Me voilà en
Afrique depuis 4 jours. J'ai déjà pu découvrir une bonne partie de la ville, où
l'on se déplace la plupart du temps en moto. Je ne commence à travailler
qu'aujourd'hui ce qui m'a laissé le temps de manger dans différents maquis
(espèce de minuscules restaurants), de visiter le musée national, la grande
mosquée et de manger chez la famille d'un pote à ma collègue qui est burkinabé
et qui nous escorte et nous assiste dans nos différentes démarches. Ma
colocatrice m'a prêté une "Crypton" espèce de moto chinoise à 4
vitesses omniprésente dans la ville sur laquelle j'ai appris à conduire au
milieu d'un terrain vague (l'équivalent de nos parking de supermarchés). Je
vous laisse imaginer les conditions de circulation, auxquelles on s'habitue
étonnamment vite. Je fais par contre moins le malin quand le moteur est froid
et que c'est soit mon gardien ou mon voisin mécanicien qui me la démarre en
jouant très subtilement avec la poignée d'accélérateur. Les mécaniciens sont
d'ailleurs omniprésents dans la ville, et heureusement. En quatre jours j'ai
déjà connu 3 pannes de moto (huile pneus crevés... la première fois on est
désemparé et par la suite on va tout naturellement négocier avec le mécanicien
du coin en sachant que ça fera partie du quotidien). Le réseau de contact local
est très important pour un "blanc" ici, que ce soit pour faire des
achats dans un boui-boui ou faire réparer un véhicule, les prix étant
inversement proportionnels à la pigmentation de la peau. Sans faire de
généralités, la population est globalement très hospitalière et attentionnée
envers les étrangers (blancs, moins avec les libanais - qui tiennent tous les
gros commerces et qui jouaient déjà ce rôle de commerçants au début du siècle
dernier quand le Burkina s'appelait la Haute-Volta partie de l'Afrique
Occidentale Française AOF - et les maghrébins qui ont mauvaise réputation). Je
vais à ma première réunion dans un quartier "non-loti" (un bidonville
quoi) demain avec le maire d'arrondissement et le ministère (peut-être le ministre
ahah !)
Sur le
Burkina : C'est un pays enclavé de 16 millions d'habitants (1,4 à Ouaga
aujourd'hui contre 700 000 en 2006 !) et qui a une superficie équivalente à la
moitié du territoire français. C'est un des dix pays les plus pauvres du monde,
il a un IDH (Indicateur de Développement Humain mélange du niveau de
scolarisation - alphabétisation et taux de scolarisation - de l'espérance de
vie et du niveau de vie (PIB)) de 0,343 ça ne vous dit sûrement rien mais c'est
très bas. Le SMIC est à 47 000 Francs CFA (70 euros) sachant qu'une large part
de la population ne gagne pas le SMIC. Le prix des aliments dans les commerces
plus ou moins conventionnels ne sont pas si bas, parfois équivalents aux prix
français ; les autochtones s'entraident et s'échangent des marchandises et des
services pour s'en sortir, méthode à laquelle il est difficile de recourir en
tant que nouveau venu. La majeur partie de la population citadine survie grâce
à la vente dans la rue de forfaits de portables, de fruits et légumes, de
paquets de cigarettes ou de mouchoir ou proposent des services (cirage et
lavage de chaussures en général). Je vous épargne une description aussi vide
qu'inutile de la misère et vous ferai part de mes sentiments plus quand
j'aurai quelque chose d'intéressant à en dire. Cela dit, les conditions
de vie précaires sont généralement "acceptées" par la population (la
plupart des jeunes que j'ai rencontrés sont globalement résignés mais tenace)
malgré les images d'occidentaux aisés qui défile en boucle sur les écrans depuis
l'arrivée du câble. Cette état d'esprit qui pourrait s'apparenter à une forme
de lâcher prise (concept dont on est si friand en occident !) transcende les
trois religions du pays (musulmane protestante et catholique) et s'inscrit
directement dans la culture. D'après ma chef cette "vie au jour le
jour" a des conséquences importantes que ce soit dans le déroulement
chaotique des projets - d'urbanisme par exemple - de long terme ou dans
la façon de conduire - "si Dieu le veut ça passera".
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