LA SEDENTARITE (LU DANS TERRA ECO 27 JANVIER 2014)
extrait :
Trente minutes de marche par jour ; si vous êtes
contraint par une position assise, couper les heures par des petits
déplacements ; téléphoner debout en déambulant ; faire des réunions
debout… Car rester assis trop longtemps raccourcit notre espérance de vie. On
sait par une étude, qu’une personne en position assise six heures par jour aura
une espérance de vie diminuée de 20% par rapport à une autre assise pendant
seulement trois heures. La sédentarité tue.
Entretien -
Selon François Carré, cardiologue et médecin du sport, l'inactivité physique
progresse en France et pourrait avoir un effet sur notre espérance de vie.
- « Plus nous marchons et plus nous sommes vivants (...)
- Qu’est-ce qu’un perturbateur endocrinien ?
- Explosion de l’asthme : et si la cause était dans nos (...)
- Insecticides : certains sont épinglés mais d’autres (...)
François
Carré est cardiologue au CHU de Rennes et président de l’Observatoire
de la santé.
Terra eco : Marche-t-on vraiment moins que dans le
passé ?
François
Carré : C’est une
évidence. Nos ancêtres – chasseurs-cueilleurs – marchaient en moyenne 16
kilomètres chaque jour. Nos grands-parents, eux, marchaient 8 à 10 kilomètres
par jour. Quant à nous, nous en sommes à 2 à 3 kilomètres à la journée. Nous
assistons à une chute vertigineuse. D’ailleurs, quand on discute avec quelqu’un
qui revient d’un footing et qui nous dit qu’il a couru 10 kilomètres, on est en
extase. Ça en dit long...
Est-ce si grave docteur ? Notamment quand on sait
que nous vivons de plus en plus vieux ?
Ah
bon ? Vous savez cela vous ? Eh bien, c’est faux ! On sait que
nos grands-parents, nos parents vivent ou ont vécu plus longtemps. Mais
personne ne le sait pour notre génération. Or, les éléments d’étude en notre
possession montrent que nous ne sommes pas sur une bonne tendance. L’inactivité
physique progresse partout et elle touche inéluctablement notre santé.
N’est-il pas contradictoire de demander davantage
d’activité physique aux individus et de construire un modèle de société dans
lequel la vitesse est quasi sacralisée ?
C’est un
paradoxe, nous sommes d’accord. Maintenant, il faut savoir ce que l’on veut.
Quand un patient vient me voir, j’arrive toujours, en consultant son agenda, à
lui trouver un trou pour de l’activité physique. Ce n’est pas le progrès en soi
qui est problématique, c’est ce que nous en faisons. Je ne suis pas contre les
escalators ! Mais à quoi rime de monter un étage en escalier mécanique
alors que l’on peut marcher ?
Vous êtes fondateur de l’Observatoire de la
sédentarité. A quoi sert l’activité physique ?
Elle sert
votre santé. Plus vous bougez, plus vos vaisseaux sanguins s’ouvrent. Moins
vous bougez, plus des cellules vont mourir. Nous sommes comme une voiture.
Moins vous l’utilisez, plus elle s’encrasse. Nos organes aussi. Il ne faut pas
laisser notre corps dans cette inertie. Les anglophones ont une expression très
parlante à ce sujet qui dit : « Use it or lose it » (« Soit
tu l’utilises, soit tu le perds », ndlr).
Vous avez le sentiment que les pouvoirs publics font
suffisamment en matière d’information et de sensibilisation ?
Ils ont
commencé par la question de l’alimentation. C’était en 2004. Puis est venue
l’activité physique en 2008. Aujourd’hui, nous sommes dans un message qui
consiste à encourager à mieux manger et plus bouger. Mais regardez aux
Etats-Unis, où la situation est critique notamment en matière d’obésité… Le
programme lancé par Michelle
Obama montre qu’ils sont déjà passés à la phase d’après. En France,
nous devons donc aller plus loin.
Pourquoi ? Pour des raisons économiques ?
Il y a une
question financière oui, c’est une évidence. En France, 37 millions d’habitants
étaient considérés comme « sédentaires » en 2008. On sait par
plusieurs études, que si l’on remet 10% de la population française en
« activité physique », eh bien on économise 500 millions d’euros par
an ! Et puis, incontestablement, il y a une question de santé publique. Le
taux de récidive pour un cancer du sein après chimiothérapie et reprise d’une
activité physique diminue de moitié ! C’est considérable !
Quels conseils basiques faut-il prodiguer ?
Je dirais
plusieurs choses : trente minutes de marche par jour ; si vous êtes
contraint par une position assise, couper les heures par des petits
déplacements ; téléphoner debout en déambulant ; faire des réunions
debout… Car rester assis trop longtemps raccourcit notre espérance de vie. On
sait par une étude, qu’une personne en position assise six heures par jour aura
une espérance de vie diminuée de 20% par rapport à une autre assise pendant
seulement trois heures. La sédentarité tue.
Quelques conseils (en anglais) pour lutter contre la sédentarité :
Danger sédentarité, par François Carré, (Le Cherche-midi, 2013)
Le site de l’Observatoire
de la sédentarité
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire