jeudi 3 décembre 2009

chronique d'une mort annoncée (fermeture Tribunal)

Fin août 2007 : on nous annonce qu'il est question de fermer des petits Tribunaux.
« c'est une blague ? Trop gros pour être vrai.... il n'est pas possible qu'on puisse avoir une idée pareille ! ».... pensé-je...
Puis s'enchaînent malheureusement les évènements allant dans ce sens, circulaire, demande de statistiques, visite des Chefs de Cour... mais en même temps il faut assurer le quotidien, en complet décalage avec ce qui se trame. Comme si on vivait sur deux plans différents, ce qui se décide d'en haut et la réalité vécue.
Personnellement j'avais grand espoir que cette réforme ne puisse aboutir, que nos dirigeants se rendront compte, à temps, de l'incohérence de telles décisions... que nos politiciens
mais au fil du temps, on sentait une espèce de sentiment de fatalité « que voulez-vous, on ne peut rien y faire... nous n'avons pas le choix.... autant y aller avec le sourire – là je suis d'accord ! - et puis des gens qui avait bien d'autres dissensions à régler avec la justice qui se frottent les mains « enfin ses emmerdeurs vont partir ». « ces fonctionnaires qui ne foutent rien et qui coûte cher en impôts... » c'est avoir une conscience bien étriquée car « ces gens-là » un jour ils auront besoin du Tribunal pour se faire entendre, être défendus, de l'autre côté de la barrière...
Au fil des mois la charge de travail s'alourdissait, déménager veut dire préparer les cartons, trier, classer tout en assurant le service...
Des réunions pour régler les modalités, bien sûr, il faut en parler, se concerter, décider si l'on ne veut pas que tout nous soit arbitraire imposé dans les moindres détails, parfois en dépit du bon sens (prévoir notre déplacement dans des locaux qui deviendront exigüs pour tous, quitter un bâtiment rénové il y a peu de temps, nous demander, en plus, de déménager de façon anticipée, début novembre, puis déléguer une permanence qui prendra les recours devant encore se faire à Wissembourg jusqu'au 31 décembre...

PROFESSIONNELLEMENT :
Un service public digne de ce nom se doit d'être accessible à tous les justiciables, y compris ceux qui ne sont pas dotés des moyens modernes de communication, les personnes âgées ou démunis
Des classes de collèges, de lycée venaient aux audiences,
Des jeunes avaient l'occasion de faire un stage de quelques semaines dans nos services
Les études d'huissier, de notaire, subissent de plein fouet ce départ, les clients vont tout naturellement faire appel à l'étude près du Tribunal en fonction...
Aucune audience ne peut avoir lieu pendant 2 mois... des gens sont dans des situations difficiles... déjà en temps normal les délais s'allongent de plus en plus, le personnel diminuant comme peau de chagrin..

HUMAINEMENT :
Parler à une personne, le justiciable ayant la possibilité de s'exprimer personnellement devant un juge ou un greffier en chair et en os

Le stress des déplacements, distance multipliée par 4 en moyenne.... la garde des enfants, le déplacement de toute une famille,

ECOLOGIQUEMENT :
Tous ces gens, justiciables, auxiliaires de justice, employés pollueront un peu plus la planète, à une époque où l'on incite les gens à devenir plus responsables et à évaluer leur empreinte écologique.... et il est question d'interdire aux employés de travailler sur quatre jours pour raison de service (quel service ?)


ECONOMIQUEMENT :
Les surendettés, les personnes sous tutelles, pour ne parler qu'eux d'eux... dans les petits villages, sans possibilité de transport en commun, comment pourront-ils se déplacer jusqu'à HAGUENAU, 70 km AR, pour s'expliquer, essayer de trouver une solution, se faire entendre, exister autrement que par l'intermédiaire d'écrits dans un dossier ou un auxiliaire de justice qui a sa vision propre des choses ?
Au lieu de parcourir 20 km en moyenne pour venir travailler, les employés devront en faire 4 X plus quotidiennement ; quelqu'un osera-t'il calculer le coût de ces déplacements ? Bien sûr ce n'est pas l'état qui supportera les factures d'essence, l'achat de voiture

Les petites villes bien sympathiques perdront une clientèle à tous niveaux, par exemple les jours d'audience les avocats, huissiers d'audience, magistrat allaient consommer en ville, s'intéresser aux alentours, l'immobilier dans ces régions sera en chute libre car qui voudra habiter une commune où l'on devra se déplacer pour n'importe quelle démarche...


INCOHERENCES :
Nos gouvernants nous exhortent à diminuer notre empreinte écologique (tout en s'assurant encore des revenus défiant toute concurrence...), en nous suppliant de consommer pour faire marcher les entreprises, de travailler plus pour gagner davantage, ouvrir des magasins le dimanche pour que l'humain-mouton reste entièrement dans la sphère travail-consommation, qu'il n'ait surtout plus le temps de penser, d'être à ne rien faire, ce n'est pas économiquement correct, pensez-vous !

2 commentaires:

  1. Comment ne pas avoir peur de tous ces changements que l'on subit sans autre choix que d'avoir la haine ou de les accepter avec le sourire ?

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  2. haine est trop fort mais un peu de révolte juste pour nous faire avancer, et le sourire s'il n'est pas ricanement.... oui

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