jeudi 25 février 2016

Petite philosophie à vélo : il n'y a qu'une voie, celle du respect.

Aujourd'hui j'ai roulé à vélo, à vitesse très réduite, sur une portion de trottoir large (il n'y a pas de piste cyclable à cet endroit et la chaussée est potentiellement dangereuse).
Je croise une dame, son visage m'était d'emblée peu sympathique (j'ai l'habitude de regarder les gens que je croise, à pieds ou à vélo et de laisser émerger des pensées, fugitives).
Nous avions largement de la place pour nous croiser sans nous gêner ; arrivée à ma hauteur, elle me lance d'une voix persifleuse, avec un visage presque hideux, non pas qu'elle ait été laide, mais une espèce de haine y était imprimée : "ce n'est pas une piste ici !"
Et là, moi, je me surprends à m'entendre penser ... "espèce de grosse vache,quelle connasse" !
je l'ai pensé.... pas exprimé à haute voix mais j'ai senti l'émotion, l'injustice, l'agressivité gratuite sous couvert d'un règlement qui, certes, existe mais peut être un peu écorné avec bon sens et respect de l'autre dans certaines conditions).
Pendant tout le chemin j'ai pris le temps d'analyser mes ressentis.
J'aurais pu rebrousser chemin, me planter devant elle et lui dire : "Madame, n'aviez-vous pas assez de place pour marcher tranquillement sur ce trottoir ? préféreriez-vous peut-être que le cycliste se fasse écraser sur la route ? ne pensez-vous pas que si chacune laisse la place possible à l'autre, le monde serait plus agréable à vivre ?"
Son visage ridé de haine (et non par l'âge) reste un moment devant mes yeux.
Puis je me suis demandé pourquoi cette remarque soulève tellement d'émotion en moi ; ce sentiment d'injustice, d'irrespect,.. une façon de déverser un mal-être qui existe bien avant cette rencontre. Cela me rend triste.
En poursuivant ma réflexion, je me rends compte qu'il ne dépend que de moi de laisser glisser ce genre de propos sur moi sans me sentir blessée, en me disant qu'elle a le droit de s'exprimer et moi de me sentir en accord avec ma façon de me conduire, étant une vie qui veut vivre parmi des vies qui veulent, elles aussi, vivre.

Quand je suis amenée à rouler à contre-sens sur une piste...
- Les adeptes de la petite reine au quotidien me comprendront aisément : l'infrastructure en milieu urbain n'est pas encore totalement adaptée aux déplacements à vélo, d'ailleurs le seront-ils un jour ? le devront-ils seulement ? il est une évidence que piétons, cyclistes, automobilistes, fauteuils roulants, roller et autres modes de déplacement empiètent forcément un peu sur l'espace des uns et des autres, tout comme vivre a un impact sur l'écologie, sur les autres personnes... nul n'est transparent, chacun pèse son poids, mange et laisse des déchets. Juste pour dire que pour aller d'un point à l'autre il faut parfois prendre le trottoir, la piste à contre-sens et il est évident que lorsque l'affluence impose de mettre pieds à terre, je le fais. C'est naturel, tout comme laisser un peu de place au vélo qui veut passer, même s'il est sur "mon ?" trottoir... 
Je ne parle pas de la catégorie des cyclistes inconscients qui roulent trop vite et effraient les gens en passant, ni des piétons qui traversent la chaussée n'importe où, sans regarder, ou bien de l'automobiliste qui se croit tout seul sur la chaussée...

Donc je reprends ma réflexion : à contre sens sur une piste, la plupart du temps les "vrais" cyclistes se poussent et nous avons l'espace suffisant pour nous croiser confortablement. Des sourires sont parfois échangés, une certaine complicité plâne. Il arrive pourtant, rarement.... qu'une personne mal intentionnée - cela se voit de loin, visage fermé, mimique désapprobatrice - prend ostensiblement la place qui lui revient "de droit"... bien sûr... et même davantage ! au risque de me faire basculer sur la chaussée ; je m'arrête avant bien sûr. Peut-être que la personne jubile d'avoir imposé son "droit" et joué au gendarme ? qu'importe ; je ne rentre pas dans ce combat-là en me disant qu'elle ne doit pas se sentir très bien le soir.. sans savoir pourquoi peut-être.
Là aussi je peux penser "quel con égoïste" .... non pas à haute voix ! mais cela me fait du bien de m'exprimer même si les mots restent à l'intérieur de moi.

Ne me comprendront que les cyclistes urbains du quotidien. Quelle liberté de pouvoir se déplacer ainsi dans Strasbourg qui est une ville où il fait bon vivre, même si de temps en temps on rencontre un récalcitrant au "vivre-ensemble".
Afficher l'image d'origine

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire