mercredi 4 novembre 2009

Concert Lift Up 2009

LITFT UP 2 AU ZENITH LE 31 OCTOBRE 2009

Des décibels plein les oreilles, des couleurs et des formes qui dansent devant mes yeux, expressions de visages, yeux grand ouverts, applaudissements, fumée quelque peu irritante pour la gorge, mes rêves nocturnes et zapping diurnes en sont peuplés depuis ce week-end.

Voir « l'envers » du décor, l'organisation permettant d'accueillir des milliers de personnes, les différents artistes qui se produisent, leur assurer un minimum de subsistance pendant les heures à se soumettre aux attentes, à « la Balance », mot que j'ai découvert à cette occasion et qui est une coordination entre les instruments, les solos, le choeur, le choix des emplacements de chacun, des micros, la sonorisation « haute technologie », les lumières, les derniers conseils de Catherine qui prêtent parfois à sourire mais ne sont de loin pas vains comme « ne pas se gratter le nez en pensant qu'on est loin du public ».... les caméramen adorent les gros plans... « ne pas faire de commentaires, même à voix très basse» car les micros sont très sensibles et porteraient même nos discrètes onomathopées jusqu'au fond de la salle !

J'ai découvert une Theresa « bien en chair et en os », c'est-à-dire simple, souriante, à l'aise, calme et surtout une présence extraordinaire dans son regard, ses gestes. Heureuse d'être là.

Il est extraordinaire de voir à quel point une religion (bien que dans ce mot on entende « relier », l'histoire, malheureusement, a montré à maintes reprises tout le contraire) peut draîner une foule portée en grande partie par la foi, certes, mais peut-être une foi qui est ouverte, non dogmatique ; plusieurs fois le présentateur et d'autres personnalité ont rappelé la célèbre phrase de Martin LUTHER KING : (en substance.... à préciser) « VIVONS ENSEMBLE SINON NOUS ALLONS MOURIR SEUL ».

La sécurité est assurée, nous sommes munis de badges, d'abord violets...., puis orange, enserrant irrémédiablement le poignet car il est impossible de le défaire sans le déchirer ; heureusement que la couleur est assortie à nos colliers confectionnés en Fimo par un petit groupe ; en effet, chaque choriste femme porte cette médaille sur son décolleté plus ou moins profond. Un autre badge, moins esthétique celui-ci, vient se rajouter : il nous permet de sortir de l'enceinte du Zenith (d'aller à Auchan acheter des ampoules pendant la pause... de corriger des copies dans sa voiture..... prendre un bol d'air « frais » à proximité de l'autoroute.... ou d'aller se balader dans les allées des jardins communaux, non loin ; un réel plaisir des yeux, une oasis dans ce monde d'asphalte).

Se reposer, faire une petite sieste, s'isoler n'est pas chose facile. D'abord parce qu'il y a du monde partout, que la petite loge mise à la disposition du groupe de plus de 50 personnes devient vite irrespirable, puis chacun de nous est continuellement sollicité de toutes parts, visuellement, par la parole, et même Oh surprise : le repas offert aux choristes, lasagnes, salade composée.... et un grand choix de desserts allant d'un simple fruit à des tartes au chocolat, au citron meringué.... du pain, des boissons chaudes et froides à gogo. Moment convivial.

Certaines personnes ont quand même réussi à se relaxer sur des chaises, une table, dans un coin de peu de passage. Pouvoir fermer les yeux est déjà reposant. Après, tout dépend de la faculté d'abstraction de chacun, ou du degré de fatigue !

La séance d'habillage et de maquillage vaudrait à elle seule le détour dans les loges. Se faire belle (ou beau ! Il ne faut pas croire que les hommes ne sont pas coquets... je remarque bien les coups d'oeil furtif dans la glace, mais il est vrai que les artifices ne sont pas pour eux.... maquillage, mise en plis – expression quelque peu obsolète car aujourd'hui c'est plutôt « être ébouriffé », bien sûr de façon maîtrisée.. qui plaît ! -) Signes de stress quand on ne trouve pas un apparat, collier, collant.... « ah zut ! Il en fallait un noir.... mais viens, je t'en donne un.... tu as besoin d'une pince à cheveux ?  Dois-je les laisser libres ou les monter en queue ? Aïe, j'ai coincée la fermeture... qui a un crayon à sourcil ? Oh les paillettes, je peux m'en mettre ?... »

Au milieu de tout ce jeu sonore et visuel, V se trouve bien sur sa chaise à juste se laisser imprégner par l'ambiance, fermer de temps en temps les yeux, absorber sans être perturbé, flotter dans ces senteurs de parfums divers, comme en apesanteur. Se sentir intégré sans sollicitations est une autre façon de se reposer. Etre en symbiose en tout lieux, n'est ce pas l'apanage du sage ? C'est un bon début !

Peu à peu nous voyons la salle se remplir. Il faut également s'occuper des billets réservés à nos familles, amis, comment les retrouver, où leur donner rendez-vous.... les téléphones portables sont parfois bien pratiques.

Se succèdent sans transition une chorale, posée, qui nous emmène dans la sphère du classique religieux, un compteur africain prend le bâton de la parole -concept qui gagnerait à être adopté dans nos débats politiques tendancieux, houleux et manquants souvent de respect.... - bâton qui matérialise le temps de parole, mais aussi l'écoute indispensable à un échange fructueux. Le silence a aussi sa place et son sens dans ce mode ancestral de communication. La richesse du peuple africain n'est pas uniquement composées de diamants et autres matières convoitées.

Le moment est venu de se retrouver dans la loge à l'air vicié ; un peu difficile de faire des exercices de respiration dans ces conditions. Quand je dis que Catherine porte son groupe à bout de bras, ce n'est pas une parole vaine ; elle a un regard pour chacun, des mots, des gestes, une présence de chaque instant à plusieurs niveaux, que ce soit esthétique, pratique, technique mais aussi simplement la fraternité. Elle sait rassurer, parfaire encore et toujours. Puis aussi, et peut-être le plus difficile pour un chef de choeur, lâcher-prise, ne pas faire pression pour atteindre des résultats. Non, je sens une confiance dans le travail effectué en amont, puis l'humilité de s'en remettre à chacun de nous pour une petite part et une grande confiance et une acceptation de ce qui sera. Quitte à en tirer des leçons. Attitude d'un accoucheur plus que d'un chef.

La passerelle qui ne supporte pas le poids de plusieurs personnes est encadrée par du personnel qui nous demande de marcher doucement en groupe assez étiré.

Oui, les miracles existent, en voici un : Alfonso, fédérateur des mille et une âmes, qui fait chanter tant d'enfants de tous âges, les guidant avec ses gestes amples et tendres, ses yeux grands ouverts que je n'ai jamais vu autrement qu'exprimant la joie, tellement ouverts que les enfants ne voient plus que lui et lui font totalement confiance. Tous deviennent les meilleurs, simplement parce qu'ils sont reconnus. Leurs capacités explosent, le meilleur jaillit de chacun d'eux. Le résultat de ce travail à la fois artistique, social, humain, fraternel, est à la hauteur de l'amour visible que ce chef de choeur d'enfants d'ici et d'ailleurs leur porte.

Les paroles des chants, messages forts :

« Pour chaque enfant qui naît une étoile se lève et chante, qu'importe ce que nous sommes aux yeux d'apparence, nous sommes tous reliés à nos ancêtres : nous portons en nous leurs rêves, leurs prières, l'espoir traverse les générations »

« le pouvoir en nous qui ouvre les portes du paradis symbolique », nous avons chacun en nous la force d'aller au-delà, de trouver le bien-être parmi tous les autres qui, eux aussi, veulent vivre en paix avec la possibilité d'évoluer dans la dignité.

« Elever sa voix, son coeur, que les mots atteignent les coeurs, que la lumière s'étende sur tous les êtres » Le chant est un vecteur.

« un pèlerin (ne le sommes-nous pas tous ?) qui déambule, soucieux et seul dans ce vaste monde, en essayant de construire un monde meilleur ; Y-a t'il de l'espoir pour demain ? »

« Les esclaves traversant la rivière « Jordan » leur corps est paralysé par le froid mais l'âme  reste intacte »

« Faire de ce monde un paradis » est une volonté, un état d'esprit plus qu'un but à atteindre. La force du chant véhicule cette énergie à aller dans ce sens, les yeux s'allument, l'espoir renaît.

« Une question posée à chacun de nous, symboliquement bien sûr : où étions nous quand « ils » ont crucifié Jésus ? » que fait chacun de nous pour les deshérités de la société, ceux qui n'ont même pas eu la possibilité de venir au Zenith, trop submergés par leurs problèmes de survie au quotidien car ce n'est pas seulement le prix du ticket de tram, minime en soit, qui entre en jeu.

« tu peux compter sur moi si tu as besoin d'aide, quand tu n'es pas assez fort... »

Ce qui m'étonne ou réflexions à mener : l'air qu'on respire, la nourriture qu'on prend, la possibilité d'attendre au calme, sont à mon sens des bases essentielles pour donner le meilleur de soi, non seulement dans le domaine du chant, mais également lors de formation en développement personnel, médecine douces, art martial, activités physiques en général.... pour ne pas dire à tout moment ! Mais je n'évoque là que des sujets qui abordent de près le bien-être. Les moyens ne sont pas infinis.

Etre enfermé par beau temps est frustrant, mais comment faire pour répéter efficacement à l'extérieur ? Je sais bien que des contraintes autres que le bien-être existent et ma prose ne se veut nullement une critique mais plutôt un ressenti à entendre, enfin à lire ; manger un plateau d'aliments aseptisés certes, bien présenté (et offert par MVA, alors que cette organisation nous demande un peu souvent de nous dém....brouiller !), même si cela fait plaisir, ne nourrit pas de la même façon le corps et l'âme qu'un repas simple et confectionné avec amour, ou au moins avec l'intention du partage.

Dresser une table commune. Les uns se feront un plaisir d'apporter maintes douceurs sous forme de tartes, gateaux, chocolat, d'autres font goûter un munster blanc, partage une bouteille de vin, ouvrent des noix ramassées dans leur jardin, font connaître les graînes germées, idéales pourvoyeuses de vitamines « vivantes », un pain d'épices délicieux même friable, sans gluten, des salades aux mélanges étonnants et toujours succulentes. Parfois une petite fiole de Schnapps circule et là, ce n'est pas l'alcool que je sens, mais la goutte qui réjouit dans la mesure où elle est partagée parcimonieusement.

Pleins feux au Zenith. Youtube a sauvegardé les moments forts et d'autres sont de toutes façons gravés dans nos esprits.

Le concert donné aux Dominicains de GUEBWILLER était chaleureux, près du public et de Theresa.

L'improvisation du « solo vraiment seul » de François a été une réussite dans le sens où même les quelques changements par rapport à l'original ont été vite absorbés par le choeur dirigé par deux mains sensibles, des yeux expressifs, une bouche qui nous rappelle que le sourire est contagieux, créant une coordination de tout instant. Le chant, c'est aussi une respiration : parfois il faut la retenir, le souffle est marqué par la surprise, puis la vague de sons repart de plus belle, soulagée de pouvoir donner libre cours au flux pressant (comme lorsqu'on chante Wouaaaah............ this little light of mine...). Création in Live.

Et les musiciens au Zenith même aux Dominicains....

Il serait bien dommage de devoir s'arrêter à ce stade de maturité d'un travail de groupe. Mais nul doute que ce vécu nous portera tout naturellement vers d'autres projets, fera des émules, essaimera. Et cela ne tardera pas, même sous forme tout à fait inattendue car...

Ce n'est pas fini ! le concert s'est poursuivi, d'une certaine façon au Centre de soins palliatifs où j'ai été présente en tant que bénévole la nuit suivante : j'ai chanté « Who we are » en boucle à une personne extrêmement agitée et qui s'est sensiblement calmée après quelques minutes ; je lui ai expliqué les paroles magnifiques, en même temps je m'en nourrissais. Elle a ouvert les yeux, m'a regardé longuement, les larmes ont coulé ; les paroles de ce chant ont un pouvoir magique, ils ont ouvert une brèche et jeté un pont entre elle et moi. Malgré la douleur et la confusion provoquées par la maladie. J'ai pensé que chanter vaut parfois une dose de morphine.

Je partage ce texte qui est une autre manière de prolonger ce vécu et de dire merci à tous.

Edithe.

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