique !
– Et puis, c’est pour vivre qu’il joue. C’est une sorte de travail.
– Si on n’aime pas le violon, on monte le son de son MP3 !
– Peut-être qu’il s’est déjà passé quelque chose entre les deux hommes ?
– Le conducteur n’aime peut-être pas les Rroms tout simplement.
Le musicien nous regarde, sourit et quitte la voiture. Le conducteur le suit des yeux, lorsque le violoniste a disparu il rejoint sa cabine.
La sonnerie retentit suivie du claquement des portes. La rame démarre.
C’est étonnant le métro, un petit échantillon humain, quelques personnes qui font société pour quelques instants.
Ce jour-là, à cette heure-là, ce petit groupe d’hommes et de femmes a regardé ce violoniste avec humanité et compréhension.
L’épisode n’a duré que quelques minutes, l’homme au violon s’est résigné à quitter la voiture. Peut-être pour nous épargner ou tout simplement pour ne pas se faire insulter. Qu’importe, une impression agréable restera gravée à ce souvenir.

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