mardi 29 septembre 2015

"La clé d'être" MARC VELLA


C'est la rentrée.
Quelle est ma valeur ? Est-ce que je compte ? Suis-je important ? L’école devrait bâtir dans le coeur de l’enfant la douce certitude qu’il compte et est important. L’école devrait enseigner aussi que l’autre est sans prix. Un enfant respecté respecte son prochain. Un enfant que l’on a ouvert à lui-même s’ouvre aux autres et au monde. Je reste convaincu que la meilleure manière de vaincre la misère sociale est d’enseigner à chaque être qu’il est riche de lui-même. Encore faut-il révéler cette richesse. Tant que l’enseignement se fera dans l’idée que Molière, Pascal, Rousseau, Descartes, Mozart, etc., sont des esprits supérieurs à l’élève qui, lui, ne peut être qu’un sous-produit d’intelligence, tant que cet enseignement se fera dans la compétition, la comparaison, la réussite au détriment de l’autre, misère et violence perdureront. Molière, Pascal, Rousseau, Descartes, Mozart et tant d’autres lumières du passé n’ont de sens que si celles-ci révèlent les lumières d’aujourd’hui. Cette révélation ne peut pas se faire dans la soumission et un apprentissage au par coeur sans âme mais dans la rencontre, une rencontre d’égal à égal. Sophie rencontre Molière, Abdul rencontre Pascal, Al rencontre Rousseau, Tidiane, Descartes, Ingrid, Mozart etc… Là est le véritable enjeu de l’éducation. Que veut dire éduquer ? La réponse du dictionnaire est révélatrice : ce verbe viendrait du latin educo, educare qui signifie « nourrir, instruire ». Mais surtout, il nous révèle un autre verbe dont l’infinitif est e-ducere,
qui se traduit par « conduire hors de soi-même ». Être éduqué, c’est aller hors de soi pour aller vers l’autre. Éduquer c’est déclencher la rencontre. En tout premier lieu avec soi. Comme dit Albert Jacquard : « L’objectif premier de l’éducation est évidemment de révéler à un petit d’homme sa qualité d’homme, de lui apprendre à participer à la construction de l’humanitude et, pour cela, de l’inciter à devenir son propre créateur, à sortir de lui-même pour devenir un sujet qui choisit son devenir et non un objet qui subit sa fabrication. »Assurément, un bon élève n’est pas un perroquet qui répète sans se tromper quelques vers de Corneille, un bon élève est initié à lui-même par ses rencontres. Il sait qu’un maître est aussi en lui et, en toute humilité, enrichi de ces multiples rencontres, il essaye de faire ce qu’il faut pour nous livrer son propre message.
Extrait du prochain livre de Marc Vella "La Clé d'Être" aux éditions Guy Trédaniel

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