Une jolie histoire qui me rappelle "l'homme qui plantait des arbres. Nos médias devraient en prendre de la graine et rechercher ces actions conduites "dans l'ombre".
22.05.2012 | The Times of India
A lui tout seul, Jadav Payeng a fait pousser une vaste forêt sur
un banc de sable de 550 hectares situé au milieu du fleuve Brahmapoutre.
Le site compte désormais plusieurs animaux dont l’espèce est en voie de
disparition, dont au moins cinq tigres. Une femelle a eu deux petits
récemment. L’endroit se situe à Jorhat, à 350 kilomètres de route de
Guwahati, et il n’est pas facile d’accès. Il faut quitter la voie
principale et prendre une petite route sur une trentaine de kilomètres
pour arriver au fleuve. Là, avec de la chance, on trouve des bateliers
pour passer sur la rive nord. Après 7 kilomètres de marche, on arrive
près de chez Payeng. Les gens du coin appellent cet endroit Molai
Kathoni (“le bois de Molai” – d’après le surnom de Payeng). Tout a
commencé en 1979. Des crues avaient rejeté un grand nombre de serpents
sur le banc de sable. Après le retrait des eaux, Payeng, qui n’avait que
16 ans, trouva le site couvert de reptiles morts. Ce fut le tournant de
sa vie. “Les serpents étaient morts de chaleur, il n’y avait pas
d’arbres pour les protéger. Je me suis assis et j’ai pleuré sur leurs
corps sans vie. C’était un carnage. J’ai alerté le ministère des Forêts
et leur ai demandé s’ils pouvaient planter des arbres. Ils m’ont répondu
que rien ne pousserait ici et m’ont dit d’essayer de planter des
bambous. C’était dur mais je l’ai fait. Il n’y avait personne pour
m’aider”, raconte Payeng, qui a désormais 47 ans. Le jeune homme
quitta ses études et son foyer, et se mit à vivre sur le banc de sable.
Contrairement à Robinson Crusoé, il accepta volontiers cette vie
d’isolement. Et non, il n’avait pas de Vendredi. Il arrosait les plants
matin et soir et les taillait. Au bout de quelques années, le banc de
sable est devenu un bois de bambou. “J’ai alors décidé de faire
pousser de vrais arbres. J’en ai ramassé et je les ai plantés. J’ai
aussi rapporté des fourmis rouges de mon village : les fourmis rouges
changent les propriétés du sol. J’ai été piqué plusieurs fois”,
raconte Payeng en riant. Bientôt, toute une série de fleurs et d’animaux
s’épanouirent sur le banc de sable, y compris des animaux menacés,
comme le rhinocéros à une corne et le tigre royal du Bengale. “Au
bout de douze ans, on a vu des vautours. Les oiseaux migrateurs ont
commencé à arriver en masse. Les daims et le bétail ont attiré les
prédateurs”, déclare Payeng, qui s’exprime comme un écologiste chevronné.
“La nature a créé une chaîne alimentaire : pourquoi est-ce qu’on ne s’y
tient pas ? Qui protégera ces animaux si nous, les êtres supérieurs,
nous nous mettons à les chasser ?” Le ministère des Forêts de
l’Assam n’a entendu parler de la forêt de Payeng qu’en 2008, lorsqu’un
troupeau d’une centaine d’éléphants sauvages s’y est réfugié après avoir
ravagé les villages voisins. Ils ont aussi détruit la cabane de Payeng.
C’est là que Gunin Saikia, conservateur assistant des forêts, a
rencontré Payeng pour la première fois.
“Nous avons été surpris de trouver une forêt aussi dense sur le banc
de sable. Les gens du coin dont la maison avait été détruite par les
pachydermes voulaient abattre ce bois, mais Payeng leur a dit qu’il
faudrait le tuer d’abord. Il traite les arbres et les animaux comme si
c’étaient ses enfants. Quand on a vu ça, on a décidé de contribuer au
projet, raconte-t-il. Payeng est incroyable. Ça fait trente ans qu’il
est là-dessus. Dans n’importe quel autre pays, il serait un héros.”
(The Times of India)
(The Times of India)
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