Par M. LOZES "Nouvel Observateur" 6-12-2013
"J'ai combattu contre la domination blanche et j'ai combattu contre la
domination noire. J'ai chéri l'idéal d'une société libre et démocratique
dans laquelle toutes les personnes vivraient ensemble en harmonie et
avec les mêmes opportunités."
Schizophrénie française
La schizophrénie qui s’empare des dirigeants français depuis la
mort de Mandela est choquante. Les voila qui saluent l’œuvre de Mandela
ou disent qu’ils s’inspirent de son action, tout en oubliant qu’ils ont
dans la France d’aujourd’hui et dans les profondes déchirures de la
société française, matière à démontrer concrètement qu’ils ont compris
l’œuvre de Nelson Mandela.
Avoir compris l’œuvre de Nelson Mandela consisterait à appliquer ses
préceptes et travailler à une société dans laquelle les citoyens
vivraient en harmonie et avec les mêmes opportunités. N’est-ce pas de
cela que notre pays a besoin ? Or quel responsable politique porte un
tel message aujourd’hui ?
Il ne faut pas non plus édulcorer le
message de Mandela ni l’histoire. La problématique française paraît très
différente de celle de l’Afrique du sud. Dans la mémoire officielle
seulement. Parce que, dans la mémoire des minorités, les différences ne
sont pas si évidentes. Car il existe, entre les vécus collectifs des
minorités de France et d’Afrique du Sud, des similarités, qui
constituent autant de pistes à explorer.
L’Afrique du Sud aurait plusieurs enseignements à nous transmettre.
D’abord, elle a mis en place une politique d’égalité très originale.
Ensuite, elle est passée d’un régime féroce de discrimination, à un
système démocratique où l’alternance a été possible sans effusion de
sang. La création d’une commission "vérité et réconciliation"
a permis de penser le passé, sous le sceau de l’union nationale. Les
anciens dominés et les anciens dominants, ont accepté de mettre à plat
et en commun l’histoire du pays. C’est une situation très inédite. C’est
la preuve que des évolutions considérables sont possibles, pour peu que
la volonté existe.
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