lundi 31 octobre 2011

petit bilan après 1 an....

Un an après avoir quitté l'administration après 25 ans de service...

Je n'en reviens pas.... j'ai osé !
après presqu'un an.... je me surprends toujours encore à dire "nous" quand je parle de ce qui se fait au sein du service.
Quand j'exposais mon projet de reconversion, certains me disaient "ne fais pas ça", d'autres secouaient la tête "elle est complètement inconsciente !" "elle ne réfléchit pas", "comment peut-on quitter un travail rémunéré à 2 000 euros mensuel, garantis ?"....
mais quelques uns comprenaient.

Petite rétrospective :
Un jour, je me suis rendu compte avec effarement que je n'aimais plus travailler !
Serais-je donc devenue paresseuse ? comme tous ces gens au chômage qui ne veulent pas travailler et sont critiqués par ceux qui triment du matin au soir pour arriver à joindre les deux bouts fin du mois ?
Me connaissant, quand même ! je ne pouvais me déprécier à ce point en m'arrêtant au jugement primaire.
NON, cela ne me correspond pas : j'aime être active, donner de mon temps, me rendre utile, aujourd'hui plus que jamais....
ALORS ?
Il est vrai que j'ai subi ce qu'on peut appeler un harcèlement pendant presqu'un an.... moi qui pensais que ce ne serait pas possible ! moi, la femme forte..... je pourrais prendre du recul et remettre paroles blessantes, dénigrantes,, attitudes irrespectueuses, à la personne qui est à l'origine.... il suffit simplement de ne pas s'identifier au reflet d'une image .... à la renvoyer à son destinataire qui en est seul responsable!...
forte de mes lectures et stages de développement personnel... allons allons...

Justement ce n'est pas aussi simple..
oui, bien sûr, j'ai travaillé sur moi dans ce sens.
ALORS QUOI ?
... mais voilà, c'est épuisant, toute mon énergie était focalisée à une espèce de survie, d'acceptation d'une situation que je ne pouvais pas changer en un claquement de doigts
et puis, en état de fatigue extrême, le doute vient s'insinuer : suis-je donc aussi nulle ? et le doute génère immanquablement une perte de confiance en soi ; l'entourage professionnel le ressent. Ma vie personnelle également ; des relations se distendent... je ne suis plus capable de les nourrir...
je risquais de m'enliser dans un cercle vicieux de dépréciation, d'abord subtile, puis plus concrète car on ne peut, sur la durée, cacher complètement ce qui se passe au fond de soi.
Et les collègues ont leurs soucis propres ; parfois on préfère même se détourner d'une personne qui n'est pas "dangereuse" pour se rallier à celle qui a beaucoup de pouvoirs.... question d'intérêts, de survie parfois ! je comprends.
Néanmoins beaucoup m'ont soutenue, heureusement ; certains venaient discuter avec moi dans le bureau, tôt. Quand "X" n'était pas encore là. Cela m'aidait.
J'ai parlé, écrit.... alerté l'hiérarchie.... le "je" est devenu "nous". Un courrier signé par presque tous...
le médecin du travail
les promesses orales...
les espoirs, les miens, mais aussi d'autres collègues moins directement touchés mais touchés quand même..
puis je suis partie.
le 27 décembre on m'a informée qu'une partie de mon compte épargne temps (de l'époque où je ne comptais pas mes heures d'un travail passionnant) ne pouvait m'être payée ; qu'il fallait donc prendre ces jours en congé.... donc ne plus revenir début janvier ! il me restait 3 jours pour rendre un service non pas "à jour" mais au moins clair, transparent, avec des mots, parfois sous forme de post-it, pouvant aider mes successeurs à s'organiser, prévenir les intervenants, les collègues... prendre congé...
Le vide dans ma tête...
Quid du service ? de la surcharge de travail pour mes collègues car nulle solution de remplacement au pied levé ?
j'ai bataillé avec ma conscience mais j'ai appris aussi que "trop bon, trop con"..... pardon pour cette expression mais elle est à l'image de ce que je veux exprimer.
... je pourrais rester.... terminer en catimini.... comme une petite souris, me rendre transparente....
Ca alors ! oserais-je donc me sentir indispensable ?
.. non, certainement pas.
et qui suis-je à avoir la prétention de porter les conséquences d'une restructuration qui a conduit à cette situation ? tout cela pour un gain financier ? même pas sûr....
Et l'humain dans tout cela ?
Et l'usager dont on fait tant cas lors de l'élaboration de textes de loi qui semblent avoir pour but premier l'économie et la rentabilité, sous couvert de "simplicité" d"allégement" ?
je n'ai pas cette impression : certaines administrations, hors numéros téléphoniques surtaxés, ne sont plus joignables.
Pourtant, tout au long de ma formation actuelle, j'ai appris qu'il faut mettre la personne protégée au centre de la mesure. mais qu'en est-il des humains en général ?
Doit-on attendre d'avoir les facultés mentales ou physiques altérées (article 425 du Code Civil) pour être reconnus en tant qu'humain ? d'ailleurs pourquoi faut-il légiférer pour atteindre des objectifs qui sont la base d'une humanité digne de ce nom?
je tourne la page.
Me former à un nouveau métier
La formation me revient chère. Pas moyen d'obtenir un DIF - CIF.... même après 30 années de bons et loyaux services.
Aujourd'hui je fais ce bilan.
Je vais passer les derniers examens pour pouvoir exercer en libéral, avec tous les risques/liberté qui en découlent et pouvoir de nouveau gagner ma vie et renflouer mes comptes en banque qui maigrissent de mois en mois...
j'ai la chance d'avoir pu vendre ma maison et déménager dans un petit logement sinon je n'aurai pu m'engager dans cette voie.
Je n'ai aucun regret, juste un sentiment amer en sachant que la personne à l'origine de tant de malaise est toujours en poste.... et que la seule solution trouvée est une promotion.
Que tout le monde espère...
Voilà la genèse de mon ressenti à l'égard du "travail comme je n'aime plus travailler"....
mais être active, me rendre utile. Et gagner ma vie, oui.
J'ai eu ce courage, mais aussi cette chance d'avoir pu - ou dû - quitter une situation économiquement sûre mais personnellement mortifère.
Question de choix..... pour ceux qui le peuvent !

1 commentaire:

  1. "Question de choix..... pour ceux qui le peuvent !"
    Un des drames de notre système : le verrouillage de son fonctionnement (avec des leurres – croissance + emploi + propriété du vivant, de la paupérisation, des lois, de la répression). Ainsi de moins en moins "peuvent" se libérer des entraves. L’étau se resserre autour de l’être. L’être ne se laissera pas enfermer éternellement. La violence est donc prévisible. Les élites auto-proclamées sont aveugle. Ou trop cupides. A moins que l'outrecuidance et la fatuité ne les aient rendues aveugles et sourdes. C’est bien dommage et d’une tristesse infinie.

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