dimanche 27 septembre 2009

TOGO 2008

TOGO 24 JUILLET – 10 AOUT 2008

Travail, courses, visite à l'hôpital, récupérer la moustiquaire chez Brice, essayer de dormir, envie de chocolat et de gingembre (pour pallier aux éventuels manques dans le futur prochain ?), pensées pour les chats, dernière vérification sur la liste universelle« choses à emmener », instructions pour les plantes, chats, courrier, maison... comme si le monde ne pouvait tourner sans moi, quelle suffisance !

Impossible de s'imaginer le programme des deux semaines à venir, de se rassurer derrière un programme (nous savons tous qu'il ne sert que de base aux changements incessants, c'est la vie et le degré d'adaptation dont nous pouvons faire preuve est intimement lié à celui du bonheur ressenti, toujours fluctuant.

Tout se téléscope dans mon esprit, détails, décisions « importantes» ou considérées comme telles, toutes ces entreprises inachevées dans tous les domaines, en suspension – parenthèse, coupure – mes cogitations vont bon train... peut-être une façon de fuir la réalité, éviter d'être trop consciente, se rassurer ; vu de l'extérieur, on me « voit » sauter du coq à l'âne – en passant par le chat ! regarder dans toutes les directions, penser à « tout », paraître organisée alors que je ne fais qu''anticiper. Cela s'appelle en bon jargon : la fièvre du départ.

Il n'y a que mon passage dans la chambre d'hôpital, où Martine ne combat même plus sa maladie, qui m'apporte pour un instant la paix ; elle m'ancre dans le présent, la réalité, même si elle n'est pas conforme à ce que je souhaiterais voir. J'en sors, apaisée, lâchant prise tout simplement, savourant l'instant présent qui me permet de marcher à l'air libre ; un sentiment de joie m'envahit à l'idée de partir au TOGO, pour vivre, voir, sentir, chanter, partager, raconter, goûter... ETRE, comme à cet instant.

Je suis aussi consciente qu'on n'est pas obligé de voyager pour se reposer l'esprit. Mais tant qu'à faire... je suis heureuse d'avoir ce privilège.

Je m'endors, après avoir réglé le réveil pour 4 heures.

Jeudi 24 juillet.

A l'aéroport, branle-bas de combat : trop de petits sacs même s'ils ne « font pas le poids », calculs savants, compensation entre sacs, rajout de bagages « cabine » ; Merci à Chr de porter mon 3ème sac à dos que je destine à une deuxième vie au village togolais.

Les découvertes d'objets « interdit en cabine », outils divers et tellement inoffensifs, affaires de toilette dépassant l'humble contenance de 100 ml, ... Oh SACRILEGE : mon jus de betterave bio plein de vitamines est lancé sans ménagement à la poubelle ! ... nous n'avons pas les mêmes valeurs, Madame la Douanier (j'ai eu beau lui souffler à l'oreille qu'elle devrait le goutter... elle est restée impassible – en apparence - Que ne l'ai-je partagé avec mes compagnons de route au lieu de vider avec eux la vulgaire eau, quoique aromatisée de gouttes aux essences ! tout aussi litigieuse... d'ailleurs je ne comprends pas, malgré tous mes efforts d'imagination, comment toutes ces choses pourraient se transformer en armes dangereuses dans l'habitacle d'un avion – l'ivresse de l'altitude, sans doute.

On dit bien que même les mots peuvent tuer. A quand l'interdiction des romans ? Chut...



C'est bien compliqué pour Maryse... et ce n'est qu'un avant-goût ! Pour l'heure, elle fait preuve de beaucoup de patience et d'ingéniosité pour équilibrer, adapter, rassurer, trouver le compromis ( laquelle patience sera-t'elle infinie ? l'avenir nous le dira... à mes lecteurs de la première heure, je peux souffler que « oui » elle a été géniale d'efficacité !).

Deuxième passage, et vérification de nos 36 sacs, à la douane de l'aéroport Charles de Gaulle... j'ignorais qu'on pouvait faire ses courses dans le ciel, au supermarché à l'enseigne du Bon Dieu ? ...

Pots de confiture, une louche « louche ! »... logique... ont échappé à la vigilance des contrôleurs... je comprends de moins en moins les critères de dangerosité... la louche, pas si louche que cela, a bien un manche en métal... un tesson de verre est coupant...

Il a encore fallu ranger les tubes de crème, dentifrice, minuscules flacons, dans un sachet translucide fermé par une tirette, limité à UN SEUL par personne... souci écologique ?

Le groupe avance péniblement avec ses 36 pattes qui tirent dans tous les sens ; il y a ceux qui veulent faire pipi, d'autres cherchent à s'échapper pour fumer, ou encore sont attirés par les duty-free (free ? libre de payer le chocolat jusqu'à 80 euros le kilo ? dissuasif même pour ma gourmandise légendaire !...).

Longue attente... la première de la longue liste – sieste dans toutes les positions : le prix à payer pour voyager. J'y trouve mon compte : enfin j'ai le temps de rêver conciemment !

Bientôt la cause du retard se révèle : un car de police embarque des « sans-papiers » reconduits à la frontière. Quand nous montons dans l'avion, je les vois, ma place est tout près d'eux. Ils crient, pleurent, psalmodient, en transe, le visage baigné de larmes. L'un d'eux bave ; les policiers nous expliquent qu'ils essaient de faire venir le commandant de bord car celui-ci pourrait refuser de les emmener. Je vois bien que la sécurité des passagers est totalement assurée, non seulement ces jeunes gens n'ont pas l'air violent, mais encore ils sont entourée d'une dizaine de policiers, dont une femme ; de plus, leurs mains et pieds sont attachés... je suis triste car je ne peux m'empêcher de penser à mes garçons qui ont sensiblement leur âge, aux jeunes en général qui rêvent d'horizons nouveaux, ou alors à ces réfugiés à qui on ne laissent pas vraiment le choix, tant les perspectives d'évolution dans leur pays d'origine sont limitées, pour eux mêmes ou leur famille, les obligeant à fuir.

Oui, leurs jérémiades perturbent notre confort de touriste, certainement, mais je poursuis ma réflexion au-delà de ma petite personne : on ne peut ignorer que chaque groupe, famille, entité quelconque, pays, cherche de diverses manières, parfois subtiles, à garder ses ressources, surtout si elles sont limitées, sert d'abord ses membres propres et leur intérêt, avant de penser au partage, qui est pourtant richesse de vie ; cette peur viscérale de l'autre, des différences, caractérise malheureusement l'humain de base qui n'a pas encore pu – ou dû – évoluer.

Nous apprenons aussi que des bagages posent problème, n'ont pas été identifiés ou leur propriétaire ne s'est pas présenté à l'embarquement : ils ont été dynamités, par mesure de précaution... preuve que les rayons ne sont pas fiables à 100% sinon on pourrait éviter ce gachis et ne supprimer que les valises contenant incontestablement des explosifs.

Le décollage était prévu à 13 h 20.... Trois heures plus tard, l'avion se met en piste.
Et comme par miracle, les sri lankais se résignent. L'un d'eux dort déjà, épuisé par tant d'efforts infructueux, le commandant de bord s'étant montré sourd à leurs pleurs.

Dans l'avion bien sûr beaucoup de voyageurs sont des africains. L'air climatisé m'indispose comme d'habitude, tant au niveau des poumons, des muqueuses du nez qui se dessèchent, des lèvres et de la peau qui tire ; je pense aux hôtesses de l'air et me demande si elles ont trouvé la parade ; je questionne l'une d'elle qui m'apprend qu'elle se tartine de crème et utilise beaucoup de sérum physiologique pour humidifier les narines. J'y penserai lors de mon prochain séjour dans cette ambiance asséchée.

Le repas tarde.... Le chariot passe et repasse, je ne peux dire « dépasse « parce que c'est impossible dans cette travée étroite, encore et encore... Enfin, c'est pour nous !Miam, et un dessert au chocolat !

Un groupe Suisse se rend également au Togo, pour construire une école, mais il y a pénurie de ciment ! Il est facile de parler aux gens dans cet avion, des jeunes, des plus âgés, des enfants ... Une Togolaise me dit en me serrant la main « merci pour ce que vous faites dans notre pays ». Cela me gène car ces gens ne nous sont pas redevables de quoi que ce soit, et je pense toujours à la phrase d'Albert Schweitzer « quand on peut on doit ». Il nous est donné beaucoup de richesses matérielles, à nous, des possibilités de voyage... Qu 'en faisons nous ? Se servir de plus en plus grassement, ou alors aller vers l'autre, l'écouter, partager... Je ne doute pas une seule seconde que les gens que nous semblons « aider » nous apportent quelque chose d'essentiel.

La cohue est générale à l'aéroport et la moiteur nous abat comme une massue ; les gens se bousculent pour récupérer leurs bagages, le tapis roulant peine, sa dimension n'est visiblement pas adaptée aux charges énormes qu'il doit distribuer à des voyageurs exténués et un peu dépassés par le changement à tous niveaux, climat, façon de procéder (les porteurs s'imposent sans que l'on puisse réagir et exige bien sûr d'être payés, les chariots sont introuvables, les douaniers sont un peu partout, tout leur paraît suspect...) ; angoisse pour récupérer tous les bagages, car il faut préciser que chacun avait emmené le maximum de valises pouvant contenir habits, objets divers, ballons de football, médicaments etc... à laisser sur place.

Chr a dû remettre un douanier en place : il a fouillé sa valise et s'est mis jouets et médicaments dans la poche. Elle lui a répété plusieurs fois de remettre ces objets dans la valise avant qu'il n'obtempère.

Arrivée au Foyer des Marins, havre de paix, hormis le bruit de la route. Nuit assez reposante, sous une moustiquaire déjà en place, en forme de grand cube rectangulaire. L'extraction mécanique, genre « clim », nous berce de son doux ronflement... il suffit de se mettre au diapason ! La douche et les WC se trouvent à l'étage, à partager avec Alfonso d'une côté et Frédéric de l'autre ... Lily et moi sommes bien gardées ! PREM'S pour le petit déjeuner... car durant tout le séjour, je n'ai pas oublié l'heure européenne, décalée de 2 heures, ce qui fait que je me réveillais naturellement une première fois vers 3 h 30... j'avais alors tout loisir de repasser en revue le vécu du jour d'avant...

Le petit déjeûner se composait entre autre d'une succulente confiture d'ananas- papaye sans sucre – la présence d'édulcorant n'était pas mentionnée -, oeuf mi-mollet, charcuterie, croissants, et sommum : du vrai jus d'oranges pressées.

Les abords de la route sont animés, femmes avec paniers sur la tête, mobilettes, vélos, très vieilles voitures, - de temps en temps on peut apercevoir un véhicule flambant neuf, sans une bosse, et les vitres sont toujours closes pour garder la fraîcheur qui doit avoir bien du mal à se stabiliser pour le confort des richissimes propriétaires, camions, la mer est tout près, deux chevaux passent, je suis admirative face à la placidité de ces animaux qu'on sait pourtant très sensibles et réactifs car ils se font dépasser sans cesse, presque frôler par plus rapide qu'eux.
La pollution extrême ne semble pas incommoder outre mesure des otochtones, quelques rares personnes portent un semblant de masque mais la plupart se meuvent sans protection ; ce qui est frappant, mais on peut aisément le comprendre, est que les activités humaines (ventes de toutes sortes, services proposés... plats cuisinés... même la sieste ! palabres...) se concentrent spécialement le long des voies publiques. Les bébés sont intoxiqués dès leur plus jeune âge aux gaz des pots d'échappement. J'ai lu dans un guide que la moyenne d'âge se situe aux environs de la cinquantaine...

La moiteur se ressent davantage en milieu urbain et j'ai renoncé à m'éponger le front, tant pis pour les petites tricheries féminines en matière de cosmétique !

La pluie tombe de temps en temps, nous rappelant que nous sommes toujours à la saison des pluies, quoique touchant à sa fin ; une douche de temps en temps est d'ailleurs fort agréable et le ciré est resté au fond de mon sac pendant tout le séjour ; l'effet « sauna » aurait été garanti !

Enfin je vois l'oiseau tout rouge qu'on entend souvent chanter.

Le marché est une épreuve de patience et de tolérance ; dès les premiers instants une nuée de vendeurs s'agglutinent autour du mini-bus et Chr a même fait l'expérience de « courses à distance », c'est à dire qu'il leur disait ce qu'il souhaitait acheter et quelques minutes après on lui ramenait les objets, tandis que le reste du groupe a osé prendre ce bain de foule mémorable ; les tissus multicolores, les objets en bois, les bijoux manufacturés etc... la concurrence est très rude et l'ambiance est parfois tendue entre tous ces commerçants qui veulent tous faire affaire avec les blancs nommés par certains « porte-monnaie sur pattes ». On peut les comprendre, j'imagine aisément qu'en un jour ils peuvent faire leur chiffre d'affaires mensuel habituel, rien qu'en faisant commerce avec les richissimes « Yowo » qui gagnent en moyenne quelque 20 fois plus.

Voir la mer d'aussi près et ne pas pouvoir nager est un peu frustrant ; des personnes dorment sur la plage, à même le sable, ou encore sur les quelques bancs installés entre les palmiers, le long de la route ; les repas cuisent ça et là, nul besoin de cuisine. Le bruit ne semble pas perturber les Loméens, ni d'ailleurs la pollution. Seul comptent les échanges humains.

S'occuper du change des euros vers les francs CFA n'est pas aisé. Il faut s'armer de patience. Mar et Chr en savent quelque chose, merci à elles de sacrifier jusqu'à deux heures pour nous distribuer les billets de banque souvent très chiffonnés et malodorants.

Pendant ce laps de temps, le groupe attend sagement (en début de séjour....) dans un magasin de tissus, créations de luxe, « chemise à 12000 F CFA » ce qui fait à peu prêt 18 euros... ensemble jupe et haut à 30 euros...

Des immondices jonchent les trottoirs, flottent sur les mares après la pluie, les sachets en plastique noir volent dans les airs et vont se fixer sur les grillages au-dessus des murs.

De jolies poupées africaines entièrement faites de tissus et de laine plaisent beaucoup aux touristes que nous sommes malgré tout, le tout enrobé d'un zeste d'humanitaire, mais surtout de beaucopu d'humanité, ce qui est l'essentiel. Les négociations vont toujours bon train et de retour dans le mini-bus, elles font l'objet de comparaison, nous arrivons toujours à la même conclusion : les objets payés moins chers sont « rachetés» par d'autres pour lesquels le prix fort a été demandé.

Les petits vendeurs s'agglutinent autour de notre bus, tels des abeilles sur un pot de miel. .. mais qu'il est facile de faire ce genre de réflexion quand on a tout et trop... j'en suis consciente. Encore une fois je remarque qu'il est nécessaire d »avoir » pour penser à être, mais l'»avoir » risque également de bloquer le potentiel « être » s'il prend trop d'importance, disons au-delà du nécessaire ; Comment juger de ce qui l'est vraiment ? L'indispensable pour l'un ne l'est pas forcément pour l'autre ; vient aussi se greffer l'envie, la jalousie, les désirs exacerbés par la publicité etc... on aura compris qu'il n'existe pas de recette, d'échelle définie des valeurs... chacun fait sa « petite sauce » tout en essayant de s'accorder avec le monde.

Simone craque déjà pour un collier rouge... elle précise qu'il est pour sa fille.

La vie de groupe, genre « rester grouper », les longs moments d'attente dont on ne connait parfois pas la raison, fumer, négocier ... certains font pipi plus souvent que d'autres : l'occasion de se parfaire dans le domaine de la patience, de la tolérance, de la différence.

Les routes sont en très mauvais état : d'énormes ornières font presque basculer le mini-bus et nous secouent tels des bouteilles d'Orangina dans la pub de mon enfance. Cela nous met dans une effervescence très juvénile et les éclats de rire remplissent souvent l'habitacle qui nous semble d'un coup moins oppressant ; et quand la moiteur, le manque de place, les chocs, les éraflures occasionnées par des bouts de tôles, sont trop « présents », je ferme les yeux et me dis que tout cela ne durera qu'un temps, au maximum quelques heures.

Les panneaux « faire pipi ici = 25 F CFA ».

De retour au Foyer des Marins, je me laisse tenter par la piscine pour me rafraîchir ; le soulagement ne dure que le temps de l'immersion ! Après il faut assumer les yeux rouges qui piquent et la peau sèche. Heureuement que j'ai mes lotions miracles dont la recette n'est pas secrète !

Après le repas (couscous, mangues, ananas), deux chanteurs nous font un mini-concert, avec guitare et l'espèce de « hochet » pour battre la mesure... surprise, j'entends « give thanks » en français !

Justin nous conduit au marché local, le long de la route, où nous faisons diverses emplettes, notamment des mangues et ananas, entre 150 et 200 F CFA. Nous avons pu goûter le manioc, qui a un petit arrière-goût de noisette.

Nous nous approchons de la mer, malgré l'interdiction et la menace des Bandito... grâce à S qui fait les yeux doux au portier d'un hôtel hupé ayant accès à la plage ; la mer m'impressionnera toujours autant, toutes cette masse d'eau que personne ne pourra domestiquer, le bruit régulier des vagues, je ferme les yeux, je sens l'odeur de l'iode, je goute l'eau salé, je retrouve les sensations de ma jeunesse (je ne peux dire de monenfance car j'avais 8 ans quand j'ai vu la mer pour la premire fois). Le courant est fort, le sable se dérobe sous mes pieds lors du ressac et ej comprends maintenant le danger d'être rapidement déséquilibrée si l'on s'avance.

Faire pipi, impossible de se cacher, il n'y a pas un bosquet, une grande dune, rien... je n'ai pas le choix et faire pipi dans la mer, c'est tellement naturel... tant pis pour ceux qui n'ont jamais goûté ce plaisir qui doit remonter très loin...

Des jeunes gens s'entraînent à sauter d'obsacle en obstacle, en fait des tas de sables et finissent par des sprint impressionnants ; S et Chr se mesurent à eux... pas mal pour des Yovos et ça les fait bien rire !

Mad fait l'agent de circulation nous permettant de traverser la route : quelle autorité !

Partout nous voyons du tissus à vendre, magnifiques, haut en couleur. Je commence à apprécier la mode africaine éclatante, tout en gardant à l'esprit que, de retour dans la vie active, je ne pourrai m'asseoir en salle d'audience ainsi vêtue ! Pourquoi pas chercher un tissus pour la tenue gospel et la faire confectionner par une couturière locale ? rémunérer un travail est aussi une aide mais surtout une reconnaissance de leur savoir-faire indéniable en la matière.

Les moustiques nous assaillissent surtout le soir ; la nuit tombe rapidement après 18 heures ; je me couvre de la tête aux pieds car c'est la meilleure protection « anti-moustique ». Cela ne m'empêche pas de m'asperger de produits, naturel et chimique, de prendre de la levure de bière qui est sensée m'imprégner d'une odeur désagréable, non perceptible par l'homme – personne ne m'a jamais dit que je sentais mauvais... - pour ces bêtes volantes, piquantes et vecteur du paludisme.

A ce propos, j'ai rencontré une dame suisse, naturopathe, qui était à Lomé pour participer à un colloque médical ; nous avons notamment abordé le sujet de la protection contre les maladies tropicales et elle m'a confirmé que « ARTEMISIA » est une plante efficace contre le palu. Cela fait quelques années qu'elle remplace la Malarone par des infusions, de façon probante (elle m'a raconté l'histoire de sa fille qui a gardé longtemps des séquelles suite à la prise de médicaments). Le site en suisse est anamed.net ; elle m'a parlé d'un pharmacien qui a fait une étude sur le sujet pendant son séjour de 6 ans en Afrique. Et elle chante dans une chorale GOSPEL à FRIBOURG qui s'appelle « African gospel » !

Remarque : les motards ne portent pas le casque, ce qui n'est pas étonnant ici, alors que les policiers (à pied) en ont un, eux !

SAMEDI le 26 juillet

Il vente un peu, pluie fine, c'est agréable. Lily et moi nous sommes encore levées trop tôt et cette fois ci plus personne ne m'a plus demandé de le réveiller.... un hasard ? J'en profite pour faire ma gymnastique matinale et surtout la « salutation au soleil », qu'il soit présent à mes yeux ou non ! Un jardinier, tout fier, nous montre ses biceps en faisant des pompes devant nos yeux admiratifs.

Florence, la serveuse, nous apprend que les mois de juillet et août représentent la saison de la mousson, et de novembre à février c'est la saison sèche, quelque peu tempérée par l'humidité due à la proximité de la mer.

Nous partons à 19 dans le minibus... serrés comme des sardines dans une boîte... mais ne nous plaignons pas : bientôt nous dépassons un camion en état de grand délabrement qui transporte autant de personnes, mais sur plusieurs niveaux, entassées, bébés, jeunes, vieux + encore des animaux, chèvres, poules et plein de matériels de toutes sortes, légumes ; quelques jeunes gens sont assis, les jambes pendues dans le vide, agrippés au rabat de la benne... dire qu'un moment donné un soit-disant « douanier » sortant de « je ne sais où » a osé parler de surcharge en ce qui nous concerne... Justine lui a donné une pièce et le problème s'est estompé, comme par miracle.. effet inédit de l'argent !

Contrôle de police, surcharge, (quid des camions remplis jusqu'au plafond de noirs pêle-mêle de tous âges, d'animaux, d'objets divers, de légumes !) Toujours est il que les policiers nous arrêtent régulièrement, en surgissant des fourrés avec un coup de sifflet, quelque mots sont échangés et de l'argent est donné de la main à la main. Et nous repartons. Le péage en quelque sorte...

Nous montons un petit peu en altitude, la végétation change. L'air devient plus respirable. Le paysage est joliment valonné. Je me surprends à penser à la belle Alsace.

Visite hôpital. Dans l'allée, nous nous approchons d'un arbre, il me semble qu'il s'agissait d'un goyavier, quand tout à coup une nuée de chauve-souris s'échappent du feuillage ; image impressionnante, apocalyptique, mon esprit étant certainement conditionné par le célèbre film « les oiseaux » de Hitchcock.

Nous visitons notamment la maternité où deux femmes sont alitées, aux côtés de leur bébé d'à peine quelques heures.

Les moyens manquent visiblement. Dommage que tous les hommes ne puissent être soignés, partout dans le monde, de la même façon. En même temps, jene doute pas que l'Afrique regorge de moyens de guérison, notamment phytothérapiques mais aussi plus subtils et irrationnels, infinis ; espérons que leur savoir ancestral ne se laissera pas complètement éclipser par la science chimique à laquelle - malheureusement ? , à voir - tout le monde n'a pas accès.

Par contre, quel contraste sur le plan de l'hygiène, par rapport à ce que nous avons pu constater dans les villes : malgré le carrelage ébréché et la vétusté générale de tout le matériel, la propreté est visible, les fioles sont rangées sur les étagères des laboratoires, le calme règne, il n'y a d'ailleurs pas beaucoup de malades... tant mieux mais peut-être que certaines personnes ne peuvent tout simplement pas se permettre de se soigner ? Les prix sont affichés, certainement très élevés au regard du salaire moyen d'un Togolais qui représente l'équivalent de 60 – 80 euros ; un médecin gagne 125 euros par mois (10 000 Francs CFA équivalent à peu près 15 euros – une mangue ou un ananas coûte entre 100 et 200 FCFA).

Nous arrivons dans un endroit, à 600 mètres d'altitude, où la végétation est luxuriante, les caoutchoux de nos salons se développent ici en immenses arbres, l'air est chargé d'ions négatifs, de ceux qui manquent dans les endroits malsains.

Les tenanciers de l'auberge qui nous accueillent sont visiblement dépassés par la soudaine affluence ; la serveuse propose des poulets « bicyclette » mais il n'y en as pas assez « en stock », il faut en tuer pour nous, ils arrivent « sur pieds » quoique en l'air ! sur des mobylettes ! – nous goûtons les frites « igname » différentes de la pomme de terre (c'est un légume).

On peut admirer le teck équatorial planté par les SUNS, en 2002 ? ; une fête a lieu dans le village, il s'agit de la Confirmation. Tout le monde chante et danse et nous sommes très vite happés par l'ambiance festive ;

Les chiens (les seuls sont de la race qu'on voit parfois aux abords des déserts, fins, avec des grandes oreilles et de couleur rousse) et chats sont rares et maigres.

Le rond point se trouvant non loin du Centre des Marins est complètement « défoncé », les nids de poules sont devenus « nids d'autruche » au moins... mais le chauffeur résoud vite le problème, il ne le contourne plus mais tourne tout de suite à gauche pour emprunter la rue en face !

Des cercueils sont vendus au bord de la route, parfois joliment décorés, aux couleurs vives, original et pas triste du tout.

Ju a enfermé un « moustique éléphant » dans la salle de bain.

La gadoue dans les rues de Lomé après les averses est impressionnante, voyager dans le mini-bus n'est pas une si mauvaise idée...

Dimanche 27 Juillet

Culte à l'église à l'autre bout de la capitale, nous chantons avec une chorale de jeunes, notamment amazing grace et down by the river side. L'église est comble, il fait chaud, les énormes ventilateurs donnent à peine une impression d'air. Un beau vitrail coloré décore le mur derrière la chaire. Après presque 2 heures... certains craquent en fou-rires, provoqués par des mots glânés par-ci par-là puisque le culte se faisait en éwé (toutou... cacaca...) serions-nous en train de traverser une période de régression ?... nécessaire certainement pour notre évolution future.

Le pasteur parle très fort, mais cela ne perturbe pas la sieste de nos fêtards de la nuit passée, le front posé sur le dossier du banc devant eux. On pourrait penser qu'ils se recueillent humblement.

A l'aller, nous avons traversé la ville en minibus. L'expression « je suis cueilli » veux dire qu'on est fatigué. Nous l'étions. Des chants, accompagnés d'instruments de musique divers, locaux, ou trompettes, s'élèvent par-ci par-la aux quatre coins de l'église.

Les togolais sont habillés de façon recherchée ou avec beaucoup de goût et de couleurs. Voir tant de jeunes ou d'adolescents dans une église n'est pas habituel pour nous.

Les pasteurs se relaient. Frédéric prend la parole en éwé.

Le temps passe, heureusement que L et moi sommes allées aux toilettes avant...

Assis des heures durant dans le véhicule cahotant, puis des heures sur le banc des églises, les fesses en souffrent.

Au petit déjeuner, les mouches prélèvent largement leur part, le sucre en est recouvert, on s'habitue a cette image qui ne nous coupe plus l'appétit.

La piscine est fortement chlorée, la seule immersion m'a laissé les yeux rouges pendant deux jours.

Je trouve que mes compères de voyage ont bien de la patience, les togolais ont l'habitude d'attendre, le temps qui passe ne les perturbe pas. J'admire leur placidité, leur respect, leur foi, leur esprit de communauté. Ah, je vois S qui entre en méditation. Elle s'adapte.

Les visages pales commencent à bouger sur leurs bancs.

J'entends un oiseau mais ne le vois pas, j'attends toujours d'apercevoir celui qu'on m'a dit être tout rouge.

Les coiffes de certaines dames sont très élaborées en matière de plis, de choix de couleurs, on dirait du papier de pâtisserie. D'ailleurs ce midi une couturière viendra nous proposer du tissus et la confection de tenues. Toutes ces dames, et certains messieurs mais ils sont moins expansifs.., sont en effervescence.

J'arrête d'écrire car Frédéric prêche.

Le lac aux crocodiles : le seul animal de ce genre que nous ayons l'occasion d'admirer est parqué dans un enclos à peine plus grand que sa taille... sa peau... « de crocodile » bien sûr, est impressionnante à voir de près.

Oups, on a oublié Alfonso dans sa chambre. Voilà ce que c'est de dormir en plein jour... regret pour nous tous.

Le dimanche il y a un peu plus d'affluence sur la plage mais personne ne se baigne. Zone franche portuaire. Bandito ??. Depuis les problèmes en Côte d'Ivoire, le port de Lomé prend plus d'importance.

Beaucoup de bâtiment restent inachevés ; les échafaudages sont de simples tronc d'arbustes assez frêles. On peut apercevoir de multiples églises aux abords de la route. Trois enfants plus les parents sur une mobylette !... ; j'ai caressé le chat apeuré, roux, très maigre... je pense à mon dodu Grisou plein de poils....

La signalisation routière est restreinte, on voit très peu de panneaux, les ronds-points sont certainement une nouveauté vu les règles floues qui ont cours.

Négociation difficile pour faire le tour en barque, nos jeunes rameurs cherchent à augmenter soudainement les prix ; nous embarquons en maintenant les conditions initiales ; leur visage affiche un franc mécontentement, à tel point qu'on peut se poser la question s'ils vont bien nous ramener à la rive... mais nous arrivons vite à les dérider à force de chanter des chants africains ; bientôt eux aussi entonnaient leur chanson, les bonbons offerts les ont visiblement égayés.

Sur l'autre rive nous visitons un magasin d'objets manufacturés ; achat de couverts à salade en ébène, de colliers, Chr négocie pour moi. MERCI !

A peine nous sommes nous éloignés de la rive, fallait-il écoper l'eau qui s'infiltrait dans la coque, à l'aide d'un récipient tellement abîmé qu'il ne pouvait plus contenir qu'un dixième de son volume de base... je me suis mise courageusement à la tâche.

Lundi 22 juillet 2008

Deux jeunes togolais ont porté deux yovettes (féminin de Yovo), qui se reconnaîtront, de la berge à la barque pour leur éviter de se mouiller les pieds ; bien sûr ils demandent « la pièce » : malheureusement ces dames blanches avaient tout dépensé dans la boutique de souvenirs. Alors ils essaient de repérer les maris, réputés plus solvables (tiens, pourquoi ??). et voilà que Madeleine renie Thierry « non, ce n'est pas mon mari, pas la peine de lui demander de payer pour moi » ; Christine applique une autre tactique : elle essaie de leur faire comprendre que les services, s'ils n'ont pas été négociés en connaissance de cause à la base, sont réputés être rendus gratuitement... état d'esprit différent, - qui a tort, qui a raison - ... nul ne peut se targuer d'être dans le vrai absolu car il n'existe pas.

J'aperçois un filet de pêche long de 200 - 300 m et beaucoup de pêcheurs tout le long, attendant patiemment pour faire ce travail collectif. Le poisson est abondant sur les marchés.

J semble avoir « une tête à ceintures », il attire les vendeurs alentours ; un togolais déclame l'Evangile dans la rue, chaque phrase est ponctuée par « Alléluia ».

Surveillance du centre « à la fourche », la nuit, pour empêcher l'intrusion de malotrus, cela semble rocambolesque mais les noctambules en ont fait l'expérience : se retrouver face à un vigile brandissant une fourche à leur arrivée devant le portail les a fortement impressionnés.

L'arbre à fleur de tiaré. Fruits, légumes : choux - tomates – carottes – oignons – maïs – mangue – bananes – ananas - cacahuètes.

Nous avons participé à une matinée « étude biblique » ; l'échange était intéressant, chacun pouvait laisser libre-court à la curiosité de l'autre, poser des questions, notamment quel sont les rapports entre les différentes églises ; il semblerait qu'il existe une certaine concurrence. Des jeunes gens, étudiants studieux d'une vingtaine d'années, ont participé à cette rencontre.

La visite au village, en fait 6 « quartiers » qui abritent non loin de 3 000 habitants : la route était coupée ; nous avons dû emprunter une déviation, malgré tout, un pont a lâché et nous a obligé à rouler dans l'eau qui déferlait ; des togolais nous ouvraient « la route », des bouts d'asphalte ont lâché ça et là, le courant était fort par endroit ; j'avais peur que le véhicule ne se renverse sur des gamins qui nous entouraient, certains grimpaient même sur l'habitacle en riant, contents de vivre cette aventure avec ces bizarres Yovos visiblement angoissés à la vue du désastre provoqué par les pluies diluviennes de ces derniers jours (qui a quand même fait plusieurs morts dans les environs, ce que nous, Yovos chanteurs, ignorions et que Chr et Vi, Yovettes accompagnatrices de ces artistes, avaient appris avant de se mettre en routecar elles ont eu l'occasion de parcourir les journaux locaux pendant le concert à Lomé... Fine idée que de vouloir nous préserver d'inutiles angoisses, prenant le parti de faire confiance à ce qui a été décidé, merci !)

L'accueil des villageois a été plus que chaleureux, la fanfare, les danses, la remise de bracelets à chacun de nous, individuellement, avec des mots de bienvenus prononcés avec le coeur, les discours, les chants, les enfants qui nous prenaient la main, toutes ces images, l'expression des visages, le jeu des ombres et lumières à la tombée du jour, resteront dans ma mémoire et resurgiront de ci, de là, au fil de ma vie, à l'occasion d'un détail, d'une odeur, d'une musique, d'une couleur ; ils font dorénavant partie intégrante de ma vie ; avoir été nommé citoyen du village de Yobo Sedzro est à la fois un honneur et un immense devoir de reconnaissance qui peut se traduire simplement par essayer d'être plus conscient de l'autre, de respect encore davantage la vie, de la célébrer, d'avoir moins de peurs face aux différences.

Indicible vécu.

Visite du centre qui se réduisait encore à ce moment de murs de briques, sans porte, sans commodités sanitaires, sans lit etc... à l'heure où j'écris, maintenant que j'ai pu mesurer l'avancée, en 3 jours, des travaux entrepris par les personnes qui ont dû être actifs jour et nuit, je peux dire que cela tient presque du miracle !

Passage aux « toilettes », quelques 3 – 4 box en briques, le premier présentait un par-terre nu, lisse... visiblement pas moyen d'y faire pipi... dans le deuxième nous percevions, dans la pénombre du soir tombant, une rigole longeant les murs, alors, tant pis, Lily et moi nous accommodons, pressées par l'urgence du besoin, étions pratiquement côte à côte, ce qui a provoqué un fou-rire une fois soulagées et consciente du tableau ! En sortant nous avons échangé nos expériences avec les yovos suivants qui ont eu un peu plus de chance : dans le troisième réduit, il y avait un gros morceau de rocher, il a juste fallu le déplacer pour découvrir un trou ; j'ignore ce qu'on a découvert dans la quatrième cabine... une douche balnéo ???? tous les fantasmes sont permis !

Lors de notre retour, en pleine nuit – nous ne pouvions nous attarder, ignorant l'état des routes -, nous avons soudain perçu une lumière balançant au milieu de la route : un homme, sur une mobylette, signalait le passage d'un train à l'aide d'une lanterne, il avançant presque au pas ; il s'est arrêté, comme si les passagers voulaient nous observer, Yovos la nuit,, pour redémarrer peu de temps après... dans l'autre sens. Je n'ai pas compris le pourquoi de cette manoeuvre.

Lors de nos innombrables heures passées dans le mini-bus ont été confectionnées les cordons tressés destinés aux autruches et comportant leurs noms, évocateurs pour les initiés Yovos : Freedom, Voices, Yovo, un mâle et deux femelles... Nous apprenons également quelques chants avec Alfonso, notamment « Makétu mépapa » avec beaucoup d'entrain. Le volume de l'habitacle est trop restreint pour accompagner nos voix par les gestes.

Mardi 29 juillet

Le ciel est nettement étoilé ; si je retenais le nom des constellations, depuis le temps...., je n'aurais aucun mal à les identifier précisément. En attendant la bonification des neurones avec l'âge (oui, à ce qu'il paraît, certaines cellules se reconstituent, contrairement à ce qu'on affirmait depuis toujours, à savoir qu'on dégénère inexorablement à partir de 20 ans... eh non !), je me contente d'admirer la luminosité des astres, dans un endroit non encore pollué par les lumières artificielles, un peu grâce aux multiples coupures de courant.

Lors de nos pérégrinations automobiles, nous apercevons, entre autres vues, un champ de cannabis, belle plante, à moins que je ne confonde avec les plants de manioc ; nous nous arrêtons dans le village où Justin va saluer sa maman, à XXX Setzdro.

Les habitations sont faites de terre rouge, ferrigineuse ; les oiseaux rouges pullulent ici, il y a des nids suspendus aux arbres, tels des boules de noël. J'aperçois un oiseau jaune près de la douane Togolaiso-béninoise.

Survient un problème avec l'appareil photo de Christiane, des douaniers veulent lui confisquer la carte mère ; il est en effet notoirement interdit de photographier les lieux et personnes « officiels » ; Heureusement, à force de parlementer, de les complimenter, de les « caresser dans le sens du poil », ils se radoussissent et nous proposent même de nous reposer à l'ombre sur des bancs devant un écran sur lequel défilent sans discontinuer des spots pour se protéger du sida. Longue attente, sieste sur les bancs au son de l'unique télévision de plein air. Voilà que l'agent rappelle Christiane, que lui veulent-ils encore ? ... Le chauffeur nous offre des noix de coco toutes fraîches et tendres.

Les montons et les chevaux sont très maigres. Un petit garçon lit le nouveau testament. Epitaphe 21/11/200? : « Première pierre des latrines publiques du Rotary Club de Lomé ». Monument érigé à la douane, à côté d'un puits qui paraît profond. Des femmes viennent remplir leur jerrican.
Des cochons nains noirs se promènent dans les rues d'un village.

Christophe a accompagné Maryse pour l'établissement des visas Béninois : comme il ne connaissait pas nos métiers, il a mis n'importe quoi ! « Technicienne de surface pour moi »... As-tu vraiment osé, Christophe ? Ceci dit, il n'y a pas de sot métier, chacun a son rôle à jouer et je pense depuis longtemps que les métiers qu'on peut qualifier « de base » sont certainement un maillon important, et indispensable, pour permettre par exemple à un PDG de réussir sa vie professionnelle.
Phrases lues dans les locaux de la douane togolaise :
« Si la cour du mouton est sale, ce n'est pas aux cochons de le dire » ...j'adore...
« Le travail et l'honnêteté font la dignité de l'homme ».

Premières impressions en arrivant au Bénin : davantage de champs cultivés, cases traditionnelles aux toits de chaume, moins de briques, de circulation de voitures (j'ai désenchanté par après...), plus vert.

Une mobylette transporte un cercueil, était-il « habité » ?

Les églises sont diverses et variées.

Cité lacustre de GANVIE (la Venise de l'Afrique) : des maisons en bois bâties sur pilotis, pour y accéder, nous parcourons 16 km AR en barque à moteur. Quelques centaines de personnes fuyant l'esclavage au 18ème siècle sont à l'origine de cette véritable ville comptant de nos jours près de 20 000 habitants, leur activité principale est la pêche ; écoles, magasins, même des gites où l'on peut passer la nuit, quelques m2 de terre artificielle pour apprendre aux bébés à marcher sur la terre ferme. L'ambiance du village est peu engageante, les visages restent fermés. Lors de la traversée, j'ai bien essayé de saluer des dames revenant du marché, elles ont détourné la tête ; peut-être que nous, touristes, perturbons quelque peu leur vie simple par notre intrusion curieuse et avide d'exotisme, matérialisée par nos regards insistants sur les personnes et les choses inhabituelles que nous voyons ici, avec nos innombrables appareils photos « qui leur prennent leur âme » ? Des sorciers vaudou oeuvraient dans une barque, un poulet a été sacrifié ; sans aucune explication ou regard échangé ; tout cela paraissait bien obscur et ouvre la porte aux suppositions fantasmagoriques générées en grande partie par la « culture » cinématographique de notre jeunesse. Qui n'a pas vu de film où l'on dépeint le Vaudou comme une pratique maléfique... encore aujourd'hui certaines images me glacent.

Image rafraichissante, cette fois-ci : ce héron blanc qui se dresse en plein milieu du lac, immobile, sur un piquet retenant le filet de pêche, cette luminosité du soleil couchant le revêt d'un plumage scintillant, il en devient presque irréel ; il s'en dégage une préciosité digne qui ravit les yeux et lave l'âme ; une autre image se superpose à mes yeux :je me souviens du héron, gris celui-ci, mais nonmoins majestueux, que je voyais (il me plaisait de penser que c'était toujours le même qui a pris l'habitude de me voir passer), il y a plus de dix ans, quand je courais au petit matin de ma maison à MOLSHEIM vers la Chapelle de Dompeter près d'AVOLSHEIM

Revenons à Ganvié : des poules vivent leur petite vie tranquille sur quelques mètres carrés de terre partagés avec des chèvres, une autre chambre d'hôte affiche ses prix : trois personnes pour 8000 F CFA (12 euros) la nuit. Un WC posé simplement sur une planche, avec écoulement dans le lac. Il commence à pleuvoir : un plateau, vide, posé à l'envers sur la tête pour se protéger de la pluie.

Sur la route, des gens vendent entre autres de gros d'escargots et croissants « escagots » il manque souvent le « R », des br? en alu, un guérisseur propose ses services au bord de la route, la vente d'essence en bouteilles est courante. Des fils électriques partout au dessus des cabanes, tels des toiles d'araignée. Les normes sont certainement inexistantes ! Voici Philippe sauvé par le coca... hum hum.. je suis sceptique ! une femme porte une dizaine de cartons d'oeufs sur la tête, un homme est couché sur sa mobylette pour faire la sieste, des taxi-mobylette en jaune sont un moyen de transport couramment utilisé, les transports en commun sont inexistants, à part quelques camions surchargés... la pollution est indescriptible, générée principalement par tous ces engins à moteur, bri colés, mus par une essence certainement frelatée, importée en contrebande du Nigéria, pays voisin....certaines maisons sont couvertes d'un toit de tôle risquant de s'envoler au moindre coup de vent, un « bouchon » sur le « périph » eh oui, comme chez nous... nous respirons au travers d'un mouchoir imbibé de gouttes aux essences , le tas de fumier devant cette maison paraît plus « propre » que la crasse à côté, nageant sur l'eau stagnante de la dernière averse...

Une suisse allemande prend son petit déjeûner sous la tonnelle : elle habite au Togo depuis 35 ans. Elle me dit s'être habituée au climat et à la mentalité des africains, bon gré, mal gré, « fallait bien ! » a-t'elle dit ; elle a plutôt l'air d'être bien intégrée, jusqu'à son rire qui paraît sortir de la gorge d'une togolaise.

Le litre de gasoil coûte 640 F CFA, à peu près 80 centimes d'euros.

Notre minibus pesé au péage. Les enfants-vendeurs stationnent stationnent partout, même sur le terre-plein entre les deux voies de l'autoroute, avec l'espoir de vendre leurs objets parfois insolites ; ils traversent les voies sans se presser ; vente de morceaux de canne à sucre : j'ai goûté, c'est comme un bâton de réglisse, juste sucré.

Nous arrivons à Portonovo, cité de terre rouge (ferrugineuse).

Un homme transporte un énorme miroir à l'arrière d'une mobylette, des rails désaffectés longent notre route, restes d'un vestige ferroviaire ?

Lily et moi tentons une sortie qui devient « éclair », dans les rues de Cotonou ; l'air y est irrespirable, l'ambiance tendue, les visages n'expriment pas la franche sympathie, il y a des grands trous dans les trottoirs, tant bien que mal recouverts par des blocs de béton : il faut éviter de marcher la nuit, il n'y a pas de lampadaires qui, d'ailleurs, ne surviraient pas à grand'chose vu les fréquentes coupures de courant... nous osons néanmoins traverser un rond-point, un véritable exploit ! les voitures, mobylettes etc.... roulent dans tous les sens, le bruit est infernal, nous nous donnons la main, histoire de nous rassurer.... comme on peut ! Nous rions.

En rentrant, S nous a raconté qu'elle a voulu prendre une photo mais que cela a failli provoquer une émeute (pour cause de vol de l'âme ?).

Bénin = anciennement Daomé. Ph a provoqué l'hilarité générale en faisant le jeu de mot  « ceci est bénin »... que nous reprenâmes par après à toutes les sauces ! Le pays était communiste de 1974 à 90. Il connu beaucoup de sang.

De retour au Centre, situé en pleine ville mais miraculeusement épargné par le bruit infernal, même la pollution y est moindre, quel bonheur de s'y réfugier, nous fixons les moustiquaires, indispensables ; mais je vois, dans les coins, sur les hauteurs inaccessibles même en posant une chaise sur le lit... les moustiques attendant impatiemment les Yovos cocorico...

Mercredi 30 juillet

On nous met un « nouveau » minibus à disposition, le pare brise est fendu, les portes sont «ventilées », les sièges « éjectables », il manque des vis partout, des bouts de métal blessent ci une jambe, là un bras, ou déchirent un habit. Ici, on balaie la route....? mais pas les trottoirs. Une petite pluie fine, agréable, rafraîchissante, se met à tomber. Nous nous trouvons à la frontière du Nigéria.

Nous nous endormons, exténuées par tant de sollicitations – nuit agitée, rêves multiples - réveil au son des incantations musulmanes, c'est lugubres, à 5h30.

La coupe du monde de foot aura lieu au TOGO, en avril 2010. ZEM = « emmène moi vite » (Taxi moto très bon marché). KEKE = bicyclette. Certaines habitations ont l'air de miteuses baraques en façade côté route, tandis qu'à l'arrière on apercevoit parfois une belle demeure ; le Bénin a l'air plus riche que le Togo.

Les échafaudages sont de simples branches d'arbre, assez fines. Tiens, je vois un marché aux vaches; la viande est étalée en plein soleil. P se lange car les haltes se font rares et les problèmes intestinaux génèrent des urgences. Les gouttes aux essence sont appréciées dans le minibus. Les tombes dans les cimetières sont très bien entretenues, les habitations le sont bien moins.

Un mois de formation en informatique revient à 20 000 F CFA (30 euros – salaire moyen : moins de 100 euros) ;

Nous roulons sur le « boulevard » du Canada, aucun d'accident n'est survenu pour l'instant, ce qui est étonnant lorsqu'on voit la multitude des engins qui se déplacent dans tous les sens, le marquage et la signalisation quasi inexistants ;

Image insolite, parmi tant d'autres : Mercedes noire de police « Dors en paix » n'est-ce pas plutôt un corbillard ? - Prendre des photos n'est pas apprécié au Bénin - le pain de mie et les cacahuètes sont proposés partout - les yeux brûlent à cause de l'horrible pollution générée par les véhicules en très mauvais état, l'absence totale de normes, ni même de conscience ; les enfants ne sont nullement protégés et se trouvent pourtant à la hauteur des pots d'échappement pétaradants - les trottoirs balayés avec des feuilles de bananier - les baraques baignent dans l'eau stagnante - un tronc tout sculpté,

Il y a des marchés partout, on y trouve de tout, on nous vend des choses « pas cher, pas cher »...

Nous découvrons un foyer vaudou, au détour du sentier ; une dame est en train d'oeuvrer avec son assistante, elle se lance dans de vagues explications mais notre jeune guide est visiblement gêné, il est chrétien et veut peut-être oublier ces pratiques ancestrales, occultes, d'un autre temps, nous partons dons rapidement voir les champs d'ananas.

Le temple du python, « Temple de Dangbé » révèle.... une multitude de pythons, grands, petits, jeunes, vieux, mais tous assez placides pour que certains d'entre nous osent s'introduire dans leur repaire en faisant néanmoins très attention de ne pas marcher sur ces grands dormeurs en apparence ! On nous propose de porter le plus impressionnant de par sa taille ; allez, pour la photo....

Les scarifications que l'on peut remarquer sur les visages de certains africains sont la marque du dieu Python.

Le vaudou, croyance animiste et fétichiste, alimente toutes sortes de fantasmes, qu'en est-il à vrai dire ? Ses adeptes reconnaissent, en dehors des esprits des défunts, de nombreuses divinités ; certains sont représentés par des phénomènes naturels tels la mer, le soleil, la lune, le feu, les arbres, même la maladie de la variole ; la vénération du dieu-serpent, dont les ancêtres furent des pythons, est particulièrement répandu à OUIDAH.Les cérémonies se traduisent par des jeux d'instruments, les clochettes ou les tambours et les danses, chants, la décoration du corps, le port de costumes achèvent de donner une particularité à ces cultes. Le temple Vaudou se reconnaît à son drapeau blanc. J'avais plusieurs fois le sentiment que les gens sont partagés entre les différentes croyances.

D'ailleurs faut-il vraiment jeter l'une pour se consacrer à l'autre ?

La route des esclaves est un lieu chargé d'histoire ; les futures esclavers marchaient sur un chemin de terre et de sable, bordé de sculptures évocatrices ; on faisait faire aux futurs esclaves et expatriés le tour symbolique de l' « Arbre de l'Oubli » pour les empêcher de penser à leur passé, leur famille. La porte du non-retour donne sur la mer et on s'imagine aisément les drames qui se sont joués à cet endroit, les familles éclatées, la route vers l'inconnu, les brimades et les privations, les marques au fer rouge.... c'était le triste « commerce d'ébène »

Les jumeaux sont vénérés au Togo et leurs mères aussi ; on les fête le premier dimanche d'octobre

Enfin j'aperçois ce fameux palmier éventail : effectivement son nom évoque bien cet aspect particulier.

La casse auto : y a t'il encore des voitures à mettre à la casse ? Etonnant vu les carcasses qui ont ; pourtant l'air de rouler, on se demande parfois par quel miracle elles avancent. Fréquemment on peut voir, au bord des routes, des réparations improvisées ; l'entraide est de mise, plusieurs hommes travaillent et beaucoup d'autres regardent, placés en cercle, donnent leur avis, se font certainement une expérience qui leur permettra de se débrouiller en temps utile.

Le yaourts hollandais est prôné par la publicité ; des vendeurs proposent les baguettes cure dent... je n'ai pas testé leur efficacité, je reste fidèle à ma brosse à dent !

Voilà, ce qui devait arriver, arriva : trois accidents, voiture, camions renversés, heureusement sans grande gravité ; aucun stress ou énervement n'est perceptible. Tel est l'état d'esprit qui règne : tout se passe, ainsi, accepté calmement, patiemment, on agit comme on peut, avec les moyens mis à disposition ; s'ils n'existent pas, on attend. Si cela ne convient pas, on cherche autre chose. Ou rien..

Un ruban rouge décore l'aile d'un poulet en liberté sur le trottoir, miracle s'il vit encore ce soir tellement la circulation est dense. Voici une mobylette qui passe, transportant quelque quatre personnes et plein d'objets.

Des lumières de Noël sont allumées, elles servent de lampadaires. Elles illuminent même les rues la journée, si tant est que le courant passe !

Nous chantons avec Alfonso. Le temps passé dans le mini-bus est moins pesant et la joie ressentie me permet presque d'oublier l'air pollué.
Frédéric peut être rassuré : les jours passés ont été riches sur tous les plans et les changements incessants de programme, dus aux aléas de la météo ou autre, ne semblent pas perturber la grande envie de chacun de vivre pleinement ce voyage dans l'ouverture de coeur et d'esprit.

Adaptation, souplesse, propension de voir ce qu'il y a de meilleur en toute chose, toutes les occasions sont propices pour nous faire progresser dans cette direction. Ici, nulle possibilité d'incriminer des causes extérieures, le non-respect d'un planning écrit, tout cela ne servirait à rien.

Jeudi 31 juillet 2008

Le guérisseur Vaudou, qui nous a reçu dans la cour de sa demeure, a notamment présenté les plantes, typiquement africaines, qui servent à soulager et à guérir certains maux, en parallèle avec des rites qui sont transmis de Maître à Elève ; ce dernier est choisi par le guérisseur , notamment pour son degré d'intérêt pour la matière. A la fin de l'entretien, il nous a invités à partager sa bouteille d'alcool, en versant tout d'abord un peu du précieux liquide sur le sol pour les ancêtres et la terre nourricière. Je n'ai fait que prendre le verre à la main, dire « merci » en signe d'acceptation et de reconnaissance, avant de le transmettre à ma voisine. Je pense qu'ainsi je respecte ce rite important dans la convivialité ; je me sens honorée par la confiance et son ouverture d'esprit qui lui permettent de partager une minuscule part de son savoir.

D'ailleurs, j'ai souvent eu l'occasion d'exprimer un sentiment de plus en plus vif au fur et à mesure que passaient les journées : les africains ne doivent pas être les seuls à dire « merci » pour ce (matériel) que nous leur apportons, qu'on voit avec nos yeux physiques, palpables, facile à donner puisqu'il s'agit bien souvent de nos » surplus », qui justifie aussi notre intrusion dans leur vie privée... nous aussi leur sommes redevables, réceptacles de choses, peut-être plus subtiles, immatérielles, comme apprendre à prendre le temps », « renouer les liens inter-générationnels » « accepter ce qui est », le partage, matériel-spirituel.

Je partage mon ananas avec Alphonso et en prime, on me gâte, je reçois double ration de salade de fruits. Quel bonheur ! Donnez... et vous recevrez ! .... ce n'est pas toujours aussi évident....

Pluie diluvienne au vrai sens du terme « es schett » comme on dit en alsacien, :il a plu « à verse » cette nuit. Heureuse de dormir dans une habitation en dur, mais les crues ? Je ne connais pas la configuration du terrain environnant, y a t-il des rivières qui pourraient déborder ? Un chat miaule ! le pauvre, je me l'imagine tout transi. Toute cette pluie n'empêche pas les musulmans de psalmodier leurs incantations à 5h30. La force de la pluie redouble. Le bruit est assourdissant. Il va, il vient. Les coupures de courant sont plus fréquentes. Avantage : la douche est bien alimentée ce matin, contrairement à hier où l'eau manquait.

La circulation à Cotonou est infernale, au-delà de ce que j'ai déjà vécu en Chine, au Népal ou au Maroc, ou alors mes souvenirs opèrent-ils un tri naturel ?

Frédéric, Alfonso, Christophe et Julien partent à Lomé avant nous pour chanter avec les enfants. Ils nous manquent déjà.

Musée ethnographique présente des collections de pièces, représentant notamment les trois moments importants d'un homme : la naissance, la vie, la mort.

Le centre Songhai : agriculture bio, élevage, pisciculture, culture du riz, technique pour fabriquer du méthane, filtrage de l'eau à l'aide de pots en argile et charbon, élevage de ragondins, canards, poules... c'est une sorte de « ferme bio » , les déchets sont réutilisés (ex la fiente des canards sert à appâter les poissons) ; il pleuvait à seau et notre visite s'est réduite au minimum, privilégiant surtout les endroits couverts. Il y régnait une bonne ambiance de travail, que ce soit aux fourneaux pour la fabrication de petits gateaux, dans le poulailler, au jardin... Nous avons fait des achats multiples (peur du manque ? compensation ? recherche certain d'un plaisir gustatif) dans la boutique du centre agricole (jus de gingembre, miel, petits gateaux, noix de coco, confiture.. miam miam, belle perspective).

Nous visitons le marché artisanal, ce sont de petites boutiques proposant des objets en ébène (j'ai complété ma collection de couverts à salade !), des batiks (je me laisse tenter par un pagne aux couleurs chatoyantes, qui me sert à la fois de jupe, de châle, de couverture etc...).

Encore un contrôle de police sur la route, le coup de sifflet retenti, notre chauffeur met quelques centaines de mètres pour réagir. Comme d'habitude, aucun poste de contrôle n'est visible et le « douanier » à lair de sortir de « nulle part » ; il ne semble pas vérifier les papiers mais tend assurément la main pour recevoir les quelques piécettes d'usage. Puis nous repartons. Ce genre de halte devient assez fréquent.

Monique a laissé son passeport dans sa valise entreposé sur le toit du minibus, alors que nous arrivons à la douane dans peu de temps... d'où les quolibets incessants du groupe. Facile pour nous, l'esprit tranquille, d'en faire un motif de blagues, mais la pauvre Monique stresse, partagée entre la peur des représailles des forces de l'ordre et le sentiment de culpabilité de « poser problème », peut-être retarder . On lui propose de jouer l'aveugle, ou bien de s'allonger en guise de coussin sur au groupe, de nous retarder peut-être ; quelqu'un propose qu'elle se couche sur la banquette et fasse office de coussin.... - les douaniers comptant généralement les têtes – ou de se métamorphoser en statue masquée genre Vaudou, d'autres ont l'idée de la faire passer pour une sourde-muette ... elle n'a que l'embarras du choix des moyens !

Ph a mis une couche et on lui a même proposé l'utilisation d'un carambar en guise de tampon. Il a préféré négocier avec la pharmacienne pour l'utilisation des toilettes mais a oublié d'intégrer le papier dans les négociations... Les gouttes aux essences de Phytaroma font merveille quand on est au bord de l'asphyxie générée notamment par la pollution des villes et banlieux, et autres.

M et ses varices n'apprécient pas le confinement. Elle souffre de ne pouvoir étendre ses jambes.

La banquette « Brocadet », à l'arrière, accepte volontiers une intruse pas trop volumineuse, en l'occurrence moi, bon calcul !
L'achat d'une quantité impressionnante de colliers, bracelets, peignes, couverts à salade, djembé, tissus, bibelots divers, réduit un peu plus le volume utile à nos pauvres corps comprimés de partout.

L'odeur de « poule mouillée » imprégne le petit habitacle aux vitres embuées dans lequel il a fallu se serrer à 19 !

M et les messages de SEM nous font vivre dans le suspens : va-t'il réussir à la rencontrer ? de rebondissement en rebondissement, le public est tenu en haleine, pour finalement être bien déçu : la rencontre n'aura pas lieu cette année.

Image insolite du couple N-J à l'avant du mini-bus.

Jeudi soir : nous arrivons dans un hôtel lumineux, à l'apparence luxueuse ... mais au fond tous ces africains qui sont à notre service, toute cette eau javelisée, l'air aseptisé de la climatisation... quand je regarde au loin par la fenêtre de ma chambre, hermétiquement close aux moustiques et à la vie, je voix bien ce qui se passe réellement ; la terrible moiteur, les odeurs, cette pauvreté tellement visible, les dos courbés s'éreintant dans le petit jardin de subsistance, nous renvoient face à ce que nous sommes réellement, au delà du clivage des races, des possessions matérielles... des humains fragiles et périssables, à la recherche du bien-être durable :

pour soi ou pour le plus grand nombre ? « that the question »...

Vendredi 1er août 2008 :

Nage de 6 h 30 à 7 h 30 : j'ai longtemps hésité à m'immerger dans cette eau traitée mais la vue sur le bassin à partir de la fenêtre de ma chambre ne m'a pas laissé le choix, que je n'ai d'ailleurs pas regretté : j'ai inventé une nage « à la verticale » qui me permet d'avancer, très lentement, au prix de beaucoup d'efforts physiques, donc de travail musculaire, recherché, tout en gardant la tête hors de l'eau et en évitant la cambrure néfaste d'une brasse non coulée.

Lily m'a rejointe une demi-heure après. Nous avions la piscine pour toutes deux, seules.

La matinée a été « balnéaire » mais nous avons quand même travaillé quelques chants avec Frédéric, en perspective du concert à Lomé. Maryse a organisé un jeu d'équipe dans l'eau (les Yovos contre les Black and WhiteS, dont Alfonso bien sûr.... ): la passion n'a pas d'âge et chacun s'est pris au jeu et a essayé d'attraper le fameux ballon pour le lancer hors de l'eau et gagner le point primordial ! Fou-rire garanti.... le résultat ? Les Black and WhiteS ont gagné, grâce à la force de l'unique Black, merci !... c'était mon équipe... cela nous « grisés » !

Bien fatiguée, j'essaie de faire la sieste sur ce gazon à l'aspect engageant : il est dru, vert. J'ai désenchanté bien vite : il pique ! Impossible de trouver la paix. Je monte dans la chambre ; là je choisis entre la chaleur moite et la climatisation glaciale, devinez ?

J'observe les lézards dont certains arborent une couleur orange magnifique. Ils s'approchent, surtout quand ils peuvent grapiller quelques miettes tombées par-terre. On dirait qu'ils font des « pompes » en nous regardant... peut-être veulent-ils nous impressionner ? Ce sont certainement des mâles pour la plupart ! J'essaie d'en caresser un mais il fuit.... dommage. La comparaison s'arrête là, hi hi hi !

Chouette, j'ai droit à deux entrées à la place du plat à viande. J'ai faim, j'ai toujours l'air de manger plus que les autres mais en fait, je dois mâcher deux fois plus longtemps les crudités par rapport aux frites et à l'accompagnement carné.

SAMEDI 2 AOUT 2008 :

S part avec son garde du corps J à la mer ; J'ai envie d'y aller aussi mais il n'y a plus d'accompagnateur...

Ch rêve d'être chef de chantier et de donner des ordres pour faire avancer tous ces chantiers qui n'en finissent pas, ces bâtiments prématurément détériorés.... elle ne serait pas au chômage, et sans doute deviendrait-elle riche si on la payait d'après les résultats !

M est symbole de douceur et de discrétion.

Voilà qu'il faut quitter de paradis de confort ; qu'allons-nous vivre dans les prochains jours ? Vous avez dit « voyage humanitaire » ? Alors allons-y !

Ne soyons pas trop pressés, il fait bon vivre dans cet hôtel d'un certain genre de luxe d'apparence... alors que le robinet goutte... le porte-serviette s'est décroché du mur... l'écoulement ne fait pas son office...

Voilà qu'on nous annonce un retard du mini-bus, sans autre précision. Cela nous donne l'occasion de suivre les débuts des festivités d'un baptême et d'un mariage.
La mariée portait un bouquet de roses... en plastiques.

M., marmotte du groupe. A. et ses salades de fruits. Th et son GPS. Ch et son humour. Ph et ses jeux de mots. M et son passeport fantôme. Papa et Justine/André, nos fidèles et patients chauffeurs. J, sa fourche et ses ceintures. « Martine au Togo », vous connaissez ? C'est le dernier de l'illustre série. « Martine au Bénin » suivra. Et pourquoi pas « Martine, chanteuse de gospel » ?En tout cas, on ne peut qu'apprécier sa gentille et discrète douceur. En toutes circonstances.

A propos des chauffeurs, leur rôle sont visiblement hiérarchisés, ou bien clairement défini et distribué : celui qui est préposé à la conduite ne s'éreinte pas à monter les bagages, lourds, sous un soleil de plomb, sur le toit du véhicule. Je regrette d'avoir utilisé le mot  « hiérarchie » mais je vais en profiter pour développer quelque peu ce « raccourci » bien édifiant !

En effet, dans nos esprits formatés et conditionnés, les différentes fonctions assurées respectivement par chaque individu, sur divers plans, professionnel, associatif, familial, loisirs etc... sont plus ou moins mises en valeur, appréciées ou dévalorisées, assumées avec fierté ou peine, tremplin vers davantage de considération devant nos pairs, nos parents, collègues, amis ou alors faisant fuir les compagnie...

Pouvons-nous avoir conscience que, grâce à la femme de ménage, le P.D.G. peut exercer son rôle dans les meilleures conditions, trouver son bureau nettoyé en arrivant le matin, les toilettes désodorisées, les vitres propres lui permettant de se relaxer en admirant le paysage (si ce n'est la façade grise de l'immeuble voisin !), grâce au petit agent de bureau, le chef peut passer un peu de temps à réfléchir sur un dossier qui pose problème, et le mari qui, grâce au dévouement et à l'abnégation de sa femme, peut gravir les échelons de carrière tout en se ressourçant dans son petit cocon familial, l'adolescent se défouler en pratiquant un sport collectif qui nécessite l'encadrement de bénévoles dévoués, et je pourrais multiplier les exemples à l'infini.

A quand un total remaniement des échelles de valeur encore basées sur la considération sociale, le degré de rentabilité pécuniaire, le poids dans l'économie... afin d'atteindre une conscience, ou de l'approcher car il n'y a pas de « fin », qui permettrait enfin d'apprécier chacun dans son rôle propre qui lui sied.

Tout est lié, l'un ne va pas sans l'autre, que serait le Président de la République sans les citoyens ? La terre sans la mer ? Le soleil sans la lune ? Le chat – ou l'ordinateur - sans la souris.... le maître sans l'élève ? l'Europe sans l'Afrique... les Freedom Voices sans Frédéric ? ... Frédéric sans les choristes...

sans transition... mais l'idée ne me quitte pas...

Les gens se couchent n'importe où pour faire leur sieste, sur leur moto, les bancs publics, les ronds-point, un tas de sable d'un chantier depuis longtemps oublié, derrière leur échoppe momentanément délaissée par les clients... : sur ce plan, je pourrais être togolaise ! Ceux qui me connaissent bien comprendront.

Les jardins sont fréquemment clos avec des murs en pierre alors que les cahutes qui servent d'habitation sont construits ça et là sans délimitation de terrain ; les togolais passent le plus clair de leur temps dehors. Ceux qui en ont la possibilité cultivent leur petit lopin de terre d'où ils tirent certainement une grande partie de leur subsistence.

Les couturières prennent les mesures des hommes et femmes coquettes... 86 66 92... non ce n'est pas mon numéro de téléphone...

Vous avez deviné ? Je ne peux cacher que ces chiffres ne reflètent pas les mensurations dictées par la pub...

Finalement, après maints rebondissements, Youpi, nous partons pour Yobo Zedzro. Christophe et Alfonso ont dû rester à l'hôtel par manque de place dans le mini-bus. Il faudra donc chanter et rire sans eux !

La grande aventure commence.... nous ne croyiions pas si bien dire ; nous n'ignorions pas les problèmes d'inondation dus aux fortes pluies des derniers jours, mais à ce point ! Pour rallier le village à Lomé et par le chemin le plus court, on met habituelement une heures trente... nous avons mis plus de 4 heures, mais nous sommes arrivés sains et saufs !

L'eau déferle en un courant par endroits assez fort, des arbres déracinés et des objets divers flottent sur l'eau, bassine, basket, boîtes de conserve etc... et bien sûr les morceaux de sachets noirs déchiquetés. Bien à l'abri à l'intérieur du véhicule, nous avons bien conscience que, s'il nous arrive de verser dans un fossé devenu fleuve ... - et sans mentionner les dégats humains, en premier lieu les personnes qui entourent le mini-bus, dont beaucoup de jeunes enfants pour qui approcher des Yovos est un grand désir et une fierté, teinté d'espoir de percevoir une petite rétribution, sous quelque forme que ce soit, même un bisou ! ... - donc j'en reviens à nos bagages qui seraient irrémédiablement perdus, y compris la Malarone, les notes prises tout au long du voyage, mes précieuses gouttes aux essences...

Notre arrivée au village, cette fois-ci pour y rester, était non moins impressionnante que la première fois, pour d'autres raisons, par exemple le centre était prêt à nous accueillir avec des commodités dont nous n'osions pas même rêver ! Des portes (collantes de l'enduit fraîchement posé) aux chambres, des lits (confectionnés avec des planches de chantier), des matelas tout neufs (presque come ceux que nous pouvons acheter en Europe et qui prennent la forme du corps, sauf que ceux-ci ne perdaient plus la mémoire et accentuaient même les formes) ! des fenêtres sans moustiquaires, des toilettes (sans évacuation), des douches (presque sans eau)... mais, pouvoir se laver sous un mince filet d'eau, se brosser les dents devant un lavabo, se déshabiller à l'abri des regards, s'allonger dans un lit... était un vrai paradis ; tout est relatif.

Il a bien fallu partager la chambre avec les criquets, souris et autres bestioles mais celles-ci étaient là bien avant nous... qui sont les intrus ici ?

Les nuits étaient reposantes, malgré les bruits incessants, le générateur dans ses périodes de fonction, le coq à pas d'heure – ce qui n'est pas un bruit, ni désagréable à vrai dire – les palabres et la musique avec le jembé presque toute la nuit, les ronflements des copines qu'on percevait au travers des murs, les quintes de toux... simplement les signes de vie.

Séance de maquillage le matin, sur le pas de porte : nous avons beaucoup de spectateurs. Une maman-poule passe par là, suivie d'une nuée de poussins ; aurait-elle entendu parler de ce spectacle inédit ?

Le culte dure près de 4 heures, les prêches sont entrecoupées de chants, danses ; la quête est conduite de façon originale : les généreux donneurs sont appelés successivement, d'après leur jour de naissance, à s'approcher du panier en dansant et en chantant et à déposer leur obole, puis est opéré un décompte intermédiaire et les résultats sont déclamés au micro ; il va sans dire qu'une certaine concurrence se met en place.

... A et C sont rentrés au petit matin... ce culte, même festif, leur fait l'effet somnifère.

Surprise : la couturière ramène les habits confectionnés : bonnes et moins surprises, certains tissus ne correspondent pas au souhait émis par les clients, d'autres sont déçus par la forme, les finitions ; j'ai de la chance, tout va et me plaît et je paie l'équivalent de 35 euros pour une robe, un ensemble jupe-veste et un pantalon... la coquetterie, même au fin fond de la brousse...

Nous nous promenons souvent dans le village, toujours accompagnés par les enfants qui nous donnent la main, se présentent avec leur nom en Ewé, presque toujours suivi d'un prénom français, tout droit sorti des livres ou de l'histoire de France, quelque peu désuet, comme Anatole, Gertrude, Jeanne d'Arc, quel charme .... aujourd'hui ils me portent mes sandales que j'ai retirées pour cause d'ampoules.

Après le culte et le déjeûner, nous sommes conviés en tant que spectateur au « jeu de la toupie » : toutes lels générations rassemblées autour d'un terrain où deux équipes s'affrontent en essayant de « dégommer » les « pions » (genre de fruit tel une chataîgne) qu'ils projettent en les faisant vriller entre leurs doigts jusqu'à atteindre la cible. Pour moi c'est un réel exploit que d'arriver à les lancer à une telle distance, avec la force, la dextérité, la précision nécessaire. Les projectiles rasent le sol sans s'y échouer avant d'avoir parcouru la distance ; au fur et à mesure du temps qui passe, les esprits s'échauffent, après deux heures de jeu je différencie enfin les antagonistes parmi les spectateurs, qui deviennent de plus en plus expressifs et bruyants, en chantant, dansant, hurlant, tapant des pieds, agitant les crécelles...un bébé, portés dans le dos par sa mère passionnée, secoué dans tous les sens, reste imperturbable dans son sommeil. Au fur et à mesure de la progression de chaque équipe, de force sensiblement égale, ce qui rajoute au suspens, les « billes » se font bien sûr rares et les toucher devient une gageure ! Les joueurs, jeunes et moins jeunes, sont indéniablement doués. Le chef est assis au premier rang, parmi les spectateurs ; il s'enthousiasme facilement, indifféremment pour l'une ou l'autre partie, dès que le coup vaut la peine d'être loué : bel exemple d'impartialité sans pour autant verser dans l'indifférence. J'aperçois une « pom-pom-girl qui s'agite et chante derrière son équipe de choix en secouant ses fioritures dignes d'un spectacle « can-can ». Cen'est peut-être pas un hasard... son équipe remporte la partie, à un point près. Les autres quittent le terrain avec une mine un peu triste, mais la tête haute, après avoir serré la main des plus chanceux du jour.

Quatre heures de culte, quatre heures de jeu, et les festivités ne sont pas terminées ; j'ai à peine le temps de me couvrir afin de me protéger des moustiques, comme tous les soirs à la tombée de la nuit, vers 18 heures déjà ! qu'on nous entraîne dans un autre endroit du village où se prépare un spectacle de danse par des jeunes, dont une fillette qui a peut-être cinq ans ; son petit corps bouge en parfaite symbiose, sans difficulté apparente ; elle a l'air d'être mue par une force extérieure, il n'y a plus d'effort, plus de trace d'apprentissage, elle EST, dans son élément, ici et maintenant, pas ailleurs, entièrement, naturellement. J'ai presque le sentiment que ses compagnons, plus âgés qu'elle, ne font que partie du décor d'un tableau, d'une scène dont elle représente le centre : oui, je suis fascinée par cette beauté parfaite et mouvante.

Il n'est pas rare qu'un jeune togolais vienne nous voir, commence à discuter pour très vite enchaîner vers le vrai but de sa démarche : trouver une adresse en France, un point de chute pour peut-être décrocher un visa « sésame ouvre-toi » d'une vie plus facile...

Comment ne pas les comprendre dans un premier temps, nous qui manquons de tant de choses ici tout en étant conscient de les retrouver plus tard.... facile !

Comment dire que l'essentiel n'est pas dans l'apparence tout en sachant que, pour avoir accès à cette réflexion , il faut tout d'abord pouvoir assouvir les besoins primordiaux qui sont boire, manger, avoir la possibilité de se soigner, de se cultiver, de travailler dignement, d'élever les enfants dans de bonnes conditions.

Puis, qu'offrons-nous à l'étranger qui vient s'exiler loin de sa famille et de son pays, simplement dans l'espoir d'une vie meilleure pour lui et ses enfants, quoi de plus légitime ?

Chaque humain n'a-t'il pas les mêmes aspirations ? Trouver sa place pour y vivre dignement.

Trop souvent on croit que l'étranger nous prend notre travail, notre nourriture, contamine nos enfants avec ses étranges habitudes, encaisse les allocations... ce qui en fait la cause toute trouvée de nos malheurs de société nantie...

Thierry entouré d'enfants qui ont aperçu qu'il est le pourvoyeur de ballon ! Des enfants jouent ça et là avec un ballon crevé, du papier roulé en boule, parfois ils sont pieds nus, ou en baskets troués mais cela ne les empêchent pas de jouer avec fougue.

Il n'est pas rare que certaines femmes élèvent entre 8 et 25 enfants !

Plantation des fameux teck :nous trions les pousses, sélectionnons celles qui bourgeonnent. Il fait très lourd, nous marchons 2 – 3 km, accompagnés d'enfants, de femmes qui portent des seaux, des outils ; je propose à l'une d'entre elle de me donner la moitié de sa charge, elle refuse énergiquement. J'ai compris qu'elle est fière de participer à ce travail ; je vois quand même que les quelques hommes qui font partis de l'équipe sont bien moins chargés et semblent davantage s'occuper de la logistique et de l'organisation.

Tout a l'air désorganisé dansl'apparence mais comme d'habitude en Afrique, les choses se font, presque, d'elles mêmes, tout se met admirablement en place. Dasun premier temps il faut couper des plants de maïs, à l'aide d'une machette, outil qui impressionne beaucoup Christiane qui s'est d'ailleurs empressée d'en acheter une pour son jardin à Eckwersheim ; la terre est sablonneuse, meule, agréable à travailler. Les tâches se font « à la chaîne », défrichage, piquer dans la terre avec un pieu improvisé, accéré avec la fameuse hâchette, planter la pousse de teck – travail noble et symbolique confié au Yovos, honorés - bien compacter la terre autour, aménager une petite cuvette afin de retenir davantage d'eau, versée par une femme à l'aide d'un seau (tiens, je n'ai vu aucun arrosoir dans le village, serait-ce un cadeau utile à faire ?) ; ainsi, de rangée en rangée, le travail se fait de plus en plus fluide, en symbiose, très lentement, je profite des moments d'attente entre les différents stades pour observer cette mouvance humaine qui s'apparente presque à une danse. Les visages sont tour à tour concentrés, souriants, curieux, interrogateurs sur la manière de procéder qui n'estcertainement pas la plus rentable en gain de temps,,, qui est de l'argent, c'est bien connu.

Et bien, ici, on fait fi de cette considération : oubliée, balayée l'obligation de rentabilité qui met tellement de travailleurs en marge de la société occidentale, en leur ôtant jusqu'à la dignité même d'avoir un travail, d'être utile à la société, au lieu d'être contraint de vivre à ses crochets et, pour comble, d'être en plus, soupçonnés de fainéantise...

Un matin, à l'occasion d'une promenade dans le village, nous rencontrons un « Vieux » (terme qui n'est pas péjoratif mais empreint d'un respect devant la sagesse du grand âge – ici on a encore le droit de vieillir sans être déprécié et mis au ban d'une société qui ne reconnaît, là encore, que la valeur marchande des actions d'apparence susceptible d'influer sur les cours de la bourse et enrichir toujours davantage de moins en moins de personnes. Je ferme cette longue parenthèse) qui nous explique qu'un Baobab est un endroit symbolique du Vaudou où se déroule certaines cérémonies. Celui qu'il nous présente à plus de 500 ans d'âge, arbore des branches magnifiquement noueuses. Le tronc, évidé, peut être aménagé en garde-manger.

Horacio est le professeur de musique du village.

De temps en temps, je l'avoue... j'interroge mon portable, enfin j'essaie.... parfois je capte un petit message qui me fait plaisir.

Déjà à ce stade du voyage, je sens que ma vision du monde change, évolue ; l'Afrique n'est pas seulement réceptacle de l'aide humanitaire, tiers ou même quart-monde comme on lit dans les journaux et les livres scolaires, il est aussi, et avant tout, gardien d'une sagesse ancestrale vers laquelle, tôt ou tard, bon gré ou forcé, le monde devra se tourner pour y puiser les ingrédient d'une nouvelle société plurielle plus juste pour tous, plus respectueuse de la nature, plus humble vis à vis des leçons que nous infligent les catastrophes naturelles, les maladies émergeantes, le désarroi de nos jeunes, conséquence de la perte du sens de la vie.

Nous rendons visite aux autruches Yovo, Freedom et Voice. Animal peureux qui sait danser devant Frédéric... nous devrions certainement en prendre de la graine !

Elles ont 11 mois, ponderont jusqu'à 2 oeufs par jour jusqu'à 45 ans (âge de la ménopause ?). La taille de ses oiseaux atteint 2,50 mètres à l'âge de la maturité qui est de 2 ans, La viande est comestible, les plumes très prisées dans le monde du spectacle et leur peau pourra être vendue en tant que cuir d'excellente qualité ; c'est donc un investissement rentable économiquement qui permettra certainement au village de développer notamment son potentiel scolaire et médical, dramatiquement bloqué par le manque évident de moyens (livres, médicamens...).

Retour au coeur du village où nous sommes attendus (toujours... attention de ne pas s'habituer et devenir égocentrique... je m'imagine l'ambiance impersonnelle de nos grandes villes où personne ne regarde personne, marchant, tête baissée, souvent pressé vers un but, puis un autre...), donc ici onnous attend pour une séance de danse – percussions. Bien sûr on nous invite à participer en nous tendant des pagnes à nouer autour de la taille. Image insolite qui fait bien rire les Togolais.

Sans transition, l'emploi du temps est bien chargé ! Pas une minutes de repos.. surtout sur le plan acoustique. Séance de tresses (no stress....) Maryse est le premier cobaye,puis c'est autour de Madeline et moi... je me suis souvenue des paroles de ma mère lorsqu'elle me coiffait et qu'elle me tirait les cheveux pour les démêler : « il faut souffrir pour être belle » ! Je rajouterai également la patience car il a fallu rester assise, immobile, pendant 2 heures 30 (je ne parle même pas de la coiffeuse et son assistante ...) mais l'effort en vaut la peine : cette coiffure me fait oublier mes soucis d'apparence, je ne me coiffe plus, je vois toujours la même tête dans le miroir, pas de surprise; c'est une préoccupation en moins et pas des moindres, pour une femme !

Les mamans portent leur bébé sur le dos jusqu'à  3- 4 ans. Elles font la cuisine, dansent, travaillent ainsi, elles vivent en contact permanent avec leur petit ; rares sont les crises de pleurs, les colères, peu d'énervement , d'angoisse, d'agacement perceptibles, malgré la concentration d'enfants de tous âges.
Nous assistons à la fabrication de l'huile de palme avec les noix de l'arbre. Une femme est debout, pieds nus, dans la cuvette remplie d'un liquide rougeâtre, peu engageant ; elle piétine les noix, écume la surface, verse de l'eau chaude, filtre le liquide, enfin nous suivons tout le processus artisanal d'extraction de cette huile, qui peut être rouge ou blanche, suivant la partie de la noix utilisée. Maryse teste sa capacité à rester debout dans cette mare visqueuse.

Alfonso est absent ces quelques jours mais il a laisé des traces indélibiles : ldès qu'ils nous aperçois, es enfants aux quatre coins de village entonnent leslchants appris avec lui et que nous connaissons aussi en partie ; cela fait une approche bien sympathique : le chant rassemble et génère la joie de vibrer ensemble.

La vie en groupe dans un milieu au confort sommaire, où l'on doit sans cesse s'adapter à l'inhabituel, l'imprévu, a tendance à exacerber nos traits de caractère, surtout nos travers.
Les masques tombent, on ne peut les






















































EN VRAC I

Auto école « gloire à Dieu », « payer avant de manger », office d'huissier, j'ai vu un tribunal mais je ne sais plus où, poule avec trois poussins : un blanc et deux noirs , comment cela se fait il, yovo = les blancs, usine de médicaments génériques, « clinique traditionnelle », lavage à sec « que Dieu vous bénisse », bijouterie « les mains de Dieu », Dieu à toutes les sauces ! Société de Courage, maison du ciel, propriété litigieuse, propriété à bailler, clinique « la volonté », établissement « Divine grâce », coiffeur « dieu est bon », « tu tousses depuis des semaines alors va à l'hôpita »l, plein de petites églises partout, « ne pas pisser sur la mure ! », garage « la patience » (quand on voit l'état des voitures...., « puits des esclaves », « même si l'arbre ne porte pas de fruits il peut quand même protéger sa famille avec son feuillage ». Magasin de pots d'échappement « c'est la nature qui parle », « la maison du cercueil », bouquet de poules vivantes accrochées au guidon d'une mobylette, journal dont les pages sont suspendues sur un fil : tout le monde en profite. clinique de Noé, produits bio

Doudoune portée à plus de 45°. « Go slow » pour un magasin de cercueils.

Clé minute « le destin », agence immobilière « le bon berger », plante horticole au bord des routes, coiffeur « tant que je vis, j'ai espoir », épitaphe «chez gouter voir », minitère international de... la prière de l'espoir, tresses « dieu est bon », couture « gloire à Dieu », PARIS IV superette, moustic lake, latrine améliorée ventilée, coiffure « royaume des anges ».

Eglise : laissons nous transformer au plus profond de nous, commerce général « tout pour tout », cordonnerie « pas à pas », pharmacie « l'éternel », centre de formation « la concience », guérisseur à côté du cimetière, centre de prière « mon calvaire », cabinet téléphonique « les anges », préservatif migrant à vendre au café du coin, chaise à louer, établissement « alléluia, sans rancune aucune », « la différence », église – en gare « chez la consolatrice », établissement « dieu le veut », cabine téléphonique « oeil de dieu » « rien impossible à Dieu », garage « auto fruit de l'esprit » « Dieu seul suffit », « Dieu est parfait » « fait ta prière », « le réveil » « guérir par le plaisir », cabinet dentaire « le salut », boutique « coeur des anges », chemin de paix, « beau bébé », « beauté ronde », « resto lapin » , communauté électrique du Bénin = EDF. Affiché sur un mur : « saisi pour non paiement d'impôt ». Sur une moto : « la souffrance est un conseil », « tout reste », « notre dame de la patience », construction consolidée avec bouts de bois, ministère de la montagne du feu et des miracles, maison à ne pas vendre, bel pêche, deux coups = 5000 F CFA.

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