jeudi 28 novembre 2013

On pourrait en rire... encore faut-il ne pas avoir à en souffrir !


Tant que la "procédure"  est respectée et le pouvoir de l'argent sauvegardé....

A propos de la retraite devenue
"illégitime du seul fait que l’opinion publique apprenne son existence"

Retraite chapeau: la faillite de l’autorégulation

L’autorégulation du patronat français en matière de rémunération, c’est la règle du « pas vu pas pris ».
Le Haut Comité au gouvernement d’entreprise (ça fait sérieux) joue le rôle de cet enfant qui, face contre le mur, autorise les camarades avec lesquels il joue à 1-2-3 soleil à faire ce qu’ils veulent tant qu’il ne se retourne pas.
S’il tourne la tête, en revanche, le maladroit qui ne bougerait ne serait-ce qu’un petit doigt est éliminé. Et tout le monde reprend sa course joyeuse vers le trésor, imaginaire ici.
Philippe Varin, le président du directoire de PSA Peugeot Citroën, s’est fait éliminer parce que sa retraite chapeau était trop visible. En respectant la règle du jeu, il permet d’abord aux autres de continuer la partie. Sans avoir à changer la loi.
Le Medef et l’Association française des entreprises privées (AFEP), qui regroupe les plus grosses sociétés, ont salué « le sens des responsabilités et la décision courageuse » du patron du groupe automobile. Il venait d’annoncer, mercredi 27 novembre, qu’il renonçait « aux dispositions actuelles de [ses] droits à retraite » – une rente annuelle de plus de 400 000 euros, que PSA devait lui verser pendant toute sa retraite, en plus de ses autres pensions.
Tartufferie
Nous sommes en pleine tartufferie ! Ce Haut Comité des sages ne s’est en effet autosaisi du sujet qu’après que les médias se furent émus qu’une entreprise en difficulté eût provisionné, pour son futur ex-patron, 21 millions d’euros. L’objectif était d’éteindre le départ d’incendie.
Ce n’est pas la retraite chapeau de M. Varin qui a choqué ses pairs. Elle était mentionnée tous les ans en toutes lettres dans les documents publics du groupe, aux yeux de tous les hauts comités de la terre qui n’y avaient rien trouvé à redire.
Ses conditions étaient de fait dans les normes. Elle est devenue illégitime du seul fait que l’opinion publique apprenne son existence.
Si l’autorégulation mise en place par le Medef et l’AFEP voulait éviter les excès de rémunérations inappropriées, pourquoi ne s’autosaisit-elle pas, par exemple, des conditions auxquelles le prochain patron de PSA, Carlos Taveres, vient de signer.
Fixe, variable, retraite chapeau, indemnités de départ, tout s’est négocié sans doute (on n’en sait rien) en respectant les règles du nouveau code de gouvernance AFEP-Medef.
Il est probable que, malgré les difficultés de PSA, les suppressions de milliers d’emplois et les sacrifices négociés sur les salaires du personnel, le futur patron du constructeur soit rémunéré, lui aussi, à un niveau comparable à celui de ses pairs. Aurait-il signé dans le cas contraire ?
L’incompréhension est là. L’autorégulation se préoccupe de procédure et de respect des actionnaires. Elle n’a aucunement stoppé l’inflation des rémunérations. L’opinion publique se préoccupe de leurs montants, dont on ne sait plus combien de smic ils représentent.

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