mardi 8 juin 2010

de retour à Brem

De retour à BREM
Comme les évènements s’enchaînent ; avant qu’ils ne se concrétisent, j’essaie de me projeter, d’organiser… moments intenses,, de doutes, de flottement… mais aussi de joie, de rencontres, d’échanges avec des personnes que je n’aurais pas contactées, étant accaparée par un emploi du temps de plus en plus serré.
Le travail à Brem est énorme. Comme il est impossible d’être satisfait du travail fini, il faut bien que je me contente de me concentrer sur l’avancée, les progrès, la beauté du détail, les découvertes, l’ingéniosité de certains moyens, le courage à cultiver, l’énergie à trouver pour faire fonctionner machine à laver, robinet dévissé, douche qui fuit, pompe eau du puits complètement immergée dans de l’eau nauséabonde à écoper, montagne de linge sale, rance, malodorant, dalles de béton à brosser de multiples fois pour atténuer l’odeur de crottes de chien… ramasser les outils de jardin pour éviter d’abîmer la tondeuse du voisin qui se propose gentiment de tondre une grande partie du terrain, visser la clenche de la porte de garage pour éviter d’être enfermé un jour, frotter pendant des heures l’intérieur du réfrigérateur, vert de champignons, tapissé de restes pourris… le miracle de voir des objets récupérables, désinfectés et resservir, mon chat dont la blessure au front commence tout doucement à se refermer, comme peut-être son traumatisme intérieur se résorbe peu à peu en prenant conscience que je me réinstalle dans les lieux et que les habitudes d’autan reprennent…. Presque comme si de rien n’était.
Pas tout à fait, de temps en temps je pleure sur ce gâchis, ce « raté » lourd de conséquences. Comment peut-on en arriver là ? à ne pas respecter des lieux offerts avec confiance et sans calcul, en recherchant l’équilibre au plus juste, eu égard aux besoins de chaque partie, propriétaire et locataire.
Gens sans conscience plus que « méchants » qui est d’ailleurs un terme qui ne signifie pas grand »chose, sauf à qualifier rapidement une attitude qui blesse.
……… à compléter, je n’ai pas envie de faire la liste ce soir …..
Mais aussi cette obligation de garder la face, de rester debout ; la pensée vers cette personne alitée, aux soins palliatifs, qui donnerait « tout l’or du monde » pour être à ma place ; mes efforts pour paraître légère, même si je ne suis pas gaie, sereine au contact des gens qui ne viennent pas pour éponger mes états d’âme ou subir mes humeurs mais aussi pour passer un bon moment convivial même si nous travaillons dur.
Cet élan de solidarité de la part d’amis que je ne vois pas forcément le plus souvent.
Mais aussi ces réflexions dénigrantes, assassines, qu’on me rapportent de temps en temps : « inadmissible qu’elle (moi) ait pu imposer de tels locataires aux gens du village », par exemple…. Peut-on penser un seul instance que tel était mon but ou cette situation le fruit de mon « inconscience » alors que j’avais toutes les pièces justificatives, bulletins de salaires, attestation du montant versé par la CAF, signature d’une caution, acte signé par devant notaire, mon métier dans le domaine ?....
J’ai entamé la procédure judiciaire au mois de mai, espérant pouvoir les faire expulser avant la trêve hivernale… le déroulement de la procédure en a décidé autrement, le dossier a pris un chemin plus tortueux , l’hiver est venu et a permis à ces gens de détériorer mon système sophistiqué de chauffage écologique, de résorber mon stock de bois qui devait couvrir plusieurs années, de mettre mal à l’aise ST qui habite à côté, d’abîmer le toit, de laisser les broussailles et orties envahir le jardin (qui est redevenu très vite magnifique, je tiens à le préciser : belle leçon de nature qui se relève de ses cendres et s’occupe uniquement de ce pourquoi elle existe : bourgeonner, fleurir, enchanter puis mourir après avoir disséminé ses graines pour permettre le renouveau prochain)
Ils sont sortis le 1er avril, non sans essayer une dernière fois d’obtenir des délais, non pas pour « nettoyer encore 2 petites heures »…. Mais pour faire un ultime aller-retour et vider un peu plus la maison, ils ont simplement » oublié » leurs détritus et objets cassés et ont choisi d’emporter le réfrigérateur américain pour lequel il a fallu démonter la porte maintenant bien abîmée, la télévision grand écran… oh,je ne voulais pas la garder ! loin de là… la moto a disparu, la voiture décapotable…
Nos amis ont évacué 6 remorques de magma d’objets et de linge mélangé à des défections canines…
Mon petit frère a réussi entre autre à faire fonctionner la machine à laver complètement bloquée et encrassée de poils de chien….
Mon grand frère a transporté mon bric à brac..;
Des objets, des outils prêtés, des paroles encourageantes, la clé pour une connexion à internet...
Des amis ont fait le trajet, porté des cartons, essayé de réparer la serrure...
Ma belle-sœur a vidé la mare remplie de saleté et d’objets tombés dedans… mes enfants et mon ami m’épaulent régulièrement depuis la libération des lieux, restitués grâce à l’intervention de l’huissier et du serrurier mandatés. Nettoyage, peinture, multiples réparations, achats de pièces de rechange…
Multiples marques de sympathie de personnes qui ne pouvaient pas forcément intervenir sur le terrain
Tout cela contrebalance les effets négatifs, poursuites du Trésor Public pour le paiement de LEUR importante consommation d’eau… administration qui n’accepte pas facilement l’échéancier que je propose, alors que les consommateurs véritables, irrespectueux, ne sont nullement inquiétés…. Et pourtant, qui impose ces délais octroyés même à des personnes qui détériorent délibérément et repartent pour faire la même chose ailleurs ? j’ai un jugement, certes, mais comment l’exécuter contre des gens insolvables ?
… et moi on ne se soucie pas de voir comment je réussis à payer tous les mois mes échéances de prêts devant être recouverts par le loyer en grande partie non recouvré, sans parler du coût des réparations, de l’immobilisation de la maison quant à la vente projetée, des frais énormes engendrés…
Le législatif légifère sans mesurer certaines conséquences ni surtout sans les prendre en charge, l’exécutif se trouve paralysé par diverses raisons ; et entre les deux instances un justiciable ponctionné de toutes parts. En toute légalité.
Je ne me sens plus « chez moi » mais de passage ; peut-être est-ce ce qu’il convient ?
Quand je suis fatiguée j’ai du mal à me concentrer sur une parmi les multiples tâches et tout me semble lourd, vain, décalé
Et pourtant je fais bonne figure devant les gens, mes enfants, F et cela m’entraîne vers la surface, alors je continue.
Quel bonheur de faire une petite sieste sous le cerisier, d'entendre chanter les oiseaux, de sentir Souris le chat frotter son doux poils contre mes jambes nues, de respirer l'air pur, l'odeur d'herbe coupée, de découvrir les différentes plantes, actinidia, rosier, ginko biloba, nectarine que j'avais oublié avoir planté il y a 5 ans et qui, maintenant, porte des fruits, les vignes non taillées qui poussent sauvagement, le lilas du TribdeWiss qui a été remplacé par un pommier dont nous ne goutterons pas les fruits, la mare remplie d'eau de pluie d'orage, le magnolia longtemps en fleurs, les plants de fraises décoratives, les géranium vivaces, le petit cerisier qui a tellement grandi que je ne l'ai plus reconnu... la lavande et toutes les fleurs.... autant de cadeaux que j'apprécie et qui adoucissent mon « sort » enviable vu de cette perspective. Je ne l'oublie pas.
Et puis le Monde a bien d'autres soucis que les miens.... plus cruciaux...

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