(Auteur : "Un parmi Nous
après la lecture d'un article dans le magazine KAIZEN.
Philippe Nicolas développe un type de pédagogie qui est
très répandu aujourd'hui, même si l'on n'en parle pas plus que ça. C'est
la pédagogie du projet, préconisée depuis plus de trente ans dans les
programmes et instructions officielles qui, en effet, permet une
approche pluridisciplinaire, un voyage transdisciplinaire susceptibles
d'inscrire les situations d'apprentissages dans un cadre motivant et
mobilisateur jusqu'à observer une motivation qui s'autonomise, chez des
élèves aux attitudes d'autant plus responsables qu'ils s'impliquent
personnellement dans le projet.
Mais pour que cela soit effectivement opérationnel, une expertise
didactique est indispensable chez le professionnel : il faut de réels
contenus d'apprentissages, qui nécessitent une progressivité
(construction des concepts). Enfin, le professeur doit développer une
réelle capacité à déterminer la pertinence (ciblage d'objectifs, 10
parmi 100), la cohérence (continuité dans les apprentissages et
différenciation pour prendre en compte la singularité de chacun des
élèves, les besoins éducatifs particuliers) et l'efficacité des actions
menées (mesurer l'écart, soit évaluer sa propre action et ce qu'elle
suscite chez l'élève), ainsi que de grandes qualités communicationnelles
(partenaires éducatifs, élèves, parents, ...).
Quant à la pédagogie Freinet, son efficacité n'est plus à
démontrer, mais elle pose aussi une question : un type de pédagogie
suffit-il ? La coopération en classe est sans doute ce qui est le plus
séduisant et aussi très souvent productif dans ces "classes Freinet",
mais là encore, il s'agit de ne tromper personne, et l'expertise
didactique est indispensable. Rien qu'un exemple, mais de taille :
chaque enfant doit pouvoir entrer dans la "lecture-écriture", et
s'approprier les clés (graphiques, grapho-phonologiques,
orthographiques, grammaticales, ...) qui lui permettront de développer
son autonomie face à la langue écrite et parlée, pour la décrypter et la
comprendre. L'iniquité est évidente, et ses sources multiples
(somatiques, physiologiques, psychologiques, pathologiques, culturelles,
...). Or, des méthodes fleurissent, des opinions se répandent et
s'opposent dans des conflits qui ne trouvent bien souvent d'intérêt que
dans l'égo de leurs auteurs (il y a bien longtemps par exemple que les
méthodes exclusivement globales ont été écartées des pratiques, et je ne
suis pas du tout sûr qu'il ait un jour existé un enseignant qui ait
fait un choix aussi exclusif). Et je sais, parce que c'est mon métier,
que très peu, de façon infinitésimale, de professionnels se contentent
d'une unique approche pédagogique ou didactique, et ce par raison, et
que la large majorité des enseignants, tout particulièrement dans le
premier degré, sait combien ces enseignements pour la maîtrise de la
langue nécessitent de travail, de préparation et de rigueur.
J'arrête là, car ce sont des débats inépuisables.
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