vendredi 20 août 2010

Saint Exupéry, à propos de l'amour

L'union de l'homme et de la femme :
"Il ne s'agit point de moi. Je suis celui qui transporte.
Il ne s'agit point de toi : tu n'es que sentier vers les prairies au réveil du jour.
Il ne s'agit point de nous : nous sommes ensemble passage pour "Dieu" (ou tout autre concept) qui emprunte un instance notre génération et l'use" (Citadelle... encore Elle !)

autre paragraphe que je trouve profond :
"... il y a cependant un autre devoir dans l'amour de l'homme pour la femme (homme et femme dans un sens général, je préfèrerai dire deux êtres qui essaient de se compléter, j'ai dit). Il ne suffit pas à l'homme, responsable de la femme qu'il aime, de faire des sacrifices pour la rendre heureuse, il faut que le sacrifice s'arrête là où la dignité d'homme risque d'être entamée. ""Je n'ai point fait mes provisions pour m'enfermer dans une femme et m'y complaire"". Et encore : "si la femme te demande de t'occuper d'elle tout entier et de t'enferme dans son amour, elle te sollicite de n'être qu'égoïsme à) deux" ; le second devoir de l'homme qui aime est donc d'essayer de grandir la femme (ou le contraire.....j'ai dit), de l'emmener à son altitude afin qu'elle ne "l'enferme" point, mais l'aide à s'ouvrir davantage. L'homme doit aussi ses dons à d'autres ; l'amour individuel, égoïstement compris, pourrait l'entraver dans son ascension, alors qu'il faut en contraire l'employer comme "chemin". La femme aimée doit avoir, tel l'homme lui-même, une très haute idée de l'amour..."
"Ne confonds pas l'amour avec le délire de la possession, lequel apporte les pires souffrances; dit-il. L'amour véritable est un don, pur mais un donc de chacun à l'autre dans le respect de ce qu'il a encore à donner.
Ton grenier n'est point provision, affirme l'auteur de Citadelle, il est escale.
Tout est charroi, tout est semence."

Ne pas se laisser entraver :
"... je me suis hâté vers toi, dans la joie de te joindre. Je t'ai fait porter des messages. Je t'ai comblée. La douceur, pour moi, de l'amour c'était cette opinion que je te souhaitais sur moi-même. Je t'accordais des droits, afin de me sentir lié. J'ai besoin de racines et de branches. Je me proposais pour t'assister. Ainsi du rosier que je cultive. je me soumets donc à mon rosier. Rien de ma dignité ne s'offense des engagements que je contracte.
Et je me dois ainsi à mon amour.
Je n'ai point craint de m'engager et j'ai fait le solliciteur. je me suis librement avancé, car nul au monde n'a barre sur moi. Mais tu te trompais sur mon appel, car tu as lu dans mon appel ma dépendance : je n'étais point dépendant. J'étais généreux.
Tu as compté mes pas vers toi, ne te nourrissant point de mon amour, mais de l'hommage de mon amour. Tu t'es mépris sur la signification de ma sollicitude. Je me détournerai donc de toi pour honorer celle-là seule qui est humble et qu'illuminera mon amour. J'aiderai à grandir celle-là seule que mon amour grandira. J'ai besoin d'un chemin, non d'un mur.
Tu prétendais non à l'amour mais à un culte.
Tu as barré ma route. Tu t'es dressée sur mon chemin comme une idole. Je n'ai que faire de cette rencontre. J'allais ailleurs...
Je n'irai ni m'humilier ni l'humilier dans l'amour.

Je serai autour d'elle comme l'espace et en elle comme le temps. Je lui dirai : "ne te hâte point de me connaître, il n'est rien de moi à saisir. Je suis espace et temps et devenir.

extraits de "Citadelle" de St Exupéry

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