mercredi 24 juin 2015

Une bougie silencieuse dans le grand tumulte

(Thierry VISSAC, janvier 2015)

Les événements qui secouent la France et la planète dans son ensemble en ce début d'année 2015 font beaucoup parler. Des milliers de personnes ont une opinion engagée sur le sujet et des propositions à faire. A les entendre, à les lire, on peut parfois ressentir que c’est encore beaucoup de violence pour gérer la violence, beaucoup de grands principes énoncés dans le vent, beaucoup de décisions émotionnelles qui ajoutent de l’agitation là où nous aurions tant besoin de générer la paix, de ramener la douceur et, sur ces bases, seulement, de produire une réflexion saine.
Un rassemblement de milliers de personnes est toujours impressionnant. Il « frappe les esprits », comme on dit. On peut avoir l’impression qu’il se passe quelque chose, qu’une solidarité est à l’œuvre, que le peuple « est debout ». Mais dans les faits, s’il se passe bien quelque chose, la solidarité est illusoire, chacun étant animé par des peurs, des réactions et des principes différents. Le peuple est debout, mais dans l’adversité. Une bonne partie est prête à se battre, tient des affiches « même pas peur », voudrait répondre « à l’épée par l’épée », la plupart se rallie à des slogans auxquels on adhère pour la circonstance ou sans trop savoir ce que cela implique et beaucoup trouvent là un exutoire à leurs frustrations et leurs angoisses.
S’il est vrai que des décisions doivent être prises sur le plan social, je ne crois pas que l’agitation ambiante soit propice à des réformes à la hauteur de ce que l’on pourrait espérer. L’agitation ne génère que de l’agitation et du bruit, attise les colères, enflamme les esprits. Lorsque la folie humaine atteint des proportions aussi graves, comme lors de ces attentats, et si nous avons conscience qu’une telle folie ne se soigne pas par la répression mais par une mutation au cœur de notre humanité, nous ne pouvons pas contribuer au tapage médiatique (c’est pourquoi j’ai même hésité à écrire ces mots, qui ajoutent un autre point de vue à tous les autres) ni aux manifestations de révolte qui suscitent dans une surenchère adverse des manifestations de haine.
Nous avons un autre pouvoir, celui d’éveiller la paix dans les moments cruciaux de notre existence. Parce que j’étais sensible au bruit ambiant, à la violence de l’information, la première idée qui m’est venue pour éveiller la paix était simple mais efficace : j’ai allumé une bougie dans ma chambre, à un moment calme. Cet acte symbolique, sans effet tangible sur notre société, a pourtant eu pour conséquence d’adoucir quelque chose dans l’atmosphère. Je pouvais alors formuler quelque chose de doux : « Que la paix revienne dans les cœurs afin que nos choix soient bien inspirés ». J’ai proposé à des amis que cette bougie soit allumée avec une intention similaire dans des moments calmes de la journée, en particulier le soir juste avant le coucher. Je ne dis pas que ces bougies vont provoquer une révolution sociale (certainement nécessaire) mais qu’elles permettent sans difficulté, sans question idéologique, de ramener la paix au sein du tumulte. Le fait d’être assez nombreux à le faire est une forme de rassemblement moins visible mais dont l’efficacité me semble au moins aussi grande que de bruyantes manifestations dans les rues. Lorsque tout le monde s’emporte, j’ai surtout envie d’inviter au calme. Si un nombre suffisant de personnes y répond, un certain calme revient dans la conscience collective. C’est donc efficace sur ce plan.
Par la suite, est venue l’idée de créer de petits rassemblements locaux avec une intention de guérison des âmes. S’asseoir ensemble silencieusement, avec la conscience qu’un grand nombre de nos frères humains s’emporte et se fait du mal, et s’unir ainsi dans une intention pacifique dont le premier effet est de nous faire toucher consciemment à l’appel de notre âme, de nous permettre d’écouter son désir profond pour la paix et l’amour, est une autre action bénéfique. Elle vient apporter la confirmation à chacun de ses participants - et un exemple à tous les autres - que la guérison de notre humanité doit passer d’abord par cette étape de la réconciliation avec notre âme, par ce chemin de guérison qui en découle immédiatement et qui est ressenti comme un baume divin dans le cœur.
Ce baume peut sauver le monde de sa violence, parce que toutes nos actions, des plus folles aux plus sages n’aspirent en fait qu’à goûter à ce baume dans le cœur. Et je crois que sans lui, aucune de nos paroles, aucune de nos actions ne sera suffisamment bien fondée pour qu’existe une vraie solidarité et une vraie réflexion sur notre façon de « vivre ensemble ». Il y a sans aucun doute une urgence, mais je la vois dans le fait de consacrer d’abord son énergie à cette guérison essentielle.





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